Chapitre 4 : Le secret de Hathara
Partie 4
Quand j’avais ensuite ouvert les yeux, j’avais entendu Gharb me taquiner. « Oh, te voilà. J’ai pensé que tu t’étais dégonflé. »
« J’ai aussi eu peur la première fois que j’ai été amené ici, » déclara Capitan, en réprimandant Gharb. « Tu es la seule qui ne serait pas effrayée par ça. »
J’avais regardé autour de moi et j’avais été soulagé de les voir tous les deux indemnes. Lorraine était présente et elle allait aussi bien. Le cercle de téléportation avait apparemment fonctionné. Non pas que Gharb et Capitan nous l’auraient fait utiliser si ce n’était pas le cas.
« Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ? » demanda Lorraine, en regardant autour d’elle avec curiosité. « Il fait sombre. Ce sont des murs ? Est-ce une grotte quelque part ? »
J’avais aussi vérifié mon environnement, et il m’avait semblé que c’était une grotte. Les murs de pierre brillants étaient un peu humides. J’avais dit. « Oh, mais c’est brillant là-bas, » lorsque j’avais regardé au loin et que j’avais vu de la lumière, probablement en provenance de la sortie. Peut-être que le cercle de téléportation était caché dans une grotte pour le rendre difficile à trouver. Cela expliquerait pourquoi il n’avait jamais été découvert.
Pendant que nous avions parlé, Gharb et Capitan se regardaient et souriaient. « Eh bien, nous sommes presque à notre destination, » dit Gharb. « Venez. »
Nous ne savions toujours pas où nous allions, mais tout ce que nous pouvions faire était de les suivre. Au moins, nous savions que ce n’était pas dangereux.
« La façon dont Gharb nous guide à travers cette grotte me donne l’impression que nous sommes guidés vers l’au-delà, » plaisanta Lorraine en regardant le dos de Gharb. De dos, elle ressemblait un peu à la Faucheuse, un habitant de l’au-delà qui invitait les vivants dans des lieux inconnus. À côté d’elle, Capitan aurait pu être un chevalier faucheur, l’un des sous-fifres de la Faucheuse. Il était facile de voir d’où Lorraine tenait cette idée, surtout quand ils ne voulaient pas nous donner le moindre indice sur notre destination. Mais ils ne voulaient évidemment pas nous tuer, alors ça ne valait pas la peine de s’inquiéter. J’espère que c’est le cas.
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J’avais momentanément remis en question ma foi lorsque nous avions approché la lumière de la sortie que j’avais vue plus tôt. J’avais entendu une rafale, puis quelque chose d’énorme était apparu devant nous.
« Quoi ? » Lorraine avait crié et avait serré son bâton. De même, j’avais dégainé mon épée. Mais bizarrement, Gharb et Capitan n’avaient pas fait une telle chose. En fait, ils s’étaient dirigés vers la chose qui s’était approchée de nous.
« Là, là, » déclara Gharb en tendant sa main pour lui caresser la tête.
Je ne pouvais pas le croire. Mais aussi incroyable que cela ait pu être, Gharb et Capitan avaient réagi comme si de rien n’était. À première vue, nous avions eu tort de sortir nos armes. Nous les avions lentement rangées.
« Hé, professeur, qu’est-ce que c’est ? » avais-je demandé, en me renseignant sur la créature que Gharb caressait. Elle était bien plus grande qu’un humain, au moins cinq mètres de haut. Son corps était couvert de rayures noires. La créature ressemblait à un tigre massif. Sa bouche était assez grande pour dévorer facilement non seulement la tête de Gharb, mais aussi tout son corps. Et pourtant, il jouait avec elle comme un chat. Elle semblait apprécier les caresses et ses yeux exprimaient sa loyauté envers Gharb.
« Ne le vois-tu pas ? C’est un tigre, » répondit Gharb.
« Te moques-tu de moi ? » Je m’étais plaint, incapable de cacher ma frustration.
Gharb rit. « Désolé, je plaisantais. Bien sûr, ce n’est pas seulement un tigre. C’est un monstre puissant appelé shahor melechnamer. Je pense que tu en sais plus que moi. »
Elle voulait dire qu’en tant qu’aventuriers, nous devrions être mieux informés sur les monstres. Je pouvais immédiatement dire quel type de monstre c’était quand je l’avais vu, donc elle avait raison. Mais ce n’est pas ce que je voulais demander. Je voulais savoir pourquoi il se comportait comme l’animal de compagnie de Gharb. Les shahor melechnamers n’étaient pas quelque chose que l’on pouvait trouver dans n’importe quel habitat de monstre, et un seul d’entre eux était assez fort pour affronter une armée en entier. En vaincre un serait un travail pour un aventurier de classe Platine, au minimum, mais idéalement, ils devraient être de classe Mithril. C’est le niveau de monstre que nous recherchions ici. Pour que Gharb monte et le traite comme un chat typique, elle méritait d’être traitée de folle.
« Ce n’est pas le genre de monstre qui me trouble, » avais-je dit. « Pourquoi ne t’attaque-t-il pas ? Ce ne sont pas vraiment des animaux de compagnie ordinaires. »
Les dompteurs de monstres pouvaient apprivoiser de nombreux types de monstres, mais il s’agissait généralement de ceux qui avaient une histoire d’amitié avec les humains. Tous les monstres ne pouvaient pas être apprivoisés. Il n’y avait qu’une fois tous les quelques siècles où quelqu’un pouvait miraculeusement apprivoiser un monstre puissant, et ces personnes étaient couvertes d’éloges. Si Gharb était une dompteuse de monstres qui apprivoisait un shahor melechnamer, elle serait considérée comme légendaire.
« Ce n’est pas vraiment moi qu’il aime. C’est mon sang, » déclara Gharb. « Viens par ici, Rentt. »
Je ne voulais vraiment pas, mais Gharb ne voulait pas écouter. J’étais resté en place jusqu’à ce qu’elle me traîne vers le monstre. Je l’avais regardé à nouveau maintenant que j’étais tout près. Il était énorme. Et horrifiant. Ses yeux me donnaient l’impression qu’il était intelligent, ce qui le rendait encore plus effrayant. Ce monstre n’était pas là sans raison. Il avait un objectif. J’espérais juste qu’il ne voulait pas tous nous rassembler au même endroit pour nous manger. Mais si c’était ce qu’il voulait, il l’aurait probablement déjà fait.
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À ma grande surprise, l’attitude du shahor melechnamer n’avait pas du tout changé lorsqu’il m’avait regardé. Au contraire, il avait dirigé sa tête contre moi. Sa fourrure était plus agréable que je ne le pensais. Il ronronnait aussi. Monstre ou pas, je suppose que c’était quand même un chat. Mais je ne savais toujours pas pourquoi il m’aimait tant alors que nous venions à peine de nous rencontrer. Gharb avait dit qu’il aimait son sang, alors j’avais supposé que cela voulait dire du sang Hatharan. Mais j’étais un vampire maintenant. Peut-être qu’une partie de mon sang Hatharan coulait encore dans mon corps malgré tout. En tout cas, le monstre ne semblait pas être une menace.
Mais je ne savais pas comment Lorraine allait réagir. Peut-être serait-elle effrayée par cet énorme tigre, ou peut-être l’observerait-elle plus calmement que jamais. Curieux, j’avais regardé derrière moi, et le regard de Lorraine avait défié toute attente. C’était comme un mélange de confusion et d’étonnement, une réponse raisonnable face à ce monstre particulier. Mais il y avait tout de même quelque chose d’étrange. On aurait dit qu’elle ne réagissait pas à la vue d’un monstre puissant.
« Hé, Lorraine, qu’est-ce qui ne va pas ? » avais-je demandé. « Tu agis bizarrement. »
« Un shahor melechnamer, une ancienne forteresse, les cercles de téléportation, la grotte… Oh, peu importe, ça ne peut pas être ce que je pense, » murmura-t-elle en secouant la tête. « Désolée, j’ai perdu mon calme. Je suis juste stupéfaite par tout ce qu’on a vu. »
On aurait dit qu’elle avait remarqué un lien entre toutes ces choses, mais je ne savais pas quoi. J’avais décidé de lui demander plus tard.
« Professeur, Capitan ! Lorraine peut-elle aussi s’en approcher ? » avais-je demandé de loin. Lorraine n’était pas de Hathara, alors j’avais pensé que le monstre pourrait l’attaquer.
« Il ne lui fera pas de mal tant que nous serons là, » déclara Gharb. « Et par nous, je t’inclus, Rentt. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. » Elle avait fait signe à Lorraine.
Si j’étais elle, je ne l’aurais pas cru aussi facilement, mais Lorraine avait du cran. Elle s’était approchée du shahor melechnamer et lui avait tendu la main. La bête se retourna pour regarder Gharb pendant un moment. Quand la vieille femme hocha la tête, le monstre inclina la sienne vers Lorraine. Il ronronnait même quand elle le caressait. Il semblait que tant qu’un villageois était présent, cette créature ne ferait pas de mal à un humain. Je ne savais pas si on lui avait ordonné de se comporter ainsi ou si c’était juste dans sa nature, mais ce n’était pas important pour l’instant.
« Est-ce le secret du village ? Le fait que vous ayez cet animal de compagnie ? » avais-je demandé.
Gharb secoua la tête. « Non, il y a autre chose qui mérite davantage d’être appelé un secret. Il est juste venu ici pour nous saluer. Allons-y, » dit-elle et elle s’éloigna vers la sortie de la grotte.
Nous étions presque à la sortie maintenant, à ce moment-là j’étais sûr que nous verrions un paysage de plein air. Mais j’avais tort.
« Est-ce une ville ? » m’étais-je demandé à voix haute. Mes mots résonnèrent doucement.
Merci pour le chapitre
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