Chapitre 6 : Sur le modèle de la classe d’un semi-Isekai
Partie 3
Au début de la bataille, les filles s’étaient rapidement échappées hors du gymnase.
Puis elles y étaient retournées, pour voir ce qui se passait à l’intérieur.
« Il utilise de la magie sur Sakaki qu’il n’a sûrement jamais vue auparavant, mais…, » Aiko connaissait les capacités de Yuichi, mais ça l’avait quand même surprise. C’était magique, après tout. Normalement, quelqu’un en serait surpris, il pourrait même être forcé à hésiter. Mais Yuichi s’en était occupé comme si tout allait de soi.
« Même si c’est magique, si ce n’est pas le “Blizzard de la Force Eternelle ! Tout le monde meurt !” Tu peux donc t’y opposer, non ? » répondit Mutsuko. « Avoir de la glace qui vole sur toi n’est pas si différent de se faire tirer dessus avec des fusils, et d’après ce que je peux voir, c’est en fait plus lent que des balles ! » Les mots de Mutsuko avaient du sens, mais c’était quand même une pluie constante de glaçons. Il n’y avait rien de simple là-dedans.
« Et puis, il l’a juste frappé dans l’armure… attends, est-ce qu’il l’a transpercé ? L’armure ne devrait pas…, » Ça ne devrait pas se casser si facilement, pensa Aiko.
« Oh ! L’armure a l’air très solide, mais ce n’est pas le cas ! » déclara Mutsuko avec enthousiasme. « Ils doivent équilibrer la défense et le poids par tâtonnements, de sorte que même l’armure la plus lourde n’a qu’environ 5 mm d’épaisseur. Et l’armure a été éliminée des champs de bataille parce qu’elle ne pouvait pas se défendre contre les balles, donc tu sais qu’elle peut être percée ! »
« Pourtant, il ne devrait pas être possible de perforer cinq millimètres d’acier…, » murmura Aiko.
« La partie des gants recouvrant les phalanges proximales comporte un alliage spécial ! Yu les a empruntés pour les utiliser contre l’armure ! » Mutsuko continua à parler à toute allure. Plus elle expliquait, plus c’était ridicule.
« J’espère que M. Rochefort va bien…, » dit Aiko.
Rochefort était tombé de son cheval et ne bougeait plus. Yuichi se leva, mais resta à côté de lui, n’essayant rien d’autre.
« Quoi ? Noro, tu t’inquiètes pour l’ennemi ? » demanda Mutsuko.
« Eh bien, euh, je ne pense pas que M. Rochefort soit une mauvaise personne, » déclara Aiko. « Au moins, d’après ce que j’ai lu… »
La plupart des douze rois des enfers qui avaient protégé le Seigneur-Démon étaient de mauvaises personnes, mais Rochefort ne semblait pas avoir d’arrière-pensées. C’était un homme simple et direct.
« Je ne sais pas ce qui pourrait arriver ensuite, mais je pense qu’on ferait mieux d’y aller ! » déclara Mutsuko.
La brume qui avait rempli le gymnase et les glaçons qui s’étaient collés au sol commençaient à disparaître, maintenant qu’ils n’avaient plus la magie de Rochefort pour les alimenter. Yuichi avait gagné.
Aiko et Mutsuko avaient couru vers Yuichi.
Yuichi baissa les yeux vers le Rochefort au sol.
« Bien joué…, » chuchota Rochefort, alors que lui et sa monture commençaient à s’évanouir.
« Qu’est-ce que tu es…, » Yuichi regarda la disparition de Rochefort avec surprise.
« Depuis le début, il semble que je ne sois qu’une simple projection… il n’était pas du tout nécessaire pour moi de retourner au château, » dit le chevalier. « Je regrette ma perte… mais le vrai moi est bien plus grand. Si jamais tu devais l’affronter, sois prêt. »
Avec ces mots comme dernières paroles, Rochefort était parti sans laisser de traces. Seules les cicatrices laissées par les lances à glace restaient derrière, pour raconter l’histoire de la bataille qui venait d’avoir lieu.
