Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 8 – Histoire supplémentaire 2 – Partie 1

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Histoire supplémentaire : L’ami du dragon ~ Point de vue de Kei ~

Partie 1

Après le dîner, j’étais allé voir Rose et Katou. Lorsque j’avais demandé à Rose comment se passait son travail, elle m’avait dit qu’elle avait enfin réussi à terminer une imitation d’une pierre runique de traduction. Je l’avais essayée, puis j’avais discuté avec Katou de choses banales.

Quelque temps après, Rose demanda : « Quelque chose ne va pas, Maître ? »

« Hein ? » J’étais un peu décontenancé par sa question soudaine.

Rose arrêta son travail et me regarda fixement.

« De quoi parlez-vous ? » avais-je demandé.

« Je m’excuse si j’ai mal compris. J’ai juste pensé que tu étais un peu agité depuis que tu es entré dans la pièce, » déclara Rose, l’air inquiet.

J’étais un peu gêné de répondre. « Est-ce que j’ai vraiment cette tête-là… ? »

« Oui. S’est-il passé quelque chose ? » demanda-t-elle en hochant la tête, l’air grave.

Était-ce si facile à décrypter ? Je ne pouvais m’empêcher de sourire amèrement à cette idée.

« Eh bien, plus ou moins, » avais-je répondu.

« Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? » demanda immédiatement Rose.

J’avais secoué la tête. « Non. Le sentiment est suffisant. »

« Es-tu sûr… ? »

« Désolé de t’avoir inquiétée, » avais-je dit. Rose avait l’air un peu triste, alors j’avais ajouté : « C’est juste quelque chose que je dois moi-même faire. »

« Quelque chose que tu dois faire, dis-tu ? » répéta Rose en penchant la tête.

« Maintenant que j’y pense, Senpai », ajouta Katou, « tu as annulé ta leçon de magie avec Shiran aujourd’hui, non ? De plus, Lily n’a pas l’air d’être avec toi. »

« Lily est retournée dans notre chambre avant moi, » avais-je dit.

Katou était plus vive que jamais. Ce petit échange m’avait montré qu’elle avait une vague idée de ce qui se passait. Non pas qu’elle ait eu l’intention d’en dire plus que ça. Elle avait seulement laissé entendre qu’elle avait remarqué parce qu’elle voulait que je sache qu’elle m’aiderait si nécessaire. Elle l’avait aussi fait par égard pour Rose, et je lui en étais d’autant plus reconnaissant. Dans ce cas précis, cependant, je n’allais pas profiter de leur bonne volonté.

« Très bien alors. Je devrais retourner dans ma chambre. »

Je m’étais levé, et les deux m’avaient accompagné jusqu’au couloir.

« D’accord. »

Je m’étais préparé et j’avais commencé à marcher. Je m’étais arrêté devant la chambre que j’utilisais pendant notre séjour à Draconia. J’avais alors hésité un moment. La porte en bois semblait étrangement lourde. Bien sûr, c’était juste mes émotions qui parlaient, alors j’avais laissé tomber mon hésitation, j’avais frappé à la porte et j’étais entré dans la pièce.

À l’intérieur se trouvait une fille assise sur une chaise. Elle leva la tête du livre qu’elle lisait, ses cheveux de lin se balançant derrière elle. Elle avait le même visage que Lily.

« Majima. »

Nous avions organisé cette rencontre à l’avance, elle n’avait donc pas été surprise de me voir.

« Désolé de t’avoir fait attendre, Mizushima. »

« Pas besoin de s’excuser. »

Mizushima avait secoué la tête, mais son expression était un peu raide. Était-elle nerveuse ? Il y avait un air de doute en elle.

« Que dirais-tu de t’asseoir ? » dit-elle.

Ce n’est qu’alors que j’avais réalisé que je me tenais dans l’embrasure de la porte. Apparemment, j’étais le nerveux ici. J’avais laissé échapper un petit soupir, puis j’avais hoché la tête.

