Réincarné en mercenaire de l’espace – Tome 10 – Chapitre 11 – Partie 1

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Chapitre 11 : Un piège

Partie 1

« Tous les vaisseaux se sont rassemblés. Toutes les demandes de synchronisation avec le Lotus noir ont été acceptées », m’informa Mimi.

« Bien reçu. Garde la sortie du générateur en mode combat. »

« Aye aye », confirma Elma. « Penses-tu qu’ils vont tenter le coup ? »

« Je ne sais pas. Il ne leur reste pas beaucoup de chances. S’ils attaquent, je pense que ce sera dans le prochain système ou celui d’après. »

Le système Eiñors qui abritait la passerelle se trouvait à cinq systèmes de distance. La sécurité est généralement très stricte jusqu’à trois systèmes d’une passerelle. Comme les passerelles permettent aux vaisseaux de parcourir instantanément des dizaines d’hyperlans, elles sont d’une importance économique et militaire vitale pour l’Empire. Il serait désastreux que la sécurité à proximité de l’une d’entre elles soit menacée.

De plus, si des groupes comme les pirates se déchaînaient là-bas, la réputation de l’Empire en pâtirait. Ils seraient la risée de tous s’ils ne parvenaient pas à sécuriser leurs passerelles. Pour faire court, les systèmes à passerelles sont généralement bien sécurisés. Si une bagarre éclatait près d’une passerelle, vous pouviez être sûr que la flotte impériale enverrait une équipe d’élite pour l’arrêter en moins d’une minute.

Les seuls endroits où la Lance cramoisie pourrait nous attaquer étaient le système Leafil, le système Milabreeze voisin et le système Holmi au-delà. Plus loin, une force d’élite de la flotte impériale viendrait, nous arrêterait tous, et on verrait les coupables lourdement punis.

« Début du compte à rebours. La propulsion FTL sera bientôt activée. »

« J’ai compris. Eh bien, tout ce qu’on peut faire, c’est tenter le coup. Ne te détends pas trop, mais ne sois pas non plus trop nerveux. »

Le compte à rebours trois-deux-un était apparu sur l’écran principal. Lorsque cela avait atteint le zéro, il y eut un grondement retentissant et les étoiles au loin se transformèrent en lignes. La vue d’un voyage en FTL n’avait jamais cessé de m’émerveiller… même si les voyages en hyperlane étaient tellement psychédéliques qu’ils me donnaient la nausée.

« Des signaux sur le détecteur d’hyperespace ? »

« Hmm… en regardant les données des capteurs du Lotus noir, je ne vois rien de spécial. »

« Penses-tu que ce navire de reconnaissance a rejoint la force principale ? »

« Aucune idée. Ils avaient quatre heures d’avance sur nous. Ce ne serait pas une surprise s’ils avaient changé de système à l’heure qu’il est. »

Même si ce vaisseau avait retrouvé la Lance cramoisie, cela n’avait pas d’importance, il était très peu probable qu’il se joigne à la bataille. Nous avions commencé à nous déplacer nous aussi, il était donc inutile de le surveiller à ce stade. Pourtant, le fait que nous ne le voyions plus signifiait qu’ils n’avaient pas besoin de nous surveiller plus longtemps. Allaient-ils vraiment attaquer ? Peut-être que les informations du navire de reconnaissance les avaient convaincus de jeter l’éponge.

Alors que nous en discutions, un message arriva de Mei. « Nous allons bientôt arriver à l’entrée de l’hyperlane et activer l’hyperpropulsion. »

En peu de temps, notre flotte se retrouva dans l’hyperlane.