« Tiens. » Yuichi avait rendu les gants sans doigts à Mutsuko.
« Aww, pourquoi ? Ils sont trop cool ! » cria-t-elle.
« Ils sont cassés, » dit Yuichi, ne rencontrant pas ses yeux.
« Oh ! Eh bien, je suppose que c’est correct ! » déclara Mutsuko, semblant accepter l’excuse au premier abord.
Cependant, Aiko avait ses doutes, il était probablement juste gêné de continuer à les porter.
Avec la disparition de Rochefort, le mur de glace qui recouvrait la scène commençait également à s’effacer.
Tous les trois tournèrent leurs yeux vers ce qui se trouvait au-delà.
Il y avait là une jeune fille, à genoux, qui se tenait avec un bâton serré dans ses deux mains. Le bâton était très décoré, comme s’il s’agissait d’un objet rituel. Elle était habillée comme une sorcière, avec une cape sur les épaules et un chapeau à large bord sur la tête. Elle semblait prier.
« Qu’est-ce que tu fais, Orihara ? » demanda Yuichi, son ton d’exaspération se mêlait avec du soulagement.
Aiko poussa elle-même un soupir de soulagement. La fille sur scène était vraiment Kanako, et à part son étrange tenue, elle avait l’air bien.
« Orihara ! Si tu voulais jouer à la sorcière, il y a de meilleures façons ! » Mutsuko avait gémi. « C’est un tel cliché ! Allez, viens ! Tu as tellement plus d’options de nos jours, même des robes à froufrous roses ! »
« Tu viens de retrouver ton amie disparue, et c’est la première chose que tu dois dire !? » Yuichi lui avait fait des reproches.
« Orihara, retournons ensemble. Tout le monde s’inquiète pour toi, d’accord ? » Aiko l’appela, calmement.
C’est à cela que Kanako avait finalement répondu. Elle leva le visage et regarda Aiko ainsi que les autres personnes présentes dans les lieux, les yeux vitreux, comme si elle venait de se réveiller d’une transe.
« Sakaki… tout le monde…, » murmura Kanako.
« Orihara ! Tu ne devrais pas essayer d’être une magic-girl avant d’avoir fait plus de préparation ! » Mutsuko avait déclaré cela avec indignation. « Tu aurais pu passer par la salle du club et trouver mieux ! »
Mais Kanako secoua la tête. « Je vais à un isekai. En fait… J’en appelle un ici. La sorcière a dit que ce serait plus rapide… »
« Orihara ! » appela Aiko. « Ne peut-on pas trouver un autre moyen de t’emmener dans un isekai ? Tu affectes trop d’autres personnes de cette façon ! »
Kanako s’était relevée sur ses jambes tremblantes et avait timidement levé son bâton au-dessus de sa tête.
« Yah ! » Elle avait baissé le bâton en criant légèrement.
Aiko regardait fixement et attendait de voir ce qui allait se passer quand Yuichi l’avait soudainement attrapée.
« Hein ? » Aiko laissa sortir son souffle en raison de la surprise quand elle se trouva soudainement en mouvement. Yuichi se posa un peu plus loin, au même instant, elle vit un mur apparaître dans l’espace où elle se trouvait avant ça.
Un mur de glace s’était formé entre eux et la scène, crépitant de froid.
Kanako avait l’air aussi surprise qu’eux, ce qui suggérait à Aiko qu’elle n’essayait pas de leur faire du mal. Elle ne voulait pas être interrompue.
Le mur de glace que Kanako avait fait était moins épais que celui de Rochefort — il était mince, cassant et entièrement transparent — mais il semblait que gagner du temps était tout ce que Kanako voulait faire, et elle avait couru dans les coulisses et disparus.
Yuichi avait frappé le mur de glace avec son poing. Il avait facilement ouvert un trou, mais cela n’avait pas tout fait s’effondrer, et le trou qu’il avait ouvert s’était lentement rempli.
« Merde ! On va sortir et passer par-derrière ! » cria-t-il. Abandonnant la destruction du mur, Yuichi avait couru vers la sortie.
