Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 8 – Histoire supplémentaire 2 – Partie 2

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Histoire supplémentaire : L’ami du dragon ~ Point de vue de Kei ~

Partie 2

Quand j’avais dépassé Mizushima pour quitter la pièce, j’avais soudain entendu une voix.

« Aagh. Bon sang. Je suppose que je n’ai pas le choix. »

Je ne pouvais pas réfléchir à la signification de ces mots, ce n’était pas le moment pour ça.

« H-Hyah !? »

Mizushima poussa un cri et bascula. Avait-elle été assaillie par un vertige ? Je n’avais cependant pas eu le temps d’y penser. Par réflexe, j’avais tendu la main et l’avais redressée. Son corps était tombé dans ma direction. Tout s’était passé en un instant, j’avais donc perdu l’équilibre. Mais j’étais au moins capable d’attraper une fille sans tomber. Ou, j’étais supposé l’être. Quand j’avais attrapé Mizushima, mes jambes s’étaient emmêlées de manière inattendue.

« Wh-Wôw !? »

Quel genre de coïncidence était-ce ? C’était comme si mes jambes s’étaient dérobées sous moi. J’aurais pu m’en sortir si j’avais pris appui sur mes jambes, mais la douce sensation qui les entourait m’avait fait hésiter. En conséquence, j’avais trébuché et étais tombé en arrière. Je m’étais préparé à l’impact tout en protégeant Mizushima, mais l’impact était arrivé beaucoup plus vite et était beaucoup plus léger que je ne le pensais. Un battement plus tard, j’avais réalisé que j’étais retombé sur le lit.

« Ça m’a fait peur », avais-je dit, en exprimant exactement mes pensées. « Vas-tu bien, Mizushima ? »

« Aïe… Je me suis cogné le nez », répondit Mizushima en s’allongeant contre ma poitrine.

C’était un peu une catastrophe, mais rien de grave n’était arrivé. Je m’étais senti soulagé, mais j’avais ensuite réalisé la position dans laquelle nous étions.

« Bon sang. Comment est-ce arrivé… ? » grommela Mizushima.

Le haut de sa tête était juste en face de mon visage. Son corps était couché sur le mien. J’étais habitué à son poids, mais elle n’était pas Lily. Soudain conscient de la sensation dans mes bras, après les avoir enroulés autour d’elle, j’avais fait un bond en arrière et l’avais lâchée.

« Oh, désolé. »

Je n’avais pas à m’excuser, mais je l’avais dit par réflexe. Je n’avais pas non plus à me sentir coupable, naturellement.

J’avais essayé de m’asseoir tout de suite, mais quelque chose m’en avait empêché.

« Attends. »

Je m’étais figé. Toujours allongée sur moi, Mizushima avait planté ses mains contre le lit. Elle baissa les yeux vers moi, son regard était sérieux.

« Majima, tu te sens coupable pour moi, non ? », demanda-t-elle. C’était comme si ses yeux me suppliaient. « Tu te sens responsable, n’est-ce pas ? »

Il y avait plus de tristesse que de colère dans son expression.

« Est-ce… tout ? » demanda-t-elle, une larme se formant au coin de son œil.

Dès que je l’avais vu, j’avais commencé à douter de moi. Avais-je mal compris quelque chose ? Quand j’avais regardé Mizushima, j’avais senti que oui. Mais qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce que j’avais mal compris ?

« Hé, Majima ? Tu te souviens de cette nuit ? » demanda Mizushima.

Elle n’avait pas été très claire, mais j’avais tout de suite su de quoi elle parlait. Son expression sérieuse et la façon dont elle m’avait chevauché correspondaient à une autre fille dans mes souvenirs. Je m’étais souvenu de cette nuit dans la cabane, il y a plusieurs mois.

Après avoir découvert le cadavre d’une fille que je connaissais, j’avais commis un acte nécessaire, mais inhumain pour survivre. Je savais maintenant que mes émotions étouffées avaient été un mécanisme de défense instinctif pour me protéger du choc.

Cette nuit-là, à cause de tout ce qui s’était passé, j’avais l’impression que le poids de mes émotions allait m’écraser. J’aurais été fichu tout seul. Je n’avais réussi à me maintenir que parce que j’avais quelqu’un pour me guérir, me soutenir, m’accepter et m’aimer.

La fille d’avant se chevauchait avec celle d’avant. Je les avais sûrement confondues… Non, c’était un mensonge, ce n’était pas à cause de ça. J’étais certain de quelque chose. Si je m’étais trompé, Mizushima ne m’aurait jamais demandé si je me souvenais de cette nuit. Oui. À l’époque, Lily n’avait pas été la seule avec qui je m’étais lié. Il y avait assurément quelqu’un d’autre.

Après ça, elle avait disparu. Plutôt, dès le départ, elle avait été perdue. Le temps que je la rejoigne, il était déjà trop tard. Je n’étais pas capable de faire quoi que ce soit. Tout ce que je pouvais faire, c’était de combler ses regrets. Cela ne changeait rien à la vérité de sa mort. Du moins, c’est ce que j’avais toujours cru.

Mais ce n’était pas le cas. Elle était ici en ce moment. Elle n’avait pas été perdue. Elle avait toujours été avec Lily, juste à côté de moi. C’est pourquoi elle m’avait demandé si je ne ressentais que de la culpabilité et des responsabilités. Ce n’était pas qu’elle ne pouvait pas me pardonner pour ce que je lui avais fait ce jour-là. Pour elle, rien de tout cela ne comptait. Il y avait quelque chose de bien plus important que ça, alors quand je n’en avais pas du tout parlé, cela l’avait mise en colère et l’avait attristée.

J’avais réalisé mon malentendu maintenant. Alors qu’est-ce que je devais faire ? Je n’avais pas vraiment besoin d’y réfléchir.

« Je me souviens, » avais-je dit, sans même me rendre compte que j’avais parlé. J’avais inconsciemment tendu la main et touché la joue de Mizushima. « Oui. Tu as raison. Si je dois prendre mes responsabilités, alors c’est bien plus important. »

La moitié de la chaleur qui m’avait sauvé cette nuit-là était juste ici avec moi.

« Désolé d’être lent », avais-je dit.

« Imbécile… »

Des larmes coulaient de ses yeux. Les gouttelettes chaudes s’écoulaient régulièrement de son visage et ne s’arrêtèrent pas pendant un bon moment.

◆ ◆ ◆

Combien de temps s’était écoulé ? Mizushima avait gardé son front appuyé contre ma poitrine et n’avait pas bougé. Au bout d’un moment, la sensation de chaleur contre mon corps était tout pour moi. Le sentiment de vraiment reprendre quelque chose qui avait été perdu était doux. Mizushima avait probablement ressenti la même chose. Elle semblait satisfaite.

Très vite, elle se leva, et nos regards s’étaient croisés. Si c’était Lily, elle aurait souri de façon malicieuse et m’aurait volé un baiser. Bien sûr, elle n’était pas Lily. Je n’avais pas confondu les deux, et j’avais compris qu’elles réagiraient différemment. Elles occupaient toutes les deux le même corps, mais possédaient des personnalités indépendantes.

Malgré tout, je n’avais pas prévu que leurs réactions seraient différentes. Si j’avais essayé, j’aurais peut-être pu le faire. Vu son attitude pendant que nous étions dans la loge brumeuse, et vu la raison pour laquelle elle s’était enfermée, je savais déjà que cette fille gaie, légère et sage était aussi timide, maladroite et tardive. De plus, tout le monde avait des choses qu’il ne sait pas gérées.

Au moment où Mizushima croisa mon regard, elle me jeta un regard bizarre. Elle avait probablement agi entièrement sous le coup de ses émotions jusqu’à ce point. Maintenant, elle était revenue à la raison et avait réalisé la situation dans laquelle nous étions.

Elle était à califourchon sur ma taille. Nous étions tous seuls au sommet d’un lit. En plus de cela, je l’avais tenue dans mes bras jusqu’à présent, et nous pouvions encore sentir la chaleur de nos corps respectifs.

« Ah… »

Elle haleta et devint rouge vif avec suffisamment de vigueur pour que j’aie l’impression d’entendre un effet sonore l’accompagnant. Sa réaction était si radicale qu’elle m’avait fait sursauter. Cela n’avait fait que renforcer la panique de Mizushima.

