Strike the Blood – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 5

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Chapitre 1 : Sur le lac gelé

Partie 5

Nagisa était en effet une prêtresse puissante, ayant hérité de la force spirituelle de sa grand-mère, mais en même temps, elle avait hérité du talent de psychomètre naturel de sa mère. C’est pourquoi Nagisa était la seule à avoir découvert la vérité que les Mages d’attaque, y compris Shirona, n’avaient pas encore comprise : la véritable nature de ce qu’ils appelaient Avalon…

« Ce n’est pas un sceau. Il était là pour la protéger. Vous n’auriez pas dû la réveiller ! »

« Nagi… sa ? Qu’est-ce… que vous dites… !? »

Pour la première fois, Shirona avait eu l’air déconcertée. Mais il était déjà trop tard.

Le tronc de l’arbre spirituel qui s’étendait depuis l’autel arriva à Avalon, il pulsait à mesure que l’énergie démoniaque restant dans l’esprit d’Avrora s’y engouffrait.

« Qu’est-ce… que c’est… !? » La voix de Shirona tremblait alors qu’elle détectait le changement soudain qui se produisait au fond du lac.

Des fissures parcouraient la surface d’Avalon. D’innombrables silhouettes émergeaient de ces crevasses. Ces formes avaient l’apparence de créatures vivantes dont la chair brillait comme de l’acier. Elles avaient les yeux composés des abeilles et de longues queues serpentines.

Leurs silhouettes étaient clairement celles de formes de vie organiques, mais il s’agissait de créatures aux caractéristiques artificielles.

L’apparence de ces créatures était sans doute contraire aux attentes de Shirona. Nagisa pouvait sentir son malaise à travers les fils spirituels qui entouraient le corps de Nagisa.

Mais les surprises ne s’arrêtèrent pas là.

Une silhouette géante était apparue dans l’eau, semblant vouloir riposter aux créatures d’acier.

C’était une masse d’énergie sensible et démoniaque — une bête invoquée d’un autre monde. Le haut de son corps ressemblait à une femme, et le bas à un poisson. Des ailes sortaient de son dos et ses serres ressemblaient à celles d’un oiseau de proie.

C’était peut-être une sirène, ou c’était peut-être une ondine — c’était un vassal bestial vampirique, dont la chair était aussi claire qu’un glacier. C’était l’alter ego scellé à l’intérieur d’Avrora.

« … Non… Non… »

Nagisa leva les yeux vers le vassal bestial aqueuse, l’implorant comme dans une prière.

Mais sa voix ne portait pas.

Coupée de son propre corps, Nagisa n’avait aucun moyen de transmettre ses pensées à Avrora.

L’immense énergie démoniaque émise par les ailes de la sirène glaçait l’ensemble du lac Kannawa. Il s’agissait d’un froid destructeur, d’une congélation éclair qui rendait fragile toute forme de matière, la réduisant en poussière.

Même l’immense puissance magique contenue dans l’Avalon ne pouvait résister à un tel coup.

C’est pourquoi Nagisa a crié :

« Avrora ! Ne fais pas — ! »

En un instant, la vision de Nagisa fut arrêtée par une lumière bleue éblouissante.

Tout le lac Kannawa avait été transformé en un gigantesque cristal de glace.

La brume blanche et la neige glacée recouvraient les montagnes tout autour.

De moins en moins consciente de cela dans un coin éloigné de son esprit, Nagisa sentit la lumière engloutir son corps spirituel.

+++

Shio Hikawa était assise face à Gajou Akatsuki, séparé par les barreaux de sa cellule.

« Je ne sais pas ce que… ce que signifie “faire à ma façon”… »

La tête baissée, les mains tenant ses genoux, Shio porta la question philosophique à ses lèvres. Son timbre de voix semblait rocailleux, mais à la marge, il était plongé dans une morosité sans issue.

Gajou Akatsuki, ligoté dans la cellule, écoutait les aveux de Shio.

Shio l’avait d’abord ignoré, mais avec l’obstiné Gajou qui ne cessait de tirer la couverture à lui, sa chance s’était tarie dès qu’elle avait répondu. Les discussions avaient commencé par porter sur leurs plats préférés et s’étaient étendues au thème du signe astrologique sous lequel ils sont nés. Une fois que les quiz logiques pour tester la personnalité de chacun avaient commencé, on était passé à un moment ou un autre à parler de ses problèmes. Shio se plaignait toute seule, Gajou jouant à fond le rôle d’auditeur.

