Réincarné en mercenaire de l’espace – Tome 12 – Chapitre 2 – Partie 3

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Chapitre 2 : La fille samouraï Tanuki

Partie 3

« Enfin », déclara Konoha.

« Ils ont vraiment pris leur temps », avais-je convenu.

Nous étions dans la salle à manger du Lotus noir, en train de déguster du thé. Deux jours s’étaient écoulés depuis son arrivée. La flotte impériale avait terminé ses préparatifs et nous étions enfin partis. Le Lotus Noir — avec le Krishna amarré dans son hangar —, l’Unité de Chasse aux Pirates et les autres navires de mercenaires voyageaient ensemble sur une hyperlane.

« Ces quelques jours ont été très tranquilles », dit Kugi en sirotant joyeusement son thé.

Konoha, assise à côté d’elle, lui répondit avec mécontentement : « N’avançons-nous pas un peu lentement ? »

J’avais pensé que Kugi pouvait avoir un problème avec Konoha, mais d’après mes observations des deux derniers jours, il n’en était rien. Peut-être craignait-elle que Konoha ne lui dispute la place de demoiselle de sanctuaire que Verthalz m’avait attribuée ? Non, ça n’a pas l’air d’être le cas non plus. Bon, peu importe. Je devrais répondre à la question de Konoha.

« Nous ne pouvons pas aller beaucoup plus vite que ça », lui avais-je dit. « Nous voyageons non seulement avec l’unité de chasse aux pirates, mais aussi avec un grand nombre de mercenaires. Comme nous, ils devront planifier soigneusement les lignes de ravitaillement. Nous possédons le Lotus noir, qui a une grande capacité de stockage, donc nous n’avons pas besoin de compter sur l’armée pour nous réapprovisionner. Mais les autres mercenaires n’ont pas ce luxe. »

« Hum… Je vois. Les lignes d’approvisionnement… La nourriture est importante. »

« Je ne parle pas seulement de la nourriture. Mais oui, la nourriture est importante. Elle peut parfois conduire les gens à se rebeller ou à déserter. Même si les choses ne s’aggravent pas à ce point, une nourriture de mauvaise qualité ou un approvisionnement insuffisant en produits de première nécessité peut affecter le moral. Un moral bas peut entraîner de mauvaises performances au combat. C’est la raison pour laquelle je porte une attention particulière à ces questions. Nous sommes à présent à une époque où nous naviguons sur une mer d’étoiles, mais en ce qui concerne ces choses-là, ce n’est pas si différent de l’époque où les gens se fiaient au vent pour voyager sur les mers. »

Cela soulève une question : l’humanité a-t-elle vraiment évolué ? La civilisation a-t-elle vraiment progressé ? Quelle que soit notre maturité mentale, tant que nous resterons humains, nous ne pourrons pas échapper aux trois désirs primitifs. Sans nourriture ni eau, nous mourrons, et cela ne peut pas être changé.

J’avais haussé les épaules : « De toute façon, ça veut juste dire que nos journées ennuyeuses vont continuer un peu plus longtemps. » Bien que nous nous soyons enfin mis en route, il faudrait encore un certain temps avant que nous ayons l’occasion de faire quoi que ce soit. Nous voyageons avec l’unité de chasse aux pirates, qui avait encore renforcé ses effectifs, et un grand nombre de mercenaires nous accompagnent également. Quiconque nous observait en ce moment même voyait donc une nuée de navires de combat, la plupart étant des vaisseaux officiels de la flotte impériale. Aucun pirate n’oserait se battre contre un tel groupe, ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’embuscade ennemie pendant notre voyage.

« J’aurais préféré un peu d’action », dit Elma. « J’ai hâte d’essayer l’Antlion. »

« S’enthousiasmer pour ça, c’est bien, mais ne te plante pas et ne subis pas de gros dégâts. »

« Je ne suis pas idiote », dit-elle en agitant dédaigneusement la main, puis elle retourna au salon avec la boisson qu’elle était venue chercher. Cela faisait longtemps qu’Elma n’avait pas piloté son propre vaisseau, ce qui semblait avoir ravivé son esprit combatif. Espérons que cet élan ne retombera pas.

J’avais vérifié trois fois, et son vaisseau ne présentait aucun problème, donc elle devrait s’en sortir. Elle connaît les styles de combat du Krishna et du Lotus Noir, et nous avions fait des essais avec un simulateur, donc il ne devrait pas y avoir de problème de coordination. L’idéal aurait été de tester cette coordination lors d’un véritable combat contre des pirates, mais malheureusement, la situation actuelle ne le permet pas.

Au cas où tu te poserais la question, l’Antlion était amarré au Lotus noir. Un vaisseau aussi grand que le Lotus noir possédait un port d’amarrage pouvant accueillir des vaisseaux trop imposants pour le hangar. Il était généralement utilisé pour transporter des personnes et des fournitures.

