Chapitre 35 : La jeune demoiselle obtient un animal de compagnie
Partie 2
La maîtresse et le singe se serrèrent l’un contre l’autre, pleurant d’angoisse.
« Il est venu ici de lui-même, n’est-ce pas ?! Il vient au palais pour la première fois tout seul, et je suis censé croire qu’il ne peut pas rentrer chez lui ?! », hurla Elliott.
« Oh, je ne m’attendais pas à ça. Tu y as réfléchi de manière plutôt logique. », dit Rachel, surprise.
« Ook. »
« Tu veux dire que c’était des larmes de crocodile… et lui aussi ?! Tu as trouvé là un animal de compagnie assez doué, hein ?! »
Haley se dirigea vers Elliott, grimpa sur les barreaux, et tendit la main pour lui offrir une pomme sauvage.
« Hm ? Qu’est-ce que c’est ? », demanda Elliott.
« Ook ? Ook-ook. »
Le singe disait quelque chose à Elliott, ce dernier prit la petite pomme sans le vouloir.
Rachel, qui baissait maintenant les yeux sur son livre, traduisit.
« Il a dit : “comme tu l’as acceptée, tu es donc coupable du même crime”. »
« Est-ce vraiment un singe ?! »
Le singe grimpa pour se poser sur le ventre de Rachel qui s’était allongée. Il s’allongea en utilisant la poitrine de Rachel comme oreiller et jeta un coup d’œil à Elliott.
« Hm ? »
Sous le regard d’Elliott, le singe fit délibérément rebondir sa tête sur la poitrine de sa maîtresse pour en souligner l’élasticité. Il se mit ensuite à sourire.
« Est-ce qu’il vient de… ? »
Le singe tira la langue à Elliott tout en touchant son nez avec son pouce et en remuant ses autres doigts.
« Pourquoi, espèce de petit… ! »
Rachel leva alors les yeux.
« Que se passe-t-il, Votre Altesse ? »
« Ce sale petit singe se moque de moi ! »
« Qu’est-ce que tu dis ? C’est juste un singe. »
« Ne me dis pas ça ! Il a réussi à me faire complice de ses crimes ! »
« Je disais juste que ça pourrait être ça. S’il te plaît, fais preuve de bon sens. »
« Tu es la dernière personne qui peut parler de bon sens… », marmonna Elliott.
« Un singe ne pourrait pas faire ça. Je pense que tu as juste un complexe de victimisation, Votre Altesse. », fit remarquer Rachel.
« Grr ! Hmph. Peu importe ! Je ne vais pas me mettre au même niveau qu’un singe ! »
Le singe lui fit un nouveau sourire en coin.
« Pourquoi tu… »
Alors qu’Elliott grince des dents, le singe regarde derrière lui, semblant avoir remarqué quelque chose. Margaret, qui l’avait suivi, se tenait là. Les yeux du singe s’étaient agrandis de surprise. Il leva les yeux vers Elliott, un air méchant sur le visage, et couvrit sa bouche.
« Wôw, c’est ça que tu aimes ?! Dégouttant ! »
« Espèce de misérable ! Sors d’ici ! Je vais te tuer ! », cria Elliott.
« Qu’est-ce que tu racontes maintenant, Votre Altesse ? », demanda Rachel.
« Ce sale petit singe vient de manquer de respect à Margaret ! »
« Huh ? Moi ?! »
Margaret intervient avec surprise. Elle jeta un coup d’œil au singe et afficha un grand sourire.
« Wôw ! Quel singe mignon ! », cria-t-elle.
En entendant la voix ravie de Margaret, le singe fit une grimace et remua la queue.
« Dis-moi donc ce que se petit gars à fait ? », demanda Margaret.
« Guh ?! »
Elliott ne voulant évidemment pas lui dire que le singe se moquait de ses seins. Au lieu de cela, il répondit : « Diverses choses qui ne méritent pas d’être mentionnées… »
« Votre Altesse, comment avez-vous appris à comprendre ce singe depuis le peu de temps que nous sommes ici ? », demanda l’un des assistants d’Elliott.
Même les partisans d’Elliott le regardaient d’un air dubitatif.
« Non, écoutez… », commença Elliott.
Alors qu’Elliott cherchait un moyen de l’expliquer, Rachel décida de le frapper pendant qu’il était à terre.
« Comme il ne parle pas le singe, il ne peut donc pas connaître les détails. Tu dois penser inconsciemment ces choses, tu as dû comprendre les agissements du singe. »
« Urgh ! »
Elliott grinça des dents, incompris de tous.
Le singe afficha un autre sourire mauvais et fit entrer et sortir son pouce de son poing.
« Vraiment ? Tu as donc tout compris ? »
« Putain de singe ! Je ne laisserai pas passer ça ! Tout ce qu’il restera de toi sera une tache de rouille sur mon épée ! », hurla Elliott.
Incapable d’atteindre le singe, Elliott s’acharna sur les barreaux de fer de la prison.
« Qu’est-ce qui ne va pas, Votre Altesse ?! » demanda un parasite.
« Ressaisissez-vous ! Calmez-vous ! Calmez-vous, d’accord ?! », l’exhorta un autre.
Un autre encore se lamentait, « Si seulement Sykes était là maintenant… »
L’entourage d’Elliott commença à faire du boucan, essayant de trouver comment calmer Elliott maintenant qu’il avait sorti sa lame.
« S’il te plaît, Elliott, calme-toi ! », plaida Margaret.
Elle s’était accrochée à Elliott alors qu’il haletait.
Finalement, le prince réussit à se calmer un peu.
« Qu’est-ce qui te prend ?! »
« Ce sale petit singe ! Ce sale petit singe m’a manqué de respect ! », insista Elliott.