« Oui. Je vais le faire. »

La seule chaise de la pièce était celle que Mizushima avait apportée, alors j’avais traversé de l’autre côté et m’étais assis sur le lit. Je lui avais fait face une fois de plus. J’avais ouvert la bouche pour dire quelque chose, mais j’avais hésité. Mon attention s’était alors portée sur ses vêtements.

« Ton uniforme… » avais-je dit.

« Hein ? »

« Tu t’es changée. »

« Oh, ouais. »

Mizushima portait actuellement son uniforme scolaire. Elle et Lily partageaient un corps. Lorsque Lily était rentrée dans notre chambre avant moi, elle portait sa robe blanche habituelle. En d’autres termes, Mizushima avait fait l’effort de se changer avant mon arrivée. Maintenant que j’y pense, elle portait aussi son uniforme dans la Loge Brumeuse.

« Cette robe est celle de Lilz », déclara Mizushima, mais elle agita ensuite ses mains en signe de confusion. « Oh. Non, euh, je ne veux pas dire que je déteste la porter ou quoi que ce soit, ok ? »

« Ne t’inquiète pas. Je n’ai pas pensé à ça. »

Je n’allais pas me plaindre. En fait, j’étais reconnaissant. Même si je le savais dans mon esprit, mes émotions et mes sens ne suivaient pas nécessairement. Si elle s’habillait comme Lily le faisait toujours, je pourrais accidentellement traiter Mizushima de la même façon que j’avais toujours traité Lily. Ce serait très impoli.

« Bizarrement, porter mon uniforme semble m’aider à mieux maintenir mon mimétisme. Peut-être parce qu’il est plus facile d’imaginer ma propre silhouette ? »

« Je vois. Alors la raison pour laquelle tu voulais du temps était pour pouvoir te changer. »

« Oui. Désolée de t’avoir fait perdre de ton temps. »

« C’est bon. Cela ne me dérange pas vraiment. C’est moi qui t’ai interpellée. En plus, je parlais à Rose et à Katou, donc ce n’était pas du gaspillage. »

J’étais passé dans la chambre de Rose et Katou parce que Mizushima avait demandé un peu de temps avant de parler seul à seul. Katou semblait aussi avoir compris ça.

« Oh, oui, as-tu déjà parlé à Katou ? » avais-je demandé.

Katou et Mizushima étaient des amies proches. Elles étaient ensemble lorsque Takaya Jun les avait emmenées loin de la colonie. Maintenant qu’il était connu que Mizushima était à l’intérieur de Lily, je m’étais dit que les deux filles auraient beaucoup de choses à se dire.

« Mm-hmm. Nous avons parlé. C’était le jour après que nous ayons toutes parlé dans ta chambre. Mana m’a appelée. Elle a pleuré, même si elle n’avait aucune raison de s’excuser. »

Elles avaient fui la colonie ensemble, mais Katou avait été sauvée, alors que Mizushima était décédée. Même si on ne pouvait rien y faire, Katou se sentait évidemment profondément coupable d’avoir survécu seule.

« Si Rose n’avait pas été là pour calmer Mana, cela aurait pu être une épreuve, » ajouta Mizushima. « Rose m’a vraiment sauvée… Eh bien, Mana était la même que d’habitude. Elle avait prédit que ça finirait comme ça et avait déjà demandé à Rose de rester avec elle. »

« Difficile de dire si elle craque ou si elle garde son sang-froid, hein ? »

« Franchement… »

Nous avions tous les deux ri, mais je savais que mon sourire était un peu raide. J’en connaissais aussi la raison. Lorsque j’avais retrouvé Mizushima, je m’étais senti mal à l’aise en sa présence, mais je n’avais pas pu régler ce problème à cause du sujet de mes souvenirs perdus.

Cependant, Mizushima était maintenant l’un de nos compagnons de voyage. Tant que j’étais avec Lily, je ne pouvais pas couper les liens avec Mizushima, vu qu’elles partageaient le même corps. Je ne pouvais pas laisser les choses entre nous rester inconfortables. J’avais demandé cette réunion aujourd’hui pour que nous puissions mettre les choses au clair.

« Mizushima, » avais-je dit très raide, en corrigeant ma posture, « je dois m’excuser auprès de toi. »

Ses yeux avaient tremblé. Son sourire s’était déjà envolé. C’était une fille intelligente, elle pouvait probablement deviner où je voulais en venir.

« S’excuser… ? Pour quoi faire ? » demanda-t-elle platement.

J’avais l’impression d’avoir avalé un morceau de glace, mais je ne pouvais pas m’arrêter là.

« Je t’ai utilisée. J’ai donné ton corps à Lily. »

Une image répugnante m’était venue à l’esprit, une image que je ne pouvais pas effacer. Non pas que j’avais l’intention de l’oublier.

« Je dois m’excuser pour ça, » avais-je dit.

« Mais c’était nécessaire, n’est-ce pas ? » demanda Mizushima, sans expression.

J’avais acquiescé. « Oui. Si je n’avais pas fait ça, je ne serais probablement pas là aujourd’hui. »

 

 

« Il en va de même pour moi », répondit-elle avec indifférence. « J’étais censée être déjà morte, mais en raison d’un tas de coïncidences, je suis là aujourd’hui. Cela n’est arrivé que grâce à ce que tu as fait ce jour-là. En fait, je suis satisfaite du présent. Je t’en suis reconnaissante, Majima. »

« Ça ne change rien à ce que j’ai fait. »

« Tu es vraiment sérieux. »

J’avais perçu des soupçons de colère inconcevable dans ses paroles. Lily se comportait comme un humain en prenant Mizushima comme exemple, elles avaient donc de nombreux points communs. Ayant tant d’expérience avec Lily, il n’était pas si difficile de sentir quand Mizushima gardait le contrôle de ses émotions. Elle ne m’avait certainement pas pardonné pour ce que j’avais fait. Je pouvais le sentir.

« J’ai l’intention de faire tout ce que je peux pour prendre mes responsabilités, » avais-je dit.

Elle était l’individu envers qui j’avais le plus besoin de faire amende honorable dans ce monde entier. J’allais le faire, peu importe le temps que cela prendrait. J’avais pris la résolution d’assumer la responsabilité de ce que je lui avais fait. Néanmoins, si Mizushima n’avait pas l’intention de me pardonner, cette résolution ne signifiait rien.

« Je comprends, » déclara froidement Mizushima. Elle s’était levée de son siège avec un bruit sec. Elle était restée sans expression alors qu’elle se tenait devant moi. « Est-ce tout ce dont tu voulais parler ? »

« Oui.

« Je vois. Alors c’est tout pour aujourd’hui. » Mizushima hocha la tête, mais ses yeux n’avaient pas rencontré les miens. Elle les avait gardés collés au sol. « Je suis contente que nous ayons pu parler aujourd’hui. Très bien alors, je vais échanger avec Lily. Je vais me changer, alors peux-tu me laisser encore un peu de temps ? »

« Bien sûr. »

Si elle allait changer, alors je ne pouvais pas rester dans la chambre. Même si ce n’était qu’une excuse pour me chasser, je n’avais pas d’autre choix que d’accepter.

« D’accord, alors à plus tard », avais-je dit en me levant du lit.

« Mhm. »

Mizushima m’avait répondu, mais elle ne voulait toujours pas me regarder. Pour une raison inconnue, mon cœur avait vraiment souffert. Je m’étais dit que je n’avais pas le droit de me sentir comme ça. La seule chose que je pouvais faire pour elle était d’assumer la responsabilité de ce que j’avais fait. C’était tout. Il n’y avait rien d’autre à faire…

Cependant, j’avais absolument tout compris de travers, et je ne m’en étais rendu compte que peu de temps après.

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