Chapitre 5 : Allons visiter la Résidence Noro
Partie 2
Il s’agissait d’un sanctuaire pour Susano-o Mikoto.
Mutsuko ne le savait pas quand elle l’avait choisi pour sa taille et en raison de la proximité avec leur maison, mais elle avait été enchantée par la coïncidence.
Des bruits aigus retentissaient à l’arrière de ce sanctuaire : le son des coups de poing de Yuichi déchirant l’air, encore et encore.
Il était quatre heures du matin. Il faisait encore nuit dehors. Yuichi était habillé en survêtement, en train de suivre ses leçons d’arts martiaux.
L’entraînement était simple. Cela consistait à frapper avec le bras droit tout en avançant avec la jambe droite. Puis il devait ramener le bras et la jambe en position arrière, et faire de même avec la gauche.
En effectuant ce mouvement encore et encore, cela l’entraînait lentement vers l’avant, et après une certaine distance, il se retournait et faisait la même chose dans l’autre sens.
À l’origine, il avait pratiqué sur la pelouse de leur maison, mais au fil des ans, le piétinement avait durci le sol à tel point qu’aucune herbe n’y poussait.
Sa famille vivait dans une maison de style étranger, avec un design élégant que sa mère avait choisi. Comme on pouvait s’y attendre, elle était donc très exigeante quant à l’apparence de la pelouse et de l’extérieur.
Sa mère, habituellement facile à vivre, était tombée dans une profonde tristesse lorsqu’elle avait appris que leur pelouse était maintenant stérile. Ils avaient rapidement travaillé pour creuser, changer la terre et replanter l’herbe, mais Mutsuko, normalement obstinée, avait ressenti un rare sentiment de remords à propos de ce qu’elle avait fait. Ainsi, ils ne s’entraînent plus chez eux.
À la place, Mutsuko était allée jusqu’à chercher de grands espaces isolés à proximité pour diriger son programme d’entraînement, et ils avaient changé d’endroit périodiquement pour éviter que cet incident ne se reproduise.
Yuichi et Mutsuko étaient actuellement les seuls au sanctuaire. Mutsuko était également en survêtement, assit sur un sac à dos converti en chaise et regardant les mouvements de Yuichi.
Si elle voyait des problèmes, elle les signalait, mais dernièrement, elle n’en avait pas eu besoin. C’était surtout à Yuichi de prêter attention à la façon dont son corps se comportait.
« Hé. Hé ! » Mutsuko avait pris la parole, clairement ennuyée par le simple fait de s’asseoir.
« Quoi ? » répondit Yuichi alors que son poing fendait les airs.
« J’ai entendu dire que le propriétaire du sanctuaire a une fille ! Je me demande si c’est une miko ! » déclara-t-elle.
« Une miko ? Je ne vois aucune raison pour qu’elle le soit juste parce qu’elle est la fille du propriétaire. » Cela semblait être une pensée extrêmement superficielle pour Yuichi.
« Oh ? Je pense qu’ils engagent la famille, car il y a une Miko. Eh bien, je suppose que parfois ils recrutent aussi au bureau de placement, » déclara-t-elle.
« Pourquoi recruter une miko dans un bureau de placement ? » demanda Yuichi, en ne se concentrant nullement sur ce qu’elle disait vu que cela ne l’intéressait pas.
« Peut-être qu’elle te regarde secrètement t’entraîner, attendant de t’apporter de quoi manger et boire ! » déclara sa sœur.
« J’espère vraiment que non ! » Il faisait ça en secret parce qu’il n’aimait pas qu’on le regarde. Il n’aimait pas l’idée que quelqu’un le trouve en train de faire ça.
Yuichi regarda par-dessus la forêt si paisible se trouvant derrière le sanctuaire. C’était plein d’arbres morts. C’était également le résultat de la pratique zélée de Yuichi, un type d’entraînement où l’on frappait un arbre en prétendant qu’il s’agissait d’un adversaire. Beaucoup d’entre eux étaient devenus sans vie à cause de cela.
« Ah, regarde, il y a quelqu’un ! » dit Mutsuko, en montrant du doigt la forêt.
« Quoi ? » Yuichi avait rapidement cessé de s’entraîner et avait regardé en direction de Mutsuko. Quelqu’un s’approchait de la forêt crépusculaire.
Le premier instinct de Yuichi était de courir, mais il s’était arrêté lorsqu’il avait reconnu le visage. « Oh, c’est juste toi. Ne me fais pas peur comme ça. »
En effet, c’était Natsuki Takeuchi. Elle portait un justaucorps noir moulant. C’était certainement un mode vestimentaire provocateur, mais pour Yuichi, qui savait qu’elle était une tueuse en série, c’était tout aussi évocateur de la tenue d’un assassin.
« Hé, ne peux-tu pas faire quelque chose pour cette tenue ? » avait-il demandé. « Je sais que c’est probablement facile pour bouger, mais... »
Natsuki venait de temps en temps pour rejoindre Yuichi dans son entraînement, et c’était ce qu’elle portait habituellement. Cela moulait tellement son corps que Yuichi avait eu du mal à savoir où regarder.
« Quel est le problème ? Elle ressemble à Orin le Fugitif ! C’est cool ! » Comme d’habitude, les exemples de Mutsuko ne rendaient pas les choses plus claires pour Yuichi.
« Si ça te distrait, Sakaki, alors c’est d’autant plus à mon avantage, » avait déclaré Natsuki. Il semblerait qu’elle le portait spécifiquement au bénéfice de Yuichi. « Maintenant, allons-nous nous battre ? », avait-elle ajouté, en allant droit au but.
« Bien sûr, mais montre un peu de pitié, d’accord ? » demanda Yuichi.
« Je ne peux pas. Je me bats avec mon instinct meurtrier, » immédiatement, Natsuki lui avait sauté dessus, étendant ses doigts pour viser droit vers ses yeux.
Il n’y avait pas une once d’hésitation dans ses mouvements. Elle bougeait si vite que si ses doigts frappaient ses yeux, ils lui transperceraient le cerveau.
La plupart des personnes se blesseraient en essayant d’attaquer les yeux comme ça, mais Natsuki n’était pas la majorité de la population.
Heureusement pour Yuichi, il pouvait voir arriver l’attaque à un kilomètre de distance. Il avait balayé son bras de côté avec le sien pour dévier l’attaque loin de sa cible, puis s’était déplacé à côté d’elle avec un pas en diagonal, et avait frappé légèrement avec sa paume sur son côté exposé.
Natsuki, contrariée, avait commencé une rafale rapide d’attaques, mais Yuichi avait esquivé chacune de ces attaques. Il pouvait facilement prédire les schémas d’attaque instinctifs de Natsuki et la tenir à distance, même sans furukami. Elle était beaucoup trop prévisible dans ses mouvements.
Après un peu de va-et-vient similaires, Natsuki s’était effondrée sur le sol. Son expression semblait indiquer une pleine extase, suggérant qu’elle avait obtenu tout ce dont elle avait besoin du combat.
Il semblerait que le fait de pouvoir se déplacer avec son intention meurtrière était suffisant pour satisfaire les pulsions meurtrières de Natsuki. Donc, tant qu’il y avait quelqu’un qui pouvait vraiment esquiver ses coups, elle pouvait se passer du meurtre en soi. Et pour l’instant, Yuichi était le seul qui correspondait à la demande.
« C’est une chose assez élémentaire, mais tu devrais vraiment arrêter de te battre avec les lignes de ton corps exposées, » lui avait-il dit. « C’est très facile de voir la façon dont tes muscles bougent. Tu sais pourquoi les gens portent un hakama dans les arts martiaux japonais ? C’est là pour masquer leurs mouvements. »
« Je vois. Tes yeux ont parcouru la totalité de mon corps pendant le combat, n’est-ce pas ? » Natsuki, sur le sol, se serrait dans ses bras comme pour cacher sa poitrine. C’était vraiment comme un geste théâtral qu’elle ferait là.
« Hé, ne le dis pas comme ça. Tu l’as dit toi-même : tu ne peux pas combattre quelqu’un si tu ne le regardes pas. N’est-ce pas de la communication ? » Mais Yuichi avait décidé de laisser tomber les conseils. Il ne voulait vraiment pas qu’elle s’améliore au combat.