« Le singe est juste couché là. Il n’a pas vraiment fait quelque chose. »
« C’est un petit coquin rusé ! Il le fait quand vous ne regardez pas ! »
Elliott se retourna vers Rachel, qui le regardait d’un air dubitatif. Le singe n’était plus sur elle.
« Hm ? Où est passé le petit singe ?! »
Elliott regarda autour de lui, le cherchant malgré lui. Il vit que le singe était passé de son côté des barreaux. Il était sur le sol, accroupi et il soulevait avec précaution la robe de Margaret pour voir ce qu’il y avait dessous. Lorsqu’il remarqua que les yeux d’Elliott étaient rivés sur lui, il désigna un morceau de tissu blanc à proximité.
« Ils sont blancs. »
« Ils sont blancs ?! », s’exclama Elliott.
« Qu’est-ce qui est blanc ? », demanda Margaret.
« Huh ?! Non, hum… »
Comme Margaret n’avait pas remarqué le singe, Elliott avait eu du mal à lui répondre. Comment était-il censé expliquer que le singe venait de lui dire la couleur de sa culotte ?
La façon incroyablement douteuse dont Elliott agissait était difficile à comprendre, et pas seulement pour Rachel, mais aussi pour ses associés. Il pouvait essayer d’expliquer, mais personne n’allait croire que le singe pouvait s’exprimer comme un humain.
Elliott se mordit la lèvre, se demandant quoi dire, quand il remarqua que le singe appuyait son coude contre sa jambe inférieure.
Le singe haussa les épaules et secoua la tête.
« Tu as une vie si dure, hein ? »
« Et c’est la faute de qui d’après toi ?! Espèce de sale petit singe ! »
« Eeeek ?! »
Tandis qu’Elliott se balançait comme un fou sur ses propres pieds, Margaret hurlait, et ses acolytes couraient dans tous les sens pour essayer de s’enfuir.
« Calmez-vous, Votre Altesse ! », supplia un parasite.
« Un médecin ! Appelez un médecin ! », ordonna un autre.
Le singe esquiva la lame d’Elliott avec agilité. Il retourna alors dans la prison et sauta sur la poitrine de Rachel.
« Haley, tu vas bien ?! », demanda Rachel.
« Ook… Ook, ook, ook-ook… Ook ? Ook, ook… »
Les petits yeux mignons du singe s’étaient remplis de larmes. Il s’était accroché à la poitrine de Rachel en faisant de longs gestes pour montrer à quel point Elliott était effrayant.
« Oh, Haley, pauvre petite chose. Tu es si effrayée. Il est effrayant, non ? », roucoula Rachel.
« Ook… »
Rachel se mit à le réprimander : « Votre Altesse ! Te défoules-tu sur un simple et pauvre singe ? Tu es le pire ! »
« M-Moi ?! Ce sale petit singe se moquait de moi ! », affirma Elliott.
« Qu’est-ce qu’un singe peut te faire ? Tirer sur tes vêtements, peut-être voler tes affaires ? C’est tout, non ? Mais de là à dégainer ton épée pour ce genre de chose, c’est tout simplement affreux ! »
« Elle a raison, Elliott ! Je suis d’accord avec Rachel sur ce point », déclara Margaret.
« Margaret, je — »
« Votre Altesse, pourquoi ne pas vous calmer ? Venez maintenant, nous allons tous retourner à votre bureau pour prendre le thé. », suggéra l’un des assistants.
« Franchement, les gars ?! », dit Elliott en pleurnichant.
Personne ne le croyait.
« Ook-ook… »
« Là, là, Haley. Tu as vécu quelque chose de terrifiant, non ? Tu as besoin de pleurer ? Ce n’est pas grave. Je suis avec toi maintenant. », dit Rachel pour réconforter le singe.
« Elliott, ce n’est pas bien de brutaliser un singe, d’accord ? Arrête ça ! », exigea Margaret.
« Votre Altesse, votre maniement de l’épée est plus que mauvais. Comment devons-nous expliquer cela à votre instructeur ? », fit remarquer un parasite.
Même ses partisans le critiquaient.
Elliott croisa le regard du singe dans les bras de Rachel. Haley, cet immonde petit singe, lui lança triomphalement un sourire crapuleux, mais sous un angle qui fit que personne d’autre ne le verrait.
« C’est moi qui ai envie de pleurer ici ! », cria un Elliott angoissé.
*****
Tandis qu’Elliott et les autres étaient retournés dans son bureau, le grand-duc passait par là. Ce dernier s’arrêta et demanda : « Eh bien ? Avez-vous interrogé Mlle Rachel sur son singe ? »
« À propos de ça… », commence l’un des partisans d’Elliott, en s’interrompant.
Le grand-duc suivit la ligne de mire de l’homme jusqu’à l’endroit où un Elliott indigné criait : « Ce n’est pas juste ! »
« Nous ne sommes jamais allés aussi loin… », expliqua le partisan.
« C’est ce qu’il semblerait… », murmura le grand-duc.
*****
Rachel donnait à Haley une banane tropicale rare qu’elle avait obtenue en même temps que le singe lorsqu’ils lui avaient livré ses provisions hier.
« Tiens, Haley, ta récompense. Tu as bien fait. »
« Ook ! »
Comme elle était sa maîtresse, Rachel savait tout de la vraie nature de Haley.
*****
Quelques jours plus tard, un certain nombre de pommes sauvages apparurent sur le bureau du grand-duc.
« Est-ce la part de Votre Grâce ? Je ne me serais jamais attendu à ce qu’un singe paie des impôts… », demanda le Premier ministre.
« Je ne voulais pourtant aucune part pour moi… », répondit le grand-duc.
merci pour le chapitre