Chapitre 22 : L’amie d’une poupée
Partie 2
En continuant à être mise en doute, Mana pourrait être aux côtés du Maître. Si elle le faisait, sa relation continuerait sûrement.
Cependant, comme substitut à cela, leur relation, quelle qu’elle soit, ne s’approfondirait jamais.
« Même si tu restes douteuse pour lui, cela ne te dérange pas. Tu le fais rester aux côtés du Maître. Tu n’héberges que cette pensée envers le Maître. Et, parce qu’une pensée comme ça est présente en toi, tu fais des efforts sans vouloir de récompenses du Maître, n’est-ce pas ? » demandai-je.
C’était peut-être un sentiment semblable à celui d’une prière.
Mais, il y avait une possibilité que le Maître surmonte sa méfiance envers les autres humains avec ce qui était arrivé à Mana.
S’il en était arrivé là, la relation serait bientôt terminée. Par la suite, il ne resterait plus que la fille dont il continuait à douter.
Je ne pouvais pas me taire et regarder quelque chose comme ça.
« Tu dois sûrement avoir des sentiments très forts envers le Maître. Malgré cela, pourquoi ignores-tu tes propres sentiments ? N’était-ce pas toi-même qui m’as dit “Ne tue pas ton propre cœur” ? » demandai-je.
Même sans utiliser une telle méthode, Mana devrait être capable d’être aux côtés du Maître.
Je n’osais pas penser que Mana ne faisait que tourner le dos au bonheur et choisir la voie du désavantage.
Si elle ne voulait pas partir, elle aurait dû dire « je ne veux pas partir ».
Si elle avait des sentiments particuliers envers le Maître, alors elle aurait dû le lui dire.
Contrairement à moi, Mana aurait dû être consciente de ses propres sentiments. Alors, elle aurait dû pouvoir les lui dire à n’importe quel moment.
« Pour une raison ou une autre, je te comprends. Mana, les sentiments que tu as envers le Maître ne sont-ils pas les mêmes que les miens ? » demandai-je.
— Travaillons dur pour que tes souhaits se réalisent.... parce que les souhaits de Rose-san, sont quelque chose qui peut être accordé.
Je m’étais souvenue des mots que Mana avait dits avant.
Si mes souhaits pouvaient être exaucés, alors lesquels ne pourraient-ils pas l’être aussi pour elle ?
Qui avait vraiment abandonné ? Pourquoi sympathisait-elle avec notre famille ? Qu’est-ce que cela signifiait d’être jaloux qu’on ait parlé encore et encore ?
Si on en poussait l’analyse encore plus loin, même ce tour qui repoussait l’arachnide blanche qui « poussait le bonheur hors d’atteinte et lui brisait le cœur », n’était-ce pas le résultat d’une façon de penser masochiste dans une certaine mesure ?
Si c’était comme ça, la fille nommée Mana Kato était trop pitoyable. Je ne pouvais pas l’abandonner. C’est pourquoi — ...
« Mana. Que penses-tu du Maître ? » demandai-je.
J’avais posé une question à la fille qui n’avait pas essayé de dire ses sentiments.
« ..., » Mana me regarda fixement avec des yeux comme si elle analysait quelque chose.
Moi aussi, j’avais regardé ces yeux. Je n’avais pas prévu d’abandonner ici.
Après ça, Mana avait soudainement fait flotter un sourire sur sa bouche. « ... Pour le dire franchement, je suis choquée. »
C’était un sourire inhabituellement transparent, qui ne faisait pas partie des sourires lugubres qui la caractérisaient.
... Malgré cela, je ne pouvais pas voir son but.
Pourquoi son visage doux et souriant était-il le même que lorsqu’elle regardait la forteresse ? J’avais eu un malaise en moi.
« Je ne m’attendais pas à ce que toi, qui ait crié “je ne comprends pas les subtilités du cœur humain”, et “je ne sais rien à propos du Maître”, remarque aussi vite mon état, » déclara Mana.
« ... Ce n’est pas si surprenant, tu sais. En réalité, j’ai encore du chemin à faire, » répondis-je.
Mon imperfection était quelque chose que je comprenais le mieux.
« Mais Mana, tu m’as appris toutes ces choses, » déclarai-je.
« Je vois. Parce que l’autre partie était moi, Rose-san, tu as pu le remarquer. D’une certaine façon, c’est une conversation un peu embarrassante, hein, » déclara Mana.
