Réincarné en mercenaire de l’espace – Tome 12 – Chapitre 6 – Partie 1

***

Chapitre 6 : Au-delà de la région ultrapériphérique

Partie 1

J’avais fini par attendre un peu moins d’une semaine, ce qui avait été une véritable épreuve pour moi. Pourquoi ? Parce que je m’ennuyais. Même lorsque j’accompagnais Kugi au laboratoire de recherche, je n’avais rien à y faire. Nous avions déjà pratiquement éliminé les pirates locaux, et je n’avais donc pas de raison de sortir dans le Krishna.

J’avais donc demandé à Mei de jouer les chaperons pendant la moitié de ces journées, pendant que je traînais avec Mimi et Elma. Parfois, nous allions faire des courses, mais la plupart du temps, nous nous reposions. Les jours où je ne me rendais pas au laboratoire, je passais les soirées et les nuits avec Tina et Wiska, et les autres jours, avec Mimi et Elma.

« Alors, oui, je pense que nous avons trouvé un moyen d’obtenir une traduction générale de ce que ces sphères se disent les unes aux autres », rapporta Tina.

« Je vois. Heureux que nous fassions des progrès. »

« Nous étions également à court de choses à faire dans la deuxième moitié de la journée, alors nous avons aidé l’équipe à faire des recherches sur ce matériau de revêtement, » déclara Wiska. « La docteure Shouko est incroyable. Elle a pris des programmes et des algorithmes conçus pour les nanomachines et les a appliqués à d’autres fins. Elle a fait preuve de créativité en les utilisant pour des choses pour lesquelles ils n’avaient même pas été conçus. »

« Nous devrions apprendre d’elle. »

Tina, Wiska et moi nous étions assis sur le canapé, Tina à droite, Wiska à gauche et moi au milieu. C’était devenu notre disposition standard chaque fois que nous passions du temps à nous reposer ensemble. Ces deux-là étaient pratiquement collées à moi et je sentais la chaleur de leur corps me réchauffer. C’est sans doute pour cette raison que Wiska et Tina avaient réglé la température de cette pièce un peu plus bas que dans les autres. C’est très attentionné.

« Comment ça se passe entre toi et Kugi, chéri ? »

« Je pourrais faire l’imbécile sur ce que tu veux dire, mais je préfère ne pas t’obliger à le dire. Hum… Eh bien, elle est trop pure, alors il est difficile de faire un geste. »

« Ah…, je vois ce que tu veux dire. Elle est vraiment pure », acquiesça Tina.

« Elle est comme une fleur qui n’est pas destinée à être cueillie… Est-ce que ça a un sens ? »

« Oui, la nuance est passée », répondit Wiska.

Je ne demandais pas à Kugi d’être aussi mature qu’Elma ou Tina, mais j’aurais voulu qu’elle soit au moins plus proche de Mimi ou de Wiska. Cependant, c’était une fille innocente qui avait grandi à l’abri de la corruption de l’univers. Chaque fois que nous nous rencontrions, sa pureté était à son comble. Elle disait des choses comme « Je remplirai mes devoirs avec tout ce que j’ai ! » et « Je ferai tout ce que vous me demanderez ». Il était donc très difficile de lui faire des avances. Je n’étais ni une adepte de l’amour libre, ni un perdant ennuyeux qui refusait les avances, mais la pureté de Kugi était un peu trop écrasante pour moi.

« Tu finiras par faire un pas vers elle », déclara Tina.

« Probablement, à un moment donné. »

« Il est difficile de dire si tu agis rapidement ou lentement… Mais tu as aussi mis pas mal de temps à nous faire des avances. »

« Il m’a effectivement fallu du temps pour m’habituer à cette idée. Pardonne-moi. »

J’avais vraiment dû prendre mon courage à deux mains avant de m’attaquer à ces deux-là, pour diverses raisons. Mais une fois que j’avais surmonté mon blocage mental, cela n’avait plus été un problème.

