Chapitre 2 : Le deuil prématuré
Partie 2
Immobile devant le magasin d’antiquités, Kojou demanda. « Une succursale de l’Organisation du Roi Lion… ? »
Il s’agissait d’un bâtiment en briques de style ancien, comme on en voit rarement sur l’île d’Itogami. Mais même si elle avait dit qu’il s’agissait d’un établissement lié à l’Organisation du Roi Lion, ça n’en avait pas l’air. Cela ressemblait juste à un magasin de bric et de broc en désuétude.
Mais Yukina avait répondu par un hochement de tête ferme. « Oui, il n’y a pas d’erreur. C’est le bureau qui s’occupe de la communication et du soutien aux membres. »
« … Bureau, hein ? Je veux dire, c’est une agence fédérale, bien sûr qu’elle en a un peu partout, mais dans ce cas, pourquoi l’enseigne dit que c’est un magasin d’antiquités ? »
« Camouflage. Même si c’est une organisation gouvernementale, ça reste une agence spéciale. »
Son explication avait du poids. Certes, ils ne pouvaient pas annoncer de manière grandiose, Pour tous vos besoins en matière d’espionnage et d’antiterrorisme magique. Mais s’ils l’appelaient un magasin d’antiquités, cela n’éveillerait pas les soupçons même si les gens entraient et sortaient avec des épées et des lances.
« Alors c’est une façade ? » insista Kojou.
« Oui. En outre, il vend des objets confisqués et autres pour payer les frais de fonctionnement du bureau — . »
« Donc c’est aussi un commerce normal !? Et quand tu parles d’objets confisqués, tu ne veux pas dire des trucs maudits ou hantés, n’est-ce pas… ? »
« C’est bon, on exorcise tout avant. »
« Hé !! »
« C’était une blague. »
Yukina l’avait dit avec un air très sérieux avant d’avoir un petit sourire amusé et un petit rire. Kojou fronça silencieusement les sourcils. Comme d’habitude, il ne pouvait pas dire si la jeune femme plaisantait vraiment.
Mais il était apparemment vrai que la boutique d’antiquités fonctionnait sans crainte de faillite. Il n’avait pas l’air de traiter avec une clientèle normale, mais…
« Ne me dis pas que ton organisation n’a pas de budget… ? »
« Euh… Je n’en sais rien… »
Yukina avait évasivement baissé les yeux en posant sa main sur la porte du magasin d’antiquités. La porte en bois avait grincé en s’ouvrant, l’air portant une odeur de poussière que l’on ne trouve que dans les vieux bâtiments.
Simultanément, une sonnette solennelle avait retenti, et une voix de femme avait dit. « Bienvenue. Que puis-je faire pour vous aujourd’hui ? »
« … Eh !? » s’était exclamé Kojou.
Comme dans un salon de thé à l’ancienne, une jeune femme se tenait là pour les accueillir. Elle était jolie, avec un physique svelte. Elle avait une longue queue de cheval d’un brun plus clair, comme si des cheveux plus foncés étaient traversés par la lumière du soleil. Son apparence élégante et belle, comme un cerisier en fleurs, était très familière à Kojou.
« Kirasaka ? »
L’employée ressemblait beaucoup à une certaine Sayaka Kirasaka, qui portait le titre de Danseur de guerre chamanique de l’Organisation du Roi Lion. En effet, elle était le portrait craché de la fille, mais…
« Non, vous ne l’êtes pas… Qui êtes-vous ? »
C’était seulement son apparence qui était identique. L’aura qui l’entourait n’était pas celle de la Sayaka que Kojou connaissait. Il n’y avait aucune chance que Sayaka regarde Kojou et qu’un sourire poli et d’affaire apparaisse sur son visage.
C’était Yukina qui avait répondu à la question de Kojou. « C’est le shikigami de Maître Shike. Je crois qu’elle l’a modelé d’après Sayaka. »
Yukina, cependant, semblait également déconcertée par l’apparence de l’employée.
« C’est impossible que ce soit un shikigami. Je veux dire, elle ressemble à Kirasaka… » Kojou avait regardé le visage de la fausse Sayaka avec étonnement. Il avait vu les shikigami de Yukina et de Sayaka un certain nombre de fois jusqu’à présent, ils étaient au niveau de l’artisanat de papier joliment fait, mais pas plus que cela. Mais la Sayaka en face d’eux était à un tout autre niveau. On pouvait la regarder de près et ne pas la considérer autrement que comme un être humain vivant et respirant. Il pouvait sentir les battements de son cœur, la chaleur de sa chair, et même le parfum de ses cheveux qui flottait autour d’elle.
