Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 2 – Chapitre 34

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Chapitre 34 : La jeune demoiselle n’a rien pu faire vu qu’elle est en prison

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Chapitre 34 : La jeune demoiselle n’a rien pu faire vu qu’elle est en prison

Partie 1

Harceler Rachel était progressivement devenu une activité parascolaire pour le prince Elliott et ses acolytes. Ils étaient de retour aujourd’hui, se tenant près de la prison et se préparant pour leur assaut.

Et tandis qu’Elliott donnait des ordres, la voix pleine d’espoir que les choses se passeraient bien cette fois-ci, Rachel passa la tête par la fenêtre grillagée.

« Le Seigneur Sykes est-il avec vous ? », demande-t-elle à Elliott.

Sykes s’était alors approché de la fenêtre : « Hein ? Moi ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« J’ai pensé que je devais m’excuser à l’avance. Je suis désolée. »

« Tu es censé dire ça à Margaret ! », dit Elliott en s’interposant.

Rachel ignora Elliott et lança à Sykes un sourire troublé.

« Tu vois, avec l’abondance de temps libre dont je dispose, j’ai écrit à toutes mes amies. Quand Martina a entendu parler de l’histoire avec Margaret, eh bien… »

« Quoi ?! Ne me dis pas que tu as parlé de Margaret à Martina ?! », cria Sykes.

Rachel tira alors sa langue et gloussa gentiment : « Je l’ai fait, et, eh bien… Elle est venue. »

Rachel commença à expliquer que Martina lui avait rendu visite l’avant-dernière nuit, mais Sykes partit en courant aussi vite que ses jambes le lui permettaient.

« Hey, Sykes ?! », bégaya l’un des assistants d’Elliott.

« Seigneur Abigail ?! », cria un autre.

Le reste de l’entourage d’Elliott appela Sykes, mais il était peu probable qu’il les ait entendus.

Elliott, le seul à être conscient de la situation, était devenu pâle.

« Rachel, qu’est-ce que tu as fait ?! »

« Non, non, tu te méprends. Le sujet principal concernait la façon dont tu as rompu nos fiançailles et tu m’as emprisonnée. Mais pour une raison inconnue, Martina a réagi à la nouvelle que le Seigneur Sykes et Margaret s’entendaient bien. », avait-elle répondu.

« Oui, bien sûr qu’elle l’a fait ! Que tout le monde retourne au palais ! Sykes est en danger ! »

« Hein ? »

Le reste du groupe, peu au fait des détails, inclinait la tête en signe de confusion.

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Le Seigneur Abigail, commandant des chevaliers, était assis dans une salle de conférence avec d’autres hauts responsables. Il caressait sa barbichette tout en écoutant un rapport. Soudainement, des bruits de pas précipités résonnèrent dans le hall à l’extérieur. Les chevaliers, tous des vétérans, pouvaient discerner que, malgré le bruit qu’ils faisaient, ils n’appartenaient qu’à une seule personne.

« Que se passe-t-il ? Que l’un d’entre vous aille voir. », demanda l’un des capitaines assis à la table.

Un jeune chevalier qui se tenait à proximité s’était approché de la porte juste au moment où elle s’était ouverte, l’envoyant s’étaler au sol.

« Qu’est-ce qui se passe ?! »

Les chevaliers s’étaient levés et avaient dégainé leurs épées alors que Sykes, affreusement désemparé, entrait dans la pièce.

« Sykes ? », demanda le Seigneur Abigail.

Le père de Sykes regardait, incrédule, son fils pointer un doigt vers lui et rugir : « Vieil homme ! Donne-moi de l’argent !!! »

Voyant qu’il ne s’agissait que du fils idiot de leur commandant venu mendier de l’argent de poche, les capitaines chevaliers assemblés se frottèrent les tempes de consternation.

Le seigneur Abigail soupira, puis parla à son fils en leur nom.