« Au fait, mon seigneur, nous voyageons actuellement dans l’hyperespace, n’est-ce pas ? » demanda Kugi.

« Oui », avais-je répondu.

« Je n’en ai pas l’impression. »

« Je suppose que non, hein ? »

Le Lotus Noir avait quitté la colonie de Wyndas Tertius environ trente minutes plus tôt, puis il avait synchronisé ses moteurs FTL avec l’unité de chasse aux pirates et avait commencé à voyager en FTL. Les vaisseaux de la flotte venaient de synchroniser leurs hyperpropulseurs et d’entrer dans une hyperlane, à l’intérieur de laquelle nous voyageions actuellement. Si nous étions allés dans le cockpit, nous aurions pu voir le kaléidoscope de couleurs à l’intérieur de l’hyperespace, mais c’était franchement malsain pour la tête, alors je ne vous le recommanderais pas, mais…

« Tu veux voir à quoi ressemble l’hyperespace ? » lui avais-je demandé.

Les oreilles de Kugi se dressèrent. « Oui ! » répond-elle avec un sourire radieux.

Elle est vraiment curieuse… Est-ce parce qu’elle a grandi à l’abri des regards ?

« Voulez-vous venir, Konoha ? » demandai-je.

Les oreilles de Konoha s’étaient également dressées lorsqu’elle répondit : « Dans ce cas, je me joindrai à vous. »

Pourquoi dégage-t-elle une telle impression de dévouement, voire de combativité ? me demandai-je, perplexe, alors que nous quittions le réfectoire.

Dehors, nous avions rencontré Elma et Mimi qui se détendaient dans le salon. Elma était en train de boire la bière qu’elle avait prise plus tôt, et Mimi regardait fixement sa tablette. Laissez-moi rectifier : Elma se détend, mais pas Mimi.

« Mimi, fais des pauses quand tu es fatiguée. »

« Oh ! Oui, bien sûr ! J’ai presque fini, il me reste un peu, » dit-elle en souriant, en levant les yeux de sa tablette.

Elma fit un signe dédaigneux que je compris comme : « Je vais garder un œil sur elle, ne t’inquiète pas. »

Elma semblait boire moins que d’habitude aujourd’hui, alors je vais la laisser s’en occuper.

« Qu’est-ce qu’elle faisait ? » demanda Konoha.

« Probablement en train de passer en revue la liste des marchandises commerciales que nous avons achetées », avais-je répondu. « Cette fois, nous avons surtout stocké de l’alcool et des produits de luxe. »

« Produit de luxe ? » demanda Kugi, perplexe. Comme elle ne s’était jointe à nous que récemment, il y a beaucoup de choses qu’elle ignorait.

J’avais donc décidé de l’expliquer : « Le Lotus noir a une grande capacité de stockage supplémentaire. Même après avoir chargé tout ce dont nous avons besoin, il reste beaucoup de place pour une cargaison supplémentaire. Nous faisons donc le plein de marchandises pour gagner un peu plus d’argent, car ce serait du gâchis de ne pas utiliser cet espace supplémentaire. Nous nous dirigeons vers une région à l’extrême périphérie cette fois-ci, et ces régions ont tendance à manquer de produits de luxe, alors nous devrions pouvoir les vendre à un prix assez élevé. »

« Je vois. Vous feriez un bon marchand, Sire Hiro. »

« Je connais un peu le commerce, mais je n’y ai jamais participé moi-même. Je laisse Mimi s’occuper de tout ça, et si elle réalise un bénéfice, tant mieux. Sinon, je peux couvrir les pertes avec l’argent que je gagne en tant que mercenaire. »

« Je vois… », dit Kugi, confuse. Son expression était facile à lire : elle se demandait manifestement à quoi cela servait si Mimi ne faisait pas de bénéfices.

« C’est une question d’expérience. Au fur et à mesure qu’elle acquiert de l’expérience en utilisant mes connaissances comme base, elle finira par commencer à gagner de l’argent. En fait, elle a déjà commencé. Je peux à peu près m’en remettre entièrement à elle ces jours-ci. »

« Je vois. Je dois me dévouer jusqu’à ce que je sois digne d’une tâche de mon seigneur. »

« Pas de pression. Mais à ce propos, comment se sont passées tes études de copilote ? »

« Il y a beaucoup de choses à retenir, et le rôle exige de prendre des décisions sur le moment. Pour être honnête, je manque de confiance en moi. »

« Tu ne seras pas parfaite dès le départ. Concentre-toi d’abord sur la mémorisation de la terminologie. Je te dirai quand activer les différents sous-systèmes; tu n’auras donc qu’à te préoccuper de suivre mes ordres. »

« Bien sûr. Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de vos attentes », dit Kugi en serrant les poings. Ses oreilles de renard se dressèrent également.