Pourquoi est-ce que je parle à un homme comme ça ? pensa l’hostile Shio, mais avant qu’elle ne s’en rende compte, elle racontait toutes sortes de choses sur sa vie privée à Gajou. Même s’il avait l’air louche, Gajou avait la langue bien pendue d’un animateur de club. Bien qu’elle ait eu le vague sentiment que c’était une mauvaise idée, Shio n’a pas pu s’arrêter à ce moment-là.

« Même moi, je pense que ce serait bien si je pouvais être comme Yuiri. Je veux dire, Yuiri est vraiment mignonne. Elle est si joyeuse, si honnête, si féminine… J’aime beaucoup Yuiri, mais comparée à elle, je pense que je suis vraiment assez pathétique… »

« Mais Yuiri t’aime bien aussi, n’est-ce pas, Shio ? Elle te fait entièrement confiance, n’est-ce pas ? »

Alors que la conversation menaçait de s’interrompre, Gajou murmura avec un timing parfait. Ses paroles, sans doute peu fondées, prirent Shio par surprise et la troublèrent.

« C’est juste parce que mes scores de sorts rituels sont meilleurs que les siens… Mais c’est Yuiri qui est vraiment géniale. C’est elle qui allait obtenir un Schneewaltzer. »

« Heh, sérieusement… ? Alors, c’est vraiment quelque chose… »

« Oui. »

Shio éprouva un petit sentiment de satisfaction en voyant que Gajou était réellement impressionné. Malgré toutes ses plaintes, Shio était heureuse d’entendre les compliments de Yuiri.

Gajou n’avait pas fait d’effort maladroit pour la consoler. Au contraire, il répondit avec précision au véritable souhait de Shio, celui qu’elle ne réalisait pas elle-même. Cela irrita Shio et, en même temps, lui sembla étrangement agréable.

« Tu es vraiment quelque chose, Shio. »

Gajou avait complété le tout en faisant l’éloge de Shio. Elle se fâcha et demanda : « Quoi ? Vous moquez-vous de moi ? »

« Non, non. Je veux dire que tu essayes tellement d’être quelqu’un qui soit à la hauteur de Yuiri, l’amie que tu aimes vraiment, que tu en es déprimée. »

« Eh bien, c’est… Bien sûr que oui… »

« Oh, c’est vraiment quelque chose que tu considères comme étant normal. Pas étonnant que Yuiri te fasse confiance. »

Gajou parlait avec un étrange degré d’assurance. Même si Shio était légèrement déconcertée par sa façon de parler, ses joues rougissaient légèrement.

« Ne parlez pas de Yuiri comme ça… ! »

La réplique de Shio n’avait aucune force. Même si elle comprenait qu’il s’agissait d’une technique de Gajou Akatsuki, elle ne pouvait pas penser qu’être félicité de la sorte soit une mauvaise chose. En raison de l’unilatéralité du combat initial, elle avait eu une piètre impression de Gajou, mais elle commençait à se dire qu’il n’était peut-être pas si mauvais que ça. En fait, il était étonnamment agréable à regarder. Elle pourrait même admettre à contrecœur qu’il était plutôt séduisant…

« Hum… Merci… de m’avoir écoutée. »

Shio avait puisé dans tout son courage pour prononcer ces mots. Sa voix était faible, presque un murmure, mais ils étaient suffisamment proches pour que Gajou l’ait remarqué.

Mais il ne répondit pas. Soudain, son visage s’était vidé de toutes couleurs et il avait jeté un regard vers l’extérieur.

« Ah… Gajou Akatsuki ? »

« Hé, Shio… L’air ne te semble-t-il pas… étrange ? »

« Eh… !? »

Lorsque Gajou posa la question, le visage très sérieux, Shio porta son attention sur les alentours. Un froid anormal régnait à l’intérieur de l’entrepôt. Il faisait trop froid, même en plein hiver. L’air était devenu blanc à cause de la chute brutale de la température.

Shio sursauta, inspirant difficilement lorsqu’elle réalisa que l’air froid était chargé d’énergie démoniaque.

« Quelle est cette… sensation désagréable… ? »

Un instant après que Shio ait laissé échapper ce murmure, la terre du district de Kamioda trembla.

Ce n’était pas une secousse intermittente comme un tremblement de terre. C’était une secousse instantanée, comme si un poids gigantesque était tombé tout près.

