Chapitre 8 : Vampire Versus Vampire!
Partie 2
Le bras bestial s’était mis à tourner sur lui-même alors qu’il s’envolait dans les airs.
Kyoya le regardait voler, mais il ne comprenait pas exactement ce qu’il regardait.
Cela avait tracé un arc de cercle vers le plafond, alors que du sang semblait le suivre pendant son trajet.
Ses griffes étaient sur le point de percer le cœur d’Aiko… mais c’était maintenant Yuichi qui se tenait devant lui.
Les bras de Yuichi étaient croisés et tendus devant lui, puis il les avait baissés.
Il devrait déjà être hors jeu… Qu’est-ce qu’il fait là ? Mais au moment où cette pensée était entrée dans l’esprit de Kyoya, Yuichi avait disparu de son champ de vision.
La vision de Kyoya s’était alors inclinée sur le côté.
À l’instant d’après, il s’était rendu compte que c’était lui qui tombait.
Tout semblait bouger au ralenti.
La douleur dans son bras et sa jambe lui était arrivée simultanément.
Kyoya s’était soudain rendu compte qu’il lui manquait une main et que sa jambe gauche était tordue à un angle bizarre avec le genou vers le bas.
Ses souvenirs quant à la façon dont les choses en étaient arrivées là étaient flous. Que s’était-il passé ? Qui lui avait fait ça ? Il ne pouvait même pas commencer à reconstituer la scène. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était sentir le temps s’écouler lentement.
Il avait tendu instinctivement la main, essayant d’arrêter sa chute. Mais cela n’était pas autorisé.
Il avait senti des doigts se planter dans ses globes oculaires, puis avait senti le choc de sa tête heurtant avec force le mur.
Tout était devenu noir. Mais cela n’avait duré qu’un instant, malheureusement. À l’instant d’après, le visage de Yuichi était devant lui.
« Fils de…, » Kyoya avait essayé de parler, mais sa mâchoire délogée de son logement l’avait empêché de finir sa malédiction.
Yuichi avait avant ça utilisé la paume de sa main pour frapper la mâchoire de Kyoya à très courte distance. Toute la mandibule s’était envolée au loin. La douleur avait fait que la vision de Kyoya s’était obscurcie.
Il voltigeait désespérément dans les airs avec ses six bras. Si seulement l’un d’entre eux pouvait frapper… ! Mais cela n’avait fait qu’aggraver la situation, alors que Yuichi s’occupait systématiquement de chaque bras, un à la fois afin de les neutraliser définitivement.
Yuichi avait commencé à frapper Kyoya sans discernement, avec les poings, avec des frappes du tranchant, avec des coups de paumes. Il lui avait tordu les articulations et avait cassé ses os.
Une autre transformation…, mais le temps que cela prendrait créerait une ouverture fatale.
Guérison…, mais il était en train de se régénérer à pleine puissance pendant tout ce temps, mais elle n’arrivait tout simplement pas à suivre les dégâts qu’il encaissait.
C’est un monstre, pensa le vampire.
Il était impossible de croire que cet homme était humain. Kyoya ne savait même pas ce qu’il combattait. Il n’avait absolument aucune idée de ce qui se passait.
Et enfin, les sentiments de Kyoya avaient rattrapé les circonstances qui l’entouraient.
La terreur pure…, pensa-t-il.
Il faisait l’expérience de la terreur primordiale de la mort. Il n’avait même pas pu voir Yuichi. Il était même impossible de rester debout. Son corps était dans un état constant de destruction.
Kyoya avait alors déployé ses ailes. Celle-là, au moins, il pouvait encore les utiliser pour le moment. Peut-être que s’il arrivait à s’échapper de l’école…
Mais Yuichi avait bondi puis il avait donné un coup de pied au plafond afin d’assaillir d’en haut le vampire. Il avait frappé avec un talon avant d’enfoncer Kyoya dans le sol. Puis, sans un instant de répit, Yuichi avait placé les pieux dans sa main.
Les minces piquets de magnolia blanc s’étaient retrouvés plantés dans le dos de Kyoya. Le sang — la source de son pouvoir — coulait hors de lui. Le fluide d’où jaillissait son immortalité était en train de se répandre sur le sol.
Il n’y avait qu’une seule chose que sa régénération pouvait faire, et maintenant elle atteignait ses limites.
Kyoya avait soudainement été rendu vraiment conscient qu’il se tenait au bord de la mort.
♡♡♡
« Il a gagné, » dit calmement Mutsuko.
« Hein ? » demanda Natsuki avec la bouche grande ouverte.
« Mets-toi dans l’ambiance, Takeuchi ! Fais-moi un bon “ben ouais !”, » déclara Mutsuko.
