
Chapitre 18 : Regarder vers l’avenir
« J’ai réfléchi à ce que nous devrions faire à partir de maintenant. »
Malvina avait vu des possibilités en nous. Depuis qu’elle m’avait dit ça, j’avais réfléchi à ce que pourraient être ces possibilités.
« J’ai toujours pensé que je serais bien si je pouvais juste vivre une vie tranquille dans ce monde, mais après avoir entendu l’histoire de Malvina, je ne pense pas que ce soit suffisant. Ou du moins, je ne pense pas que cela devrait être mon objectif. »
Tout ce que j’avais à faire était de penser à la tragédie qui avait frappé le sauveur et le wyrm à carapace. Ils avaient déjà réalisé la vie que je souhaitais, mais même là, une calamité irréversible s’était produite. Une malheureuse coïncidence et un croisement de chemins leur avaient fait perdre quelque chose d’irremplaçable, et tous ceux qui étaient restés avaient été poussés dans un monde isolé. Maintenant que nous connaissions leur histoire, nous pouvions utiliser ces connaissances et chercher une autre issue.
« Nous devons, d’une manière ou d’une autre, créer un endroit qui nous accepte afin qu’un incident inattendu et malheureux ne se termine pas en désastre, comme ce fut le cas pour Malvina. Cela devrait être notre premier objectif. »
« Mais Senpai, c’est… »
« Je le sais. »
J’avais arrêté Katou en lui serrant légèrement les mains. Elle avait dégluti alors que je continuais.
« Il va sans dire que cela sera difficile à réaliser. Qui sait si cela peut vraiment être fait. Sans parler de l’irresponsabilité qui serait la mienne si je disais que j’y arriverais à tous les coups. »
« Senpai… »
« Mais je ne pense pas que ce soit impossible. »
Il y avait des gens comme Shiran et la commandante qui nous avaient déjà acceptés. Sans eux, nous ne serions pas allés aussi loin. Je ne pourrais jamais oublier ce fait.
« Ça vaut la peine d’essayer d’y parvenir. En plus, en faisant ça… » J’avais fait une pause et j’avais lâché la main de Katou, puis j’avais regardé Lobivia. « Malvina et les autres dragons n’auront plus besoin de rester ici, non ? »
« Oh… » Les yeux châtains de Lobivia s’écarquillèrent de compréhension. « Si cela arrive, je pourrais rencontrer tous les habitants de la colonie quand… ? »
« Oui », avais-je répondu en faisant un signe de tête au petit dragon plein d’espoir. J’avais jeté un coup d’œil à toutes les autres personnes présentes dans la pièce. « Mais il y a un risque à faire ça. En essayant de découvrir les possibilités que nous avons, quelque chose va se produire, pour le meilleur ou pour le pire. Nous devons nous préparer à tous les pires scénarios et procéder avec prudence, mais sans être trop pessimistes… Même dans ce cas, quelque chose d’inévitable peut toujours surgir. »
Je m’étais arrêté un moment et j’avais secoué la tête.
« Cependant, il en va de même si nous ne faisons rien. En fin de compte, nous ne pouvons pas annuler le risque. Si nous ne faisons rien, et que quelque chose arrive, personne ne sera là pour nous défendre. Nous répéterons la tragédie de Malvina… »
J’avais serré le poing, puis j’avais continué.
« Nous devons prendre les mesures appropriées pour que cela ne se produise pas. Si cela comporte des risques, nous devons avoir la force de les surmonter. »
Nous avions besoin du pouvoir de nous rebeller contre toute circonstance afin de pouvoir atteindre le bonheur.
« Pour cela, je n’hésiterai pas à mieux comprendre mes capacités. »
◆ ◆ ◆
Oui, je n’avais pas l’intention d’hésiter, mais cela ne voulait pas dire que je n’étais pas inquiet.
