Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 9 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Le village de récupération elfique

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Chapitre 5 : Le village de récupération elfique

Partie 1

Après avoir quitté Diospyro, nous avions retrouvé Lily et Gerbera, qui nous attendaient à l’extérieur de la ville, puis nous nous étions dirigés vers l’ouest en direction du village de Leah. Cinq elfes du village de récupération, dont Léa, nous accompagnaient. Chacun d’eux portait une armure légère, une épée à la taille, un bouclier et un arc. Il n’était pas rare que les villageois portent des armes à Aker, où une éthique militariste animait la nation, mais les voir si bien armés leur donnait l’air de soldats. Ils étaient en état d’alerte à cause de la saison de reproduction des lièvres azurés.

Leah et les autres elfes étaient venus en ville pour s’approvisionner en marchandises pendant qu’ils demandaient de l’aide, ils avaient donc aussi leur propre manamobile. Nos deux véhicules s’ébranlèrent sur un chemin étroit, l’un derrière l’autre. Pendant le trajet, Shiran et Kei discutaient paisiblement avec les villageois.

Dans la plupart des cas, les habitants des villages de récupération elfique d’Aker étaient consanguins — ils venaient tous d’une même tribu. En d’autres termes, tous les villageois étaient des parents de sang de la famille du chef. Comme Shiran et Kei étaient des parents de sang de Leah, ils étaient également apparentés aux autres villageois.

Shiran était revenue après être devenue lieutenante dans les Chevaliers de l’Alliance, et des sauveurs l’accompagnaient, si bien que les elfes qui voyageaient avec nous étaient naturellement curieux de toutes sortes de choses. Cependant, contrairement à Shiran et Kei, qui s’entendaient bien avec les elfes, Gerbera et Ayame devaient rester cachées à l’intérieur de la manamobile. J’étais un peu anxieux avec les elfes si proches, mais Lobivia était restée avec elles tout le temps, ayant pris sur elle d’éviter tout problème.

« Lobiviaaaa ! Le dîner est prêt », appela Lily.

« J’ai compris. J’arrive tout de suite. »

Pendant le voyage, Lobivia ne sortait du véhicule que lorsqu’elle avait quelque chose à faire, et elle gardait ses ailes cachées dans son sac à dos. Elle devait garder ses ailes à l’abri des regards, et rester avec Gerbera et Ayame lui permettait de les déployer. Par-dessus tout, elle avait peur des étrangers, alors elle était plus détendue de cette façon.

Les elfes semblaient un peu soupçonner que Gerbera n’était pas sortie, sauf pour passer la tête hors du véhicule pour les saluer, mais sa beauté jouait en sa faveur dans ce cas. Enfin, je n’étais pas sûr que ce soit une bonne chose. En résumé, les elfes pensaient que Gerbera était « la maîtresse protégée du grand sauveur. »

C’était un soupçon injuste, mais il n’était pas tout à fait faux. Je ne voulais pas que ce malentendu fausse nos relations avec les elfes d’une manière ou d’une autre, mais cela ne semblait pas poser de problème, alors je ne les avais pas corrigés. D’ailleurs, Gerbera était vraiment heureuse d’apprendre qu’ils la traitaient comme ma maîtresse. Son bonheur me mettait aussi de bonne humeur. Cela dit, quelle que soit l’interprétation des villageois, aucun d’entre eux n’avait été assez impoli pour entrer dans la manamobile d’un sauveur sans sa permission, alors j’aurais pu m’inquiéter inutilement et faire des réflexions exagérées.

En revanche, la garde de nuit était devenue un peu problématique. Normalement, Lily, Rose et Shiran, qui n’avaient pas besoin de dormir, montaient la garde. Cela aurait semblé inhabituel à ceux qui ne connaissaient pas notre situation, alors nous nous étions relayées avec les elfes pour la garde de nuit.

Shiran avait l’habitude de patrouiller dans les environs pendant son temps libre, la nuit, mais comme elle devait se relayer et faire semblant de dormir, nous avions dû y mettre fin pour le moment. Elle n’avait patrouillé que pour s’assurer que nous étions absolument en sécurité, et elle l’avait fait de son propre chef, alors sauter cette étape n’était pas forcément un problème.

Notre voyage s’est poursuivi ainsi, et deux jours après avoir quitté Diospyro, nous avons ressenti un picotement dans l’air — l’atmosphère unique des Terres forestières. Le lendemain, nous étions arrivés à notre destination, Rapha, où les elfes du village avaient accueilli Shiran et Kei à bras ouverts.

« Oh ! Lady Shiran ! Bienvenue ! »

« J’ai entendu dire que tu étais devenu un splendide chevalier. Tu n’étais que de cette taille lors de notre dernière rencontre. »

« Tu es une si belle femme maintenant. Je parie que les hommes ne peuvent plus te laisser tranquille. »

« Lady Kei, vous avez tellement grandi. »

Les elfes les accueillaient avec affection, respect et chaleur. Les chefs de famille des villages elfiques produisaient des chevaliers en grand nombre, et c’était le devoir d’un chevalier de traverser les dangereuses Terres forestières et de protéger l’humanité des monstres. En tant que représentants de leurs villages, les chevaliers portaient une lourde responsabilité et étaient donc très respectés.

« Tu sais quoi, Maître ? Ce genre de chose est vraiment agréable, hein ? » dit Lily.

« Oui, c’est le cas. »

J’étais tout à fait d’accord. Je m’étais souvenu du profil de Shiran dans ce mausolée souterrain. C’était ce qu’elle avait mis sa vie à protéger. À mes yeux, le village elfique ressemblait à une grande famille.

Juste à ce moment-là, quelqu’un cria à une courte distance.

« Aaah ! Tu es vraiment revenue ! »

L’oratrice était une fille aux cheveux blonds attachés bas dans le dos. Elle avait l’air un peu plus jeune que Shiran.

« Helena, » dit Shiran, les yeux écarquillés.

« Qu’est-ce qui se passe, Shiran ? Pourquoi es-tu revenue ? », cria la fille appelée Helena en s’approchant de nous.

« Qui est-ce ? » avais-je demandé.

« C’est la petite-fille de tante Leah, Helena », répondit Shiran alors que sa surprise se transformait en joie. « C’est mon ancienne camarade de jeu et une bonne amie. »

« Je ne le suis pas ! » grogna Helena.

« C’est ce qu’elle dit », avais-je fait remarquer.

« Je nous considère comme des amies, cependant », dit Shiran, le sourire troublé. « C’est bon de te revoir, Helena. Cela fait cinq ans maintenant, n’est-ce pas ? T’es-tu bien débrouillée ? »

« Évidemment ! Je vais devenir chevalier ! » Le regard inflexible d’Helena s’arrêta sur l’œilleton de Shiran. Son expression devint anxieuse l’espace d’un instant avant qu’elle ne se remette à hurler de façon endiablée. « Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que c’est que ce cache-œil !? »

« Il s’est passé beaucoup de choses », répondit Shiran en forçant un sourire et en gardant une expression neutre.

Elles étaient toutes les deux très amicales, même si Helena semblait brûler d’un sentiment de rivalité. La plus jeune des elfes enfonça son doigt avec tant de vigueur que je pouvais pratiquement entendre une sorte d’effet sonore comique l’accompagner.

« C’est la seule fois où tu peux te la jouer cool comme ça ! Je te défie, Shiran ! Je vais te faire pleurer avec mon — Aïe !? »

« Espèce d’idiote. Tu te tiens devant des invités. Qu’est-ce que tu fais ? » demanda un homme en abattant son poing sur la tête de la jeune fille hargneuse. « Bon sang. Pourrais-tu apprendre à rester calme ? »

L’homme se tourna vers moi et ignora Helena qui s’accroupissait sur le sol en proie à la douleur. Les autres elfes étaient si costauds qu’on aurait pu se demander s’il ne s’agissait pas de simples villageois, mais cet homme était particulièrement costaud et se distinguait nettement parmi eux.

