Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 10 – Chapitre 2 – Partie 8

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Chapitre 2 : Vers le palais

Partie 8

Il est courant qu’à force de répéter un mensonge, on finisse par y croire soi-même. Il arrivait que des aventuriers perdent un camarade au cours d’une mission, sans pouvoir retrouver le corps, et qu’ils se persuadent alors que ce camarade était toujours en vie quelque part. Si vous interrogez quelqu’un comme ça avec un détecteur de mensonges, même si vous lui demandez si son camarade est mort, le détecteur de mensonges ne sera pas capable de dire que l’affirmation de l’aventurier est un mensonge.

C’est du moins ainsi que j’avais interprété l’explication de Lorraine. Même si des détecteurs de mensonges plus précis avaient été trouvés dans un donjon, les installer au palais démontrerait une impitoyabilité dans la politique de la cour que les nobles auraient du mal à avaler. Je n’aime pas dire cela, mais pour les nobles de la cour, tout leur travail consiste à mentir pour vivre. Cela mettrait un sérieux coup de frein à leur mode de vie si on vérifiait les faits à chaque fois qu’ils parlaient. Bref, tout ça pour dire qu’il était peu probable qu’ils découvrent que j’avais été un peu trompé au sujet de mon masque.

La princesse prit un moment pour réfléchir, puis elle déclara : « C’est peut-être vrai. Le haut elfe m’a dit que j’étais l’humaine décrite dans la prophétie, mais quand j’ai demandé qui était la personne avec l’objet sacré, il m’a seulement dit que je le saurais quand je la rencontrerais. »

Cette formulation était délicate. La princesse avait dû comprendre que j’étais la personne de la prophétie lorsqu’elle avait découvert que je possédais un objet qui pourrait être un objet sacré. En un sens, elle l’avait su dès qu’elle m’avait rencontré, mais elle avait aussi hésité après ma critique. Peut-être n’avait-elle pas su après m’avoir rencontré. Il semblait que la formulation vague du haut elfe et de l’Arbre Sacré jouait en ma faveur. Lorraine et Augurey s’en rendirent compte et se joignirent à moi pour m’aider.

« Nous ne pouvons pas nier la possibilité que Rentt soit celui décrit dans la prophétie, » dit Lorraine. « Mais si Rentt se rendait au Pays du Vénérable Arbre Sacré et qu’il s’avérait que ce n’est pas lui, cela pourrait nuire aux relations entre le royaume et les elfes. Il est peut-être préférable de procéder avec prudence. »

Augurey ajouta : « Il est possible que quelqu’un possédant un véritable objet sacré, plutôt que celui de Rentt, apparaisse bientôt. Si les relations avec les elfes ne sont pas idéales à ce moment-là, cela pourrait rendre la situation bien plus compliquée que nécessaire. Il vaut mieux ne pas tirer de conclusions hâtives. »

On aurait presque dit qu’ils me prenaient pour une sorte de faussaire, mais ils avaient raison. Des actions douteuses comme le fait d’emmener une personne étrange à l’Arbre sacré pourraient nuire aux bonnes relations que le royaume entretient actuellement avec les elfes.

Leurs arguments trouvèrent un écho auprès de la princesse, qui commença à s’entretenir avec Nauss. Après une courte conversation, ils parvinrent à une conclusion.

« C’est comme vous le dites », conclut la princesse. « J’allais peut-être un peu vite en besogne. Il reste que Sa Majesté n’a plus beaucoup de temps devant elle, mais ce n’est certainement pas le moment de tirer des conclusions hâtives et de compliquer le problème. »

Elle avait accepté l’argument de Lorraine et Augurey, mais cela ne signifiait pas que j’étais libre.

« Néanmoins, Monsieur Vivie, la possibilité que vous soyez l’homme de la situation demeure, c’est pourquoi j’aimerais disposer d’une méthode pour vous contacter en cas de besoin. Avez-vous des objections ? »

C’était une demande, mais j’étais sûr qu’il s’agissait d’un ordre. C’était le meilleur résultat que je pouvais espérer.

« Non, Votre Altesse », avais-je répondu.

Ensuite, Lorraine et moi avions donné à Nauss nos coordonnées. Plus précisément, nous lui avions donné nos numéros d’enregistrement à la guilde — j’avais donné le numéro de Rentt Vivie — et notre adresse à Maalt. Nous avions également mentionné que nous étions ici pour un travail et que nous allions quitter la capitale dans quelques jours. Nauss avait indiqué qu’il aurait préféré que nous restions dans la capitale pour le moment, mais qu’étant donné qu’il ne pouvait pas nous donner de délai précis, il était prêt à nous laisser partir.

C’est ainsi que nous avions pu terminer notre visite au palais. Il y avait encore de fortes chances qu’on nous rappelle, mais je pourrais toujours m’en préoccuper une fois que nous aurions terminé notre liste de choses à faire.

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« Maintenant que nous avons réglé le plus gros problème, nous avons quelques jours sans rien de prévu », avais-je dit lorsque nous étions retournés au logement d’Augurey.

Nous aurions pu aller à notre auberge, mais celle d’Augurey était plus confortable. Son expérience de travail dans la capitale avait porté ses fruits, il connaissait donc les meilleures auberges pour s’y installer. Même s’il avait choisi cette auberge peu de temps après son arrivée dans la capitale, il avait sûrement essayé plusieurs logements lorsqu’il s’était installé ici.

Même s’il s’agissait d’une auberge, il s’en servait comme base d’opérations depuis un certain temps. Il s’était installé dans cette chambre, et un certain nombre de ses propres affaires traînaient ici et là. Certains aubergistes n’aimaient pas que leurs clients fassent ce genre de choses, mais la plupart d’entre eux n’y attachaient pas d’importance. C’était en partie parce qu’ils étaient tolérants et hospitaliers, mais souvent ils signaient des contrats avec les aventuriers disant qu’ils pouvaient avoir les choses dans la chambre si l’aventurier mourait, donc cela pouvait tourner à leur avantage.

C’était un rappel brutal du caractère impitoyable de l’aventure, mais c’était un fait que les aventuriers mouraient souvent, et le genre de choses qu’ils gardaient dans leurs chambres pouvaient être précieuses. Il s’agissait généralement d’un assortiment varié de choses : armes et armures de rechange, cristaux magiques et objets magiques. Dans certaines des pires auberges, les aubergistes vous accueilleraient avec déception si vous reveniez en un seul morceau. Bien sûr, je ne voudrais pas louer une chambre dans un tel endroit, surtout pour une longue période.

« Ah oui, c’est vrai. Vous devez attendre le retour du grand maître de la guilde, n’est-ce pas ? » demanda Augurey.

Je lui avais déjà expliqué toute la situation. De nombreux emplois exigent la confidentialité, mais lorsque j’avais conclu ce contrat particulier, j’avais obtenu la permission de Wolf de partager les bases de ma tâche, tant que je ne disais pas au monde entier que j’étais ici pour emmener le grand maître de la guilde à Maalt.

Il y avait plusieurs raisons à cela, mais la plus importante était que je ne pouvais rien dire qui risquait d’attirer l’attention. Si d’autres aventuriers me voyaient me promener avec le grand maître de la guilde, ils pourraient penser que je le suivais pour m’attirer ses faveurs ou que je faisais partie d’un entourage bizarre. Cela ne m’arriverait pas à Maalt, mais ici, dans la capitale, les aventuriers étaient généralement plus ambitieux et donc plus sensibles à ce genre de choses.

En fait, Wolf s’était arrangé pour que si quelqu’un venait me demander pourquoi j’étais avec le grand maître de la guilde, je puisse simplement dire : « Oh, je suis ici pour escorter le grand maître de la guilde jusqu’à Maalt. Quant à moi, je ne suis qu’un aventurier. Je ne suis qu’un aventurier qui travaille dans une ville paumée. J’ai hâte d’y retourner et de manger du ragoût d’insectes. »

Malgré les apparences, Wolf était doué pour faire attention à ce genre d’indices sociaux. Oh, et pour information, je ne mangeais pas souvent de ragoût d’insectes, mais j’y étais beaucoup plus désensibilisé que les jeunes citadins de la capitale. J’aurais parfaitement accepté d’en manger si on m’avait mis au défi de le faire pour prouver que je venais de la campagne.

« Exactement », répondit Lorraine. « Il est sorti pour le moment. Augurey, l’as-tu déjà rencontré ? »

Lorraine n’avait jamais rencontré le grand maître de la guilde de Yaaran, elle voulait donc en savoir plus sur lui. Je devais admettre que moi aussi, je voulais en savoir plus. C’était en partie par simple curiosité, mais aussi à cause de l’âge avancé du grand maître de la guilde, et j’avais donc voulu organiser un voyage qu’il pourrait supporter.

Augurey marqua une pause, puis déclara : « J’ai déjà rencontré le vieux Jean. Il a l’habitude d’apparaître au hasard. On le surprend parfois en train d’errer dans la ville, puis on le voit s’enfuir dans une direction bizarre, et un employé de la guilde se précipite à sa poursuite. »

« Hm ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Lorraine en penchant la tête sur le côté.

Elle comprenait ce qu’Augurey voulait dire, mais elle ne pouvait pas imaginer le genre de situation où cela se produirait. Pourquoi le grand maître de la guilde s’enfuirait-il alors qu’un employé de la guilde se dépêche de le rattraper ? Je m’étais posé la même question.

« C’est comme ça qu’il est », expliqua Augurey. « Il arrive que je doive lui rendre des comptes et qu’un employé me dise qu’il est dans son bureau. Mais quand j’y vais, je constate que le bureau est vide et qu’il y a une pile de documents inachevés sur son bureau. Lorsque je le signale à l’employé de la guilde, il devient tout pâle, donne des instructions à la hâte et envoie tous les employés dans la ville à sa recherche. C’est presque quotidien, j’imagine ? Je me suis parfois demandé pourquoi il occupait le poste de grand maître de la guilde. »

À l’entendre, le grand maître de la guilde était tout simplement immature et n’aimait pas faire son travail. Lorraine parvint à la même conclusion, mais elle trouva aussi d’autres problèmes dans cette situation.

« Attends, mais j’ai aussi entendu dire qu’il s’était occupé de catastrophes majeures en dirigeant de nombreux maîtres de guilde de Yaaran lors d’incidents comme l’émeute d’Ansallen, le tsunami du roi gobelin de Deneb et l’éruption du mont Jarlis. C’est grâce à Jean Seebeck qu’ils ont été réglés avec un minimum de dégâts. Cependant, je ne connais pas les détails, car tout cela s’est passé avant ma naissance. »

Ces trois incidents étaient célèbres. L’émeute d’Ansallen s’était produite lorsqu’une secte d’un nouveau culte s’était retranchée dans une ville et avait invoqué une énorme horde de monstres puissants. Quelque chose avait mal tourné avec le cercle d’invocation, ce qui avait eu pour effet d’invoquer continuellement des monstres. D’après ce que j’avais entendu dire, c’était un véritable gâchis.

Le tsunami du roi gobelin de Deneb s’était produit lorsqu’un grand nombre de gobelins avaient afflué sur Deneb, mais à une échelle bien plus grande que d’habitude. Personne ne connaissait les chiffres exacts, mais j’avais entendu dire qu’ils se situaient entre trente et soixante-dix mille gobelins. D’autres affirmaient qu’ils étaient plus proches des deux cent mille.

L’éruption du mont Jarlis avait commencé lorsqu’un dragon rouge avait fait son nid dans le volcan, et parce que sa présence avait renforcé les esprits du feu dans le volcan, celui-ci était entré en éruption. À l’époque, plusieurs villes et villages se trouvaient à proximité du mont Jarlis, et les dégâts auraient été immenses si l’éruption n’avait pas été maîtrisée. Le pire des dégâts avait été évité en mobilisant un grand nombre de mages pour rediriger le flux de lave.

Dans tous ces cas, on disait que Jean Seebeck, l’actuel grand maître de la guilde de Yaaran, avait pris les choses en main et empêché le pire de se produire.

Augurey frappa ses mains l’une contre l’autre et, avec un sourire forcé, dit : « Oui, c’est exactement ça. Il est extraordinaire quand il s’agit de gérer des situations d’urgence, alors la guilde veut l’empêcher d’abandonner quoi qu’il arrive. Lui-même veut prendre sa retraite depuis un moment, mais beaucoup de gens le vénèrent, alors ils supportent ses frasques… »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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