« Peuvent-ils nous attaquer en premier lieu ? Nous quittons la sphère d’influence de la flotte impériale, mais la police du système stellaire ne viendrait-elle pas quand même ? Je sais qu’il existe des dispositifs qui interfèrent avec les communications, mais ce serait quand même risqué, non ? Ils ne manqueraient pas d’attirer l’attention. »

« Tu n’as pas tort. »

D’après ce que j’avais compris, les brouilleurs de communication dans Stella Online provoquaient essentiellement des interférences radio en diffusant des masses de données inutiles. Si tu en utilisais un, la flotte du système stellaire s’en apercevrait naturellement, et tu devrais donc faire ton sale boulot rapidement avant qu’ils ne viennent. J’avais engagé des mercenaires-leurres pour prolonger la bataille et éviter cela, mais…

« S’ils changent d’objectif, nous risquons d’avoir des problèmes », avais-je murmuré.

« Changer leur objectif ? Comment ? »

« De nous capturer pour en faire un exemple à nous massacrer sans pitié. Cela pourrait nous causer des problèmes — et j’ai un mauvais pressentiment. Ou bien… Non. Ai-je mal compris leur objectif dès le départ ? »

« C’est un mauvais pressentiment, mais le fait de nous massacrer ne les obligerait-il pas à se diriger vers nous dès le début ? »

« Non. Il y a un moyen de nous tuer sans se faire prendre », avais-je frémi. Ce sentiment était intensément mauvais. « On ne peut pas faire demi-tour dans un hyperlane, n’est-ce pas ? »

« Non… Si cela t’effraie à ce point, c’est que ça doit être vraiment grave. Maintenant, j’ai peur… » La voix de Mimi trembla.

« Quelle coïncidence — moi aussi », acquiesça Elma. « Quelle horrible chose viens-tu d’imaginer, Hiro ? »

« Je n’ai pas la preuve que c’est la stratégie de la Lance cramoisie. Mais vous l’avez tous les deux déjà vu se produire une fois… Mimi, mets-nous en communication avec Mei. »

« Compris. »

« Nous l’avons vu ? » Elma haussa les sourcils avec un air dubitatif, mais elle comprendra vite. Après tout, cette stratégie permettrait à la Lance cramoisie de nous achever sans même se salir les mains.

 

☆☆☆

Après avoir traversé les images psychédéliques de l’hyperlane, notre flotte était revenue dans l’espace normal, dirigée par le Lotus noir. Au même moment, alors que nous entamions le compte à rebours pour la propulsion FTL, quelque chose explosa devant nous. Bon sang, je le savais.

« Ah ! »

« Argh… ! »

« Argh ! Merde ! »

À ce moment-là, quelque chose qui ressemblait à un cri me traversa le cerveau. Il avait transpercé l’espace et l’extérieur, le blindage et les boucliers de notre vaisseau étanche à l’air. Ce ne pouvait être qu’un cristal chantant. Mais ce n’était pas le cri normal du cristal, c’était une sorte d’onde de choc psionique, qui nous faisait perdre la tête.

« Est-ce qu’on peut les dépasser ? » avais-je demandé à Mimi, en tenant ma tête douloureuse.

« Je ne sais pas… Non, je ne crois pas. » Elle avait l’air tendue. J’avais vérifié les signaux des capteurs. Bien sûr, les formes de vie cristalline avaient déjà déchiré l’espace et commencé à se reproduire. Il y en avait des masses. Vaincre un si grand nombre d’entre eux serait un travail épuisant pour notre force seule.

« Il n’y a pas le choix. Mei, plan B. À tous les vaisseaux, déplacez-vous pour défendre le Lotus noir ! »

« Compris. Il reste trente secondes avant que le moteur FTL ne soit chargé. »

« Roger. »

Le temps de charge du moteur FTL augmente avec la masse du vaisseau. Le Lotus Noir était bien plus gros que le Krishna, et il transportait d’autres personnes en voyage synchronisé, ce qui allongeait le temps de charge. Désynchroniser le Krishna ne raccourcirait pas beaucoup le temps de charge, et nous devions encore arrêter ces cristaux. S’ils perçaient les boucliers du Lotus noir et endommageaient son blindage et son extérieur pendant qu’il se chargeait, la charge s’éteindrait.

D’ailleurs, le plan A consistait à charger le FTL dès que possible et à avancer avant que la Lance cramoisie ne puisse tenter quoi que ce soit. Le plan B consistait à ce que le Krishna reste en arrière et retienne la flotte pendant que les autres vaisseaux escortaient le Lotus Noir, s’échappant en toute sécurité.

« C’est l’heure de la bataille tape-à-l’œil, les filles ! » J’avais désactivé la synchronisation FTL et démarré notre système d’armement. Le plan était de rendre notre premier mouvement spectaculaire, nous devions attirer l’attention de l’ennemi, après tout.

« Compris », répondit Mimi. « Occupons-nous des formes de vie cristalline sur le chemin de la flotte. »

« Les sous-systèmes sont prêts à tout moment », m’informa Elma. « Encore des formes de vie cristalline, hein ? Je serais heureuse de ne plus jamais en voir à l’avenir. »

« Ils sont comme nos meilleurs amis maintenant », avais-je plaisanté.

Tout en accélérant le vaisseau, j’avais réglé la distance de détonation de mes torpilles réactives anti-navires. En les tirant toutes, il serait impossible de s’occuper du gros cristal, mais nous pouvions laisser cela à la flotte du système stellaire qui se montrerait plus tard. Je doute que beaucoup de cristaux nous suivent cette fois-ci, alors tout ira bien si nous nous occupons du cristal de taille moyenne qui nous bloque la route.

« Bottons-leur les fesses ! » J’avais tiré deux torpilles, j’avais accéléré et j’en avais tiré deux autres. Elles étaient réglées pour exploser sur la trajectoire du Lotus noir — autrement dit, sur la voie d’évacuation de la flotte. Ma priorité était d’utiliser cette attaque à large portée pour dégager une voie d’évacuation pour tout le monde.

« Les cristaux ont commencé à bouger ! »

« Frappe en priorité ceux qui ont l’air de nous gêner. Un seul coup suffit pour attirer leur attention. »

« J’ai compris ! Je m’occupe des lasers lourds ! »

« D’accord. »

Je pilotais le vaisseau et je tirais avec les deux gros canons de DCA situés à l’avant, tandis qu’Elma s’occupait des quatre canons à laser lourd du Krishna. Les canons ont un large rayon de tir et vous pouvez les diriger individuellement. Dans une bataille classique, vous voulez concentrer votre puissance de feu, alors nous n’avons pas souvent utilisé cette fonction. Néanmoins, cela s’est avéré utile lorsque vous deviez attirer l’attention d’un grand nombre d’ennemis à la fois.

« Les torpilles réactives explosent ! »

La première torpille souffla une large bande de cristaux. Les trois autres suivirent peu après, illuminant l’espace vide. Les restes des formes de vie cristallines reflétaient la lumière, offrant un spectacle glorieux.

« C’est le début de cette charmante fête. »

« Qu’est-ce qui est charmant dans tout ça ? »

Ha ha ha ! Il faut en profiter tant que tu le peux, sinon tu vas passer à côté.

 

☆☆☆

« Qu’est-ce qui ne va pas, les filles ? Vous n’allez pas crier que c’est trop dur à gérer cette fois-ci ? »

J’avais habilement traversé les formes de vie cristalline qui nous chargeaient de toutes parts — enfin, peut-être que « traversé » n’était pas le terme le plus approprié. En fait, j’utilisais les propulseurs de contrôle d’attitude avec de brèves rafales à puissance maximale. Plutôt que de délicats « mouvements latéraux », il serait plus approprié de les appeler « fwooshes » et « whooshes ».

« La troisième fois est la bonne… »

J’étais concentré sur le combat, alors je n’avais pas pu me retourner pour regarder le teint de Mimi. D’après le ton de sa voix, elle ne se sentait pas bien. Pour être franc, je n’étais pas non plus très calme.

Dans certaines conditions, les formes de vie cristallines pouvaient causer des dommages considérables même à la flotte d’invasion d’un empire galactique. Si un petit vaisseau comme le Krishna se retrouvait nez à nez avec eux, il serait fichu. Un seul faux pas et nous ne serions même pas des débris spatiaux, nous serions assimilés aux formes de vie cristallines. La partie est terminée.

Même dans ces circonstances, le Lotus noir et son escorte de mercenaires avaient réussi à s’échapper grâce à la propulsion FTL. Nous avions anticipé un tel problème avant la sortie de distorsion et décidé à l’avance de ce qu’il fallait faire. Si nous n’avions rien prévu, nous aurions pu finir comme la flotte d’invasion de Belbellum lorsqu’elle avait attaqué le système Tarmein.

« Gah, tu bouges trop ! Je ne peux pas viser ! » aboya Elma.

Je m’étais remis à rire. « Qui s’en soucie ? Tire juste au loin, et tu toucheras probablement quelque chose ! »

« Arrête de rire et sors-nous de cette horde ! Nos cellules de bouclier ne sont pas vraiment infinies ! »

« Je fais de mon mieux. »

Elma avait raison. Maintenant que le Lotus noir n’était plus sur le champ de bataille, le Krishna n’avait plus aucune raison de rester dans les parages. S’il s’agissait d’un plus petit groupe de cristaux, j’aurais pu les massacrer et demander une forte récompense à la flotte du système stellaire local, mais il y en avait facilement plus de cinq cents de toutes tailles. C’était probablement trop pour que le Krishna puisse s’en charger seul. Je pourrais peut-être y arriver, si j’avais assez de temps, mais rester concentré pendant cinq à six heures serait bien trop fastidieux.

Alors pourquoi perdais-je du temps ici au lieu d’essayer de m’échapper immédiatement ? Eh bien, nous étions tellement entourés de tous côtés que j’avais du mal à m’échapper. Nous étions au milieu d’un labyrinthe d’ennemis pleins de malice — ou de faim, peut-être — pour le Krishna, et ce labyrinthe se déplaçait chaque fois qu’un cristal bougeait. Pas facile de s’échapper de là, laissez-moi vous dire.

« L’aide viendra probablement pendant que nous sommes coincés à nous occuper d’eux. Ce n’est pas la peine d’être si pressé. »

« Peut-être pas, mais cette vision est éprouvante pour les nerfs… »

J’avais entendu l’anxiété dans la voix de Mimi alors que je tirais avec les canons flaks et écrasais un groupe de petits cristaux devant nous. J’avais ensuite fait glisser le Krishna dans l’ouverture qui en résultait pour éviter une charge sur le côté.

Entre notre utilisation de torpilles réactives et le fait que les vaisseaux qui s’étaient échappés avaient probablement prévenu la flotte du système stellaire, il était certain que des renforts allaient se présenter. Après tout, la sécurité était renforcée autour des sorties de l’hyperlane. Alors que je réfléchissais à tout cela, en luttant contre les cristaux attaquants, une voix dégoulinante de sadisme collant se fit entendre sur les comms.

« On dirait que quelqu’un a des difficultés. Tu veux de l’aide, mon pote ? » Je connaissais cette voix. C’était la capitaine Mary.

« Je ne sais pas d’où tu nous regardes, mais fais attention où tu poses tes mains », lui avais-je dit. « Ou elles risquent de se brûler. »

« Ah, quelle surprise. Tu t’inquiètes pour moi maintenant ? »

« Bien sûr. J’aime bien les jolies femmes. » Un mensonge, bien sûr. Je ne voulais simplement pas qu’elle perturbe le schéma de déplacement des cristaux, ça pourrait être dangereux. Cela dit, j’aurais bien aimé qu’elle s’occupe de la moitié de la foule.

« Ha ha ha ! Ton manque de sincérité est une véritable bouffée d’air frais. »

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