Mana était ma professeur, la personne la plus proche de moi, c’est pourquoi, même moi, je pouvais approcher ses vérités intérieures.
En plus, il y avait autre chose. Mana n’avait pas essayé de me tromper.
Il aurait été impossible pour Mana d’essayer de faire des choses comme utiliser des mots pour me piéger et me mener par le bout du nez.
Qu’elle ne l’ait pas fait, c’était là la sincérité dont elle avait fait preuve. En tant qu’amie, Mana me faisait face. Ce n’était pas une erreur d’avoir répondu à elle qui m’avait dit « je veux être amie »... Quand je pensais ça, je ne pouvais pas l’ignorer.
Peut-être Mana comprenait-elle exactement mes pensées les plus intimes de cette façon. Un sourire légèrement ironique s’était mélangé au sourire normal présent sur sa bouche.
« Qu’est-ce que je pense de Majima-senpai ? » se demanda Mana à voix haute.
En murmurant cela, Mana avait mis ses mains ensemble dans son dos et elle fit tourner tout son corps.
Ce qui se reflétait dans ses yeux, c’était la forteresse qui était vue de haut depuis là où nous nous trouvions.
« Ce n’est pas si difficile. Je pense que c’est une raison courante, et plutôt médiocre, » déclara Mana.
Mana, qui avait son sourire habituel qui peut ou ne peut pas être là sur sa bouche et qui avait laissé sortir cette aura quelque peu éphémère, m’avait parlé.
« Mais Rose-san, tu ne l’as peut-être pas encore compris. Quel genre de sentiments une fille, qui a été sauvée alors qu’elle vivait des expériences cruelles, la pire de toute sa vie, possède-t-elle envers le garçon qui l’a sauvée ? C’est-à-dire..., » déclara Mana.
Si on la touchait avec insouciance, elle casserait. Si j’éloignais mes yeux d’elle, elle disparaîtrait. L’atmosphère qui régnait sur elle était d’une transparence lugubre et inquiétante, délicate et minuscule, même dans des circonstances normales.
Mais, devant la fille en danger comme ça, je ne pouvais rien dire.
C’est parce que, comme l’avait dit Mana, je « ne comprends pas »...
Même maintenant, je n’avais pas encore saisi ce sentiment en moi. Je ne pouvais donc pas dire les mots se trouvant à l’intérieur du cœur de Mana, qui avait le même sentiment que moi.
Si on me disait : « Tu ne comprendras pas », je ne pouvais rien faire d’autre que me taire. Mana avait tourné sa tête vers un être comme moi.
« Je n’ai pas l’intention de transmettre ce sentiment à Majima-senpai, » déclara Mana.
« Mais ! Pourquoi... ! » m’écriai-je.
« Je ne veux pas le dire, » Mana m’avait dit ça d’une voix paisible, mais avec un ton amer. Cette sérénité semblait traduire la résignation de Mana, et je n’avais pas pu garder mon calme.
« Mais, pourquoi ça ? Tu sais que c’est important, tu me l’as appris, et pourtant, pourquoi... !? » demandai-je.
« Parce que je n’ai que ça, » déclara Mana.
Mana n’avait pas arrêté son faible sourire.
« Je ne suis pas quelqu’un de fort. Si c’était vrai, je penserais que mourir dans le chaos de la colonie où tout s’est terminé ce jour-là serait justifié, » déclara Mana.
J’avais regardé cette expression faciale de Mana... aah. Mon moi actuel l’avait remarqué.
Les blessures présentes dans son cœur après sa venue au monde n’avaient pas du tout guéri.
« Et pourtant, j’ai survécu grâce à Majima-senpai. Mizushima-senpai est morte, et alors que j’aurais dû mourir dans ce refuge. J’ai pu vivre un moment grâce à Majima-senpai cette fois. Mais, ce qui était en moi a presque disparu à ce moment-là, » déclara-t-elle.
Après avoir rencontré des expériences cruelles et désespérantes, la jeune fille nommée Mana Katō n’était pas assez forte pour se rétablir.
Au contraire, ceux qu’on appelle les « humains » pouvaient ne pas être capables d’être aussi forts.
Si elle avait vécu une catastrophe qui l’avait ainsi traumatisé, elle pourrait aussi choisir sa propre mort.
Tant qu’elle n’avait pas cette volonté, il était naturel qu’elle ne se rétablisse plus jamais.
Très peu de gens seraient encore capables de se tenir debout, alimentés uniquement par le ressentiment, mais moins encore auraient été capables de continuer à porter ces blessures. Si tu pouvais rire et pardonner, tu serais un héros, et si tu ne ressentais rien, tu serais un monstre.
