Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 9 – Chapitre 5

Bannière de Monster no Goshujin-sama (LN) ***

Chapitre 5 : Le village de récupération elfique

***

Chapitre 5 : Le village de récupération elfique

Partie 1

Après avoir quitté Diospyro, nous avions retrouvé Lily et Gerbera, qui nous attendaient à l’extérieur de la ville, puis nous nous étions dirigés vers l’ouest en direction du village de Leah. Cinq elfes du village de récupération, dont Léa, nous accompagnaient. Chacun d’eux portait une armure légère, une épée à la taille, un bouclier et un arc. Il n’était pas rare que les villageois portent des armes à Aker, où une éthique militariste animait la nation, mais les voir si bien armés leur donnait l’air de soldats. Ils étaient en état d’alerte à cause de la saison de reproduction des lièvres azurés.

Leah et les autres elfes étaient venus en ville pour s’approvisionner en marchandises pendant qu’ils demandaient de l’aide, ils avaient donc aussi leur propre manamobile. Nos deux véhicules s’ébranlèrent sur un chemin étroit, l’un derrière l’autre. Pendant le trajet, Shiran et Kei discutaient paisiblement avec les villageois.

Dans la plupart des cas, les habitants des villages de récupération elfique d’Aker étaient consanguins — ils venaient tous d’une même tribu. En d’autres termes, tous les villageois étaient des parents de sang de la famille du chef. Comme Shiran et Kei étaient des parents de sang de Leah, ils étaient également apparentés aux autres villageois.

Shiran était revenue après être devenue lieutenante dans les Chevaliers de l’Alliance, et des sauveurs l’accompagnaient, si bien que les elfes qui voyageaient avec nous étaient naturellement curieux de toutes sortes de choses. Cependant, contrairement à Shiran et Kei, qui s’entendaient bien avec les elfes, Gerbera et Ayame devaient rester cachées à l’intérieur de la manamobile. J’étais un peu anxieux avec les elfes si proches, mais Lobivia était restée avec elles tout le temps, ayant pris sur elle d’éviter tout problème.

« Lobiviaaaa ! Le dîner est prêt », appela Lily.

« J’ai compris. J’arrive tout de suite. »

Pendant le voyage, Lobivia ne sortait du véhicule que lorsqu’elle avait quelque chose à faire, et elle gardait ses ailes cachées dans son sac à dos. Elle devait garder ses ailes à l’abri des regards, et rester avec Gerbera et Ayame lui permettait de les déployer. Par-dessus tout, elle avait peur des étrangers, alors elle était plus détendue de cette façon.

Les elfes semblaient un peu soupçonner que Gerbera n’était pas sortie, sauf pour passer la tête hors du véhicule pour les saluer, mais sa beauté jouait en sa faveur dans ce cas. Enfin, je n’étais pas sûr que ce soit une bonne chose. En résumé, les elfes pensaient que Gerbera était « la maîtresse protégée du grand sauveur. »

C’était un soupçon injuste, mais il n’était pas tout à fait faux. Je ne voulais pas que ce malentendu fausse nos relations avec les elfes d’une manière ou d’une autre, mais cela ne semblait pas poser de problème, alors je ne les avais pas corrigés. D’ailleurs, Gerbera était vraiment heureuse d’apprendre qu’ils la traitaient comme ma maîtresse. Son bonheur me mettait aussi de bonne humeur. Cela dit, quelle que soit l’interprétation des villageois, aucun d’entre eux n’avait été assez impoli pour entrer dans la manamobile d’un sauveur sans sa permission, alors j’aurais pu m’inquiéter inutilement et faire des réflexions exagérées.

En revanche, la garde de nuit était devenue un peu problématique. Normalement, Lily, Rose et Shiran, qui n’avaient pas besoin de dormir, montaient la garde. Cela aurait semblé inhabituel à ceux qui ne connaissaient pas notre situation, alors nous nous étions relayées avec les elfes pour la garde de nuit.