La source de la secousse était probablement le lac Kannawa — la direction à partir de laquelle Yuiri et les autres menaient la cérémonie. Cependant, le nuage d’air froid imprégné d’énergie démoniaque empêchait Shio de savoir ce qui s’était passé au lac Kannawa. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de ressentir un vague malaise dans sa poitrine.

« Cette secousse… On ne dirait pas un simple tremblement de terre… Je suppose que la vieille sorcière s’est trompée ? »

Gajou cracha des insultes en se levant dans la cellule. Quelque chose s’écrasa sur le sol. Shio baissa les yeux, bouche bée.

« Attendez… Pourquoi vos menottes sont-elles enlevées ? Comment… !? »

À un moment donné, les menottes métalliques censées attacher Gajou à la cellule s’étaient détachées. Les éléments de la serrure, censés être à double combinaison, étaient tombés en morceaux.

« Pour ce qui est du comment, je suis habitué à ce genre de choses dans mon métier. »

Gajou fit tourner les articulations de ses chevilles, désormais libres, tout en parlant d’un ton insouciant.

Shio regarda Gajou avec stupéfaction et insista : « N’êtes-vous pas censé être archéologue ? »

« Je fais du travail de terrain un peu partout, alors il se passe toutes sortes de choses… », répondit Gajou d’un ton enjoué avant de regarder au-dessus de sa tête. « Eh bien, bon sang… ! Shio, au-dessus de toi ! »

« Eh !? »

Réagissant au cri de Gajou, Shio déplaça son regard vers le ciel. Cet instant décida de la vie ou de la mort de Shio. Une créature étincelante, couleur acier, traversa le plafond de l’entrepôt, juste au-dessus de la tête de Shio.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

La créature mesurait trois ou quatre mètres de long. C’était un monstre bizarre avec une tête de frelon, un corps de serpent et des ailes de dragon. Au moment même où elle détecta la présence de Shio, elle ouvrit sa gueule et attaqua sans relâche.

Si Gajou ne l’avait pas prévenue, la créature aurait sans doute déchiré Shio membre par membre sans qu’elle puisse lever le petit doigt…

« Résonne — ! »

Shio cria en sortant tous les parchemins qu’elle avait dans la poche de poitrine de son uniforme. Grâce à la magie rituelle qu’ils contenaient, les parchemins se transformèrent en d’innombrables oiseaux de proie qui se lancèrent à l’assaut du monstre.

La spécialité des Danseurs de Guerre Chamaniques de l’Organisation du Roi Lion était la magie rituelle offensive utilisant des shikigami. Bien que le monstre ait facilement terrassé le premier, le deuxième et même le troisième shikigami qui l’attaquait, d’innombrables autres l’entouraient, réduisant ses mouvements à néant et le faisant finalement s’écraser au sol.

Elle réussit finalement à arrêter le monstre d’acier dans sa course en utilisant tous les parchemins de sorts qu’elle avait sous la main. Shio n’avait pas l’occasion de voir cela de ses propres yeux, elle avançait en titubant sur place.

Shio avait utilisé dix-sept shikigami pour contre-attaquer un seul monstre. Shio était une étudiante de haut niveau de la Forêt du Haut Dieu, mais elle n’avait pas le talent monstrueux que possédait son ancienne camarade de classe, Sayaka Kirasaka, en matière d’incantation.

D’ordinaire, la créature d’acier était un ennemi d’un niveau supérieur à celui que Shio pouvait combattre seule. C’est par pure chance qu’elle avait réussi à l’abattre de justesse.

Mais il n’avait pas le temps de se reposer, car Gajou entendit de nouveaux battements d’ailes au-dessus de la tête de Shio.

Des créatures très semblables à celles de tout à l’heure se dirigeaient vers l’entrepôt. De plus, il n’y en avait pas une ou deux : il y en avait plus de douze, et ce n’était que ce qu’il pouvait voir venir pour le moment vers eux. Elles remplissaient pratiquement le ciel dans leur approche.

« Un tel nombre… »

Le visage de Shio pâlit de désespoir. Quoi qu’il en soit, l’ennemi était tout simplement trop nombreux. Il ne lui restait plus de parchemins pour créer des shikigami, et elle n’avait pas le temps de préparer un sort de rituel à grande échelle.

Si seulement Yuiri était là… pensa Shio en se mordant la lèvre.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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