Natsuki ne pouvait pas comprendre de quoi Mutsuko parlait ni traiter l’information qui était présentée dans la vidéo qui était projetée sur le mur.
« Le héros dans un manga ne peut pas tout faire ressortir tant qu’il n’est pas vraiment le dos contre le mur ! Même là, il en a peut-être fait un peu trop, » Mutsuko avait plissé son front en raison de l’inquiétude.
« Qu’est-ce que c’était que ça ? » s’était écriée Natsuki.
« Quoi ? Oh, le truc au début ? C’est la Technique de Défense Extrême de Type 0, “Fukuro” ! C’est un mouvement où tu concentres la puissance de ton adversaire et ton propre poids en accord, le tout contre une seule articulation… et wôw, je sais que les verrous articulaires peuvent être puissants, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il l’arrache le membre ainsi ! » répondit Mutsuko.
« Je pensais qu’il ne pouvait plus bouger…, » Natsuki avait déclaré ça dans l’incrédulité.
« Ce genre de chose n’est qu’une question d’humeur. Même un robot qui n’a plus de carburant peut bouger si tu lui cries assez dessus ! » déclara Mutsuko.
« Il n’a rien fait de tout cela quand il s’est battu contre moi… Qu’est-ce que cela signifie ? N’était-il pas en train de combattre sérieusement contre moi ? » Le visage de Natsuki s’était plissé à cause de la frustration.
« Il a retiré un autre de ses limiteurs, » expliqua Mutsuko. « Le furukami enlève les limiteurs de son corps. Mais il y a aussi le limiteur dans son esprit. J’en ai déjà parlé, tu t’en souviens ? Les humains ne peuvent généralement pas tuer d’autres humains, et toute attaque contre un autre humain aurait une résistance inhérente. Si tu fais disparaître cette résistance, les choses peuvent devenir assez effrayantes ! En d’autres termes, Yu attaque actuellement avec une véritable intention meurtrière. C’est la différence entre ça et sa bataille contre toi ! »
« Quelque chose d’aussi simple peut-il faire une telle différence ? » demanda Natsuki.
Ne le voit pas comme un humain, Natsuki avait donné le même conseil à Yuichi. Pourtant, il y avait quelque chose d’incroyable dans la scène qui se déroulait devant ses yeux.
« Oh, ça, c’est parce que Yu est un garçon si gentil. Bien que cela puisse causer ses propres problèmes… Je parie qu’il ne l’a même pas utilisé ! » s’exclama Mutsuko.
Yuichi ne montrait aucune pitié. Kyoya était resté totalement sur la défensive, mais il n’avait pas pu se défendre correctement. Il n’arrivait tout simplement pas à suivre.
C’est étrange, pensa Natsuki. Yuichi se déplaçait rapidement, mais pas si vite qu’elle ne pouvait pas le suivre.
Mutsuko avait dû lire dans son esprit, parce que les prochains mots qui étaient sortis de sa bouche : « Que tu combattes un vampire ou un Anthromorphe, ils ne pensent et ne réagissent pas plus vite qu’un humain. C’est pour ça qu’il ne peut pas faire face aux techniques de disparition de Yu. Dans les arts martiaux, les techniques de disparition sont des mouvements qui vont à l’encontre de ce que ton adversaire suppose que tu vas faire. Tu vois, ce que nous percevons comme une “vision” est un amalgame de ce que le cerveau suppose qu’il va se produire, et de ce qui se passe réellement. Le cerveau exécute diverses simulations basées sur des stimuli à propos de ce qui va se passer ensuite, et présente les résultats comme si tu l’avais vraiment vu… Cette explication n’a peut-être pas de sens pour toi, mais je t’expliquerai plus tard comment fonctionne le cerveau. »
« Qu’as-tu fait à Sakaki ? » Qu’est-ce qui pourrait transformer un humain en quelque chose comme ça ? Natsuki ne pouvait même pas l’imaginer.
« Je ne lui ai rien fait ! C’est lui qui s’est poussé avec tant de force pour en arriver là, » avait répondu Mutsuko.
« Pourquoi as-tu fait ça à Sakaki ? » Natsuki avait regardé la vidéo de Yuichi se jouant sur le mur. Le degré de violence qu’il infligeait à un être humain pourrait facilement être qualifié d’« excessif ». Pour quelle raison Mutsuko avait-elle agi pour transformer Yuichi à ce niveau-là ? C’était ce qu’elle n’avait pas compris.
« Est-ce qu’un garçon a besoin d’une raison de vouloir devenir fort ? » L’innocence présente dans le sourire de Mutsuko avait donné froid dans le dos à Natsuki.
Est-ce possible, se demandait-elle, qu’il n’ait peut-être pas vraiment de raison ? Qui voudrait seulement devenir l’homme le plus fort du monde ?
Natsuki fixa le vide alors que ses pensées dérivaient dans son esprit. Pendant ce temps, après avoir vérifié quelque chose sur sa tablette, Mutsuko s’était levée.
« Takeuchi, j’ai besoin de m’occuper de quelque chose. Pourrais-tu attendre ici ? » demanda Mutsuko.
« D’accord… mais es-tu sûre qu’on ne devrait pas faire quelque chose pour Sakaki ? » demanda Natsuki.
« Je pense que Noro est celle qui va faire quelque chose ! » Avec cette phrase insouciante, Mutsuko avait quitté le restaurant.
♡♡♡
Le cœur était son point faible.
Se souvenant de cela, Yuichi avait frappé Kyoya dans le dos, juste derrière son cœur.
Un choc suffisant dans le cœur provoquerait une fibrillation ventriculaire. La plupart des gens ne sauraient pas comment il fallait frapper pour le causer, mais les enseignements de Mutsuko l’avaient rendu possible pour lui.
Le cœur de Kyoya s’était arrêté. Puis, cela avait recommencé à battre.
Obstiné, pensa-t-il.
Ainsi, il était clair qu’un pieu dans le cœur était le seul moyen fiable. Il avait sorti un autre pieu en magnolia blanc de sa poche. Cela n’avait que la taille d’un crayon et ce n’était peut-être pas assez solide pour percer jusqu’au cœur.
Mais s’il l’essayait et que ça ne marchait pas, il pouvait creuser à travers le côté du torse et écraser le cœur avec sa main. Et si ça ne marchait pas, il le déchiquetterait jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se régénérer, rien de bien difficile là-dedans.
Yuichi avait enroulé ses doigts autour du pieu. Il était sur le point de frapper dans le cœur de Kyoya avec son poing, quand…
« Sakaki ! » une voix l’avait interrompu.
« Sakaki, ça suffit ! Tu en as assez fait ! » La voix d’Aiko l’appelait, désespérément.
Du coin de l’œil, il pouvait voir la jeune fille tituber sur ses pieds.
Son uniforme était en lambeaux. Ses yeux rouges étaient revenus à leur couleur normale, et les ailes de son dos avaient disparu.
Elle s’approcha lentement de lui. « C’est mon problème ! Si quelqu’un doit l’achever, que ce soit moi ! Alors… ça suffit ! S’il te plaît, arrête, Sakaki ! » Aiko avait placé ses bras autour de lui en pleurant.
« Noro…, » le contact d’Aiko avait ramené Yuichi à la raison. Elle le regardait avec les larmes aux yeux.
« Interêt Romatique. » La vue de son étiquette revenant à la normale avait rempli de joie le cœur de Yuichi.
Il avait alors ri. « Wôw. Tu agis comme un Intérêt Romantique en ce moment… »
Aiko baissa sa tête, peut-être embarrassée par la façon dont elle avait placé ses bras autour de Yuichi.
« Noro… Merci. Tu m’as sauvée, » déclara-t-il
Devant Yuichi se trouvait Kyoya, son corps couvert de sang. Il n’avait pas la force de maintenir sa forme bestiale, alors il était de retour dans sa forme humaine. Mais même sous sa forme originale, il était à peine reconnaissable en tant qu’humain.
Ses bras et ses jambes étaient pliés à des angles inhabituels. Ses os sortaient de sa chair, il y avait des coupures partout. Sa régénération semblait être au ralenti. Il semblait que ce pouvoir ne pouvait pas fonctionner indéfiniment.
« Je vais le faire ! » Aiko avait arraché le pieu à Yuichi et elle l’avait brandi vers Kyoya.
« Ne fais pas ça ! » cria Yuichi.
« Mais…, » Aiko commença à parler.
« Je pense… que c’est bon maintenant…, » Yuichi s’était rapproché de Kyoya. « N’est-ce pas ? »
« Arg ! » Kyoya s’était recroquevillé, produisant un son pathétique.
« Cesse donc de créer des problèmes pour ta famille, et mets en pause ta conquête du monde, » avait déclaré Yuichi. « D’accord ? »
Kyoya avait rassemblé ses dernières forces pour hocher la tête en toute hâte.
Son esprit était complètement brisé. D’après la longue expérience de Yuichi, une fois qu’une personne avait été réduite à cet état, ils ne l’avaient plus jamais croisée.
« Tu vois ? C’est bon, » commença à dire Yuichi. Puis il s’était rendu compte que le monde s’obscurcissait autour de lui.
Tandis que ses genoux se pliaient sous son corps, il avait placé une main sur le mur. Puis, de là, il glissa lentement jusqu’au sol.
« Sakaki ! » Le cri d’Aiko avait été la dernière chose que Yuichi avait entendue avant de perdre connaissance.