Shiran avait l’habitude de patrouiller dans les environs pendant son temps libre, la nuit, mais comme elle devait se relayer et faire semblant de dormir, nous avions dû y mettre fin pour le moment. Elle n’avait patrouillé que pour s’assurer que nous étions absolument en sécurité, et elle l’avait fait de son propre chef, alors sauter cette étape n’était pas forcément un problème.

Notre voyage s’est poursuivi ainsi, et deux jours après avoir quitté Diospyro, nous avons ressenti un picotement dans l’air — l’atmosphère unique des Terres forestières. Le lendemain, nous étions arrivés à notre destination, Rapha, où les elfes du village avaient accueilli Shiran et Kei à bras ouverts.

« Oh ! Lady Shiran ! Bienvenue ! »

« J’ai entendu dire que tu étais devenu un splendide chevalier. Tu n’étais que de cette taille lors de notre dernière rencontre. »

« Tu es une si belle femme maintenant. Je parie que les hommes ne peuvent plus te laisser tranquille. »

« Lady Kei, vous avez tellement grandi. »

Les elfes les accueillaient avec affection, respect et chaleur. Les chefs de famille des villages elfiques produisaient des chevaliers en grand nombre, et c’était le devoir d’un chevalier de traverser les dangereuses Terres forestières et de protéger l’humanité des monstres. En tant que représentants de leurs villages, les chevaliers portaient une lourde responsabilité et étaient donc très respectés.

« Tu sais quoi, Maître ? Ce genre de chose est vraiment agréable, hein ? » dit Lily.

« Oui, c’est le cas. »

J’étais tout à fait d’accord. Je m’étais souvenu du profil de Shiran dans ce mausolée souterrain. C’était ce qu’elle avait mis sa vie à protéger. À mes yeux, le village elfique ressemblait à une grande famille.

Juste à ce moment-là, quelqu’un cria à une courte distance.

« Aaah ! Tu es vraiment revenue ! »

L’oratrice était une fille aux cheveux blonds attachés bas dans le dos. Elle avait l’air un peu plus jeune que Shiran.

« Helena, » dit Shiran, les yeux écarquillés.

« Qu’est-ce qui se passe, Shiran ? Pourquoi es-tu revenue ? », cria la fille appelée Helena en s’approchant de nous.

« Qui est-ce ? » avais-je demandé.

« C’est la petite-fille de tante Leah, Helena », répondit Shiran alors que sa surprise se transformait en joie. « C’est mon ancienne camarade de jeu et une bonne amie. »

« Je ne le suis pas ! » grogna Helena.

« C’est ce qu’elle dit », avais-je fait remarquer.

« Je nous considère comme des amies, cependant », dit Shiran, le sourire troublé. « C’est bon de te revoir, Helena. Cela fait cinq ans maintenant, n’est-ce pas ? T’es-tu bien débrouillée ? »

« Évidemment ! Je vais devenir chevalier ! » Le regard inflexible d’Helena s’arrêta sur l’œilleton de Shiran. Son expression devint anxieuse l’espace d’un instant avant qu’elle ne se remette à hurler de façon endiablée. « Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que c’est que ce cache-œil !? »

« Il s’est passé beaucoup de choses », répondit Shiran en forçant un sourire et en gardant une expression neutre.

Elles étaient toutes les deux très amicales, même si Helena semblait brûler d’un sentiment de rivalité. La plus jeune des elfes enfonça son doigt avec tant de vigueur que je pouvais pratiquement entendre une sorte d’effet sonore comique l’accompagner.

« C’est la seule fois où tu peux te la jouer cool comme ça ! Je te défie, Shiran ! Je vais te faire pleurer avec mon — Aïe !? »

« Espèce d’idiote. Tu te tiens devant des invités. Qu’est-ce que tu fais ? » demanda un homme en abattant son poing sur la tête de la jeune fille hargneuse. « Bon sang. Pourrais-tu apprendre à rester calme ? »

L’homme se tourna vers moi et ignora Helena qui s’accroupissait sur le sol en proie à la douleur. Les autres elfes étaient si costauds qu’on aurait pu se demander s’il ne s’agissait pas de simples villageois, mais cet homme était particulièrement costaud et se distinguait nettement parmi eux.