Aiko était sur le point de courir, aussi, quand soudain, tout le gymnase s’était mis à trembler avec un bruit fort.
« Hein ? Quoi ? Un tremblement de terre ? » Aiko s’était accroupie instinctivement. Elle avait l’impression qu’il se passait quelque chose d’important.
Le tremblement s’était vite calmé, et la chose suivante qu’Aiko avait sue, c’est que Yuichi était à ses côtés.
Alors qu’elle commençait à se demander si le tremblement de terre était aussi l’œuvre de Kanako, elle avait entendu le bruit de l’électricité statique qui passait par les haut-parleurs.
« Je vais maintenant expliquer le jeu. Je ne le dirai qu’une fois, et je ne répondrai pas aux questions. Il y a trois règles de base. »
« Premièrement, la violence est interdite. »
« Deuxièmement, si vous perdez votre droit d’exister, vous mourrez. Vérifiez le dos de votre main, s’il vous plaît. Vous devriez y voir le chiffre romain III. Cela représente votre droit d’exister. Quand vous commencez le jeu, tous les joueurs en ont trois, et vous en perdez un toutes les heures. »
« Troisièmement, les joueurs peuvent jouer les uns avec les autres comme ils le souhaitent. Je vous garantis que toutes les dettes seront payées. »
« Ceci met fin à l’explication. Il y a d’autres règles, mais vous pouvez les apprendre en jouant. Maintenant, commençons le jeu. »
L’annonce avait été faite sans avertissement, puis coupée tout aussi abruptement, ne laissant aucune place à la discussion.
« Est-ce que c’est... Mlle Shikitani ? » demanda Aiko. Elle avait reconnu cette façon brutale de parler.
Aiko regarda le dos de sa main, et en effet, elle vit un « III » flotter dans l’air au-dessus d’elle. C’était vaguement luminescent, comme un hologramme.
Yuichi avait aussi vérifié sa main. « Le pouvoir de Shikitani ? Mais je pensais qu’elle ne pouvait l’utiliser que dans des espaces clos… »
Aiko se souvient qu’il lui en avait parlé dans le restaurant de Tomomi.
« Quel pouvoir ? Est-ce que cela a quelque chose à voir avec l’apparition de ces chiffres ? » demanda Mutsuko, et Yuichi expliqua : Parmi les capacités de Makina, il y avait le « Jeu de la Salle Scellée », qui lui permettait de fixer les règles dans un espace clos, et le « Domaine Inviolable », qui protégeait les objets nécessaires au bon fonctionnement du jeu.
Après avoir entendu l’explication, Mutsuko avait essayé de frapper Yuichi avec ses poings dans une fausse colère, mais ils n’avaient jamais atteint sa tête. Ils avaient juste été déviés et cela avait glissé dessus, comme s’il était fait de caoutchouc.
Ensuite, Mutsuko s’était cogné la tête. Cette fois, c’était bon. Rien n’empêchait quelqu’un de se toucher.
« Je suppose que le “Domaine Inviolable” interdit donc la violence contre les autres, » déclara Mutsuko. « Je me demande si je pourrais me suicider ? Ou empoisonner les gens ? »
« Ne spécule même pas, » déclara Yuichi. « On ne va pas suivre le jeu de cette salope. »
Pour vérifier par lui-même, Yuichi avait attrapé le visage de Mutsuko, et sa main avait glissé cette fois aussi.
« Que penses-tu de ça, Yu ? » demanda-t-elle.
« Si tu pouvais contrôler parfaitement tes vecteurs, alors peut-être…, » dit Yuichi.
« Je vois… Je suppose que je ne peux pas te demander comment tu savais tout ça, Yu ? » demanda-t-elle.
« … Je ne veux pas encore le dire, » répondit Yuichi après un moment de réflexion.
Il devait encore cacher l’existence de Monika à Mutsuko. Peut-être qu’il ne voulait pas compter sur sa grande sœur pour tout.
« Je vois, » déclara Mutsuko. « Alors, peu importe ! Allons au nouveau bâtiment de l’école pour faire quelque chose au sujet de la personne qui a fait cette annonce ! » Même dans un moment pareil, Mutsuko ne pouvait pas retenir son excitation.