« Sykes, tu es presque un adulte, et bientôt un vrai chevalier. Pourtant, tu es là, à perturber une réunion officielle pour me demander de l’argent. Laisse-moi être clair, d’accord ?! Tu es déjà critiqué pour ne pas avoir dissuadé son Altesse au sujet de Mlle Ferguson ! Et en plus de cela, tu as flirté avec sa maîtresse, malgré le fait que tu aies ta propre fiancée ! N’as-tu aucun bon sens ?! C’est pour quoi cette fois ? Un autre cadeau pour Mlle Poisson ? Si tu es si généreux, prends d’abord quelque chose pour Martina ! »

Sans tenir compte de la leçon de son père, Sykes s’emporta : « Il s’agit de Martina ! Elle a reçu une lettre de Rachel, et maintenant elle est ici ! Nous n’avons pas le temps de faire la morale, vieil homme ! J’ai besoin de l’argent pour m’échapper ! »

Le seigneur Abigail sortit alors son portefeuille de sa poche et le jeta à Sykes. Puis il regarda les autres commandants et ordonna : « Rassemblez les chevaliers et préparez-vous au combat armé ! Mobilisez les troupes de nos garnisons à l’extérieur de la ville et déployez-les également ! Si elle s’approche, il n’y aura pas moyen de l’arrêter ! Demandez aux soldats de sortir les grands boucliers que nous utilisons pour les batailles de siège ! »

Les chevaliers s’étaient alors mis en action. Ils criaient dans tous les sens pour répondre à cette crise soudaine.

« Que faisait notre inspecteur à l’est ? Il était censé avoir des observateurs pour surveiller Mlle Evans, n’est-ce pas ?! », demanda un chevalier.

Un autre chevalier répondit : « La compagnie de cavalerie à laquelle elle était affectée la surveillait ! Cela fait quatorze hommes bien entraînés ! »

Lord Abigail regarda son fils et pointa du doigt le nord.

« Prends un cheval rapide pour aller au centre de commandement de la Vallée du Sable ! Emprunte l’argent dont tu as besoin là-bas ! »

« Désolé, papa ! Si nous survivons tous les deux, nous nous reverrons ! »

Sykes tourna les talons, prêt à filer à l’anglaise. Mais…

« Tu sais que je suis là, alors crois-tu que tu peux t’enfuir sans même venir me voir ? Eh bien, Sykes ? »

À un moment donné, Martina était apparue dans l’embrasure de la porte. L’incarnation de l’amour et de la mort se tenait calmement et bloquait la sortie. Après un moment, elle était entrée dans la salle de conférence. Son tronc était solide, ce qui lui permettait de marcher avec élégance sans faire trembler le cœur de son grand corps élancé.

Martina avait des cheveux noirs brillants, lui tombant à la taille, attachés en queue de cheval, et une peau lisse et bronzée. Son visage n’était pas maquillé et elle ne répondait pas aux critères de beauté attendus d’une fille de noble, mais ses grands yeux et ses lèvres fines projetaient une aura de noblesse. Elle aurait pu ressembler à une jeune femme de qualité, mais les pupilles de ses grands yeux sans lumière étaient complètement dilatées, et l’étrange soif de sang qui émanait de tout son corps aurait pu faire mouiller un homme adulte.

Quand les chevaliers dans la salle virent Martina, ces derniers se figèrent. Elle était folle aujourd’hui. Elle n’avait jamais été aussi déséquilibrée depuis qu’elle s’était fiancée à Sykes il y a dix ans. Les officiers avaient déjà été confrontés à un certain nombre de crises comme celle-ci, mais elle était si clairement déséquilibrée en ce moment qu’on pouvait entendre leurs genoux s’entrechoquer de terreur.

« Que faisaient les gars dans la forteresse ? », marmonna un des officiers.

« J’étais pressée de partir, mais tout le monde a essayé de m’arrêter, alors… j’ai utilisé mes poings nus pour persuader une vingtaine d’entre eux. Après cela, ils étaient tous trop heureux de me laisser partir. Mais il a fallu du temps pour les convaincre, et cela a retardé mon arrivée. », dit Martina en souriant.