« Bienvenue dans notre maison, Takahiro, Mana. Je m’appelle Melvin. J’occupe le poste de chef de village ici. »

En d’autres termes, il était le mari de Leah. Leah, qui était allée le chercher, se tenait à ses côtés. Shiran m’avait dit qu’en dépit de son incapacité à conclure un contrat avec un esprit, Melvin était un combattant extrêmement talentueux. La vieille cicatrice qui courait sur sa joue témoignait des batailles qu’il avait menées pour protéger ce village.

« On m’a dit que vous étiez venu jusqu’à cette région reculée après avoir entendu parler de notre situation critique. Je ne saurais trop vous remercier, monsieur. Notre village est peut-être un peu rustique pour des sauveurs, mais nous mettrons tout en œuvre pour vous recevoir. »

« Aah, ce genre de choses ne me dérange pas. De même, merci de nous permettre de rester ici un petit moment. »

Ma rencontre avec Melvin s’était déroulée sans problème, sauf pour la fille qui était devenue toute pâle et qui avait crié : « Un sauveur !? Qu’est-ce que j’ai fait ? » pendant que nous parlions, mais j’avais décidé de laisser cela à Shiran pour plus tard.

De plus, il me semblait bon de renforcer le fait que nous n’avions pas besoin d’une réception grandiose après notre voyage. Sur ce, nous avions terminé nos présentations et je m’étais excusé, demandant à Leah de nous guider jusqu’à la maison inoccupée qu’ils nous prêtaient. Après avoir déposé nos bagages, je m’étais dirigé vers la maison du chef avec Lily et Shiran.

« Quand j’étais enfant, j’ai vécu dans ce village pendant environ une demi-année », dit Shiran alors que nous marchons. « C’est là que j’ai rencontré Helena. Elle me tenait souvent compagnie pendant l’entraînement à l’épée. Elle m’a manquée. »

« Quand tu étais enfant ? Comment étais-tu à l’époque ? » avais-je demandé.

« Hmm… C’est difficile à dire, vu que c’est de moi qu’il s’agit, mais j’étais peut-être un peu comme Kei l’est maintenant. Ou pas. Je crois que j’étais un peu plus enfantine qu’elle. »

« Hmm. Une Shiran enfantine ? J’aurais bien aimé voir ça. »

Alors que nous parlions de ces choses, nous étions arrivés à la maison du chef. Ils nous avaient offert un dîner, et après cela, j’avais demandé à tous les habitants du village de se rassembler pour commencer les préparatifs en vue de supprimer les lièvres azurés.

« Alors, mon oncle, quelle est la situation ? » demanda Shiran à Melvin.

« Honnêtement, c’est plutôt mauvais. Nous en sommes au point où nous avons commencé à discuter de l’évacuation des plus jeunes vers Kehdo. »

« À ce point… »

« Je n’ai pas l’intention d’abandonner le village, mais je ne pense pas que nous puissions tenir le coup. Si vous êtiez venu juste un demi-mois plus tard, notre village aurait peut-être déjà disparu. »

Ce n’est pas comme si les autres villages pouvaient accueillir tout le monde. Les elfes de Rapha avaient décidé de se battre jusqu’au bout pour protéger le village tout en envoyant autant de personnes que les villages voisins pouvaient en accepter. C’était dur, mais telle était la réalité pour les elfes vivant dans les Terres forestières.

« Dans ce cas, nous devons être prêts à agir le plus rapidement possible », conclut Shiran.

L’opération devait avoir lieu demain et durer plusieurs jours. Shiran demanda l’aide d’une dizaine de villageois, ce qui me surprit.

« Hé, Shiran ? Ne peut-on pas le faire tout seul ? » avais-je demandé.

Je m’inquiétais des défenses du village si nous n’étions pas là. Amener les villageois qui pouvaient se battre avec nous signifiait qu’il y en aurait moins pour protéger le village. Cela me semblait trop risqué. Les lièvres azurés étaient des monstres de la Frange. S’ils faisaient partie des monstres les plus faibles, nous pourrions les vaincre tous seuls.

