Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 11 – Chapitre 1 – Partie 5

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Chapitre 1 : Attaque-surprise

Partie 5

« Hmm, que dois-je vous montrer ensuite ? » marmonna le vieil homme.

« Que voulez-vous dire ? »

Avant que je puisse terminer ma question, j’avais été interrompu par un cri derrière moi.

« Rentt ! Augurey ! »

Je m’étais retourné et j’avais vu que cela venait de Lorraine. Elle courait vers nous à travers un champ d’arbres écrasés et de trous énormes, le visage renfrogné.

« Allez-vous bien tous les deux ? » demanda-t-elle une fois qu’elle nous eut rejoints.

« Comme tu le vois, » répondit Augurey, sans se retourner pour la regarder. Pendant que je me retournais, il avait gardé un œil sur le vieil homme. Ce n’était pas tant qu’il était rapide, mais plutôt que nous nous connaissions depuis si longtemps que nous savions instinctivement comment travailler en équipe — ce dont je lui étais reconnaissant.

« La mage est donc aussi là maintenant », dit le vieil homme en apercevant Lorraine. « Êtes-vous sûr que cette fille s’en sortira toute seule ? J’ai mes propres collègues, vous savez, et je ne parle pas de ceux que vous avez capturés. »

Il disait clairement cela pour nous déstabiliser, mais nous n’étions pas sûrs non plus qu’il mentait. La réponse de Lorraine, en revanche, était froide et provocante.

« Je ne vois pas le problème. Nous devons simplement nous occuper de vous rapidement. »

Je pouvais entendre dans sa voix qu’elle n’avait pas voulu laisser Ferrici derrière elle. Elle avait l’air irritée, ce qui était rare chez elle. Le vieil homme ne l’avait pas remarqué.

« Heh. Je suppose que cela ne suffirait pas à vous ébranler, n’est-ce pas ? Vous êtes bien plus que ce que nous avions prévu. Il n’est pas étonnant que mes deux collègues n’aient pas fait le poids face à vous. Si seulement nos informations avaient été plus précises ! »

« Vos deux collègues ? » répétai-je. Il n’y avait pas vraiment d’intérêt à jouer les idiots maintenant, mais je m’étais dit qu’il n’y avait pas de mal à essayer.

Le vieil homme fronça le nez. « Vous pouvez déjà arrêter de jouer la comédie… mais je suppose que je vais jouer le jeu. L’un de mes collègues est lui-même un vétéran, mais il n’est pas très doué. Il s’est rendu compte que la vie de marchand lui convenait mieux, et c’était donc son dernier emploi. Quant à mon autre collègue, bien qu’elle ait une capacité assez rare, elle manque d’expérience, ce qui la rend trop fière pour son propre bien. J’avais l’intention de lui confier un travail délicat, afin de la faire descendre d’un cran et de lui permettre de grandir. »

Je m’étais demandé si le vieil homme avait complètement abandonné sa couverture, mais j’avais réalisé que ce n’était probablement pas le cas. Il avait probablement décidé que ça ne servait plus à rien de l’entretenir. D’ailleurs, son but était de nous tuer, et comme le dit le proverbe, les morts ne racontent pas d’histoires. Sauf moi, mais j’étais un cas à part.

Le vieil homme poursuit. « Malheureusement, aucun d’entre eux n’a réussi à le faire. Mais ce n’est pas une surprise, car les informations qui nous ont été transmises étaient pleines de trous. »

« Qui vous a été transmise ? » demandai-je en lui coupant la parole. Je n’avais pas pu m’en empêcher, tant je voulais savoir qui étaient ses supérieurs. Le vieil homme me jeta un coup d’œil, mais ne répondit pas.

Il semblait que même les morts n’avaient pas besoin de savoir certaines choses. Je ne lui en voulais pas, rien n’était absolu. Il aurait probablement des ennuis s’il dévoilait tous ses secrets et que nous réussissions à nous enfuir. Il avait raison d’être prudent, d’autant plus qu’il ne savait pas à quel point j’étais confiant dans ma capacité à m’échapper.

Je doute qu’il y ait beaucoup de gens qui puissent m’épingler si j’utilise la Division. Je ne pouvais pas dire qu’il n’y en avait pas, cependant, étant donné que des gens comme Nive existaient. L’aventure était une profession pleine de monstres, et Nive n’était qu’au sommet de la classe Or. Pour les aventuriers de classe Mithril et Platine, faire face à la Division était probablement un jeu d’enfant.

Si je devais faire une estimation, je dirais que le vieil homme était assez bon pour le placer quelque part dans la classe Or — ou peut-être même plus haut. Ce n’était pas le genre de personnes que l’on était censé rencontrer sur la route, mais nous y étions.

Le vieil homme continua à parler. « Ce qu’on nous a transmis, c’est que nos cibles étaient deux classes d’argent normales et une classe de bronze qui ne valait même pas la peine d’être mentionnée. Mais ce que nous avons eu à la place, c’est vous trois. Un monstre qui peut encaisser un de mes coups sans en être affecté, un combattant expérimenté qui peut me faire tourner en rond pendant un long moment, et un mage qui peut lancer un sort de bouclier instantané suffisamment puissant pour se protéger de mes armes sans même l’avoir psalmodié. Si j’avais su dès le départ que vous étiez tous les trois nos cibles, je me serais mieux préparé. Ça ne vaut vraiment pas le prix qu’on me paie… »

« Alors, pourquoi ne pas arrêter les frais et rentrer chez soi ? » avais-je demandé. Je m’étais dit que ça valait le coup d’essayer.

Le vieil homme sourit. « Ne pensez même pas à cela ! Qu’on le veuille ou non, le travail est le travail. C’est pourquoi je vais vous tuer, même si je dois pousser mes vieux os à fond pour le faire. Sinon, je n’aurais plus de travail. »

Compte tenu de son métier, par « plus de travail », il voulait probablement dire que sa vie était en jeu. Le monde de la pègre est un endroit difficile. Je pouvais le comprendre à cet égard. Pourtant, ce n’est pas comme si nous allions nous retenir. Nous ne pouvions même pas nous le permettre face à quelqu’un d’aussi fort que lui.

« Maintenant, je pense que c’est assez de bavardage. Je compte mes trois cibles devant moi, et sachez que je n’en laisserai pas une seule sortir vivante d’ici. »

« Croyez-vous vraiment que ce sera aussi facile ? » demanda Lorraine.

« Non. Je ne vous sous-estimerai pas plus longtemps. Je n’ai pas vraiment joué avant, mais il est temps que je devienne sérieux. Voici ! Hrmmm !!! »

Le vieil homme commença à se crisper. Je ne savais pas ce qu’il allait faire, mais je savais que c’était une mauvaise nouvelle.

Nous n’étions pas assez gentils pour nous contenter d’attendre ce qui allait arriver, bien sûr. Augurey et moi avions brandi nos épées et nous nous étions élancés vers le vieil homme, tandis que Lorraine tendit sa baguette et commença à modeler son mana. Mais…

« Trop lent ! »

Une énorme vague de pression avait jailli du corps du vieil homme, nous faisant voler, Augurey et moi, et créant une intense rafale qui brisa la concentration de Lorraine.

« Qu’est-ce que… ? »

La violente tempête qui s’était abattue sur le vieil homme nous avait projetés à une bonne distance. Lorsque je m’étais retourné vers lui, je m’étais rendu compte qu’il y avait maintenant une chose massive qui se tenait à sa place.

Cela ne m’avait pas pris complètement au dépourvu, étant donné les capacités du vieil homme, j’avais considéré que c’était une réelle possibilité. Mais comme il s’était contenté d’augmenter la taille de ses membres, une partie de moi avait pensé que c’était sa limite.

En ce moment, on me prouvait que j’avais tort.

« Est-ce que c’est… ? »

« Pas possible… »

Contrairement aux marmonnements d’Augurey et de moi-même, les mots de Lorraine étaient clairs et nets. « C’est un géant. Je ne m’attendais pas à en rencontrer un dans un endroit comme celui-ci. »

Oui. Nous avions devant nous un véritable géant.

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Les géants. Bien que leur race ait prospéré il y a très longtemps, il était difficile d’en trouver de nos jours. Comparé à l’ère moderne, un assortiment de races beaucoup plus large et diversifié avait existé à des époques plus anciennes.

La preuve en est les nombreuses reliques et l’abondant folklore qui avaient survécu jusqu’à aujourd’hui. Cependant, bon nombre de ces races avaient disparu. La raison de cette disparition n’était malheureusement pas claire, et c’était une question déroutante pour beaucoup, car un grand nombre de ces races disparues — comme les géants — étaient puissantes et sans égales à leur manière. Il était difficile d’imaginer qu’elles se soient tout simplement éteintes.

Cela dit, les géants n’avaient peut-être pas eu la vie aussi dure. Après tout, si les rumeurs étaient fondées, ils existaient toujours, à condition de savoir où chercher. On n’en rencontrait pas en ville, mais on en avait déjà vu en territoire inconnu, dans des endroits difficiles d’accès pour les humains, comme les profondeurs des forêts ou les régions volcaniques très chaudes.

De plus, il semblerait que certaines races anciennes, comme les elfes, aient encore des relations avec les géants. Ce sont ces sources qui avaient fait naître les rumeurs sur la pérennité de la race. Quelque part dans le monde, les géants vivaient encore. Pourtant, les chances d’en rencontrer un comme celui-ci étaient pratiquement nulles. D’abord…

« Es-tu sûre que c’est un vrai géant ? » avais-je demandé à Lorraine.

« Non », répondit-elle, l’air peu sûr d’elle. « Bien qu’il en ait l’air. Il pourrait aussi avoir la capacité de se transformer en géant, ou alors c’est un géant qui se déguise en humain. En fait, je ne suis même pas sûre que les géants puissent posséder de telles capacités. Je ne peux rien affirmer avec certitude. Je suppose qu’il faudra demander à la personne elle-même. »

Elle avait raison, cela aurait pu être l’une ou l’autre de ces possibilités. Les capacités uniques sont encore mal comprises. Personne ne savait pourquoi elles se manifestaient chez certaines personnes, ni même si elles étaient un phénomène strictement humain. Qui savait si un géant pouvait en avoir une ? Ce n’était pas comme s’il était possible de rassembler suffisamment de géants pour obtenir un échantillon de taille décente et faire des recherches. Cela aurait pu être possible dans le passé, mais le temps ne faisait qu’avancer.

« Il n’a pas l’air d’être d’humeur très bavarde en ce moment », plaisanta Augurey.

Le géant devant nous était énorme. Au lieu du vieil homme maigre qu’il était auparavant, il semblait plus proche de la cinquantaine et extrêmement bien bâti. S’agissait-il de sa forme originale, ou était-ce simplement sa capacité qui le faisait paraître plus jeune ?

Le géant ne portait qu’un simple pagne. J’avais fait une prière silencieuse de gratitude pour le fait qu’il ne soit pas nu. Cela aurait été une source de distraction à bien des égards. En y regardant de plus près, je m’étais rendu compte que le pagne était fait de la même matière que la cape que le vieil homme portait plus tôt. Peut-être s’agissait-il d’un objet magique spécial ? Il était un peu trop grand pour être la cape elle-même. Il semblait probable que le tissu puisse changer de taille jusqu’à un certain point lorsque son porteur se gigantisait.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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