La salle de conférence était silencieuse. Vu l’apparence qu’elle avait en ce moment, personne n’était assez fou pour douter d’elle.

Et alors que les chevaliers retenaient leur souffle, le seigneur Abigail leva la main afin que tout le monde s’arrête.

« Martina, je sais que tu es préoccupée par les rumeurs concernant Sykes, mais tu as juré de servir les chevaliers. Le fait de quitter ton poste pour venir le voir va causer des problèmes. », dit-il.

Martina jeta un regard furieux au commandant des chevaliers, les larmes aux yeux, et s’écria : « Je le sais, mais ce n’est pas le moment ! Peut-être qu’un vieil homme desséché comme toi ne comprendra pas, mais Sykes me trompe ! Je ne peux pas me permettre de perdre du temps à défendre le pays ! »

« S’il te plaît, mets le pays en premier ! », dit le Seigneur Abigail en la suppliant.

« Non ! Je suis devenu chevalier pour protéger Sykes ! Quand j’ai prêté serment, j’ai dit “mon cher Sykes” au lieu de “Sa Majesté le roi” ! Cette épée est pour défendre mon avenir avec Sykes ! Je me fous d’un vieux schnock à qui je n’ai jamais parlé ! »

« C’est la pire chose qu’un chevalier puisse dire ! »

Ignorant tous les vieillards abasourdis, Martina s’approcha de Sykes.

« Sykes… c’est quoi cette histoire ? Veux-tu bien tout me dire ? »

« U-Um, er, uh… »

Alors que Sykes continuait à bafouiller, l’un des capitaines fit silencieusement signe aux autres. Les chevaliers bougèrent tous comme un seul homme et chargèrent Martina par-derrière.

Dégainant son épée plus vite que l’œil ne puisse le voir, Martina la balança une fois de chaque côté d’elle. En quelques secondes, huit chevaliers étaient couchés sur le sol, gémissant de douleur. Elle les avait fait voler. Ils n’étaient pas blessés, mais ils se tenaient la poitrine et se débattaient.

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Partie 2

Les officiers déglutirent et firent inconsciemment un pas en arrière.

« Elle a frappé à cette vitesse, et pourtant elle a réussi à les frapper à la poitrine avec le plat de sa lame ?! », dit l’un des capitaines, stupéfait.

Les hommes s’étaient approchés d’elle par-derrière, et pourtant elle avait frappé plusieurs personnes simultanément sans même regarder. C’était presque miraculeux.

« Oh, elle est seulement aussi impressionnante quand Sykes est impliqué. »

« Pas étonnant qu’on l’appelle l’Enragée de l’amour ! »

Martina était une jeune fille prometteuse, mais ses capacités ne la plaçaient que parmi les cinq meilleurs apprentis chevaliers. Elle aurait dû être en dessous de Sykes, qui aurait pu se battre pour la première place, mais dès qu’il y avait une femme autour de Sykes, Martina se lançait dans ces déchaînements inhumains.

« Je pensais qu’un bref passage à la frontière lui rafraîchirait la tête. »

« La distance ne l’a-t-elle pas fait empirer ? Avant ça, elle n’aurait pas abandonné ses devoirs pour revenir… »

Les chevaliers chuchotaient entre eux, jetant un coup d’œil à Sykes. Il pouvait sentir leur pression silencieuse afin qu’il « l’épouse maintenant ».

Sykes, plus pâle qu’il ne l’avait jamais été, s’emporta : « Ne soyez pas ridicules ! Vous agissez tous comme si ça n’avait rien à voir avec vous. Avant de me mettre ça sur le dos, essayez de l’épouser vous-mêmes ! »

Ce fut alors que cela s’était produit.

Les visages des chevaliers semblaient tous dire « Oups ». Sykes réalisa qu’il venait de dire quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Il se retourna avec hésitation, mais avant même que Martina n’entre dans son champ de vision, il pouvait déjà voir l’aura tourbillonnante et courroucée qui l’entourait. Ce dernier s’était figé, trop effrayé pour tourner la tête plus loin.

Contrairement à la colère enflammée qui menaçait de le roussir, un murmure glacé était entré dans son oreille.

« Hey, Sykes, qu’est-ce que tu n’aimes pas chez moi ? Si tu as quelque chose à dire, pourquoi ne pas me le dire en face ? Nous sommes proches, non ? Je veux que tu sois honnête avec moi… »

Sykes se résolut et s’adressa lentement à sa fiancée suppliante.

« Martina, écoute… »

« Non ! Je ne veux pas l’entendre ! »

« Mais je n’ai encore rien dit ?! »

Mais avant que Sykes ne puisse dire autre chose, ce dernier prit un coup de pied au cul. Il bascula en avant, tomba sur le sol et roula sur le dos. Il essaya bien de ramper, mais Martina se tenait au-dessus de lui, son épée pointée vers lui.

«  Sais-tu que j’ai entendu une étrange rumeur ? Dernièrement, tu as été obsédé par cette petite truie appelée Margaret. Alors, Sykes, marions-nous. Tu ne te marierais quand même pas dans une famille qui élève des cochons ? »

Quand il vit les yeux de Martina, même un cancre comme lui pouvait dire qu’il avait de sérieux problèmes. Les rumeurs l’avaient rendue complètement folle.

Souriant poliment pour éviter de l’agiter, Sykes joua le jeu et lui dit : « Bien sûr que non, Martina ! Je… »

« Ne me mens pas ! J’ai entendu partout que tu étais obsédé par une salope en chaleur appelée Margaret ! »

Martina enjamba Sykes, l’attrapa par le col, et balança son autre poing.

« As. Tu. La. Moindre. Idée. De. Combien. J’ai pensé. A. Toi. Durant. Mon. Absence ?! »

Un bruit sourd et humide ponctua chaque mot.

« Tu. Es. Le. Seul. Pour. Moi ! Ne. Regarde. Pas. Les. Autres. Filles ! »

Ses pauses étaient de plus en plus courtes. La foule, qui ne pouvait rien faire d’autre que regarder, commençait à s’inquiéter du fait que Sykes soit peut-être déjà mort.

« Ne. Regarde. Que. Moi ! Ne. M’oblige. Pas. A. Te. Frapper. Comme. Ça ! »

Alors que Martina continuait, la foule s’inquiétait moins de savoir si Sykes était vivant et plus de savoir si sa tête allait rester attachée à son corps.

« Tu comprend ? ! Cela. Peut. Te. Faire. Mal. Mais. Cela. Me. Fait. Encore. Plus. Mal. Au. Cœur ! »

Martina leva les yeux vers le plafond et pleura de désespoir.

En entendant le chagrin dans ses cris, la foule se mit à penser ceci : ça blesse vraiment plus Sykes. Sur ce point, ils étaient tous d’accord.

Avec le même sourire déformé sur son visage, Martina commença à chercher autour de sa taille la dague qui y était suspendue.

« Hé, Sykes… Si tu continues à me trahir, c’est parce qu’il y a d’autres femmes dans le monde, non ? Je sais que je ne peux pas tuer toutes les femmes, alors allons au paradis, où il n’y aura que nous deux, d’accord ? Hee hee, nous serons ensemble pour toujours ! »

Pendant que les chevaliers se disputaient pour savoir qui devait intervenir, personne ne voulant être le premier, Martina trouva sa dague.

« Arrêtez ! Ne vous battez pas pour moi ! »

La voix d’une autre femme résonna dans toute la pièce. Toutes les têtes s’étaient tournées pour regarder Margaret qui entrait avec Elliott et ses acolytes.

Les chevaliers étaient devenus encore plus pâles qu’avant. C’est la dernière personne dont nous avons besoin ici ! pensèrent-ils. Elle ne serait que du carburant supplémentaire pour le foyer qui brûlait uniquement sur Sykes !