Dans un sens comme ça, Mana était normale. C’était une fille banale et naturellement délicate.
La jeune fille nommée « Mana Katō », qui était autrefois faible et délicate, était morte dans cette cabane enfouie dans la forêt.
Son cœur battait peut-être. Elle respirait peut-être aussi. Il y avait probablement aussi de la chaleur sur sa peau. Mais, elle avait perdu la chose la plus importante.
... Son cœur était mort.
« Majima-senpai a guidé Lily-san et d’autres, et il m’a sauvée. La mort de Mizushima-senpai, le mal qui l’a conduite à la mort et l’intention de tuer ont été pour la première fois pris au sérieux par le caractère déraisonnable qui s’est répandu dans le monde. Il y avait différentes choses présentes, et il y en avait trop jusque-là, alors le cœur de Senpai devrait être gelé... Et pourtant, Senpai s’est inquiété pour moi dès le départ. La toute première chose qu’il a faite a été de venir à mes côtés. À cette époque, j’avais l’impression d’avoir touché le cœur de Senpai, » déclara Mana.
Mana secoua la tête en balançant ses tresses.
« Bien sûr, une telle chose est une illusion. Je comprends bien cela, parce que je suis une humaine. Une telle illusion peut même être une conversation désagréable pour toi, Rose-san, qui est un membre de sa famille. ... Mais, même si c’est une illusion, c’est bien. Pour moi, qui ai tout perdu et qui suis devenue vide, c’est la seule chaleur à laquelle je peux m’accrocher, » déclara Mana.
Mana avait posé ses mains sur sa poitrine.
Elle le faisait comme pour se souvenir du sentiment qui était sûrement là-dedans.
« À cette époque, quelque chose est né dans le vide présent en moi. Je ne savais pas ce que c’était au début, mais je pensais qu’il ne s’agissait pas de quelque chose lié à cette personne. Quand j’ai pu m’en rendre compte, c’est cette nuit-là que Gerbera-san a attaqué. Une fois que je m’en suis rendu compte, je n’ai plus eu d’autre choix que d’agir. Et maintenant, je suis là, » déclara Mana.
Elle avait été piétinée, bouleversée, et une fois son intérieur mort, seul son corps qui aurait dû mourir juste après avoir perdu son cœur avait survécu après cela.
La jeune fille qui était vide nourrissait « un certain sentiment » envers le garçon qui l’avait sauvée.
C’était devenu sa force motrice, et la chose qui n’aurait pas dû bouger avait commencé à bouger comme si de rien n’était.
L’état actuel d’une telle Mana ressemblait à notre famille de monstres dans un certain sens.
La différence, c’est sûr, c’était que ce n’était pas quelque chose qui n’avait pas été perdu dès le début, ou non présent.
Après tout, Mana avait perdu un peu d’elle. Si on n’avait rien, on ne perdrait rien. C’est pourquoi la Mana actuelle était forte, au point de vaincre le cœur de Grande Soeur Lily, et de se tenir devant l’ancienne arachnée blanche Gerbera sans avoir peur.
Pour elle, qui était déjà morte, rien ne lui faisait peur. Même si c’était juste son cadavre qui bougeait, c’était une aubaine. C’était comme si pour elle, elle était déjà morte. Elle n’avait pas d’attaches persistantes. Elle n’avait pas de ténacité. Il n’y avait pas une seule existence pour garder son âme dans ce monde. N’ayant pas peur ou hésitant, ne bougeant pas un sourcil même si la destruction montrait le bout de son nez, Mana continuait à avancer vers son but.
Alors, cela donnait l’impression qu’elle était un monstre, un « cadavre vivant » qui continuait à marcher droit vers son but avec un seul sentiment de motivation dans sa poitrine. J’étais sûre que c’était les vraies couleurs du « monstre » appelé Mana Katō.
« Si je le perdais, alors c’est sûr que je reviendrai au cadavre que j’étais à l’origine. Si je lui dis ce que je ressens et qu’il me rejette, cela sera fini pour moi, » déclara Mana.
« Est-ce pour ça que tu ne veux pas dire tes pensées au Maître ? Mana, es-tu d’accord avec ça... ? » lui demandai-je.
« Tout va bien, c’est le meilleur résultat, n’est-ce pas ? » Mana me l’avait dit si sérieusement.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.
Toutes cette discussion me saoules à un point c’est terrible