Chapitre 2 : La jeune demoiselle s’enferme dans la prison
Entendant le bruit de pas dans les escaliers de pierre, le gardien de prison qui patrouillait dans le donjon leva les yeux. Dans la lumière vacillante d’une lanterne, il pouvait voir un jeune homme bien bâti tirant une fille. Ses vêtements étaient fins, mais elle était attachée avec des cordes.
Au moment où le garde pensait qu’ils formaient un drôle de couple, le jeune homme lui cria dessus.
« Es-tu le gardien de la prison ? », demanda Sykes avec arrogance.
« Oui, monsieur. Je le suis. »
Alors qu’il regardait Sykes, le gardien n’avait aucune idée de ce qui se passait. Ce dernier avait atteint le sous-sol, détacha la fille et la poussa par-derrière.
« Mets cette malheureuse dans une cellule. Le Prince Elliott l’ordonne. Nous n’avons pas encore décidé quand nous la libérerons. Je suppose que tout dépendra de la façon dont elle réfléchira à ses actions. »
« Ah, vraiment ? », dit le garde d’un ton peu enthousiaste.
Sykes se renfrogna : « Quoi ? »
« Vous voyez, euh, à propos de la prison… »
Sykes suivit la ligne de mire du garde et réalisa que la prison… avait été transformée en zone de rangement.
« Qu’est-ce que c’est ? », s’était-il exclamé, pris au dépourvu.
Des boîtes en bois de différentes tailles étaient empilées à l’intérieur de la prison. Près du fond, elles montaient presque jusqu’au plafond. Elles occupaient plus de la moitié de la cellule, bien que l’on ne sache pas exactement ce qu’elles contenaient.
« Des bureaucrates sont passés par ici cet après-midi et ont dit qu’ils avaient besoin de stocker temporairement des choses dont ils n’avaient plus besoin », expliqua le gardien.
Il se gratta maladroitement la tête tandis que Sykes le fixait d’un air stupéfait.
« Nous utilisons rarement le donjon du palais. Je ne me serais jamais attendu à ce qu’un invité y vienne si tôt. »
« Pourquoi doivent-ils maintenant l’utiliser comme un vulgaire placard ? », se lamenta Sykes.
« Eh bien, c’est aussi la première fois que je vois cela se produire. Mais nous utilisons si rarement les cellules qu’il n’y avait aucune raison de refuser. »
Sykes fit claquer sa langue. Les bureaucrates avaient donc apporté des documents ou quelque chose qui devait être stocké quelque part, n’est-ce pas ? Le moment était mal choisi, mais il pouvait voir qu’il y avait encore suffisamment d’espace entre la porte de la cellule et les toilettes. Bien. Ce sera suffisant pour que Rachel puisse s’allonger.
« Qu’il en soit ainsi. Jette juste cette sorcière là-dedans. Et je ne veux pas que tu me dises que c’est trop petit. Sois reconnaissante de ne pas partager une chambre avec un criminel. »
« Je comprends », dit Rachel docilement.
Sykes fit signe au gardien de prison avec son menton. Le garde ouvrit la porte de la cellule, qui se trouvait à une extrémité des barres de fer, avec sa clé.
Ayant compris la situation, le sourire du gardien était devenu écœurant.
« Une dame aisée comme vous peut trouver cet endroit un peu effrayant, mais bon, on dit que la maison d’un homme est son château, non ? Donnez-lui une semaine et je suis sûr que vous vous y adapterez. Essayez de voir ça comme une auberge unique et amusez-vous. Je ne sais pas combien d’années vous allez rester ici. »
Rachel écouta le baratin intimidant du garde, qu’il avait probablement tiré du manuel, et franchit la porte en silence. Le garde ferma la porte derrière elle et la verrouilla. Puis il fit claquer la porte pour s’assurer qu’elle était complètement sécurisée, comme le voulait la tradition.
Le garde lui adressa un sourire en coin alors qu’elle s’asseyait tranquillement dans la cellule.
« Si vous voulez demander de l’aide à quelqu’un d’important, vous feriez mieux de le faire tôt, pour votre propre bien. Cette prison souterraine est rarement utilisée de nos jours. Elle n’est pas facile à trouver non plus, et j’ai tendance à oublier qui se trouve ici. »
Sykes se mit à rire.