Quand le Seigneur Abigail vit Margaret, ce dernier cria : « Courez, Mlle Poisson ! Martina est en mode enragée ! Nous ne pouvons pas l’arrêter ! »

Margaret hocha alors la tête : « Encore ?! »

Se détachant de la forme immobile de Sykes, Martina se leva lentement.

« Oh, je vois. Donc vous êtes un zoo réuni en une seule personne. Une truie, une salope, et une mégère tout-en-un. »

« Une femme… quoi ? ! Qui êtes-vous, madame ?! »

Alors que Margaret répondait courageusement à Martina, les acolytes du prince tremblaient. Cette femme n’était clairement pas normale, elle était manifestement folle. Rachel, pour référence, était saine d’esprit, mais pas normale.

Les yeux de Martina indiquaient qu’elle était enragée. Elle ramassa l’épée qu’elle avait mise de côté plus tôt et afficha un sourire de travers.

« Enchantée de vous rencontrer. Je suis la fiancée de Sykes, Martina Evans. »

Margaret inclina la tête, ne sachant pas trop quoi penser de tout cela.

« Euh… Enchantée, si je puis me permettre ? »

Martina fit alors un pas en avant.

« Sykes a dû vivre l’enfer à cause de vos ruses féminines… »

Non, c’est toi qui lui as fait vivre l’enfer, pensèrent les chevaliers, mais ils furent assez intelligents pour se taire.

Martina ne se souciait pas de ce qu’ils pensaient. Elle se concentrait entièrement sur Margaret.

Avec un sourire levé, Martina déclara : « J’aurai ta tête ! »

« Attention, Margaret ! »

Sentant ce qui allait arriver, Elliott plaqua Margaret au sol. L’épée de Martina passa de justesse au-dessus de leurs têtes. La pointe émoussée de sa lame arracha plusieurs mèches de cheveux des nattes de Margaret, qui étaient tombées plus lentement que le reste de son corps.

« Aïe, ça fait mal ! », cria Margaret.

« Tch ! J’ai raté ! »

Margaret comprit la situation au moment où Martina préparait son épée pour frapper à nouveau. La couleur disparut de son visage au moment où elle réalisa que la lame de Martina l’avait presque coupée en deux.

« Ne vous a-t-on jamais dit que c’était dangereux de balancer des épées ?! », cria Margaret.

« Bien sûr. Je la balance pour te tuer. »

Martina ajusta alors sa prise sur l’épée.

« Il y a trop de chiennes dans le monde, qui font les yeux doux à Sykes. Lui et moi allons au paradis, où nous vivrons seuls ensemble dans la félicité. »

« Huh ? Euh, ah oui ? »

« Alors, pour être sûr que tu ne nous suivras pas même au Paradis, sale bâtarde, je vais te hacher menu et te disperser dans une porcherie. »

« Euh… Attends ! Moi ?! Pourquoi ?! Attendez ?! »

« Je n’attendrai pas ! »

Martina s’était lentement rapprochée, tandis que Margaret avait lentement reculé.

« Nous pouvons en parler ! », lui supplia Margaret.

« Non, nous ne pouvons pas ! », hurla Martina.

Margaret comprit que Martina était complètement folle, elle s’était alors retournée et s’était enfuie comme un lièvre.

Martina se lança aussitôt à sa poursuite, mais comme elle ne regardait pas ses pieds, elle finit par trébucher en marchant sur la tête d’Elliott.

« Bwah ?! », glapit Elliott.

« Merde ! »

Martina se releva et donna un coup de pied supplémentaire à l’homme qui s’était mis sur son chemin.

« Gweh ! »

Pendant ce délai de dix secondes, Margaret s’était éloignée d’une bonne distance.

« Tu ne t’échapperas pas ! », cria Martina.

Elle recula avec son bras en position pour frapper et elle commença à poursuivre la fille rousse de toutes ses forces.

***

Partie 3

Après que les deux femmes aient couru hors de la salle, les chevaliers s’étaient remis de leur paralysie et avaient commencé à donner des ordres aux gardes du palais.

Wolanski s’était approché d’Elliott, qui était toujours sur le sol.

« Vous avez été merveilleux, Votre Altesse ! Miss Margaret est toujours vivante et en fuite ! »

« V-Vraiment ? Ha ha, je suis heureux d’avoir risqué ma vie pour la protéger. Mais de toute façon, mon nez n’arrête pas de saigner. Quelqu’un pourrait-il m’apporter des mouchoirs ? »

*****

« Ne me fuis pas, truie ! Je vais te hacher plus finement que la viande dans cette soupe fine qu’on donne aux mendiants dans les bidonvilles ! », cria Martina.

« Je ne te laisserai pas me servir comme ça ! Je vaux plus par kilo que ce porc bon marché ! », répondit Margaret.

Pendant leur échange absurde, Margaret continuait à courir comme une sprinteuse.

Martina la poursuivait. Elle portait une armure, aussi légère soit-elle, tout en brandissant une épée, et pourtant elle prenait de la vitesse.

Les serviteurs du palais couraient dans la confusion et la terreur, choqués par la destruction causée par la lame de Martina.

De temps en temps, un groupe de soldats portant de grands boucliers en fer essayait de l’entourer, mais Martina les envoyait voler. Et bien que les boucliers soient renforcés avec du fer, un seul coup d’épée les déformait.

Oh, merde. Elle va me découper en tranches à ce rythme. Je suis quoi, un navet ?, pensa Margaret. Hé, qui a des cuisses de navet ?!

Mais ce n’était pas le moment de réagir à ses propres blagues. Elle devait trouver un endroit où se cacher avant de s’essouffler. Margaret continua ainsi à courir délibérément dans des endroits étroits.

*****

Le grand-duc Vivaldi montrait au Premier ministre une jarre qui décorait le hall d’entrée de ses chambres d’hôtes.

« J’ai commandé cette grande jarre à un jeune potier très en vogue en ce moment. Elle est quand même assez impressionnante, non ? »

« Oh-ho. Je vois qu’il a fait varier l’épaisseur de la glaçure, créant un joli dégradé. Intéressant… », répondit August.

« Oui. J’en suis très fier. Cette pièce résistera à l’épreuve du temps. »

Juste à ce moment-là, un petit fonctionnaire du bureau du Premier ministre s’était précipité vers eux, l’air agité.

« Votre Grâce ! Monsieur le Premier Ministre ! Évacuez immédiatement ! Nous avons été informés qu’une tornade a saccagé le… »

Mais avant que l’officiel ait pu finir son avertissement, le typhon était sur eux.

« Meurs ! », cria Martina.

« Je ne veux pas ! », hurla Margaret.

Margaret se réfugia derrière la grande jarre, et Martina la fendit en deux avec son épée longue. Pendant un moment, il semblait qu’elle n’était pas endommagée, mais une coupure apparue finalement sur la jarre. Et dès que cela se fut produit, des fissures s’étaient répandues le long de la coupure, puis elle éclata en petits morceaux.

Une fois la tempête passée, le grand-duc se lamenta auprès du Premier ministre : « J’étais sûr qu’elle résisterait à l’épreuve du temps… »

*****

Margaret ne le savait pas, mais Martina était connue pour se déchaîner quand Sykes était impliqué. Les personnes du palais qui le savaient s’étaient cachées dans leurs chambres pendant la poursuite, poussant désespérément contre leurs portes pour les garder fermées. Et comme Margaret réalisa qu’aucun d’entre eux ne la laisserait entrer et qu’elle ne pouvait pas compter sur les quelques soldats qui se montraient, elle courut désespérément dans les couloirs déserts.

« J’ai besoin de m’éloigner. Il n’y a aucun moyen de mettre de la distance entre nous ?! »

« Stop ! Ne me fuis pas, espèce de truie ! »

Les cris remplis de haine qui résonnaient derrière Margaret se rapprochaient. Contrairement à un esprit vengeur, Martina était corporelle, ce qui la rendait d’autant plus effrayante. L’expression lapidaire, « Les humains en chair et en os sont les plus effrayants de tous », lui était venue à l’esprit.

Margaret courait depuis si longtemps qu’elle avait perdu son sang-froid. Devant elle, elle vit une terrasse au bout d’un long couloir droit. Elle se souvenait qu’elle faisait face à une place avec une grande fontaine. En d’autres termes, elle donnait sur l’extérieur.

En jetant un coup d’œil en arrière, Margaret vit que la femme psychopathe derrière elle n’était même pas légèrement essoufflée. Elle avait réduit de moitié l’écart initial.

« Je m’en fous. Je vais le faire ! », s’était décidé Margaret.

Mettant toute sa force dans ses jambes, Margaret courut sur la terrasse et sauta de la balustrade. Après avoir sauté du deuxième étage, elle traça une parabole dans l’air, volant sur une distance considérable avant d’atterrir avec un grand plouf dans le bassin carré autour de la fontaine.

Margaret flotta à la surface. Elle retira de ses yeux les cheveux qui lui collaient au visage et regarda rapidement la terrasse. Martina avait apparemment sauté après elle, mais elle n’avait pas volé aussi loin et avait heurté les pavés de la place.

« Ah, oui ! »

Et même si elles avaient couru à la même vitesse, Margaret n’était pas chargée alors que Martina était alourdie par une armure et une épée. Martina aurait eu besoin de sauter considérablement plus fort. Margaret ayant à peine atteint l’étang, Martina n’avait aucune chance.

Margaret s’était hissée sur la terre ferme et regarda les soldats attraper Martina avec des filets. Puis ses jambes cédèrent finalement sous elle.

« Ouf… Je vais mourir… », marmonna Margaret.

Margaret resta ainsi allongée, dormant à poings fermés sur le sol.

*****

Rachel ferma le livre qu’elle lisait et regarda le gardien de prison, qui était assis dans la salle d’entrée.

« Tu es resté là très longtemps aujourd’hui », fit remarquer Rachel.

« Oui… Ça semble être l’endroit le plus sûr. »

*****

Quelques jours plus tard, Martina était assise sur les genoux de Sykes dans un coin du bureau des chevaliers. Une ambiance romantique flottait dans l’air.

« Hé, Sykes, tu m’aimes ? » lui demanda-t-elle.

« Oui, bien sûr. »

« Quel genre de robe aimerais-tu pour le mariage ? Je ne suis pas sûre de moi, mais tu penses qu’une robe sirène m’irait bien ? »

« Oui, bien sûr. »

« Combien d’enfants veux-tu ? Je pense à cinq. »

« Oui, bien sûr. »

« Oh, Sykes, tu es bête. Tu dois me dire un nombre quand je te demande ça. »

« Oui, bien sûr. »

Martina parlait comme s’ils étaient un couple heureux, mais le cou de Sykes était dans une attelle, son visage était gonflé, et il n’arrêtait pas de se répéter comme une poupée mécanique. Si vous ignoriez la monotonie de ses réponses, vous auriez pu les imaginer comme un couple heureux.

S’asseoir sur les genoux d’un homme en public était si éhonté que même Margaret ne l’avait pas fait, mais personne dans le bureau des chevaliers n’allait le lui faire remarquer. En fait, ils faisaient semblant de ne pas le remarquer. Essayer d’arrêter Martina alors qu’elle passait un moment romantique avec Sykes, ou du moins elle le pensait, équivaudrait à un suicide. S’ils voulaient vraiment mourir, sauter des murs du château serait moins douloureux.

Le père de Sykes, le commandant des chevaliers, jeta un coup d’œil par la fenêtre et marmonna : « Espérons que son emportement puisse se terminer pacifiquement comme ça. »

Les autres chevaliers de haut rang chuchotèrent entre eux.

« Si on considère qu’elle choisit des questions dont elle sait qu’elles fonctionneront avec ses réponses automatique, peut-être qu’elle s’est un peu calmée ? »

« Euh, je ne sais pas. Elle lui fait juste dire ce qu’elle veut. »

« S’ils trouvent à nouveau le moyen de se battre, elle aura une rechute, et nous serons de retour là où nous étions l’autre jour… »

Les soldats avaient finalement attrapé Martina au milieu de ce qui aurait été presque qualifié d’insurrection, il n’aurait donc pas été étrange qu’elle prenne la place de Rachel dans le donjon. Cependant, compte tenu du fait que Sykes était aussi quelque peu fautif, ils avaient négligé sa violence domestique.

Malgré cela, elle avait désobéi aux ordres, agressé ses camarades, envahi le palais, agressé verbalement un officier supérieur, violé son serment, agressé un prince, détruit des biens, entravé des fonctions officielles, manqué de respect à un grand-duc et tenté d’assassiner la fille d’un baron. C’était suffisant pour lui mettre la corde au cou et la pendre trois fois de suite, mais tout le monde, du grand-duc au plus petit soldat, ne voulait rien avoir à faire avec Martina lorsqu’elle souffrait de ces crises romantiques. Au lieu de cela, ses crimes furent passés sous silence à un moment donné, et les chefs de l’ordre des chevaliers avaient été priés d’empêcher une répétition de cette affaire. Ils étaient en train de se creuser les méninges pour trouver des idées.

« Éloignons-les du palais. C’est le meilleur moyen d’éviter des dommages notables. Cette fois, nous enverrons Sykes avec elle, et elle pourra s’amuser à jouer à la lune de miel dans un endroit éloigné. Si elle se déchaîne là-bas, nous perdrons peut-être un demi-fort, tout au plus. », suggéra le vice-commandant.

Tout le monde acquiesça.

Le père de Sykes soupira : « À l’origine, j’ai envoyé Martina à la frontière pour la sevrer de sa dépendance obsessionnelle envers Sykes, mais… à ce stade, je suppose que les marier est aussi une option. »

Ils regardèrent par la fenêtre Sykes qui acceptait mécaniquement tout ce que Martina disait.

« Quand même, Sykes est un dur. Dire qu’il a survécu à une telle raclée. Et tu te souviens de la fois où il a été couvert de ce truc pourri contenu dans la boîte ? Il se sentait déjà mieux quand il est sorti du bain. », nota l’un des chevaliers.

« C’est une de ses qualités rédemptrices. Mlle Ferguson était-elle impliquée dans cet incident, comme nous le pensions ? », dit le Seigneur Abigail en regardant ses associés.

« Elle l’admet elle-même. Elle dit avoir envoyé une lettre à Martina à propos des récents événements », expliqua l’un des chevaliers.

« Eh bien, si elle voulait que Sykes se retire, alors envoyer une lettre à Martina à propos de Mlle Poisson était la meilleure option », confirma un autre chevalier.

« Elle n’a rien fait de mal, mais elle est clairement la cause de ce désordre », déclara le Seigneur Abigail.

Il regarda alors vers les cieux.

« Si Sa Majesté et les autres ne reviennent pas bientôt, je crains que le harcèlement croissant de Mlle Ferguson ne transforme ce palais en ruine. »

« Ha ha ha, quel tour pensez-vous qu’elle va nous jouer ? »

« Ne nous portez pas la poisse, OK ? ! Je ne veux plus de ce chaos ! », dit le Seigneur Abigail en sifflant.

Néanmoins, tant que la relation entre le prince Elliott et Mlle Rachel restait telle qu’elle était, il ne faisait aucun doute que quelque chose d’autre allait se produire.

Incapables d’imaginer un avenir rempli d’autre chose que de tristesse, les chevaliers d’élite s’affalèrent tous dans le désespoir.

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