Strike the Blood – Tome 8 – Chapitre 3 – Partie 6

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Chapitre 3 : Serviteur de sang

Partie 6

L’île d’Itogami, qui abritait de nombreux vampires nocturnes, comptait de nombreux établissements et restaurants ouverts jusque tard dans la nuit. D’un autre côté, en tant qu’île solitaire flottant sur l’océan Pacifique, il n’y avait aucune source d’éclairage artificiel à proximité de l’île, ni aucun gratte-ciel pour obstruer le champ de vision. En tant que plate-forme pour l’observation des étoiles, on pourrait dire que c’était un environnement béni.

En particulier, la zone autour de la marina que Kojou et Avrora utilisaient comme base arrière était sombre, avec un ciel plein d’étoiles étalé au-dessus de leurs têtes. Même les amateurs d’étoiles comme eux pouvaient facilement distinguer les constellations.

Le ciel clair de la nuit ressemblait à une mer profonde alors que des météorites pâles le traversaient petit à petit.

Même en levant les yeux vers une vue aussi exquise, l’expression d’Avrora était sombre. Sans doute ne s’attendait-elle pas à ce que Nagisa la rejette comme ça.

« Vas-tu bien, Avrora ? »

Kojou avait appelé la fille en apportant des nouilles pour le dîner.

« Hé… ne t’inquiète pas pour Nagisa. Ce n’est pas qu’elle te déteste ou un truc dans le genre. Elle a juste peur des démons. Je pense que c’est probablement une peur subconsciente due à l’attaque terroriste. C’est ma faute, je n’ai pas su expliquer les choses correctement. »

« … C’est ma faute, j’ai ajouté ça à sa souffrance. »

Avrora était toujours sur le pont du bateau, les mains enroulées autour de ses genoux, les yeux lourds tandis qu’elle murmurait en se dépréciant. Malgré la perte de ses propres souvenirs, elle semblait terriblement prompte à se sentir responsable des choses.

« Je te le dis, ce n’est pas ta faute. Tiens, mange. »

Kojou retira le couvercle des nouilles entièrement préparées et les glissa devant Avrora.

Même en étant au fond du trou, l’odeur avait attiré l’attention d’Avrora, et elle releva la tête petit à petit. Elle prit les baguettes de Kojou et commença à avaler le ramen blanc et vaporeux.

« Délicieux. »

« C’est sûr. »

Kojou poussa un soupir de soulagement en voyant enfin Avrora sourire un peu. C’est alors qu’une silhouette humaine se dressa dans l’angle mort de Kojou comme un esprit vengeur. Il s’agissait d’Asagi, qui fronçait les sourcils en signe évident de mécontentement.

« … Tous les deux, qu’est-ce que vous faites ? »

« Whoa !? »

Asagi tordait ses jumelles utilisées pour l’observation des étoiles avec une force qui menaçait de les pulvériser alors qu’elle regardait Kojou et Avrora assit tout près.

« Quoi, vas-tu aussi lui faire faire “aah” ? C’est indécent. Êtes-vous un couple !? »

« Quoi, tu en veux aussi ? Tiens. »

Kojou soupira avec une exaspération évidente en offrant un récipient de nouilles à Asagi. Elle ne s’attendait apparemment pas à cette réaction de Kojou.

« Euh, ah… Eh bien, si tu insistes, je suppose que je dois le manger, mais…, » murmura-t-elle en rassemblant son courage, ouvrant sa bouche et attendant dans une pose de aah. Cependant, elle n’avait entendu que des ooh de Kojou et Avrora qui regardaient le ciel nocturne.

« C’est un gros essaim, hein. C’était à tous les coups un météore cette fois, pas un avion. »

« Les étoiles filantes scintillent si fugitivement… ! »

« Hé, ne m’ignore pas, toi ! Fais un peu plus attention à moi, bon sang ! »

Indignée, Asagi avait pris les nouilles de la main de Kojou et avait commencé à les consommer d’un seul coup. Kojou, qui avait observé la diminution du nombre de météorites, avait glapi à haute voix, n’ayant pas encore mangé une seule bouchée. Avrora s’était simplement tortillée sur place, trouvant apparemment la scène étrangement amusante.

☆☆☆

« Bon sang. Vous êtes tous des petits morveux. »

Yaze, allongé sur un coin de la jetée, souriait faiblement en regardant Kojou et Asagi qui faisaient des histoires sur le bateau.

Il grogna en se redressant et déplaça son regard vers une jeune femme qui se tenait sur le mur de rochers à côté de la jetée. C’était une vampire aux cheveux bruns, portant un manteau sur une tenue de femme de chambre. Elle s’était mordu la lèvre en regardant l’excitation innocente d’Avrora.

« Hé, Vel. De retour, hein ? Alors, tu as fini le travail à temps partiel ? »

Yaze grogna d’effort en se levant avec un sourire frivole et s’approcha de Veldiana.

« Oui… »

Veldiana avait souri faiblement et avait fait un signe de tête superficiel. Yaze leva un sourcil.

« Ohhh, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as l’air fatiguée. D’habitude, tu es de si bonne humeur quand tu fais ton truc de serveuse. »

« Je n’ai pas le moral ! Je suis obligée de faire ça pour m’en sortir, pas plus ! »

Veldiana lui rendit son regard, les crocs dénudés. Yaze éclata de rire alors qu’elle était enfin redevenue normale.

« Avrora ne semble pas très heureuse. S’est-il passé quelque chose ? » murmura-t-elle.

Étonnamment aiguisé, pensa Yaze en clignant des yeux en signe d’admiration.

« Oui, Kojou a essayé d’amener Av à rencontrer Nagisa. »

« La fille de Gajou !? » Les yeux de Veldiana s’écarquillèrent alors qu’elle se rapprocha de Yaze. « Que s’est-il passé ? Est-ce que la mémoire de Dodekatos est revenue !? »

« Non. Quand elle s’est approchée de Nagisa, Nagisa s’est énervée, et c’est pour ça qu’Av est toute déprimée. » Yaze secoua la tête sans ménagement.

Les doigts de Veldiana, qui agrippaient sa chemise, s’étaient lentement relâchés.

« Ça n’a pas marché ? Non, pourquoi pas… ! »

Yaze soupira profondément et demanda sur un ton utilisé pour parler aux petits enfants, « … Hé, Vel. As-tu vraiment besoin de forcer Av à retrouver ses souvenirs ? En raison du raid de Zaharias sur le prince Iblisveil, la région autonome de Nelapsi est en guerre contre la dynastie déchue. Ils n’ont pas de temps à perdre avec le Banquet flamboyant. Nelapsi était déjà du mauvais côté de l’Empire des Seigneurs de la Guerre, et la tête de Zaharias a été mise à prix. Il se détruira lui-même bien assez tôt. Quelqu’un d’autre s’occupera de ta vengeance. »

« … Donc je devrais juste m’asseoir et regarder… ? » demanda Veldiana avec une faible lueur dans les yeux.

Yaze avait ri de façon désinvolte et irresponsable. « Vivre ici n’est pas si mal, n’est-ce pas ? Cette Av t’aime beaucoup. N’est-ce pas bien qu’elle apprenne aussi à connaître d’autres personnes ? Y a-t-il quelque chose qui te rend malheureuse ? »

« … »

La gorge de Veldiana s’était contractée. Sa réaction indiquait qu’elle voulait dire quelque chose en réponse, mais qu’elle ne le pouvait pas. Yaze ne lui avait pas prêté attention et avait continué.

« Eh bien, c’est beaucoup plus difficile de vivre pauvrement au lieu de vivre dans un château, mais d’après ce que j’ai entendu, ta sœur n’était pas du genre à vouloir que les gens la vengent. »

« Je… sais que… ! » râla Veldiana d’une voix chevrotante.

Pour Yaze, cette concession rapide lui avait valu un regard contradictoire.

« Vel ? »

« J’ai compris sans que tu aies besoin de me le dire. Oui, c’est vrai. Cela ne me dérange pas de vivre dans le Sanctuaire des Démons. Assez vite, je pourrais le gérer sans me plaindre. Quant à Avrora, je la considère comme ma famille. Parfois, j’ai l’impression d’être heureuse ici ! »

« Alors tu n’as pas besoin de… »

« C’est pourquoi je dois le faire ! »

L’expression de Veldiana était aussi instable que celle d’une petite fille et elle secoua la tête avec force.

« C’est pourquoi je ne dois pas oublier ma vengeance ! Si moi, entre tous, j’oublie le vol du nom et des terres de ma famille, vivant heureux dans ce pays étranger, je ne pourrai jamais m’excuser auprès de ma sœur. Tais-toi maintenant. Qu’est-ce que tu comprends à propos de ça !? »

« … Je suppose que oui. Tu as raison et tout. »

Yaze soupira. Veldiana ne le savait pas, mais il comprenait ce qu’elle ressentait. Yaze vivait à l’encontre de ses propres souhaits, lié tout autant qu’elle par les pensées de la famille et du nom. Ce n’était pas comme si Yaze surveillait son meilleur ami parce qu’il aimait ça.

« Mais tu dois arrêter de te droguer. Ces derniers temps, même les Sanctuaires de Démons ont eu beaucoup de problèmes avec les accros à ces trucs. Ça peut épuiser même un vampire de haut rang comme toi. »

Yaze avait parlé avec nonchalance en désignant le bras que Veldiana cachait sous son manteau.

Le corps de Veldiana s’était figé, son expression étant celle d’un enfant qu’on gronde. Cependant, Yaze n’avait rien dit de plus. Il avait gardé le dos tourné vers Veldiana et l’avait saluée avant de se diriger vers Kojou et les autres, qui s’amusaient toujours sur le bateau.

« Je le sais », avait-elle murmuré, en regardant Yaze partir.

Sans un bruit, les étoiles avaient coulé vers le bas sur la toile de fond du ciel nocturne hivernal.

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Claramiel

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