« A -Attends. Euh, c’est — Hyah !? »

Elle se retira immédiatement. Cependant, elle l’avait fait avec tellement de force qu’elle bascula en arrière et tomba du lit avec un bruit sourd.

« H-Hey !? » J’avais crié.

Je m’étais figé d’étonnement, puis je m’étais levé d’un bond. Elle était sur le sol, gémissant, et assise dans une position immodeste.

« M-Mizushima… ? »

Elle sursauta et leva les yeux vers moi, le visage rouge. Peut-être pensait-elle que sa réaction avait été disgracieuse.

« S-Stop ! » cria-t-elle, les larmes aux yeux, en agitant ses mains comme si elle essayait de cacher son visage.

« Hein ? »

« Oublie ça tout de suite ! »

Même si je le pouvais… Je ne savais pas de quel point à quel point elle voulait que j’oublie. Peut-être qu’elle ne le savait pas elle-même. C’était possible, vu comment elle était énervée.

Mizushima s’était assise sur le sol, complètement décomposée. Mais l’instant d’après, son expression se transforma en une expression d’exaspération.

« Qu’est-ce qui se passe, Miho… ? »

C’était une voix qui m’était très familière.

Son visage rougit à nouveau. « M-Mais Lilz ! C’est embarrassant…, » déclara la même bouche d’un ton misérable.

« Ne me dis pas “mais”… C’était juste méchant, » dit-elle, l’air épuisé, comme s’il n’y avait pas moyen de faire face à cette situation.

Si on ne connaissait pas la situation, on pourrait croire à un numéro de comédie entre deux filles. Cependant, je pouvais dire tout de suite que Lily et Mizushima se parlaient l’une à l’autre.

« Miho, tu sais que Katou m’a dit que tu étais obtuse et lente quand il s’agit de ce genre de choses, n’est-ce pas ? Pourtant, peu importe à quel point tu es sourde à la romance, comment as-tu pu gâcher une telle bonne humeur ? Tout est parti en fumée. Je suis même allée t’aider… »

À ce moment-là, j’avais enfin réalisé que Lily m’avait fait trébucher plus tôt. Elle était sortie juste un instant comme elle le faisait maintenant. C’était une sacrée compétence.

« Uuuugh… »

Mizushima s’était effondrée sur le sol et avait mis ses mains contre ses joues rouges. Ses yeux avaient rencontré les miens. En un instant, son expression s’effondra.

« D-Dans tous les cas, c’est comme ça ! »

Après avoir crié cette phrase cryptique, Mizushima changea complètement de place pour Lily.

« Hein ? Attends. Miho !? » dit Lily, clignant des yeux de surprise.

Abasourdie, Lily porta la main à sa poitrine, mais Mizushima ne montra aucun signe de résurgence. Après dix bonnes secondes, Lily comprit la situation et ses sourcils s’affaissèrent.

« Wow… Elle s’est enfuie. »

Mizushima avait déserté sous le feu de l’ennemi. Non pas que je sois un ennemi. C’est juste que la situation était assez pitoyable pour que cette phrase s’applique.

« Miho, espèce de poule mouillée…, » déclara Lily, en s’affaissant.

Je ne pouvais plus me retenir et j’avais éclaté de rire.

« Ce n’est pas le moment de rire, Maître. Miho est redevenue une poule mouillée, tu sais ? Une poule mouillée et une grabataire. Elle est au-delà de toute aide ! »

« Vraiment ? Eh bien, je suppose que oui. »

Même en parlant, je n’avais pu réprimer mon envie de rire. Je pensais que Mizushima était le genre de fille qui pouvait faire n’importe quoi. Je ne savais pas qu’elle avait ce côté-là. C’était tellement étrange.

« Alors il va falloir faire quelque chose pour qu’elle sorte, hein ? » avais-je dit, en faisant pivoter mon épaule. « Je dois aussi prendre mes responsabilités, oui ? »

Mon message avait semblé être bien compris, car Lily avait souri et avait hoché la tête. Immédiatement après, la fille en elle avait soudainement fait sa réapparition. Les joues rouges, la voix à la fois embarrassée et heureuse, elle déclara un seul mot : « idiot ».

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