Shiran secoua la tête. « Non. Ils sont une force nécessaire. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Nous ne pouvons pas simplement chasser les monstres à l’aveuglette pendant la période de reproduction. »

J’avais hoché la tête, alors Shiran donna plus de détails.

***

Partie 2

« Lorsqu’il y a trop de monstres qui habitent une certaine région, le tumulte de la bataille peut attirer d’autres monstres. Ils viendront les uns après les autres, et si nous ne nous en occupons pas rapidement, ils deviendront incontrôlables comme une boule de neige qui dégringole. »

« Ce qui veut dire que nous devons contrôler notre rythme ? »

« Maintenant que j’y pense, Senpai… » dit Katou. Elle s’était assise tranquillement aux côtés de Rose pendant la réunion stratégique. « Quelque chose de similaire s’est produit juste après notre arrivée dans ce monde. Quand les tricheurs ont commencé à explorer la forêt, les monstres ont continué à apparaître en masse, et je crois que même des dizaines de tricheurs ne pouvaient plus les retenir. »

« Aah. C’était avant la formation de l’équipe d’exploration, n’est-ce pas ? J’ai entendu ça aussi. Ils ont dit que Nakajima Kojirou, le gars qui s’est retrouvé à la tête de l’équipe d’exploration, a pris les choses en main et a en quelque sorte rallié tout le monde. »

Cet incident, qui avait failli conduire à notre anéantissement immédiat, avait au contraire conduit à la fondation de l’équipe d’exploration. Mais ce n’est qu’une parenthèse. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une nuée de monstres pouvait devenir une menace contre laquelle même les tricheurs ne pouvaient pas résister. Alors que faire ?

Tout le monde se tourna vers Shiran qui leva un doigt.

« Il y a deux méthodes, » commença-t-elle. « La première consiste à frapper avec une armée suffisamment nombreuse pour qu’une nuée d’ennemis ne soit pas un problème. L’avant-garde épingle les monstres tandis que l’arrière-garde les écrase sous une pluie de flèches et de magie. C’est une approche de force brute, mais très fiable. »

« Tu veux dire que s’il y a beaucoup d’ennemis à affronter, il suffit d’augmenter ta capacité à les affronter. »

Shiran acquiesça. « C’est l’idée, mais nous ne pouvons pas utiliser cette méthode. »

« Je suis d’accord. »

La seule fois où cela fonctionnerait, c’est quand on pourrait préparer la force nécessaire pour y parvenir. Rassembler des effectifs sans contrôle ne ferait que vous faire remarquer davantage et provoquerait un essaimage plus rapide des monstres, ce qui vous permettrait de vous faire éliminer plus facilement. Les soldats et les chevaliers d’Aker n’avaient pas bougé, même s’ils étaient au courant de la situation, précisément parce qu’ils ne pouvaient pas rassembler les forces nécessaires pour l’instant. Quant à nous, nous étions un peu plus de dix personnes, en comptant les elfes qui venaient avec nous. Nous étions loin d’avoir le nombre requis pour utiliser cette méthode.

« Nous allons donc utiliser la deuxième méthode », dit Shiran en levant un autre doigt. « Nous ciblons les traînards qui s’éloignent du troupeau et nous réduisons leur nombre. L’important est de vaincre rapidement les égarés et de battre en retraite avant que le troupeau ne s’en aperçoive. »

« Sans qu’ils s’en aperçoivent… Les compétences sont donc plus importantes que le nombre ? » avais-je demandé.

« Oui. Dans ce cas, le fait d’amener plus de monde rendra en fait plus difficiles les déplacements furtifs. Les lièvres azurés vivent en colonies enfouies sous terre. Lorsqu’ils vont chercher de la nourriture, de petites meutes se détachent du troupeau. Nous pouvons mener à bien la répression avec seulement quelques élites capables d’éliminer ces meutes immédiatement, ainsi qu’un minimum de soutien au cas où certaines s’en sortiraient. »

« Une force d’élite composée de quelques élites, hein ? Crois-tu qu’on peut y arriver ? »

« Avec le soutien des elfes, c’est plus que possible. »

« Hmm. »

Si Shiran pouvait déclarer cela si facilement, cela signifiait qu’elle était sûre d’elle. J’avais décidé de lui faire confiance sur ce point et j’étais passé à une autre question.

« Cela signifie que nous n’entrerons pas dans les zones de reproduction des lièvres azurés. Cette approche ne va-t-elle pas prendre beaucoup de temps ? »

« Oui. Les lièvres azurés creusent leurs terriers sur une large surface, nous devons donc grignoter leur nombre petit à petit à partir des bords extérieurs. »

« Est-ce que c’est normal d’aller si lentement ? »

Shiran acquiesça. « Nous donnerons la priorité à la sécurité. De plus, il n’est pas nécessaire de les exterminer complètement. C’est à l’Ordre et à l’armée de le faire. Heureusement, les lièvres azurés ne sont pas actifs sur une si grande surface. Nous pouvons écarter tout danger immédiat en éliminant les troupeaux les plus proches du village. Si nous parvenons à gagner du temps, les forces d’Aker commenceront à intervenir dès qu’elles en auront fini avec les ours rubis. À l’inverse, nous ne pouvons pas nous précipiter sans réfléchir juste parce que nous essayons d’être efficaces. Nous devons tout au plus procéder avec prudence. »

Les elfes du village avaient l’air perplexes. Ils s’attendaient sans doute à une amélioration plus radicale maintenant que les sauveurs étaient là. Ils pensaient manifestement que Shiran était trop prudente. Cependant, le chef et sa femme prirent la parole.

« Très bien, Shiran. Nous ferons ce que tu dis. En tant que lieutenante de la troisième compagnie qui a combattu au Fort de Tilia, tu en sais bien plus que le reste d’entre nous lorsqu’il s’agit de supprimer des monstres. »

« C’est exact. Ce n’est pas ici que des amateurs comme nous peuvent s’opposer. »

Avec l’aval de Melvin et de Leah, tous les autres étaient d’accord. Leur timing était parfait, il avait empêché la perplexité des elfes de se transformer en mécontentement.

Pour pousser les choses un peu plus loin, Leah me demanda — ou plutôt demanda à un sauveur — une confirmation.

« Est-ce que ça marchera pour vous aussi, monsieur ? »

Elle était vraiment très perspicace. Je pouvais lire son intention, alors j’avais tout de suite acquiescé.

« Je n’ai aucune objection. On ne peut pas douter de ce plan, vu qu’il vient de Shiran. »

« C’est décidé, alors, Shiran. Tu peux faire ce que tu veux », dit Leah.

« Merci beaucoup », dit Shiran en souriant. « Soyez à l’aise, s’il vous plaît. C’est la méthode qu’utilisent les sauveurs pour conquérir les bois sombres. »

« Vraiment ? » demandai-je, un peu intéressé par ce fait.

« Oui. De nombreux monstres peuplent les bois sombres, une région restreinte. Même avec le formidable pouvoir d’un sauveur, ils sont trop nombreux pour être gérés. C’est la même chose que notre situation. C’est l’une des raisons pour lesquelles les chevaliers du Saint Ordre accompagnent toujours les sauveurs. »

« Je vois. »

Cela signifie que les villageois qui nous accompagnent remplissent le rôle normalement dévolu au Saint Ordre. L’échelle était un peu plus petite, mais la tâche était la même.

« Alors qu’est-ce qu’on fait, concrètement ? » avais-je demandé.

« Tout d’abord, nous recherchons les animaux errants qui se sont séparés du troupeau. S’il te plaît, laisse cette partie à mon esprit. »

Shiran jeta rapidement un coup d’œil à Lily. Elle ne pouvait pas le mentionner maintenant, mais elle faisait comprendre qu’elle compterait aussi sur le nez de Lily. Lily lui fit un clin d’œil, lui indiquant de s’en remettre à elle.

« De plus, comme tu as aussi un esprit, ma tante, j’espérais que tu m’aiderais. »

« Bien sûr », répondit Leah. « Laisse-moi faire. »

« Que dois-je faire ? » demanda Melvin.

« Protège le village. Nous serons impuissants si nous n’avons nulle part où retourner », expliqua Shiran.

« Mrgh… Je suppose que je n’ai pas le choix. »

Il est impossible que le chef et sa femme quittent le village en même temps.

Leah donna une tape sur l’épaule de son mari, puis se tourna vers les autres villageois. « Cela suffira pour nous. Alors, que feront ceux qui participeront à l’opération ? Tu as dit que tu voulais choisir ceux qui sont spécialisés dans le tir à l’arc, alors c’est eux que nous avons réunis ici. »

« Ils intercepteront tout ennemi venant de nos environs », répondit Shiran. « Ils constituent une force de réserve servant d’arrière-garde, mais c’est un rôle extrêmement important au cas où le pire se produirait. Restez concentrés, s’il vous plaît. »

« C’est une menace pour notre maison. Personne ici n’est assez fou pour laisser son esprit vagabonder. »

Leah accepta pour eux, et les autres elfes redressèrent leur posture. Cette opération tenait le sort de tout leur village entre ses mains. Ils étaient gonflés à bloc pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

Voyant leur réponse fiable, Shiran continua.

« Pour ce qui est de la force principale, je ne voudrais que des personnes habiles au combat », dit-elle en se tournant vers nous. « Lily, Rose et Takahiro, puis-je vous demander ceci ? »

« Moi… ? » Je ne m’attendais pas à être nommé, j’avais donc été un peu surpris.

« Oui. J’aimerais bien prendre les devants moi-même… mais mes blessures du Fort de Tilia ne sont pas encore complètement guéries. »

C’est ainsi que Shiran l’expliqua aux elfes, mais en vérité, il s’agissait plutôt des effets de la transformation en demiliche. D’après elle, elle craignait que son corps mal équilibré n’affecte ses capacités de combat au fil des batailles. Elle m’avait déjà parlé d’éviter les engagements directs pendant cette opération.

Cela dit, je ne m’attendais pas à être sélectionné. J’avais pensé que je ferais partie de l’arrière-garde. Peut-être qu’on m’avait ajouté à l’avant-garde pour sauver les apparences et remonter le moral des villageois, en tant que sauveur et tout le reste. C’était logique si le combat proprement dit était laissé à Lily et à Rose.

Shiran semblait avoir lu dans mes pensées. Elle secoua la tête et m’adressa un magnifique sourire. « Tu es fort, Takahiro. Même parmi les chevaliers, il est très rare de trouver un homme de valeur capable d’affronter sept dragons à la fois. »

« Eh bien… »

Non seulement je les avais pris par surprise grâce à Gerbera, mais j’avais même reçu l’aide d’Asarina et de Salvia à ce moment-là. Ce n’était pas ma force à moi. Comme je ne pouvais pas le dire ici, j’avais gardé le silence. J’entendais les villageois murmurer : « Sept dragons ? ». J’avais déjà perdu ma chance de trouver des excuses.

« Tu te sous-estimes toujours, Takahiro. C’est l’un de tes défauts », ajouta Shiran en souriant alors que je protestais du regard.

« Tu dis cela… mais le devoir d’avant-garde n’est-il pas extrêmement important pour cette opération ? »

« Oui, c’est vrai, et je dis que tu es apte à faire ce travail. Telle que tu es maintenant, tu peux te battre aux côtés de Lily et de Rose. »

« Côte à côte… »

Ces mots m’avaient piqué le cœur plus que je ne l’aurais cru. Je n’avais pas oublié l’époque où j’étais un faible qui ne valait pas plus qu’un fardeau.

« En tant qu’instructeur de maniement de l’épée, et en tant qu’ancien lieutenant de la troisième compagnie, tu as ma garantie. Aie confiance en toi. Tu peux y arriver. »

« Shiran… »

Je ne pouvais pas reculer quand elle le disait comme ça. J’avais accepté mon sort et j’avais acquiescé.

« J’ai compris, instructeur. Je vais le faire. »

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire