Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 2 – Chapitre 38

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Chapitre 38 : La servante est troublé par des groupes d’admirateurs

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Chapitre 38 : La servante est troublé par des groupes d’admirateurs

Partie 1

Sofia et les autres servantes formaient un groupe talentueux que Rachel avait personnellement formé. Elles comprenaient parfaitement le tempérament et les goûts de leur maîtresse et étaient prêtes à remplir efficacement des missions pour elle à n’importe quel moment. Leurs collègues de la maison ducale pensaient qu’elles le faisaient « sans effort », et elles ne le nieraient pas non plus. Mais il y avait des choses qui les dépassent. Après tout, elles restaient humaines, et elles n’étaient pas Rachel.

Pendant que Rachel passait ses journées dans le donjon, beaucoup de choses se passaient. Ses servantes faisaient face à un certain nombre de situations difficiles qui ne seraient jamais rendues publiques, à l’insu du prince Elliott et de Rachel elle-même.

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Alors qu’elles avaient presque terminé de compiler le rapport hebdomadaire pour Rachel, Sofia et les servantes discutaient autour d’un thé lorsqu’une autre servante sous leurs ordres était entrée en trombe dans la pièce.

« Mlle Sofia ! Le président de la Compagnie des Chats Noirs a besoin que vous veniez d’urgence. Le vice-président est ici, en personne, pour vous appeler. »

« Campbell ? Que s’est-il passé ? », demanda Sofia.

Il allait de soi que dans une société secrète, il était interdit aux membres des différents départements de se contacter ostensiblement. La société du Chat Noir n’était censée se rendre dans la maison ducale que sous couvert de faire des affaires. Il était impensable qu’un de leurs marchands entre en courant dans la maison, tout essoufflé.

« Il dit qu’il y a un visiteur surprise dont vous seule pouvez vous occuper, Mlle Sofia. »

En entendant le nom du visiteur, Sofia se renfrogna de manière inhabituelle. Les autres servantes avaient l’air tout aussi consternées.

N’ayant pas d’autre choix, Sofia se leva.

« Meia, Mimosa, venez avec moi. Et appelez aussi Sylvia et Melina. »

« Compris ! »

Ayant choisi les membres les plus aptes à se débrouiller si les choses devenaient violentes, Sofia monta dans le carrosse. Le vice-président, Simmons, qui était venu la chercher, avait l’air pâle.

« Vous voulez que j’aille voir M. Waters afin qu’il envoie des gens ? », demanda Simmons.

Simmons suggérait que leur homme de la pègre leur envoie des gangsters, mais Sofia secoua discrètement la tête.

« Cela ne servira à rien. Si les choses tournent mal, ces gens ne feront que les gêner. »

« Est-ce si grave que ça ?! »

Ignorant le vice-président désormais muet, Sofia prit de grandes inspirations et expirations pour tenter de se calmer. Cela devrait vous dire à quel point cet invité était indésirable. En d’autres termes, c’était l’amie de Rachel.

*****

Dans l’atmosphère détendue de la salle de réception de la Compagnie du Chat Noir, Sofia faisait face à leur « invitée ». Cette personne était l’égale de Rachel, et donc, en tant que simple « représentante », Sofia ne pouvait pas s’asseoir sur le canapé même si elle y était invitée. Elle se tenait respectueusement de l’autre côté d’une table basse, les quatre servantes qu’elle avait amenées avec elle se tenant dans son dos.

« L’invitée » était assise sur le canapé de tête, les jambes croisées, la main levée négligemment.

« Ça fait trop longtemps, Schwarze Katzen. »

C’était une femme belle, mais intimidante d’une vingtaine d’années, du même type qu’Alexandra, l’amie de Rachel. Ses riches cheveux blonds ondulés lui descendaient jusqu’à la taille, et son visage portait des yeux vifs et provocants et un sourire doux. Jusqu’à présent, elle n’avait pas semblé différente de la fille du marquis, mais peut-être qu’en raison de leur différence de rang et d’expérience, elle affichait un niveau de charisme et d’intensité bien plus élevé.

Sofia lui offrit une révérence des plus respectueuses, tout comme les quatre autres.

« C’est un plaisir de vous voir, Votre Excellence. »

Son véritable nom était Grande Duchesse Eliza Rosenthal. À première vue, son rang semblait être le même que celui du Grand-Duc Vivaldi, le chouchou de Haley, mais Eliza était souveraine du Grand-Duché de Rosenthal, qui était séparé de ce pays par quelques autres nations mineures. Cela la mettait au même niveau que le roi. Elle avait rencontré Rachel lors d’une réunion de la société d’aide mutuelle et était une sorte de personne facile à vivre qui gardait un contact régulier avec elle.

La grande-duchesse connaissait Sofia et lui parlait avec nonchalance. Et comme c’était une personne très tranchée, elle laissa tomber les civilités et alla droit au but.

« S’il vous plaît, allons droit au but. Vous savez pourquoi je suis ici. J’ai entendu dire que votre prince traite Rachel avec discourtoisie. Comme je ne pouvais pas rester sans rien faire, je me suis précipitée pour venir faire quelque chose », dit-elle avec un rire franc.

Sofia, qui sirotait du thé, plissa les yeux sur Eliza.

« C’est donc la raison de votre venue. Nous apprécions votre geste, mais êtes-vous venue jusqu’ici de manière si visible et en uniforme ? »

La grande-duchesse inclina la tête sur le côté, incertaine du sens de la question de la servante.

« Évidemment. J’ai quand même entendu dire que les fiançailles de Rachel ont été injustement rompues. Ces vêtements passent pour une tenue de soirée même dans votre pays, non ? »

« Oui, en effet, mais je ne pense pas que les gens se promènent en ville comme ça. »

Sofia s’interrogeait sur les vêtements de la grande-duchesse, une robe entièrement noire. En d’autres termes, c’étaient des vêtements de deuil. Et il n’y avait pas uniquement la grande-duchesse. Quatre femmes se tenaient derrière elle, toutes en habits de deuil, voile compris. Sofia pouvait dire qu’elles étaient jeunes et belles d’après les légers aperçus de leurs bouches. Elles se tenaient en rang, comme si elles affrontaient Sofia et les autres servantes.

Et bien qu’elles soient habillées comme si elles étaient en deuil, elles se tenaient debout avec les bras croisés derrière elles, les pieds écartés à la largeur des épaules et la poitrine en avant. Elles portaient également des ceintures avec des épées suspendues. Les vêtements de deuil auraient été assez étranges à voir pendant la journée, mais ces femmes les portaient comme des uniformes militaires.

Considérant la possibilité qu’elles aient à combattre ces invités, Sofia et ses servantes étaient venues armées elles aussi. Dans la fente à la taille de Sofia, il y avait une longue dague cachée sous sa jupe.

Des servantes armées et des personnes en deuil qui s’affrontaient dans la salle de réception d’une entreprise ? C’était quoi ce bordel ?

« Est-il bizarre de se promener comme ça ? Ha ha ha, nous étions un peu pressées. Ne vous inquiétez pas pour ça. », demanda Eliza.

Ce n’était pas aux personnes regardées de décider si les personnes qui les regardaient devaient s’inquiéter ou non.

La grande-duchesse, qui s’était un peu affalée, se redressa et se pencha un peu en avant.

« Alors ? Quand allez-vous attaquer le château pour sauver Rachel ? »

Elle était super excitée. Ses narines étaient dilatées, et elle semblait prête à mener la charge elle-même. Mais ce n’était pas comme si elle était inquiète pour Rachel. Non, elle lui faisait confiance. Elle s’était dépêchée pour ne pas être en retard à la fête qui allait se dérouler avec Elliott.

Quand on est aussi belle qu’elle, on a l’air présentable, quel que soit le visage que l’on fait, pensa Sofia de manière inconséquente en faisant une révérence d’excuse.

« Nous apprécions votre venue, mais la jeune maîtresse nous a ordonné de maintenir le statu quo pendant un certain temps », l’informa Sofia.

« Elle a ordonné ça ? Et combien de temps durera ce “un certain temps” ? Trois jours, peut-être ? »

« Pourquoi êtes-vous si pressée ? »

La grande-duchesse tapait du pied avec impatience. C’était indigne d’une personne de son rang.

« Eh bien, avez-vous donc une idée du temps pendant lequel cela va durer ? », demanda Eliza.

« Non, Votre Excellence. La jeune maîtresse n’a pas prévu d’exécution pour le prince, et je ne crois pas qu’elle… »

Avant que Sofia ne puisse terminer son explication, la grande-duchesse laissa tomber sa tasse.

« Je ne peux pas croire cela. Pas après que j’ai repoussé tant de travail sur mes serviteurs dans une tentative désespérée d’être à temps pour la fête de Rachel ! »

Ces fiançailles rompues étaient une nuisance internationale.

« Désolée. »

Sofia n’était pas du tout désolée, mais elle avait quand même baissé la tête. Même si elles n’avaient pas invité Eliza, elle serait au moins polie.

« La jeune maîtresse savait tout à l’avance, et elle profite maintenant de belles vacances en prison. »

Sofia expliqua la situation, notamment le fait que Rachel avait laissé faire et voulait vivre une vie confortable et complaisante dans le donjon, où elle ne serait pas dérangée.

La grande-duchesse Eliza se caressa le menton.

« Hrm, ça ressemble bien à Rachel… Je suppose que les jeunes femmes en habits de deuil n’auront rien à faire ici. Et moi qui pensais que c’était une opportunité pour Rachel de devenir un membre régulier de la société. »

« Est-ce que c’est… une bonne chose ? », demanda Sofia.

Les Jeunes Dames en habits de deuil étaient une organisation secrète formée pour sauver ceux dont les fiançailles étaient injustement rompues ou qui étaient attaqués dans la nuit. Elles aidaient les jeunes hommes et les jeunes femmes qui avaient tout perdu de manière crapuleuse et rusée, en leur fournissant des endroits où vivre en secret et en les aidant de toutes sortes de manière à se venger de leurs ex atroces.

Comme il s’agissait d’une société secrète, l’étendue de l’organisation n’était pas connue du public, mais les Chats Noirs de la Nuit Noire avaient enquêté et appris que des dizaines de princesses et de reines et des centaines de femmes nobles aidaient à gérer le groupe en raison de leurs expériences passées. Honnêtement, le fait qu’il y ait eu suffisamment d’incidents similaires pour nécessiter une société comme celle-ci amena Sofia à se demander ce qui n’allait pas dans le monde dans lequel elle vivait.

Rachel avait ainsi rencontré la grande-duchesse par le biais de la société d’entraide. Rachel avait approuvé leur objectif et commencé à faire des dons il y a quelques années, elles avaient donc appris à se connaître lors des réunions régulières de la société. Il semblait pourtant peu probable que ce soit parce qu’elle avait prévu qu’Elliott romprait leurs fiançailles.

Grâce à l’âme charitable de Rachel, Sofia devait maintenant repousser une intervention non désirée.

« Rachel ne veut-elle pas voir la tête de cet idiot de prince voler ? Whoosh ! Ne serait-ce pas satisfaisant ? », demanda Eliza avec excitation.

Lorsque la grande-duchesse Eliza Rosenthal avait à peu près le même âge que Rachel aujourd’hui, son ambitieux fiancé, qui collaborait avec l’ennemi, l’avait poignardée dans le dos pendant la bataille décisive qui allait décider du sort de son pays. Ses fidèles serviteurs l’avaient récupérée sur la ligne de front qui s’effondrait.

Elle avait survécu afin de mieux massacrer les traîtres qui s’étaient emparés du pays et restaurer le grand-duché.

C’était un récit d’aventures passionnant, mais Sofia souhaitait que la grande-duchesse ne suppose pas que sa propre expérience difficile s’applique à tout le monde.

« La jeune maîtresse semble avoir une issue un peu plus douce à l’esprit », déclara Sofia.

« Par plus doux, vous voulez dire… qu’elle ne va pas trop le torturer ? Elle va juste lui couper la tête, comme ça ? »

« Je vous l’ai dit, elle n’a pas prévu de l’exécuter. Avez-vous vous aussi rendu leur torture lente, Votre Excellence ? »

S’il vous plaît, épargnez-moi ces étrangers trop enthousiastes, se dit Sofia.

Au rythme où allait cette femme assoiffée de sang, elle allait forcément écraser non seulement Elliott et sa joyeuse bande d’idiots, mais aussi les chevaliers.

« La décapitation proprement dite s’est déroulée en une seconde, mais j’ai fait traîner les choses en prenant mon temps et en le laissant supplier pour sa vie avant cela. En y repensant, l’exécution était trop rapide. Je devrais mieux y penser pour la prochaine fois. »

« Je pense que ce serait mieux s’il n’y avait pas de prochaines fois. »

Eliza semblait penser de la même manière que la jeune maîtresse. Pas étonnant qu’elles s’entendent bien.

La grande-duchesse fit alors la moue comme une enfant.

« Où est le mal, décapiter un idiot ou deux, ou dix, ou même vingt ? Ugh, tout cela est trop compliqué. Tuez-le, c’est tout. Je n’arrive pas à me souvenir de son nom, mais son ex-fiancé est une vraie ordure, non ? Tuez-le proprement ! »

« C’est à la jeune maîtresse de décider. Le fait que vous le suggériez comme si c’était quelque chose que l’on ferait lors d’une soirée arrosée est assez troublant. »

Sofia tenta de la rembarrer gentiment, mais Eliza se pencha et continua.

« Si vous êtes à court de bras, c’est très bien. Mes hommes peuvent arrêter ce prince et ses hommes d’un seul coup ! Bon sang, mais j’y pense, pourquoi ne pas massacrer le reste des gens du château pendant que nous y sommes ? »

« Beaucoup de nos hommes sont aussi dans le palais, alors s’il vous plaît, évitez de… Attendez un peu. Le château entier ? Ne me dites pas que vous êtes plus nombreux ici ?! »

Parmi ceux qui les connaissaient, le District de l’Ouest était particulièrement craint pour la folie dont ils pouvaient faire preuve au combat. Lorsque Sofia avait entendu que le commandant de ce district avait amené quatre de ses plus proches camarades, elle avait amené quatre de ses meilleurs avec elle aussi. Mais si Eliza avait une réelle expérience du combat, elle n’allait pas se vanter sans réfléchir qu’elle pouvait prendre le château avec quatre ou cinq personnes.

« Bien sûr », répondit Eliza.

Elle cligna des yeux comme si elle voulait savoir pourquoi Sofia avait demandé quelque chose d’aussi évident.

« Nous ne savions pas combien de personnes compétentes votre prince ordure aurait de son côté, alors j’ai amené les quatre escouades des Nachtkampfgruppen, que je commande. »

« Quarante personnes !? », s’exclama Sofia.

***

Partie 2

C’était plus qu’insensé. Eliza était sérieusement venue préparée à écraser les chevaliers ! Ce pays était en paix depuis de nombreuses années, si les chevaliers devaient se défendre contre quarante psychopathes d’élite dirigés par la grande-duchesse militariste, ils n’avaient aucune chance. Il faudrait une centaine de Martina à son niveau le plus fou pour leur tenir tête. En fait, ils n’étaient pas si différents de Martina. C’était pourquoi il faudrait autant d’elle pour compenser la différence d’expérience. Si le personnel du palais dirigé par le prince ne pouvait même pas battre un singe, ils n’avaient aucune chance contre ces gens.

Alors que Sofia pressait une main contre son front, son esprit s’emballant, Meia, qui avait un air dubitatif sur le visage, utilisait des signes de la main pour obtenir la permission de Sofia avant d’ouvrir la bouche.

« Hum, Votre Excellence… Vous êtes toutes des jeunes femmes, non ? Où avez-vous trouvé un logement pour quarante individus ? », demanda Meia.

Il ne ferait aucun doute que les Jeunes Dames en habits de deuil camperaient s’il le fallait, mais en raison des origines du groupe, il s’agissait principalement d’un rassemblement de jeunes femmes nobles. Si elles se déplaçaient sous l’apparence de civils inoffensifs, elles auraient besoin de rester dans un hôtel raisonnablement grand. Mais si un groupe de jeunes femmes de haute naissance logeait dans plusieurs hôtels de la ville, il y aurait des rumeurs à ce sujet. Pourtant, ils n’en avaient pas encore entendu parler.

Les doutes de Meia, qui étaient raisonnables pour un agent d’une agence de renseignement, firent sourire la grande-duchesse.

« Oh, vous n’étiez pas au courant ? Elles séjournent au château en ce moment en tant qu’ambassadrices culturelles du Royaume de Bakura. », dit-elle.

Elles sont là. Elles sont à tous les coups là. Il y a eu un rapport sur un groupe assez important d’émissaires séjournant au château pour les prochains jours ayant pour cadre un échange culturel. Mais allez, comment pouvons-nous savoir qu’un groupe de diplomates d’un pays complètement étranger était avec eux ?

Sofia regarda pour voir Meia, leur expert en politique, se couvrir le visage. Elle et Heidi, la responsable du château, verraient leur salaire réduit pour cette gaffe, tout comme Sofia, en tant que leur superviseur.

« Vous ne le saviez pas ? Ma vice-commandante est la troisième princesse de Bakura », se vanta Eliza.

« Je n’étais pas au courant… », marmonna Sofia.

« Les membres de la délégation et leurs accompagnateurs sont tous avec nous, nous avons donc plus d’une centaine de combattants. Avec eux déjà à l’intérieur, nous n’aurons pas besoin de percer les murs. Si nous lançons une attaque-surprise, nous sommes sûrs de gagner. »

Le prince Elliott avait laissé entrer ses pires ennemis dans le château sans même s’en rendre compte.

« Je suis étonnée du fait que vous soyez sortis du palais en habits de deuil », remarqua Sofia.

« Évidemment, nous n’avons pas montré nos armes avant d’arriver ici. Nous avons dit à nos gardiens que nous allions “aux funérailles du fiancé d’une amie”. Ha ha ha, ils n’auraient jamais deviné qu’il s’agissait de leur prince. »

La grande-duchesse sourit, mais Sofia et les siens ne pouvaient pas sourire à ce sujet. Rachel préférait qu’elles s’occupent des choses tranquillement, cela ne les amusait donc pas le moins du monde.

« Votre Excellence, j’ai le regret de vous informer qu’à l’heure actuelle, la jeune maîtresse profite de ses vacances pour taquiner le prince et a l’intention de le rendre fou jusqu’à ce que son père, le roi, se débarrasse de lui. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais la jeune maîtresse n’est pas encline à recourir à la force. Même si vous restez là, je doute que vous ayez l’occasion d’agir. », dit Sofia en se raclant la gorge.

Eliza fronça les sourcils : « Hmm… Peut-on vraiment dire qu’être en prison c’est des vacances ? »

Je ne veux pas qu’elle me parle de bon sens, pensa Sofia, mais elle se tut.

« Quoi qu’il en soit, je comprends ce que Rachel a l’intention de faire, mais que faire s’il a d’autres idées ? Les hommes stupides ont des rancunes stupides et injustifiées. Pouvez-vous être totalement sûre que votre abruti de prince ne va pas exploser ? »

Comme on pouvait s’y attendre de la part de quelqu’un qui était un souverain et avait une expérience passée, Eliza souligna immédiatement la faiblesse de leur argument.

« Dans mon cas, je l’ai laissé s’échapper une fois, et il a fallu deux années entières pour le poursuivre et le capturer. Ne jamais sous-estimer la ténacité des déchets humains. Je pense vraiment que nous devrions éliminer votre stupide prince. Oui, faisons ça. Nous allons le tuer tout de suite. »

Pourquoi était-elle devenue folle comme ça juste après s’être débarrassée de lui ? La grande-duchesse était-elle aussi en mode vacances ?

« Non. Pour nous, les décisions de la jeune maîtresse passent avant tout. Nous avons plusieurs niveaux de surveillance sur les chevaliers et sur les autres sections du palais, et nous pouvons intervenir immédiatement pour défendre la jeune maîtresse. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. », répondit Sofia.

De toute évidence, elle ne pouvait pas dire à un groupe d’étrangers que « c’est d’Elliott et de sa joyeuse bande d’idiots dont nous parlons, il n’y a donc aucune raison de voir Rachel se faire blesser. »

« Mrgh… J’avais tellement hâte de couper la tête de cet idiot. »

Eliza fit la moue, mettant la charrue avant les bœufs. Puis elle sembla avoir un éclair de lucidité et frappa son genou.

« Je sais, Sofia, que pensez-vous de ça ? Pourquoi ne pas épargner à Rachel la peine de décapiter tranquillement votre stupide prince maintenant ? Nous lui ferions une faveur ! »

« Il lui rend visite en prison presque tous les jours. Elle le remarquerait. »

« Hmm… Je sais ! Le prince est un idiot, donc si la lame entre proprement, il pourrait ne pas remarquer que sa tête a été coupée pendant deux ou trois mois ! »

La grande-duchesse avançait maintenant des arguments qui la faisaient paraître encore plus bête que le prince.

« C’est différent du filetage d’un poisson. Et même si votre logique fonctionnait, que feriez-vous si vous ne parveniez pas à bien le découper ? », expliqua Sofia.

« Eh bien, ce serait un accident malheureux. Après tout, nous faisons tous des erreurs. »

« Vous ne croyez quand même pas à votre propre argument fallacieux ! »

Oh, ça suffit. Je veux rentrer à la maison…

S’occuper de ces gens épuisants la fatiguant trop, Sofia se fâcha : « Pourquoi êtes-vous si désireuse d’exécuter le prince vous-même ?! Le sort du prince Elliott sera décidé par la jeune maîtresse. C’est elle qui a le droit de lui couper la tête ! »

C’était en fait le roi qui devait disposer de lui.

La grande-duchesse pinça ses lèvres galbées.

« Mais je voulais le faire. »

« Faire la belle ne changera pas les choses. »

Sofia massa ses tempes palpitantes. Il n’y avait aucun doute là-dessus, la grande-duchesse était définitivement l’une des amies de la jeune maîtresse.

« De toute façon, le plan de vengeance est déjà bien avancé ! S’il vous plaît, rentrez chez vous sans nous causer de problèmes. »

« Bien… »

« Le fait que nous ayons pu trouver un accord me rend heureuse. »

« Cela vous dérangerait-il que je décapite en échange ce vieil homme facile à vivre que j’ai vu nourrir les oiseaux ? »

« Rentrez chez vous ! »

*****

Quelques jours plus tard, Sofia était entrée en titubant dans le bureau de Rachel et s’était effondrée sur l’un des canapés de la réception. Utiliser la propriété de sa maîtresse sans permission comme cela était punissable, mais elle avait l’impression de mériter une exception aujourd’hui.

« Je suis épuisée… », gémit Sofia.

« Tu dois l’être », dit Lisa avec un signe de tête avant de préparer du thé.

Le bruit de l’eau qui coulait de la théière à la tasse résonna dans la pièce silencieuse.

Les Chats Noirs de la Nuit Noire avaient travaillé à pleine capacité opérationnelle, surveillant la grande-duchesse et son peuple, très mécontents, depuis le moment où elle avait accepté de se retirer jusqu’à celui où la délégation culturelle pour laquelle ils s’étaient fait passer était rentrée chez elle. Lorsque l’un des membres du personnel de la grande-duchesse se rendait en ville pour une course, ils lui laissaient entrevoir que les Chats Noirs de la Nuit Noire contrôlaient en ville afin de lui dire : « Nous surveillons tous vos mouvements ».

Ils avaient aussi triplé leur surveillance sur Elliott la nuit.

Il semblait que la grande-duchesse avait du mal à abandonner. Lorsqu’il faisait nuit, des femmes vêtues de noir surgissaient de l’ombre ou sur les toits et se mettaient à dos les surveillants. Et comme ils savaient tous deux qui était de l’autre côté, aucune arme n’était sortie, mais cela restait quand même une situation délicate. Le stress avait atteint l’estomac de Meia et des autres commandants de terrain, qui n’avaient pas pu manger beaucoup. Heureusement, ils avaient tous un estomac séparé pour les sucreries, de sorte que leur apport calorique était tout à fait correct.

Heureusement, il y a quelques instants, Sofia avait reçu un rapport des espions qui les suivaient, relatant que le groupe avait franchi la frontière. On ne pouvait pas reprocher à Sofia d’être autant soulagée que ça.

« Nous étions cette fois vingt de chaque côté, tous sur le toit au-dessus de la chambre du prince. J’avais peur que nous devions sortir les armes à tout moment », déclara Sofia.

« Quand j’ai pensé qu’il était juste en dessous de nous, profondément endormi, même si nous étions au milieu d’une épreuve de force, ça m’avait paru stupide de continuer à les arrêter. Pourquoi avons-nous dû faire tant d’efforts pour protéger cet imbécile ? », s’était plainte Lisa.

« C’est tellement contradictoire. »

« On fait tout ça pour lui, et il ronfle pendant ce temps. Je ne suis pas comme la grande-duchesse, mais même moi j’ai envie de déchirer cet idiot. »

« Tu l’as dit. »

Lisa posa la tasse de Sofia sur la table et commença à s’en servir une. Après avoir bu une gorgée, celle-ci poussa un long soupir.

« Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de penser que la grande-duchesse voulait bien faire, mais elle s’y prenait mal. »

« Elle ne doit toujours pas se remettre de ce qui lui est arrivé. Je ne suis pourtant pas sûre qu’aider les autres à évacuer sa frustration soit la meilleure chose à faire. », devina Sofia.

Je comprends ce qu’elle doit ressentir, mais ça ne la concerne pas, j’aimerais bien qu’elle ne fasse pas des choses qui causent des problèmes aux gens que ça concerne.

Au moment où Sofia, qui s’était servie de l’accoudoir comme d’un oreiller, songeait à se redresser, un bruit de pas indécents retentit dans le couloir, puis quelqu’un ouvrit la porte d’un coup sec. Sofia et Lisa écarquillèrent les yeux lorsque Mimosa, dont les pas étaient inhabituellement forts pour elle, était entrée.

« Mlle Sofia, nous avons un problème ! », s’exclama Mimosa.

« Que se passe-t-il encore ? », demanda Sofia avec un soupir.

« Une organisation féministe internationale appelée les Dame Lunatiques, dans laquelle la jeune maîtresse a des amies, a envoyé son unité d’opérations illégales, la Sainte Rose, pour infiltrer la capitale. Nous pensons que la princesse Zofie du royaume de Rhodésie les commande. »

Lisa laissa tomber le couvre-théière qu’elle était en train de plier.

« Princesse Zofie… Vous voulez dire celle qui a fini par craquer et a fait crucifier son mari qui la trompait sans cesse, et qui depuis s’est battu pour les droits des femmes ? »

« Oui, elle. Quand elle a entendu parler de la “tragédie” qui a frappé notre jeune maîtresse, elle a rassemblé un groupe de personnes compétentes et est venue ici en personne. »

Trop épuisée pour s’asseoir, Sofia resta allongée, criant : « Pour l’amour de Dieu, lâchez-moi un peu !!! »

*****

Rachel était en pleine lecture quand Sofia arriva pour faire le rapport habituel.

« Jeune maîtresse, j’ai une requête pour vous… », commença-t-elle.

« Qu’est-ce que c’est ? », demanda Rachel.

Sofia tendit ce qui semblait être une sorte de ticket.

« Vous voyez, j’espérais que nous pourrions fournir plus de types de compensation pour vos subordonnés. »

« Ça me paraît bien. Qu’est-ce que c’est ? Des tickets de massage ? »

« Oui. Un ticket nous donne droit à trente minutes de massage. »

Rachel posa son livre sur la table d’appoint et considéra cela pendant un moment.

« Me masser, et pas être massé par moi ? »

« C’est exact. Ne vous inquiétez pas. Cela sera limité aux femmes travaillant dans le manoir. »

« Je comprends, mais… elles veulent me masser pour se détendre ? »

« Bien sûr. »

Sofia leva alors ses deux mains et remua ses doigts.

« Je vais vous masser de toutes mes forces pour évacuer le stress. »

Voyant que Rachel s’était tue, Sofia continua à insister sur la question, le visage encore plus inexpressif que d’habitude.

« Grâce à vos amis beaucoup trop nombreux, nous avons dû faire face à toutes sortes de facteurs de stress ces derniers temps. Lorsque cet incident sera terminé et que vous pourrez revenir, nous apprécierions beaucoup votre aide pour résoudre ce stress. »

« Peut-on faire autre chose ? », demande Rachel avec hésitation.

« J’ai déjà commencé à distribuer les billets en fonction des performances. Tout le monde a vraiment hâte d’y être. »

« Ce n’est pas une demande ? Nous avons déjà dépassé le point où je peux refuser, non ? »

« J’ai particulièrement hâte d’y être. D’ailleurs, j’ai déjà trente billets de côté. », dit Sofia avec un soupir rêveur.

Sofia, qui était connue pour son visage impassible, esquissa un sourire. Rachel ne put s’empêcher de sourire elle aussi. Aucune des deux ne souriait avec ses yeux.

« Oh, je commence à vouloir rester ici pour toujours. »

Alors que Rachel essayait de se cacher, Sofia affichait un large sourire.

« Non, non, nous ne pourrions jamais laisser notre précieuse jeune maîtresse rester enterrée dans un tel donjon ! Nous allons nous démener jusqu’à l’os pour vous faire sortir le plus vite possible. J’ai vraiment hâte d’y être. »

« Sofia, espèce de flatteuse. Hee hee. »

« C’est tout naturel. Hee hee hee. »

La maîtresse et la servante, trop semblables, se souriaient de part et d’autre des barreaux.

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