« Bienvenue dans notre maison, Takahiro, Mana. Je m’appelle Melvin. J’occupe le poste de chef de village ici. »

En d’autres termes, il était le mari de Leah. Leah, qui était allée le chercher, se tenait à ses côtés. Shiran m’avait dit qu’en dépit de son incapacité à conclure un contrat avec un esprit, Melvin était un combattant extrêmement talentueux. La vieille cicatrice qui courait sur sa joue témoignait des batailles qu’il avait menées pour protéger ce village.

« On m’a dit que vous étiez venu jusqu’à cette région reculée après avoir entendu parler de notre situation critique. Je ne saurais trop vous remercier, monsieur. Notre village est peut-être un peu rustique pour des sauveurs, mais nous mettrons tout en œuvre pour vous recevoir. »

« Aah, ce genre de choses ne me dérange pas. De même, merci de nous permettre de rester ici un petit moment. »

Ma rencontre avec Melvin s’était déroulée sans problème, sauf pour la fille qui était devenue toute pâle et qui avait crié : « Un sauveur !? Qu’est-ce que j’ai fait ? » pendant que nous parlions, mais j’avais décidé de laisser cela à Shiran pour plus tard.

De plus, il me semblait bon de renforcer le fait que nous n’avions pas besoin d’une réception grandiose après notre voyage. Sur ce, nous avions terminé nos présentations et je m’étais excusé, demandant à Leah de nous guider jusqu’à la maison inoccupée qu’ils nous prêtaient. Après avoir déposé nos bagages, je m’étais dirigé vers la maison du chef avec Lily et Shiran.

« Quand j’étais enfant, j’ai vécu dans ce village pendant environ une demi-année », dit Shiran alors que nous marchons. « C’est là que j’ai rencontré Helena. Elle me tenait souvent compagnie pendant l’entraînement à l’épée. Elle m’a manquée. »

« Quand tu étais enfant ? Comment étais-tu à l’époque ? » avais-je demandé.

« Hmm… C’est difficile à dire, vu que c’est de moi qu’il s’agit, mais j’étais peut-être un peu comme Kei l’est maintenant. Ou pas. Je crois que j’étais un peu plus enfantine qu’elle. »

« Hmm. Une Shiran enfantine ? J’aurais bien aimé voir ça. »

Alors que nous parlions de ces choses, nous étions arrivés à la maison du chef. Ils nous avaient offert un dîner, et après cela, j’avais demandé à tous les habitants du village de se rassembler pour commencer les préparatifs en vue de supprimer les lièvres azurés.

« Alors, mon oncle, quelle est la situation ? » demanda Shiran à Melvin.

« Honnêtement, c’est plutôt mauvais. Nous en sommes au point où nous avons commencé à discuter de l’évacuation des plus jeunes vers Kehdo. »

« À ce point… »

« Je n’ai pas l’intention d’abandonner le village, mais je ne pense pas que nous puissions tenir le coup. Si vous êtiez venu juste un demi-mois plus tard, notre village aurait peut-être déjà disparu. »

Ce n’est pas comme si les autres villages pouvaient accueillir tout le monde. Les elfes de Rapha avaient décidé de se battre jusqu’au bout pour protéger le village tout en envoyant autant de personnes que les villages voisins pouvaient en accepter. C’était dur, mais telle était la réalité pour les elfes vivant dans les Terres forestières.

« Dans ce cas, nous devons être prêts à agir le plus rapidement possible », conclut Shiran.

L’opération devait avoir lieu demain et durer plusieurs jours. Shiran demanda l’aide d’une dizaine de villageois, ce qui me surprit.

« Hé, Shiran ? Ne peut-on pas le faire tout seul ? » avais-je demandé.

Je m’inquiétais des défenses du village si nous n’étions pas là. Amener les villageois qui pouvaient se battre avec nous signifiait qu’il y en aurait moins pour protéger le village. Cela me semblait trop risqué. Les lièvres azurés étaient des monstres de la Frange. S’ils faisaient partie des monstres les plus faibles, nous pourrions les vaincre tous seuls.

Shiran secoua la tête. « Non. Ils sont une force nécessaire. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Nous ne pouvons pas simplement chasser les monstres à l’aveuglette pendant la période de reproduction. »

J’avais hoché la tête, alors Shiran donna plus de détails.

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