Chapitre 1 : Depuis l’Empire du Seigneur de Guerre
Partie 1
Mercredi, mi-septembre, 6 h 25...
Ce matin-là, pour une fois, Kojou Akatsuki s’était réveillé de lui-même.
On pourrait qualifier cet événement de tout à fait exceptionnel. Bien qu’il ne pouvait pas vraiment le révéler en public, Kojou Akatsuki était un vampire, et en tant que vampire, Kojou était condamné à être faible face à la lumière du soleil. C’était vrai même s’il portait un titre extravagant : le Quatrième Primogéniteur.
Les rayons du soleil matinal pénétraient particulièrement en profondeur. Bien qu’ils n’aient pas pu le brûler, cela avait provoqué une variété de symptômes tels que des sentiments de fatigue et d’ennui, de somnolence et d’une perte d’appétit. C’était ce dernier symptôme qui était vraiment gênant, mais pour les personnes non informées, ces symptômes étaient impossibles à distinguer d’un être humain normal qui ne dormait pas suffisamment et qui restait éveillé toute la nuit. Pour cette raison, Kojou était considéré par le monde entier comme un lycéen bon à rien qui n’étaient tout simplement pas une personne du matin.
Alors que Kojou pensait à de telles choses, ce qu’il trouvait vraiment regrettable, c’était que sa sœur cadette, Nagisa Akatsuki, ne faisait pas exception. À cause de cela, chaque jour, sa jeune sœur lui donnait des remontrances longues et pénibles tout en l’éveillant. Cela avait fait partie du quotidien de Kojou, en quelque sorte, de sa routine.
Cependant, ce matin seulement, Kojou n’avait pas senti le moment avant coureur de l’entrée de Nagisa dans sa chambre.
À la place, il l’entendait à travers le mur par bribes alors qu’elle parlait d’une voix joyeuse. Il ne pensait pas qu’elle aurait un invité à cette heure si matinale. Kojou se demandait si elle parlait à quelqu’un au téléphone alors qu’il sortait de sa chambre. Toujours à moitié endormi, il traîna ses pieds vers les toilettes pour mettre de l’ordre dans ses cheveux désordonnés par le sommeil.
Quand Kojou avait fini de faire sa toilette et était retourné au salon, il avait remarqué que le petit-déjeuner avait déjà été mis sur la table. Il y avait des sandwiches aux bagels faits à la main par Nagisa et de la salade italienne pour trois. Le menu était légèrement plus élaboré que d’habitude. Voyant cela, Kojou avait compris. Apparemment, leur mère était rentrée chez elle pour une fois.
Comme leurs parents avaient divorcé quatre ans plus tôt, la famille Akatsuki était actuellement composée de trois personnes. Mais leur mère, Mimori Akatsuki, était responsable de la recherche dans l’une des sociétés de l’Île d’Itogami — un poste assez prestigieux — et la plupart du temps, elle ne revenait jamais à la maison. Elle s’absentait pendant une semaine à dix jours avant de se présenter en pleine nuit ou le matin sans préavis. Elle vivait quelque chose comme la vie d’un hors-la-loi — ou d’un chat errant.
En un sens, Kojou n’avait pas d’autre choix que de croire que sa mère était revenue alors qu’il ne s’en rendait pas compte et se trouvait maintenant dans la chambre de Nagisa, bien qu’il n’ait aucune preuve directe. En effet, c’était un cas de force majeure.
« Nagisa. Désolé, je vais d’abord prendre mon petit-déjeuner. Si tu veux prendre un café, je t’en ferai assez pour toi aussi, quand je préparerai le mélange..., » parlant avec un bâillement mêlé à sa voix, Kojou avait ouvert la porte de la chambre de sa petite sœur.
La voix de Nagisa, qui avait continué sans une seule pause jusqu’à ce moment précis, s’était soudainement interrompue. Elle leva les yeux vers Kojou, les yeux grand ouverts avec un regard de surprise.
Bien qu’elle avait encore l’air un peu enfantine, c’était une étudiante du collège avec un regard constamment mignon sur son visage. Elle coiffait ses cheveux longs assez haut pour que là où cela s’arrêtait, ça lui donne un air de cheveux court. Elle tenait un uniforme de pom-pom girl sur ses genoux. Nagisa était membre du club des pom-pom girls du collège.
Et comme Kojou l’avait prévu, il y avait une autre personne dans la pièce avec Nagisa.
Cependant, ce que Kojou n’avait pas prévu, c’était que cette personne était une fille, beaucoup plus jeune que leur mère.
Et cette fille, se trouvant vers Kojou, portait des sous-vêtements — et rien d’autre.
« Qu... »
Ce spectacle totalement inattendu plongea Kojou dans la confusion la plus totale. Peut-être son étourdissement matinal expliquait-il pourquoi il n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait.
La jeune fille sans défense, vêtue de sous-vêtements, jeta un coup d’œil maladroit par-dessus son épaule.
Kojou avait immédiatement retenu son souffle devant la beauté sereine de la jeune fille. Son corps était délicat, mais cela ne lui donnait aucune impression de fragilité. Même avec de légères traces de courbes de jeunesse, son corps possédait une symétrie parfaite, avec des courbes gracieuses. Elle avait l’air souple et tenace, comme une belle bête sauvage.
Les yeux de Kojou étaient restés totalement attirés par sa silhouette.
Sa voix était ébranlée quand il avait demandé, « ... Pourquoi est-ce que... Himeragi est là ? »
Yukina Himeragi. C’était le nom de la fille. Elle était en troisième année du collège, un an plus jeune que Kojou. Et seulement un demi-mois auparavant, elle avait été transférée à l’Académie Saikai, devenant la camarade de classe de Nagisa.
Et elle portait aussi le titre bizarre de Chamane Épéiste de l’Organisation du Roi Lion.
Elle était l’observatrice envoyée par cette organisation pour observer Kojou Akatsuki, le Quatrième Primogéniteur. C’était sa mission de rester près de Kojou, et si elle le considérait comme un être dangereux... elle était là pour l’éliminer.
Mais quoi qu’il en soit, cela n’avait pas changé le fait qu’elle était une très jolie fille.
« S-Senpai... !? » Yukina marmonna dans la direction de Kojou, comprenant enfin la situation.
« Salut, » répondit Kojou, réfléchissant à la salutation comme un parfait idiot. Malgré cela, son regard ne s’éloignait pas du tout d’elle.
En regardant la chair nue de Yukina telle qu’il était, on pourrait dire que c’était tout à fait naturel.
Sa peau blanche était comme du verre délicat. Sa clavicule élancée était comme une œuvre d’art. Elle avait une silhouette maigre, malgré tout, les lignes de son corps étaient mystérieusement douces. Il était impossible pour l’œil de ne pas être attiré par toutes ces choses.
Mais ce n’étaient pas les seules raisons pour lesquelles le regard de Kojou ne l’avait pas quittée, car les instincts du Quatrième Primogéniteur, le vampire le plus puissant du monde, l’avaient averti du danger.
On pourrait peut-être dire qu’il avait l’impression d’être face à face avec une bête carnivore, et s’il détournait les yeux ne serait-ce qu’un instant, il serait attaqué sans hésitation. C’était peut-être plus juste de dire que c’était comme si deux maîtres artistes martiaux se faisaient face, et ni l’un ni l’autre ne se permettait une ouverture. Un équilibre précaire avait été établi entre le regard fixe et immobile de Kojou et le silence de Yukina. Même le plus petit déclencheur aurait sûrement rompu cet équilibre en un instant.
Et celui qui avait créé cette gâchette, assise sur le bord du lit, avait été Nagisa.
« K-Kojou !? Qu’est-ce que tu fais !? » demanda Nagisa.
Nagisa s’était levée en glapissant. Sa voix avait brisé le sort enchaînant Kojou et Yukina.
Presque simultanément, le Kojou agité marmonna « um, um » pendant qu’il reculait, tandis que Yukina se couvrait les seins des deux mains, se tournant sans faire un bruit. Les cheveux flottants de Yukina, sa nuque blanche, son dos exposé et la petite taille de la zone de son corps en fait couverte de vêtements avaient tous défilé devant les yeux de Kojou. L’instant d’après, le talon de Yukina enveloppé d’une chaussette s’était cogné sur le côté du visage de Kojou.
Le temps que Kojou se rende compte qu’il avait pris un coup de pied tournant dans le mouvement, son corps était dans une splendide vrille alors qu’il volait vers l’autre côté de la pièce. L’impact avait été suffisant pour que le crâne d’un humain normal ait pu être à moitié fracassé.
Eeeeeeeeeek ! Avec un léger retard, il entendit Yukina crier. Kojou aurait aimé commenter le coup de pied tournoyant avant le cri, mais bien sûr il n’avait pas eu l’occasion de le faire pour l’instant. Sur le sol, face vers le haut, incapable de se lever, Kojou appuya sa main droite contre son visage. Tandis que le sang jaillissait de son nez, il lâcha un faible murmure mélangé à un soupir.
« ... Lâchez-moi un peu. »
Ce fut le début de la très longue journée de Kojou Akatsuki.
Merci pour le chap ^^