Quand tes oreilles sont comme ça, tu ne peux pas vraiment cacher ce que tu ressens. Mignonne. J’aimerais cependant que Kugi se détende un peu plus.

« Même si tu te trompes, ne t’en veux pas, je trouverai un moyen de te couvrir. »

« Oui, mon seigneur. »

Il est bon d’être assidu dans son travail, mais il n’est pas bon d’être tout le temps sur le qui-vive, car le combat est extrêmement stressant. Maintenant que j’y pense, le combat ne me stresse pas vraiment. Peut-être parce que je n’ai toujours pas l’impression que c’est réel ? Est-ce que la partie de mon cerveau qui régule la peur s’est déréglée quand je suis arrivé dans cet univers ? Alors que je réfléchissais à cette question, je me tournai vers Konoha qui avait écouté notre conversation en silence. Pour une raison que j’ignore, elle avait l’air déçue. Quel aspect de notre conversation méritait une telle réaction ? Je n’en avais aucune idée. Si je me souviens bien, elle avait insisté pour venir avec nous parce qu’elle voulait observer Kugi. Ses préoccupations personnelles sont-elles déjà résolues ? Oh, eh bien… Je ne vais pas lui demander directement.

« Bienvenue, Maître. Mlle Kugi. Mlle Konoha. »

« Nous allons faire irruption, Mei », lui avais-je dit.

« Pardon pour l’intrusion. »

Les salutations de Kugi et de Konoha à l’attention de Mei s’étaient complètement chevauchées, car elles avaient dit exactement la même chose à l’unisson.

Le pont du Lotus noir était essentiellement la chambre de Mei. Son territoire. On pourrait aussi l’appeler son château. C’était une Maïdoïde, et même si elle n’avait jamais appelé le pont son espace personnel, le reste de l’équipage était d’accord pour dire que c’était son territoire.

« Je ne vois pas cela comme une intrusion, vous êtes le bienvenu à tout moment. Êtes-vous ici pour observer l’hyperespace ? »

« Oui. Mets-le sur l’écran principal. »

« Très bien. »

Les couleurs kaléidoscopiques de l’hyperespace se mirent alors à danser sur l’écran. La vue était aussi psychédélique que d’habitude, mais elle était un peu différente aujourd’hui. Comme nous voyageons à côté de nombreux autres vaisseaux, les couleurs primaires mélangées étaient entrecoupées par les formes de ces derniers.

« Un spectacle assez vivant aujourd’hui. »

« … »

Kugi et Konoha observèrent l’écran en silence.

— Hum ? Qu’est-ce qui se passe ? Ils semblent tous deux fixer un seul point, mais il n’y a rien. Pas de vaisseaux, rien du tout.

« Avez-vous remarqué quelque chose d’intéressant ? »

« Non, pas intéressant. »

« Non, ce n’est pas du tout intéressant. »

Bien qu’elles l’aient nié, elles continuaient à regarder fixement. D’accord, elles ne trouvent pas « intéressant » ce qu’elles regardent, mais elles voient quelque chose ? Je commence à m’inquiéter.

J’avais demandé à Mei de regarder aussi, mais elle secoua la tête, apparemment incapable de détecter ce qu’elles voyaient. L’écran montrait ce que les capteurs du Lotus noir avaient détecté, et Mei avait accès à l’ensemble des données de ces capteurs. Si elle ne percevait rien d’inhabituel, alors il n’y avait rien d’inhabituel.

« Je suis satisfaite. »

« D’accord. »

Kugi et Konoha avaient détourné le regard de l’écran et s’étaient dirigées vers Mei et moi. On dirait qu’elles s’étaient désintéressées de l’hyperespace.

« Oh, d’accord. Qu’avez-vous vu, toutes les deux ? »

« Rien qui ne vaille la peine d’être mentionné, mon seigneur », répondit Kugi avec un léger sourire.

« Non, ce n’était pas très intéressant. Ne vous inquiétez pas pour ça », acquiesça Konoha en haussant les épaules.

J’étais un peu curieux, mais j’avais l’impression que je ne devais pas forcer les choses. Ça sentait les ennuis.

« Je vois. — Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Avez-vous quelque chose à demander à Mei ? »

« Oh… Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais demander à Mei comment elle vous a rencontré et ce qui s’est passé depuis », dit Kugi.

« Ça a l’air intéressant. J’aimerais aussi savoir », dit Konoha.

Mei commença à raconter comment elle avait fait ma connaissance pour la première fois, sur une planète de villégiature du système Cierra.

J’étais sûr que cela donnerait une histoire intéressante pour Kugi et Konoha, mais tout ce que je peux dire, c’est qu’entendre Mei raconter son histoire était extrêmement gênant. S’il te plaît, arrête. Je ne suis pas aussi extraordinaire que tu le laisses entendre.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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