« Et pourtant, tu pouvais dire en un coup d’œil que ce n’était pas Sayaka, n’est-ce pas ? »
Le ton de Yukina était conversationnel, bien qu’un peu mystifié et pourtant un sous-texte qui semblait être un reproche d’une certaine façon. Peut-être que c’était juste la culpabilité de Kojou qui parlait, après tout, il avait bu le sang de Sayaka une deuxième fois quand Yukina avait eu le dos tourné.
Kojou avait rapidement trouvé une excuse pour faire passer la culpabilité dans son cœur.
« Eh bien, ah, la Sayaka que je connais est, tu sais, plus idiote, des trucs comme ça… »
Certes, la Sayaka charmante, souriante et fausse était belle, mais il n’aimait pas l’absence totale de personnalité. Il pensait que la fille était bien plus attirante lorsqu’elle criait et affichait ses émotions sur son visage comme… comme d’habitude.
« De plus, » poursuit Kojou, « la vraie Kirasaka entrerait dans une violente colère si elle me voyait la regarder dans cette tenue. Elle crierait qu’elle m’arracherait les yeux ou quelque chose comme ça. »
« … C’est bien possible. » Yukina soupira en signe de sympathie, avec quelque chose de lourd présent dans son esprit.
Il avait imaginé que la réplique de Sayaka portait techniquement un uniforme de magasin. Elle avait une jupe courte et évasée et une forte dose de décolleté. La taille serrée rendait le gonflement de ses seins encore plus proéminent. C’était moins la tenue d’une employée de magasin d’antiquités que celle d’une serveuse dans un café de jeunes filles. Pour ce qu’il en savait, peut-être que les servantes et les magasins d’antiquités étaient étonnamment bien assortit.
« Au fait, pourquoi porte-t-elle cette tenue ? Pour attirer les clients ? »
« Non… Il n’y a pas vraiment d’intérêt à cela avec un sort d’aversion en place. » Yukina avait incliné sa tête en parlant. Puis, soudainement, elle avait jeté un regard glacial à Kojou. « Plus important encore, tu fixes excessivement sa poitrine depuis tout à l’heure. Ton regard est si indécent ! »
« Quoi — !? Pas du tout, je me demande juste pourquoi diable elle porte un tel accoutrement, OK !? » Kojou avait réfuté désespérément les accusations.
Il n’avait pas l’intention de la fixer, mais la façon dont la tenue mettait en valeur sa poitrine avait apparemment attiré son regard sans qu’il s’en rende compte.
Yukina avait fixé Kojou avec un regard impitoyable, sans émotion.
« C’est encore plus effrayant que tu n’essaies même pas de regarder. C’est criminel, en fait. »
« Je ne lui jetais pas un regard aussi indécent ! Et ce n’est même pas Kirasaka, elle n’est même pas humaine, tu sais ? »
Yukina avait couvert sa propre poitrine en disant soudainement. « Tu aimes vraiment les seins à ce point ? »
Kojou toussa, avec force. « P... personne n’a rien dit à ce sujet, d’accord !? »
« Mais tu les aimes, n’est-ce pas ? »
« Eh bien, je pourrais… les aimer un peu, mais… » La réponse de Kojou avait semblé se volatiliser dans l’éther. Yukina avait pincé ses lèvres avec un son maussade.
L’instant d’après, une nouvelle voix féminine se fit entendre dans la boutique. Le ton était incroyablement peu enthousiaste, mais semblait aussi clair et beau que le son de deux pierres précieuses se touchant.
« — Vous faites un sacré boucan. Qu’est-ce qui vous prend ? »
En remarquant la voix, Yukina s’était rapidement pliée sur un genou et avait baissé la tête.
« Maître… ! »
Il n’y avait personne à l’endroit où Yukina parlait — seulement un chat noir assis sur une plate-forme de danse surélevée. Le chat avait un pelage magnifiquement lisse, et ses yeux présentaient un éclat doré. Des pierres de la même couleur étaient incrustées dans son collier élancé.
Yukina avait salué le chat avec révérence. « Ça fait un moment, maître. Yukina Himeragi, au rapport. »
Les yeux du chat s’étaient rétrécis de façon taquine. « Ça fait un moment, Yukina. Ce n’est pas souvent que tu es agacée au point d’élever la voix comme ça. »
« Mes humbles excuses. J’ai été négligente. »
« Pas du tout, je parle en termes de louanges. »
Le chat avait émis un petit gloussement de type humain en levant une patte avant. Apparemment, cela signifiait que les salutations excessivement formelles étaient inutiles ici.
« Et la lance ? » demanda le chat.
« C’est juste là. »
merci pour le chapitre
merci