Chapitre 3 : Compagnie des Dieux et mon travail
Partie 2
« Ne t’inquiète pas. J’étais juste en train de réfléchir. »
Essayer de comprendre quelque chose qui était au-delà de ma compréhension par sa nature même était une perte de temps. Je m’étais dit que j’allais demander ça à Sewatari ou Nattyan plus tard.
« Elle est adorable, hein ? Rien que de la regarder me calme. »
Le dieu corrompu sourit à Carol. Un sourire presque paresseux, sans la solennité qu’il avait montrée quelques instants auparavant.
« Tout le monde penserait que tu la dragues, Gen. »
« Dégage de là. »
Une femme avec une coiffure courte apparut. Si j’avais bonne mémoire, cette coiffure s’appelait un « bob ». Le modèle préféré de Sayuki avait la même coupe de cheveux. Cette femme avait des yeux en amande et des lèvres rouge vif. Elle portait un costume similaire à celui de Sewatari, un choix vestimentaire rare par ici.
« Tu n’es pas censée travailler, Gen ? »
« Je suis occupé à admirer cette petite fille en ce moment. », répondit Gen.
« Tu devrais faire attention en disant des choses comme ça avec ton apparence. Toute personne raisonnable appellerait la police. »
J’avais failli hocher la tête pour acquiescer, mais je m’étais vite arrêté lorsque Gen me lança un regard noir.
« Tu es toujours si sérieuse, Un-chan. Peu importe dans quel monde on se retrouve ! »
« Je t’ai dit et répété de ne pas m’appeler comme ça. »
Sa voix basse et menaçante était presque noyée par le bruit du vent.
Le vent soufflait contre ma frange, si fortement que j’avais dû fermer les yeux. Je les avais rouverts et m’étais figé. Le pied de Un-chan était pressé contre la gorge de Gen. Elle avait dû donner un coup de pied pendant la seconde où j’avais les yeux fermés.
« Tu réagis de façon excessive ! Les dieux ne s’affrontent pas entre eux, tu te souviens ? »
Gen enroula une main autour de sa cheville, l’empêchant de l’étouffer.
« Nous nous disputons, nous ne nous battons pas. Je te donnais simplement un coup de pied pour m’avoir tapé sur les nerfs. »
Un-chan le regarda froidement, sans prendre la peine de baisser sa jambe.
En tant qu’humain, je ne savais pas comment désamorcer cette situation. Tout ce que je pouvais faire était de regarder en silence. J’avais mis Carol derrière moi et j’avais commencé à reculer vers les escaliers. Juste à ce moment, j’avais senti une main sur mon épaule. Je m’étais retourné pour trouver Sewatari qui fronçait les sourcils devant moi.
« Un-chan ! Gen-chan ! »
Sewatari fit un pas en avant et leur donna une pichenette sur le front.
« Vous vous ridiculisez devant les humains ! »
Le visage d’Un-chan rougit.
« Je suis désolée, Senpai. C’était déplacé de ma part. »
Elle baissa lentement sa jambe et lissa sa jupe. La violence avait complètement disparu de son comportement.
« Tu agis comme une sainte-nitouche maintenant parce qu’elle est venue ! », grogna Gen. Sewatari l’avait appelée « Un-chan », et elle ne l’avait pas corrigée. En fait, elle en avait l’air heureuse.
« Je sais que tu travailles dur, Un-chan, mais tu dois faire plus d’efforts pour t’entendre avec tes collègues. »
« Oui, madame. Je suis désolée, Gen… même si tu es un pédophile. »
« Salope ! »
Ce n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler des excuses.
« Heureuse de voir que vous vous êtes réconciliés. Au fait, Gen-chan… Yoshio-kun et Carol-chan sont des amis très chers, je suis sûre que tu ne leur causeras aucun problème. », dit Sewatari.
Elle souriait en parlant, mais son regard montrait une tout autre forme d’émotion.
« O-Oui », grommela Gen tout en pâlissant.
D’après les apparences, il n’aurait pas dû avoir peur de la fine Sewatari, mais c’était un dieu du plus haut rang, et elle le surpassait probablement. Alors qu’il s’éloignait en silence, je me sentais honnêtement un peu mal pour ce gars.
« C’est ton joueur, Senpai ? » demanda Un-chan gentiment en s’agitant.
Je n’arrivais pas à croire que c’était le même dieu qui venait de frapper Gen.
« Exact. »
« Ton joueur… »
Un-chan me regarda, je me sentis gelé devant son regard glacé. Pendant un instant, j’avais senti une flambée de haine intense focalisée sur moi, avant qu’elle ne disparaisse.
« Je dois me présenter. Je suis le dieu chargé de la fortune. Traite-moi comme une amie, tout comme tu le fais avec Senpai. Tu peux m’appeler Un-chan si tu veux, ou comme tu veux. »
Elle me sourit chaleureusement tout en me tendant la main.
Je ne pouvais pas oublier ce regard sinistre. J’avais tendu la main avec précaution, mais elle l’avait saisie et m’avait tiré en avant.
« Ne te familiarise pas trop avec Senpai. Compris ? » me chuchota-t-elle à l’oreille.
« O-Oui… »
Wôw, ne pense même pas l’appeler Un-chan. Plutôt Un-sama. Était-elle vraiment le Dieu de la Fortune ? En parlant de ça, Sewatari avait dit qu’elle jouait au Dieu de la Fortune lors de notre première rencontre, non ?
« Je suis heureuse de constater que vous vous entendiez bien. Ça te dérange de veiller sur ces deux-là, Un-chan ? S’assurer que personne ne les dérange ? »
« Bien sûr, Senpai. Je ferais n’importe quoi pour toi ! »
Elle lâcha immédiatement ma main comme si elle était sale et se précipita pour prendre celle de Sewatari.
Cela commence à être un peu tendancieux là…
Un-sama n’avait vraiment pas l’air d’aimer que je sois près de Sewatari. On dirait qu’elle ferait n’importe quoi pour le Dieu du Destin.
« Si vous voulez bien m’excuser, je dois me remettre au travail. »
Un-sama se retira dans le bureau du deuxième étage, jetant un coup d’œil par-dessus son épaule plusieurs fois en chemin.
Attends… le bureau du deuxième étage ? J’étais sûr qu’elle travaillait pour les grands dieux. Après tout, elle était en bons termes avec Sewatari et hostile envers ce seul dieu corrompu.
« Désolé que vous ayez eu à voir ça, surtout de la part de dieux. Comme je l’ai déjà dit, vous devez faire attention aux travailleurs du deuxième étage. Même s’ils semblent gentils, ils sont toujours nos ennemis. »
Est-ce que cela incluait Un-sama ? Je voulais le savoir, mais j’avais gardé le silence. Pas la peine de fourrer mon nez dans les affaires des dieux. Et même s’ils avaient l’air aussi humains que moi, ou s’ils me montraient de la gentillesse, je devais me rappeler qu’ils étaient des êtres d’une tout autre dimension.
*****
Nous avions réussi à travailler sans être interrompus, et à midi, nous avions terminé le nettoyage. J’avais rangé les outils et m’étais changée dans la salle du personnel de l’entretien. Puis nous nous étions dirigées vers le troisième étage pour faire notre rapport.
Carol et moi avions trouvé Sewatari assise à un bureau près de la fenêtre arrière, en plein travail. Je n’arrivais toujours pas à me rendre compte à quel point le bureau était immense. Nattyan avait expliqué que l’aura divine tordait l’espace, ce qui expliquait pourquoi il était si grand. J’avais juste hoché la tête et fis semblant de comprendre. J’avais essayé de compter le nombre de travailleurs ici, mais j’avais perdu le compte au bout de vingt et j’avais dû recommencer. Je ne pus jamais en faire le décompte intégral.
« On a fini de nettoyer. »
« Beau travail. Vous pouvez rentrer chez vous pour la journée. »
Sewatari me fit un signe de la main, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur.
Carol et moi avions incliné la tête et l’avions laissée à son travail. Nous nous étions arrêtées devant la porte du bureau pour récupérer Destiné, qui était recroquevillée sous le chauffage. Je l’avais rangé dans mon sac.
À l’extérieur du bâtiment, j’avais expiré un long panache de brouillard blanc. Nous étions arrivés à Hokkaido il y a cinq jours, et je n’étais toujours pas habitué au froid, même si le fait de voir de la neige tous les jours lui faisait perdre sa nouveauté. Le paysage couvert de blanc semblait parfaitement normal maintenant.
« Faisons une bataille de boules de neige plus tard, Yoshio ! »
Carol était toujours fascinée par la neige, elle courait partout avec excitation. Je suppose qu’elle n’avait plus beaucoup de temps pour en profiter. Sewatari avait dit que Carol pourrait retourner dans son monde dans environ quatre ou cinq jours. Comme nous étions arrivés à Isekai Connection il y a trois jours, c’était demain au plus tôt. C’était la dernière journée de Carol à la neige. Je pouvais supporter le froid.
« Très bien, déposons nos affaires à l’hôtel, puis nous ferons une bataille de boules de neige. »
« Oui ! »
Le temps qu’il me restait avec Carol était limité. J’avais décidé de jouer avec elle autant que je le pouvais, jusqu’à ce que je n’aie plus d’énergie ou qu’elle s’ennuie.
merci pour le chapitre