Alors qu’ils quittaient le gymnase, Aiko avait tourné les yeux vers le nouveau bâtiment de l’école, puis s’était figée.
« Euh… attendez… quoi ? » Aiko s’était tournée vers Yuichi pour obtenir des explications.
« Crois-tu que je comprenne ? » répondit Yuichi d’un ton de voix tout à fait déconcerté.
Aiko avait regardé une fois de plus le nouveau bâtiment de l’école pour confirmer.
La pointe du château renversé se trouvait sur le toit de l’édifice.
Il était environ 17 h quand ils étaient arrivés dans le hall d’entrée du nouveau bâtiment de l’école. Il aurait dû faire encore jour à cette heure de la journée, mais tout était plutôt sombre, à cause du brouillard.
L’intérieur de l’école était resté inchangé, malgré la flèche d’un château qui y était accrochée, mais les élèves qui s’y trouvaient étaient loin d’être épargnés.
Des pleurs confus, des discussions pas trop calmes, une course imprudente : leurs réactions étaient tout à fait logiques.
« Ça ne sert à rien ! On ne peut pas quitter l’école ! » un groupe qui vérifiait les choses à l’extérieur avait rapporté les résultats.
« Tu veux dire que ce n’est pas seulement le brouillard !? » s’écria quelqu’un d’autre.
« Il y a quelque chose comme un mur ! Et on n’y arrive pas ! »
C’était le « Domaine Inviolable » de Makina, le champ défensif qui protégeait les choses nécessaires au jeu. Il couvrait probablement toute l’école.
Même les élèves qui doutaient de la situation au début semblaient peu à peu en venir à croire que l’annonce était vraie.
Les chiffres qui planaient au-dessus de leurs mains, le fait qu’ils n’aient pas pu s’échapper, la membrane transparente qui recouvrait chacun des élèves, interdisant la violence… Tout indiquait que les règles énoncées dans l’annonce étaient vraies.
« Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Vas-tu à la salle de diffusion ? » Yuichi avait demandé cela à Mutsuko. Ils s’étaient rendus au nouveau bâtiment de l’école, mais il avait remarqué qu’elle ne semblait pas avoir un plan au-delà de cela.
« D’abord, sur le toit ! » avait-elle déclaré en réponse.
« Tu ne dis pas ça juste parce que tu veux voir le château de près, n’est-ce pas ? » demanda Yuichi dubitativement.
Mutsuko lui avait montré sa tablette, qui diffusait des vidéos du toit.
Il pouvait voir la tour du château se croiser avec le toit, mais il n’y avait pas eu de destruction. L’assemblage était propre, comme s’ils coexistaient dans le même espace. On aurait dit une sculpture d’avant-garde. Il y avait aussi une femme à lunettes qui marchait sur le toit.
Yuichi l’avait reconnue. C’était Makina Shikitani.
« Si c’est elle qui a fait l’annonce, alors c’est clairement elle la cause de tout ça ! » déclara Mutsuko. « Si on peut faire quelque chose contre elle, on aura le temps de régler le problème d’Orihara après, non ? »
« Ouais, je serais plus surpris d’apprendre qu’elle n’a rien à voir là-dedans, » fit remarquer Yuichi. Elle avait dit que c’était un secret, mais peut-être que le but initial de Makina avait été d’impliquer tout le monde à l’école dans son jeu.
« Procédons avec prudence ! » déclara Mutsuko. « Elle a peut-être posé des pièges en chemin ! »
« Tu as l’air plutôt heureuse de tout ça, sœurette…, » Yuichi en avait un peu marre de l’éternel optimisme de sa sœur.
« Au fait, où est Takeuchi ? » demanda Aiko, comme si elle ne se souvenait que d’elle.
« Nous n’avons pas le temps de la chercher, mais la connaissant, elle s’en rendra compte par elle-même, » déclara Yuichi. Ils n’avaient pas rencontré Natsuki depuis qu’elle s’était séparée dans la salle du club, quand elle avait dit qu’elle chercherait Kanako dans le nouveau bâtiment scolaire. Aiko semblait s’inquiéter pour elle, mais cela ne pouvait pas être leur priorité pour le moment.