« Ha ha ha, cet homme n’a pas tort. Son Altesse veut t’oublier et passer un bon moment avec Margaret. Je te suggère de t’incliner devant lui avant qu’il n’oublie qu’on t’a jetée ici. »
Sykes et le garde s’étaient retournés pour partir, riant avec mépris au sujet de cette fille stupide et idiote. Ils laissèrent derrière eux la fille du duc, écrasée par ce qui lui était arrivé… du moins le pensaient-ils.
Au moment où Sykes et le gardien de prison étaient sur le point de monter les escaliers…
Cliquetis, cliquetis. Ka-chunk !
« Ka… chunk ? » marmonna Sykes, imitant ce qu’il avait entendu.
Lui et le garde s’étaient tournés à la suite à ces bruits étranges.
Rachel était restée assise, dépitée, mais elle enroulait maintenant une grande chaîne autour de la porte et des barres métalliques. Puis elle plaça un cadenas dessus.
C’était son moment, le moment où elle pouvait riposter et les harceler.
« Hein ? », lâcha le garde.
« Qu-Qu’est-ce que tu fais ?! », balbutia Sykes.
Ce dernier couru vers les barreaux, mais Rachel avait déjà fini de les verrouiller.
« Hey, c’est quoi ça ?! »
Utilisant ses muscles bien bâtis, il secoua la porte, mais elle était solidement enchaînée et ne bougea pas d’un pouce.
De l’autre côté, Rachel l’observait avec une expression froide.
« Quoi, dites-vous ? Je me suis assurée que la porte soit verrouillée pour ma propre sécurité. »
« C’est une prison ?! Ce ne sont pas les prisonniers qui la ferment à clé ! », cria Sykes.
Rachel resta blasée en expliquant : « Je suis toujours une femme non mariée. Je ne pourrais pas supporter que quelque chose de fâcheux m’arrive. Après tout, j’ai entendu dire que les gardes s’amusent en faisant des cabrioles avec les prisonnières quand leurs supérieurs ne regardent pas. »
« Quand même, c’est sans précédent ! Où as-tu trouvé cette chaîne et ce verrou !? »
« C’est mon affaire, pas la tienne », dit Rachel tout en refusant de répondre à sa question.
Sykes et le garde restèrent sans voix. Et bien qu’ils l’aient enfermée, c’était comme si elle s’était enfermée elle-même là-dedans.
« Qu’est-ce qu’on devrait faire ? », demanda le gardien de prison.
Sykes secoua la tête : « Ne me le demande pas… »
« Eh bien, qu’est-ce que vous allez faire ? », dit Rachel en s’interposant.
« Non, ne dis pas ça ! », s’emporta Sykes.
« Non, non. Étant donné que cela me concerne directement, j’ai tout à fait le droit de parler, n’est-ce pas ? », répliqua Rachel d’un ton sérieux.
« Quand tu le dis comme ça, je suppose que tu as raison… »
« Eh bien, qu’est-ce qui m’attend ? Allez-y, dépêchez-vous. J’aimerais bien entendre votre opinion ?! »
Sykes, qui n’avait pas l’habitude de réfléchir à quelque chose de particulièrement difficile, craqua sous la pression de Rachel et commença à paniquer.
« Ne vous ai-je pas demandé ce que ça allait être la suite ?! Allez, dites-le ! Maintenant, maintenant, maintenant, maintenant, maintenant, maintenant ! », continua Rachel.
« Stop ! Ne me bouscule pas, OK ? ! Euh, qu’est-ce que je peux faire pour ça ? »
Comme il avait plus de muscles que de cervelle, Sykes ne pouvait pas suivre. Il ne pouvait penser qu’à une seule chose à faire.
« P-Premièrement, je vais rapporter ça au prince. »
Le fils du capitaine de la garde s’était pratiquement écroulé en sortant du donjon et courut jusqu’à la fête pour appeler le prince.
On n’est jamais mieux servi que par sa moi même 😉 Je parie que dans les geôles d’Amérique latine, elle parviendrait à avoir autant de libertés que les caïds des cartels 😈