Histoire parallèle : La Princesse-Sainte de la Guérison
Partie 4
« Ah, Monsieur Rentt ! Qu’est-ce qui vous amène ici aujourd’hui ? »
La personne qui m’avait appelé n’était autre que le gardien de la porte de la famille Latuule. Il s’appelait… Ah. Je n’avais jamais demandé. Il semblait que Laura ou Isaac l’avait informée à ma place de mon nom.
« J’ai certaines questions à discuter au sujet d’une demande. Pourriez-vous avertir Isaac ? » demandai-je.
« Bien sûr… Hmm ? Monsieur Rentt… Vous semblez parler d’une manière plus fluide aujourd’hui, » dit l’homme en hochant la tête alors qu’il manipulait une sorte d’objet magique qu’il avait retiré de sa poche.
J’avais hoché la tête en réponse. « Oui. J’ai déjà été blessé et je ne pouvais pas parler correctement. Mais depuis, je me suis rétabli, comme vous pouvez l’entendre. »
L’homme semblait convaincu. « Vous connaissez un bon guérisseur ou deux, Monsieur Rentt ? Quoi qu’il en soit, c’est bon à entendre. Maître Isaac sera bientôt là. Attendez un peu, s’il vous plaît. »
L’homme avait regardé l’objet magique dans ses mains, puis il m’avait regardé.
◆◇◆◇◆
Très vite, les haies vivantes du labyrinthe magique de la famille Latuule se remodelèrent et se séparèrent, révélant Isaac venant vers nous.
C’était toujours un spectacle étrange — des plantes qui avaient été encore présentes jusque là avaient bruissé ici et là, se réarrangeant jusqu’à ce qu’un passage en forme de porte soit présent. Le spectacle devant moi m’avait presque donné l’impression que les Ents Jyulapus n’étaient pas si mystérieux. Ce n’était peut-être pas une comparaison juste, puisque les Ents étaient des monstres. Les monstres avaient toujours été quelque peu éloignés de l’écologie normale de la flore et de la faune normales. Il semblait vraiment inutile de trop penser à eux par moments.
Malgré cela, il était vrai que les monstres obéissaient à certains principes et lois de base qui régissaient leur existence. C’est précisément ce sur quoi s’étaient penchés des chercheurs comme Lorraine. Les fruits de leur travail avaient grandement profité à des aventuriers comme moi. On devrait vraiment être reconnaissant envers ces chercheurs et leurs recherches.
« Bonjour, Monsieur Rentt. Je vois que vous n’êtes pas ici pour délivrer les Fleurs de Sang de Dragon aujourd’hui. Peut-être êtes-vous ici pour aborder un autre sujet… ? » demanda Isaac.
Isaac était toujours le même, avec ses cheveux argentés et sa peau pâle.
« Tout à fait, » répondis-je à sa question. « En vérité, les événements récents m’obligent à entreprendre une sorte de voyage. Il y a la question de notre entente dont j’aimerais discuter, si possible… »
« Je vois. Peut-être vaudrait-il mieux parler à mon maître directement à ce moment-là. S’il vous plaît. Par ici, » déclara-t-il.
Après ça, Isaac avait commencé à marcher. Je me perdrais sûrement dans ce jardin si je le perdais de vue, alors j’avais rapidement suivi.
◆◇◆◇◆
« Monsieur Rentt, aviez-vous quelque chose à dire ? » demanda Laura après que nous ayons échangé quelques plaisanteries pertinentes.
J’étais maintenant dans le salon des invités du manoir de Latuule, après avoir été conduit ici par Isaac plus tôt. La robe de Laura était différente de celle qu’elle portait avant. C’était avant tout d’un blanc pur. La quantité de fantaisies sur son être était cependant restée identique. Laura avait-elle plusieurs robes comme celle-ci… ? J’avais senti la richesse de la famille Latuule rien qu’en regardant le vêtement.
« Oui. Il se trouve que je dois faire une sorte de voyage. C’est cependant quelque peu éloigné. Si je devais estimer la durée de mon absence, ce serait environ deux semaines, » déclarai-je.
« Je vois. Vous souhaitez donc mettre fin à la demande ? Dans ce cas, nous pourrions simplement la suspendre. Il n’y aura aucun problème de notre côté une fois que vous continuerez à faire comme vous l’avez fait après votre retour à Maalt, » déclara Laura.
La réponse de Laura était pour le moins inattendue. C’était un scénario auquel j’avais pensé, mais le plus souvent, une demande terminée conduisait le client à simplement chercher un autre aventurier pour prendre la place du précédent. Mais Laura n’avait rien fait de tel et m’avait plutôt suggéré de reprendre mes fonctions à mon retour à Maalt. C’était quelque chose qu’il fallait apprécier.
Peut-être Laura avait-elle compris mes sentiments à ce sujet en disant. « Bien sûr, je vous fais confiance, Monsieur Rentt. Les aventuriers prêts à se rendre au Marais de la Tarasque une fois par semaine sont relativement rares. De plus, encore moins de ces aventuriers capables de le faire savent comment récolter correctement les Fleurs de Sang du Dragon. En tant que tel, je n’ai pas d’autre choix que de compter sur vous, Monsieur Rentt. »
Laura avait fini.
Elle n’avait pas tort. C’était dans ces circonstances que j’avais été engagé pour traiter cette demande. Mais Laura pourrait probablement trouver un aventurier de classe Or quelque part pour ses besoins. Le fait qu’elle ne l’ait pas fait et qu’elle m’ait choisi pour l’aventure était en effet une chose dont je lui étais reconnaissant.
« J’apprécie votre aimable compréhension. Je vous contacterai dès mon retour. D’un autre côté, je suis peut-être simplement curieux, mais que ferez-vous en mon absence… ? » demandai-je.
« Je vais laisser Isaac s’en occuper, comme je l’ai fait avant. C’est pourquoi nous vous serions très reconnaissants si vous pouviez revenir le plus tôt possible… Bien sûr, vous n’avez pas à accélérer votre voyage à cause de moi. Maintenant que j’y pense, où voyagez-vous ? Hmm… Non. Si vous ne voulez pas en parler, je n’ai pas l’intention de vous forcer à me le dire, » dit Laura, soudainement intéressé par ma destination inconnue.
« Je vais au village de Hathara, » déclarai-je.
Un village au milieu de nulle part — un village rural. J’avais supposé que Laura ne connaîtrait même pas son existence, mais son apparence niait sa sagesse et ses connaissances.
Elle hocha immédiatement la tête.
« Je vois que vous allez très loin. Pourquoi y aller-vous, si je peux me permettre ? » demanda-t-elle.
J’avais hésité face à sa question. Dois-je lui répondre honnêtement ? Si j’avais répondu, quelle quantité devrais-je révéler ? C’était une décision difficile.
Laura verrait immédiatement à travers un mensonge bâclé. Ce ne serait pas bon pour la relation de confiance établie entre le client et l’aventurier.
Avec ces pensées en tête, j’avais décidé de ne pas révéler toute la vérité à Laura, mais plutôt de lui donner une explication limitée, mais raisonnablement vraie.
« À vrai dire, il y a un petit sanctuaire dans ce village. Je voyage avec l’intention de le visiter, » déclarai-je.
« Sanctuaire… ? Mais pourquoi ? » demanda Laura.
« J’ai été béni avec de grandes réserves de divinité, voyez-vous. Cette bénédiction m’a été accordée par tous les dieux ou esprits qui habitent ce sanctuaire bien précis. Quant à savoir quel genre de dieux ou d’esprits ils peuvent être… Je n’en suis pas certain. C’est pourquoi je me rends là-bas, pour découvrir l’identité de mon divin protecteur. »
Laura acquiesça de la tête, sans la moindre surprise. J’avais dit à Isaac que je possédais la divinité quand je l’avais croisé pour la première fois dans le marais, donc il ne serait pas étrange que Laura, étant son employeuse et maître, le sache aussi.
« Divinité… Je vois. Un talent quelque peu rare, d’autant plus que vous êtes un aventurier. Mais… Hmm. Je vois… C’est donc de cela qu’il s’agit. Je comprends. On dit que la bénédiction des dieux et des esprits s’intensifie en puissance lorsque la personne bénie prend conscience de l’identité de son protecteur, » déclara Laura.
C’était la première fois que j’entendais parler de ça.
« Vraiment ? Je ne suis qu’un simple amateur quand il s’agit des applications de la Divinité. Je ne sais pas grand-chose des détails les plus complexes, » déclarai-je.
« La plupart des individus acquièrent une compréhension des applications de base de la Divinité au moment où ils sont bénis. Parmi ceux qui sont bénis par la divinité, plus de la moitié s’arrêteraient à ce point de maîtrise. C’est pourtant l’une des trois grandes puissances, avec le mana et l’esprit. En tant que tel, le bon usage de la Divinité a une longue histoire derrière lui, ainsi que de nombreuses techniques pour l’utiliser, dont la plupart sont tenues secrètes par les nombreuses Églises et organismes religieux à travers le pays. »
Cela semblait vrai. Je n’avais aucune idée de comment reproduire le Feu sacré que j’avais observé récemment. Même si l’on n’allait pas jusqu’à ces applications extrêmes, la divinité avait probablement bien d’autres utilisations que le renforcement de son équipement, de son corps, ou de la guérison et de la purification de base.
Mais il n’y avait aucun moyen d’apprendre quand il s’agissait de Divinité. Il serait absurde pour moi d’aller frapper aux portes d’une organisation religieuse comme j’étais maintenant et de suivre une formation pour devenir une sorte de prêtre. Je voulais devenir un aventurier de la classe Mithril, pas le prêtre des engrais.
Laura avait continué, ayant encore plus de bonnes nouvelles pour moi.
« Si vous allez enquêter sur les origines de votre divinité, Monsieur Rentt, pourquoi ne pas prendre quelques tomes de la collection de la famille Latuule ? Des tomes sur la divinité, bien sûr. On y trouve plusieurs techniques et méthodologies pour maîtriser certaines applications de la Divinité, recueillies auprès de quelques Églises ici et là, » déclara Laura.
… Et comment est-elle entrée en possession de tels tomes ? N’étaient-ils pas des secrets gardés avec zèle par les Églises et autres ? Les inquisiteurs viendraient sûrement frapper à la porte si une telle chose se révélait.
Mais je ne pouvais pas nier qu’il serait indubitablement utile à bien des égards. Sans compter que si je refusais par crainte d’une hypothétique inquisition, Lorraine perdrait sûrement son sang-froid face à l’occasion manquée.
« Pourquoi ne l’as-tu pas simplement accepté ? » me demanderait-elle.
Alors j’avais dit. « Si je peux les emprunter, ce serait vraiment d’une grande aide… »
Laura avait souri à ma réponse, hochant la tête. « Oh, bien sûr. »
merci pour le chapitre
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