Le groupe avait commencé à se diriger vers le toit. La prédiction de Mutsuko sur les pièges se révélait fausse, et ils l’avaient facilement atteinte.
Presque tout le toit était dominé par la tour inversée du château, mais il n’y avait aucun signe de dégâts dans la structure elle-même, confirmant qu’il y avait une sorte de phénomène surnaturel en jeu.
Yuichi leva les yeux et vit le château lui-même, encore plus massif que la tour qui était déjà sur le toit, et les vastes étendues de terre plus haut. Son ampleur était si énorme qu’il était difficile d’évaluer correctement la distance.
« Si c’est la pointe du château de Zalegrande, ce doit être l’espace vital du Seigneur-Démon. » Mutsuko avait montré la véranda renversée. « On dirait que la femme aux lunettes est entrée par là. »
« Nous sommes arrivés jusqu’ici, » dit Yuichi. « Il va falloir qu’on rentre dans la bâtisse. »
Il s’était approché de la véranda et avait jeté un coup d’œil à l’intérieur. C’était un spectacle désorientant, avec le plafond et le plancher à l’envers. En y repensant, le toit aurait déjà dû atteindre le troisième étage de l’école, mais ils n’avaient pas vu d’influence sur le château, ce qui suggérait qu’un phénomène de gauchissement des dimensions devait être impliqué.
La pièce n’avait pas l’atmosphère étrange que l’on pourrait attendre d’une pièce dans un château du Seigneur-Démon. Il était tout en blanc et débordant de bon goût.
« Comment entre-t-on ? » demanda Yuichi. S’ils se lançaient comme ça, ils tomberaient au plafond, qui était à environ cinq mètres de profondeur. Yuichi irait bien, mais il doutait que Mutsuko et Aiko puissent atterrir en toute sécurité.
« Yu, pourquoi n’irais-tu pas d’abord pour pouvoir nous attraper ? » demanda Mutsuko.
« Ouais, c’est probablement la meilleure option. » Yuichi était entré par la fenêtre de la véranda, préparant son corps à absorber le choc de la chute.
Mais ses attentes avaient été immédiatement trahies, car son sens du haut et du bas s’était soudainement effondré.
« Hein ? » Yuichi ne tombait pas vers le plafond, mais vers le sol, la tête la première. Il planta rapidement ses mains, roula vers l’avant et se redressa. Il leva les yeux et vit Mutsuko et Aiko, le regardant par la fenêtre, la tête en bas.
« Inversion de gravité !? » s’exclama Mutsuko. « C’est trop cool ! »
« Tant de choses se sont passées que je ne suis pas aussi surprise que je le pense aussi…, » murmura Aiko.
Mutsuko était ravie, mais les sentiments d’Aiko semblaient plus mitigés.
« Si nous tombons par terre, ce n’est pas si mal, » déclara Yuichi. Tant qu’ils prenaient leur temps, ça ne devrait pas être un problème pour eux.
Mutsuko et Aiko entrèrent prudemment, serrant le rebord de la fenêtre. Dès qu’elles étaient entrées dans le château, leur sens du haut et du bas avait semblé s’inverser, bien qu’après un moment de désorientation, elles s’y soient habituées.
Yuichi regarda de nouveau dans la pièce. C’était un bel espace, tout en blanc. Le grand lit à baldaquin au milieu suggérait qu’il s’agissait d’une chambre à coucher.
« Où est-elle allée ? » se demanda Yuichi. Il n’y avait personne dans la pièce.
« Bonne question, » dit Mutsuko. « Si c’est comme dans le roman, c’est la Tour Blanche. Si tu passes la porte en face du lit et que tu suis le couloir, tu arriveras à la Tour Noire. Si tu veux aller ailleurs, il faut descendre l’escalier. »
« Allons d’abord à la Tour Noire. » Le jugement de Yuichi était basé uniquement sur la pensée qu’il serait ennuyeux d’avoir à remonter les escaliers une fois qu’ils seraient descendus.