« Cependant, ne fais pas attendre Kugi trop longtemps. L’exclusion fait mal », dit Tina.

« Je ferai de mon mieux pour ne pas le faire », lui dis-je.

Je le dis, mais à moins qu’une opportunité ne se présente… Non, c’est ce genre de réflexion qui m’empêche d’agir. On n’attend pas les opportunités, on les crée.

 

☆☆☆

Ce n’est pas moi, mais Kugi, qui avait créé cette opportunité. Je ne savais pas si je devais être heureux ou perplexe.

« Entraînons vos capacités psioniques, mon seigneur. »

« Les entraîner, tu dis ? »

« Oui. »

Kugi m’avait appelé dans sa chambre; nous nous faisions face, assis en position de seiza.

Verthalz avait beaucoup de similitudes culturelles avec le Japon. Il y avait même un tapis ressemblant à un tatami dans ses quartiers. Au Japon, il est interdit de porter des chaussures sur un tatami, et ce n’était pas différent ici. Un espace près de l’entrée de sa chambre était donc réservé au déchaussage.

Lorsque j’avais pénétré dans les quartiers de Kugi, j’avais vu un coussin en forme de zabuton manifestement destiné à moi, alors j’avais suivi le mouvement et je m’y étais assis. Kugi s’était assise sur l’autre zabuton, juste en face de moi.

« Qu’est-ce que tu entends exactement par “entraînement” ? Est-ce que je vais méditer ? »

« C’est une méthode efficace. La méditation consiste à se concentrer consciemment sur l’énergie qui jaillit en vous. C’est un bon moyen de développer le contrôle. Mais cela risque d’être difficile pour vous en ce moment, monseigneur. »

« Ah oui ? »

« Oui. Vous avez déjà utilisé de puissantes capacités, comme la manipulation de l’espace-temps et du destin, mais vous l’avez fait inconsciemment. Si vous voulez faire usage de ces capacités consciemment, vous devez d’abord être capable de percevoir votre propre pouvoir. »

« Je vois. »

J’avais continué à m’entraîner avec Kugi et Konoha, principalement à la télékinésie, mais aussi à créer la barrière mentale que Kugi m’avait apprise. Dans ces deux domaines, j’étais actuellement au même niveau que les autres débutants, même selon les critères de Verthalz.

Cela dit, je n’avais encore reçu aucune formation à la « troisième magie », une magie capable de manipuler l’espace-temps et le destin. Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle retenir ma respiration me permettait de ralentir le temps; j’avais utilisé cette capacité par pur instinct. Il était logique que je doive d’abord percevoir mon propre pouvoir avant de pouvoir affiner mes capacités. Contrôler ou pratiquer quelque chose que l’on ne peut même pas percevoir est impossible.

« Je comprends ton raisonnement, mais j’ai une question. »

« Oui, monseigneur ? »

« Comment se fait-il que tu aies préparé un futon ? »

Je voulais aussi savoir pourquoi elle était si légèrement vêtue. Le peu qu’elle portait était si fin qu’il était pratiquement transparent. En fait, je savais pourquoi. Je n’étais pas idiot et je devinais déjà où cette conversation allait nous mener. Mais je devais quand même poser la question.

« J’ai une bonne raison de le faire… »

Tu te rends donc compte que la raison n’est pas très valable. Eh bien, écoutons-la.

Son regard s’abaissant, le rouge aux joues, le coup d’œil qu’elle jeta au loin avant de se retourner finalement pour me faire face me frappèrent de plein fouet. S’il te plaît, arrête. Je commence à être gêné, moi aussi.

« Hum… vous souvenez-vous quand j’ai lié nos esprits par le toucher, mon seigneur ? »

« Bien sûr. Les expériences aussi marquantes sont rares. Je m’en souviens très bien. »

Elle parlait de notre première rencontre. Elle était apparue de nulle part, avait appuyé son front contre le mien et avait connecté nos esprits alors que j’étais encore sous le choc. Pendant que nous étions connectés, elle avait confirmé l’état de mes capacités psioniques et avait effectué un traitement d’urgence sur les parties de mon esprit qui en avaient besoin.

« Euh… Faire quelque chose comme ça est optimal pour former un lien plus profond et plus fort que celui que nous avons formé à l’époque. »

« Ça fait bizarre d’entendre quelque chose comme ça de la part d’une fille comme toi. Tu viens de me lancer une attaque directe. »

Le visage de Kugi était rouge vif, et je ne devais pas être en reste. Est-ce que sa gêne m’était transmise par télépathie ?

« Alors, euh… pourquoi avons-nous besoin de former une connexion plus profonde et plus forte ? »

« En formant un tel lien, nous pouvons percevoir plus profondément la présence de l’autre, renforcer sa magie et, si nécessaire, l’aider à la contrôler. Cela augmente considérablement le champ des possibilités. Un autre avantage est que cela vous permettra d’entraîner vos capacités psioniques beaucoup plus rapidement. »

Kugi détourna les yeux en disant tout cela, son visage toujours rouge comme une betterave et ses oreilles tressaillant sans arrêt au sommet de sa tête. Est-ce que ses oreilles s’agitaient sous l’effet de la nervosité ? Je doute que quiconque puisse rester calme dans cette situation.

« Alors, c’est ça ta raison plus ou moins valable ? »

« Euh, oui. »

Très bien, arrêtons-nous là. Faire durer les choses plus longtemps relèverait du fétichisme, et je ne peux pas m’en aller après que les choses ont dégénéré à ce point.

« Je ne te poserai plus de questions indignes d’un gentleman. »

« D’accord… Ah ! »

Je m’étais agenouillé et j’avais approché ma main de la joue de Kugi. Son visage était encore rouge vif et elle tremblait légèrement. Il fallait d’abord qu’elle se détende.

 

☆☆☆

Un nouveau matin était arrivé.

« Bonjour, mon seigneur. »

J’avais ouvert les yeux et j’avais vu Kugi me sourire dans un éclat sans précédent. Est-ce que c’est juste mon imagination, ou sa peau est-elle aussi plus lumineuse ?

« Je ne peux pas… Je retourne au lit. »

« Bon. Bonjour. Mon… — Seigneur, » répéta-t-elle d’une voix saccadée.

J’avais essayé de me cacher en tirant la couverture du futon sur moi, mais Kugi me l’avait arrachée. Bon sang, elle est forte. Si ça continuait, l’innocente couverture serait déchirée en lambeaux, alors j’avais renoncé à me cacher.

« Bonjour, Kugi. »

« Oui, bonjour. »

Kugi, souriante, était déjà correctement habillée. Je ne m’étendrai pas sur ce qui s’est passé la nuit précédente, mais j’avais l’impression de rêver. C’était comme si nos esprits et nos corps s’étaient fondu l’un dans l’autre, une expérience potentiellement addictive.

Kugi s’était rétablie très vite. Est-ce simplement parce qu’elle est en meilleure forme que moi, ou a-t-elle plus d’expérience pour ce genre de choses avec la télépathie ? Peut-être les deux.

« Vous remarquez quelque chose, mon seigneur ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire… ? Attends… Quoi ? »

Jusqu’à ce que Kugi le souligne, je n’y avais pas prêté attention, mais soudain, j’avais pris conscience d’un sixième sens que je n’avais pas auparavant. « Un sixième sens que je n’avais pas remarqué auparavant » était probablement plus exact. J’avais clairement ressenti un nouveau sens, distinct des cinq sens normaux.

« Ma sensibilité a indéniablement augmenté », lui avais-je dit.

« Oui, je vous ai bien accordé. »

« Suis-je une sorte d’instrument ? »

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire