Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 5

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Chapitre 1 : L’augmentation du nombre de saints et le retour à Maalt

Partie 5

« Si possible, je ne veux plus jamais le rencontrer… », avais-je marmonné par réflexe.

Lorraine étudia mon visage et poussa un soupir. « Tu en demandes peut-être trop. Il y a quelque chose en toi qui semble attirer ce genre de personnes. »

« J’aimerais vraiment que cela s’arrête. J’ai besoin d’une pause… »

« Ne te méprends pas, je pense la même chose. Mais tant que nous nous attendons à ce qu’ils se montrent, il vaut mieux que nous préparions des contre-mesures, non ? »

« Qu’as-tu en tête ? » Rien ne me venait à l’esprit immédiatement, mais j’avais pensé que Lorraine aurait peut-être de bonnes idées.

« Pour l’instant, pourquoi ne pas entraîner davantage ta divinité ? Elle est censée être extrêmement efficace contre les vampires, après tout. Je ne sais pas si ça tiendra face aux vampires supérieurs, mais quand même… »

C’est ce qui ressortait de la façon dont Isaac s’était comporté avec l’arbre qui répandait de la divinité. Bien qu’il n’ait pas semblé désireux de s’en approcher, il ne s’était pas non plus soudainement évaporé.

En bref, il semblait peu probable que la divinité soit assez efficace pour tuer ce subordonné du roi vampire d’un seul coup, mais on ne pouvait pas nier qu’elle était efficace. Ma divinité pourrait vraiment devenir ma carte maîtresse.

Tant que je ne mourrai pas du sort de pression écrasante qu’il avait utilisé sur moi en premier.

En y réfléchissant bien…

« Lorraine, peux-tu aussi utiliser la formule “Dehisé” ? » demandai-je.

« Hmm ? Je n’ai jamais entendu parler de celui-là. Est-ce le nom du sort avec lequel le vampire a tenté de t’écraser ? »

Je n’avais pas mentionné le nom spécifique du sort plus tôt dans mon explication, d’où la demande de confirmation de Lorraine.

J’avais acquiescé. « Oui, c’est vrai. Le chant ne comprenait que ce nom, mais c’est ce qu’il a dit. Tu ne connais pas le sort ? »

« Il y en a un certain nombre qui peut provoquer un effet similaire, mais je n’en connais pas un qui porte ce nom. Le plus généralement utilisé est “Compression”, et si tu cherches des sorts anciens, “Daḡata”. C’est une information utile, Rentt, merci. Si ce sort était assez puissant pour que tu ne puisses rien faire contre lui, il devrait être utile si je parviens à le lancer moi-même. Je vais devoir faire des recherches à ce sujet… mais d’abord, je dois déterminer de quelle branche linguistique il provient… »

Lorraine s’enfonça peu à peu dans ses propres pensées, marmonnant pour elle-même des idées et des hypothèses.

« Eh bien… en tout cas, je suis content que tu ailles bien, Rentt », dit Augurey. Il savait aussi bien que moi qu’une fois que Lorraine serait absorbée par le sujet de la magie, rien de ce qu’on pourrait lui dire ne passerait. « Et je crois que c’est aujourd’hui que nous nous disons au revoir. Tu vas retourner à la capitale d’ici peu, n’est-ce pas ? »

« Je ne veux pas vraiment prendre l’habitude d’aller et venir tout le temps, mais oui, je le ferai », avais-je dit. « Il y a toute cette histoire avec la princesse, après tout… »

« Cela s’est-il avéré être un problème ? Je m’en doutais. »

« Un peu », avais-je convenu. « Ce serait bien que Jean arrange tout ça pour nous, mais j’ai l’impression que ce ne sera pas si simple. »

Quant à savoir pourquoi, c’était à cause de la prophétie des elfes. Quelle que soit l’importance de Jean, les prophéties transmises par les dieux n’étaient pas faciles à éviter.

« Tout cela m’inquiète, pour être honnête… » déclara Augurey. « Mais avoir la chance de vous revoir tous les deux me rend tout à fait heureux. Je vais m’améliorer avant notre prochaine rencontre, tu m’entends ? Je veux être assez fort pour pouvoir au moins faire quelque chose si un subordonné du roi vampire se jette sur moi. »

« Oui, je vais faire la même chose. Mais en attendant, c’est un au revoir. »

Augurey et moi avions échangé une poignée de main. Nous avions tous les deux flotté dans les rangs inférieurs pendant longtemps, mais malgré cela, je sentais monter en moi la conviction que nous étions tous les deux en train de devenir plus forts.

◆◇◆◇◆

« Crois-tu qu’il va venir ? » demandai-je.

Lorraine et moi nous trouvions près de l’entrée de la capitale royale, sur une voie que de nombreux chariots et carrosses utilisaient pour entrer et sortir de la ville, ou pour s’y arrêter temporairement. Des carrosses programmés pour les donjons et toutes sortes d’autres endroits partaient de cette porte, et une partie de moi avait envie de sauter dans l’un d’eux et de voir où il me mènerait.

De telles pensées auraient été impensables pour mon ancien moi. Je n’avais tout simplement pas la force nécessaire. La grande majorité des donjons où l’on pouvait se rendre directement depuis la capitale royale étaient extrêmement dangereux. Faire tout ce chemin juste pour plonger dans un donjon du même niveau que le Donjon de la Lune d’Eau aurait été du gâchis, et d’ailleurs, c’était toujours les donjons dangereux dont on parlait dans les histoires que j’aspirais à défier un jour.

Mais si j’avais essayé de le faire en tant qu’humain, il y avait de fortes chances que je sois mort dès que j’aurais mis le pied dans l’un de ces donjons, et tout ce que j’avais pu faire, c’était de retenir mes larmes de frustration et d’abandonner.

Aujourd’hui, cependant, j’avais la certitude que je n’allais pas simplement mourir en mettant le pied dans l’un d’entre eux, du moins. Je veux dire que même si j’étais réduit en bouillie, j’étais capable de me régénérer.

C’est de la triche, dites-vous ? Oui, c’est vrai. Pourtant, même sans ces tours de passe-passe, j’étais naturellement relativement certain de ne pas être tué immédiatement. Il est plus que probable que je puisse faire un certain nombre de progrès avant d’être forcé d’abandonner et de faire demi-tour.

« Eh bien, même si nous avons laissé une heure et un lieu de rencontre avec la guilde, c’est une personne plutôt insouciante, » dit Lorraine. « Il vaut mieux ne pas se faire trop d’illusions et se détendre en attendant. »

Quant à savoir à qui « il » faisait référence, il s’agissait bien sûr de la personne que nous étions venus chercher pour le ramener avec nous à Maalt : le Grand Maître de Guilde de Yaaran, Jean Seebeck.

Si je voulais être plus précis, j’ajouterais qu’il était le chef d’une organisation clandestine dont les racines s’étendaient à toute la ville. Bref, il tenait les rênes aussi bien en haut qu’en bas de la table — ce n’était certainement pas quelqu’un dont on voulait se faire un ennemi.

C’était peut-être hypocrite de ma part de dire cela, puisque nous avions déjà fait de lui notre ennemi une fois, mais cela s’était terminé sans incident. En raison des complications qui avaient créé la situation, il ne nous avait pas poursuivis avec tous les moyens dont il disposait.

S’il l’avait fait, même avec mon corps, je n’étais pas sûr de ce qu’il serait advenu de moi.

Après avoir attendu un peu, l’impatience nous tenaillant…

« Il semblerait qu’il soit arrivé », déclara le jeune homme qui nous servait de cocher.

On aurait pu penser que Lorraine et moi l’aurions remarqué en premier, puisque nous étions des aventuriers, mais ce jeune homme était celui-là même qui m’avait sauvé hier de ce monstrueux vampire. De nous trois, il était sans aucun doute le plus fort.

L’agence d’intérim de la famille Latuule était en effet un formidable réservoir de talents.

En fait, ils étaient probablement plus haut placés que Jean sur la liste des personnes dont il ne faut pas se faire des ennemis…

« Désolé ! Désolé d’être en retard », s’était excusé l’homme en question en s’approchant. Il était vêtu d’une tenue ordinaire, et s’il avait gardé le silence et baissé le regard vers le sol, je parierais que presque personne n’aurait été capable de le reconnaître pour ce qu’il était vraiment.

Cela ne signifie pas pour autant que la qualité de ses vêtements soit inférieure. Bien au contraire, tout semblait être d’une qualité exceptionnelle. D’après les faibles traces de mana que je pouvais sentir, j’avais compris que tout cela était également magique — et si moi, un monstre, je ne pouvais le détecter qu’à peine, cela signifiait qu’une personne normale ne serait pas capable de détecter quoi que ce soit.

Lorraine en serait capable, bien sûr, grâce à ses yeux magiques. Bien sûr…

« Vous êtes habillé comme si vous alliez partir à la guerre…, » dit-elle.

« Vous avez vu clair dans mon jeu, n’est-ce pas ? » déclara Jean en souriant. « Je n’ai pas l’intention de participer à une guerre, mais il est bon d’être prudent. Je vous l’ai dit au Colisée, mais il y a beaucoup de conspirations autour du donjon de Maalt, ainsi que de la Tour et de l’Académie. Qui sait quand le danger se manifestera, et sous quelle forme ? »

Jean Seebeck était la personne qui supervisait l’ensemble de la guilde dans Yaaran. Il ne fait aucun doute qu’un certain nombre de personnes en voulaient à sa tête. Si nous voulions éviter d’être entraînés là-dedans pendant que nous voyagions avec lui, nous devions faire très attention à ce que nous faisions.

« Je suppose que vous avez raison… » dit Lorraine. « Mais cela me fait penser, pourquoi êtes-vous en retard ? Quand nous avons informé la guilde du lieu et de l’heure ce matin, ils nous ont dit qu’ils s’assureraient que vous arriviez à l’heure. »

Alors que nous avions réglé les détails généraux de notre départ au Colisée, nous étions également allés à la guilde ce matin pour laisser des instructions plus précises, juste pour être sûrs. Mais à proprement parler, ce n’était qu’une tâche secondaire. Notre but principal en allant à la guilde était de transmettre un message au sujet du vampire qui m’avait attaqué la nuit dernière à une personne en particulier que je n’avais honnêtement pas envie de contacter.

C’est-à-dire pour Nive.

Puisqu’une rencontre en personne avait été impossible, il ne s’agissait en fait que d’un message, qui disait en substance : un vampire très puissant est apparu dans la capitale royale, mais il s’est soudainement enfui pour une raison inconnue, et je ne pense donc pas qu’il se trouve encore dans la ville.

Le reste du travail — c’est-à-dire la transmission du message à Nive — incombait au réseau de contacts de la guilde.

Je ne savais pas si elle se présenterait à la capitale et mettrait tout sens dessus dessous, ou si elle ignorerait simplement le message puisque le vampire était déjà parti, mais…

Non, je suppose qu’elle ne l’ignorera pas, hein ?

Nive n’était pas du genre à laisser passer quelque chose tant qu’elle ne l’avait pas examiné en profondeur avec ses propres yeux et ses propres oreilles. J’étais presque certain qu’elle se montrerait ici tôt ou tard.

J’espérais vivement que cela ne coïnciderait pas avec ma prochaine venue ici… mais l’expérience passée m’avait prouvé que ce serait une chance pour moi si cela arrivait. Il était donc inutile de me faire de faux espoirs.

« Hmm ? Eh bien, j’avais beaucoup de travail à faire avant ça…, » dit Jean d’un ton évasif — puis il regarda brusquement derrière lui.

« Grand Maître de Guilde ! Où êtes-vous ? » hurla une voix venant de la même direction. « Vous n’avez certainement pas l’intention de partir sans être accompagné !? »

Jean remonta sa capuche sur sa tête. « Très bien, allons-y. Ça va être la galère s’ils me retrouvent. »

« Ils vous cherchent, n’est-ce pas… ? » avais-je demandé. « Il y a assez de place dans la voiture pour les autres. Nous devrions aller leur dire — ! »

Je m’apprêtais à m’y rendre, mais Jean m’attrapa rapidement le bras. « Idiot ! » siffle-t-il. « Avoir des préposés qui me soufflent dans le cou pendant tout ce temps va gâcher mes projets de voyage tant attendus ! Allez, on y va ! »

Qu’est-ce que tu es, un enfant ? c’est ce que je voulais dire, mais il semblait impossible que cela lui parvienne. Au lieu de cela, Lorraine, le cocher, et moi-même avions tous échangé des regards résignés et avions rapidement commencé à préparer la voiture pour le départ.

Même si nous partions furtivement, il y aurait toujours l’inspection aux portes de la ville. Une personne aussi célèbre que Jean était sûre d’y être reconnue, alors pour l’instant, il serait bon que nous partions simplement.

C’est en tout cas ce que je pensais…

« Au revoir, mes petits employés », marmonna Jean, riant tout seul en jetant un coup d’œil par l’entrebâillement des rideaux de la calèche. « Je m’en vais passer de bonnes vacances à Maalt ! »

Si je disais que cette vue ne me mettait pas mal à l’aise, je mentirais probablement.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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