« De toute façon, pourquoi ici… ? »
J’avais traversé la grotte tout seul, mes pas résonnant dans l’obscurité. C’était vaste. J’avais déjà vécu dans une grotte, mais je n’en avais jamais vu une aussi grande qu’à la télévision, dans mon monde. C’était la grotte qu’ils avaient utilisée pour enfermer Lobivia quand elle n’était qu’une dragonne sans raison, alors elle devait être grande. On m’avait dit qu’elle était abandonnée maintenant.
Apparemment, ils avaient l’intention de la détruire bientôt, ainsi que tous les mauvais souvenirs qui y sont associés, mais les fondations de la grotte étaient suffisamment solides pour que même un dragon ne puisse pas facilement provoquer un effondrement, alors ils l’avaient laissée à l’abandon pour le moment.
La raison pour laquelle je marchais dans cette grotte était que Gerbera m’avait appelé ici. Elle avait des affaires importantes à régler avec moi et avait dit qu’elle m’attendrait ici. Mais pourquoi dans cette grotte ? Je m’étais posé cette question à plusieurs reprises. Selon toute vraisemblance, elle voulait me parler en privé.
On aurait dit que Gerbera était déjà là. Des cocons pendaient du plafond, chacun abritant une flamme rouge à l’intérieur, éclairant un chemin. Gerbera était partie juste après le dîner, donc elle devait être en train de préparer ça.
« Gerbera… ? »
J’avais suivi docilement les lumières. Après avoir marché une cinquantaine de mètres, j’étais arrivé au bout de la grotte et étais sorti dans un espace dégagé de la taille d’un petit terrain de sport.
« Oh. Monseigneur. Par ici », elle m’avait appelé de l’autre côté d’un rocher en saillie. « Peux-tu venir par ici ? »
« Bien sûr. »
Me demandant toujours ce qu’elle attendait de moi, j’avais marché vers elle. Rien ne m’était venu à l’esprit, mais peu importe. C’était une bonne occasion. Gerbera n’avait pas été avec les autres, alors j’avais décidé de lui parler de ce qui m’arrivait et de nos projets pour l’avenir.
À cette pensée, j’avais ressenti un sentiment familier d’anxiété. J’avais ressenti la même chose lorsque j’avais parlé aux autres tout à l’heure. Je n’avais pas menti devant tout le monde, bien sûr. Je n’aurais pas hésité à utiliser mes capacités pour assurer un avenir paisible, un avenir où je pourrais vivre avec tous mes précieux compagnons — même si je devais perdre quelque chose dans le processus. Néanmoins, en ce qui concerne la quantité de perte que je pourrais réellement supporter… Je n’étais pas très confiant. Comme Katou l’avait dit, mes souvenirs de ce monde étaient également précieux pour moi. Naturellement, j’avais peur de les perdre.
Le fait que je ne ressente pas un réel sentiment de perte avec leur disparition me donnait des frissons. Il y avait sûrement beaucoup d’autres choses que j’avais déjà perdues, à part le souvenir que Mizushima avait mentionné. Ça m’avait donné envie de crier.
Quoi qu’il en soit, s’il y avait quelque chose à gagner dans le processus, je n’avais pas d’autre choix que de combattre cette peur. Pourtant, je n’étais qu’un humain minuscule et faible. Je n’étais ni un héros ni un monstre. Je le savais. Serais-je vraiment capable de supporter le choc de la perte ?
J’avais réfréné ces angoisses en contournant le rocher. J’y avais trouvé… une araignée prise dans sa propre toile d’araignée.
« Tu as bien fait de venir ici, mon Seigneur ! » s’écria-t-elle comme un méchant boss accueillant le héros. « Je commençais à en avoir assez d’attendre ! »
Ses seins voluptueux se soulevèrent alors qu’elle riait effrontément. Tout son corps était retenu par ses fils solides.
« Hein ? »
J’étais abasourdi. Toutes les pensées s’étaient envolées de ma tête. C’est dire à quel point cette scène était choquante. La moitié Araignée de Gerbera était coincée dans une toile construite à l’aide d’une cavité dans la robuste paroi rocheuse. Chaque articulation de ses huit pattes était attachée avec une méticulosité inutile. Sa moitié humaine était également enveloppée, ses deux bras étant inutilisables.
« Quoi ? »
Je ne comprenais pas vraiment ce que je voyais. Je voulais que quelqu’un vienne me l’expliquer. Pourquoi Gerbera était-elle attachée ? Et par ses propres fils, de toutes les choses ? Et pourquoi avait-elle l’air si fière ? Où cette atmosphère relativement sérieuse avait-elle disparu ?
Comme pour répondre à tous mes doutes, la Grande Araignée Blanche, celle dont on parle dans les légendes, déclara haut et fort : « Viens, mon Seigneur ! Il est temps de faire des bébés ! »
Je ne pouvais pas suivre… Quoi qu’il en soit, Gerbera continua sans prêter attention à ma perplexité.
« Selon Malvina, nous pouvons aussi avoir des enfants. Nous ne pouvons pas rester inactifs. Nous devons immédiatement mener des essais. Cependant, le simple fait de partager une étreinte avec toi est trop difficile à supporter pour moi. De plus, je ne peux pas m’asseoir et ne rien faire. Ce n’est pas possible. Heureusement, j’ai eu une soudaine prise de conscience ! »
Gerbera parlait de manière éloquente en tournant son visage vers le haut et en poussant un soupir de fierté.
« Tu te souviens de ce que Lobivia a dit cet après-midi ? “Pourquoi tu ne t’attaches pas ?” Tu te souviens ? Quand j’ai entendu ça, ça m’est venu à l’esprit ! Si je m’attache, alors je ne peux pas t’écraser ! »
Tout le corps de Gerbera rayonnait de cette question : « N’est-ce pas une idée merveilleuse ? ». Son sourire était absolument radieux.
« C’est mon plan pour qu’on puisse flirter autant qu’on veut ! »
« Oh. Je comprends maintenant. C’est ce qui se passe. »
Je pouvais enfin voir l’ensemble du tableau. J’avais compris… mais ma tête commençait à me faire mal.
« Tu comprends donc, mon Seigneur ! Qu’en penses-tu ? N’est-ce pas merveilleux ? »
« Euh. Bien sûr. Hm. Eh bien, il y a tout un tas de choses que j’aimerais dire, mais…, » avais-je répondu, en me frottant légèrement la tempe pour retenir mon mal de tête. « Que prévois-tu de faire après coup ? »
« Hrm ? »
« Tu t’es attachée de façon à ne pas pouvoir t’échapper. Ce n’est pas en m’ajoutant au mélange que tu vas t’en sortir », avais-je dit en montrant les toiles d’araignées qui la rendaient immobile. « Alors comment comptes-tu t’en sortir ? »
« Oh… »
Gerbera détourna son regard. Elle n’avait apparemment pas pensé à ça.
« C’est, hum, tu sais… Si j’appelle Lily, elle devrait être capable de défaire ça, non ? »
« Tu me dis d’aller l’appeler après que tout soit fait ? Ce serait bien trop gênant… »
Lily était intelligente. Elle aurait certainement réalisé ce qui se passait. En plus de ça, cette situation était vraiment étrange, peu importe comment on la regarde. Quel genre de jeu masochiste était-ce supposé être ? Comment Mizushima, qui observait toujours Lily de l’intérieur, allait-elle prendre ça ? Tout cela me faisait vraiment mal à la tête.
« Gerbera. Tu es vraiment si… »
Même si elle ne pensait jamais aux conséquences, il devait y avoir une limite. J’avais soupiré, et mes épaules avaient soudainement tremblé à cause des émotions qui s’accumulaient en moi.
« Haha. Haha haha… »
« Mon Seigneur ? »
Je ne pouvais que rire. Tout ce à quoi j’avais pensé jusqu’à présent avait entièrement disparu de mon esprit. Tous mes sentiments déprimants avaient été mis de côté sans la moindre trace de leur existence. C’était si étrange, et aussi si heureux.
Quel était l’intérêt d’être pessimiste à propos de l’avenir ? Pour quoi m’étais-je endurci au départ ? Tout cela pour un avenir heureux et paisible, alors il serait inutile de me noyer dans des pensées sombres et de déprimer.
La vérité que j’avais découverte en Draconia m’avait appris les obstacles que je devrais sans doute affronter dans les jours à venir. Cependant, ce n’était pas la seule chose que j’avais apprise. J’avais aussi appris une brillante possibilité.
Je devais voir l’avenir sous un jour radieux, comme Gerbera le faisait. La façon dont elle regardait droit devant elle et continuait à marcher sans s’arrêter vers sa destination était une sorte de salut pour moi.
« Qu’est-ce qui ne va pas, mon Seigneur ? » demanda Gerbera, l’air perplexe.
« Je me disais juste, » dis-je en souriant, « que tu es vraiment adorable ! »
Gerbera se raidit, les yeux écarquillés comme des soucoupes. « Qu’est-ce que tu dis tout d’un coup !? »
Le sang se précipita instantanément sur ses joues de porcelaine. Elle était rouge vif du cou jusqu’au bout des oreilles, à tel point qu’on pouvait l’appeler la Grande Araignée Rouge maintenant.
« Je veux dire, ce n’est pas si soudain. J’y ai pensé tout ce temps… Je suppose que je ne te l’ai jamais vraiment dit directement, hein ? » avais-je dit, en marchant vers elle. « Eh bien, la situation étant ce qu’elle est, les choses importantes comme celles-ci doivent être dites à haute voix. »
« A-Attends un peu, mon Seigneur ! » En entendant le bruit de mes pas sur le gravier, Gerbera commença immédiatement à paniquer. « S’il te plaît, attends un peu ! C’est extrêmement embarrassant d’une certaine manière ! »
« C’est toi qui as organisé tout ça… »
J’étais étonné, mais je ne m’étais pas arrêté de marcher. La panique de Gerbera continua à augmenter de façon exponentielle.
« M-M-M-Mon cœur n’est pas… Ooooh !? Mes jambes sont attachées ! Je ne peux pas m’échapper !? Pourquoi ? »
« Calme-toi. »
Je me tenais devant Gerbera alors qu’elle se tortillait. C’était une fille idiote qui avait réussi à se suspendre au plafond avec ses propres fils. Dire que j’étais complètement charmé serait un euphémisme.
Comme ses deux bras étaient liés, ses vêtements déjà osés étaient tendus, accentuant les courbes séduisantes de son corps. Sa bretelle glissa vers le bas, révélant des sous-vêtements roses en dessous. Elle l’avait probablement fait récemment depuis la dernière fois que nous en avions parlé. Un joli soutien-gorge s’accrochait à ses seins de femme.
Gerbera se pencha en arrière pour essayer de s’échapper, mais cela ne fit que mettre ses gros seins encore plus en évidence. Je doute qu’elle s’en soit rendu compte. Honnêtement, mon sens de la raison était au bord du gouffre. Comment pourrait-il en être autrement ? Mon corps et mon cœur étaient depuis longtemps captifs de ses fils.
Une de ses jambes apparut. Je m’étais soudainement souvenu de la sensation de ses poils blancs et j’avais touché sa jambe. Gerbera laissa échapper un étrange et surprenant « Nyahyah !? » Ses jambes s’étaient tordues, faisant grincer et ronronner les fils. J’avais essayé de la calmer avec cette action, mais apparemment j’avais échoué. Peut-être qu’il aurait été préférable de ne rien faire, maladroitement. J’avais retiré ma main. En vérité, j’étais à peu près à ma limite.
« Hé, Gerbera ? »
« Qu’est-ce qu’il y a, mon Seigneur ? »
« Te souviens-tu de notre promesse ? »
J’avais fait un autre pas en avant. Il n’y avait maintenant plus rien entre nous.
« P-Promesse ? Qu-Quelle promesse… ? »
« Qu’on s’embrasserait. Ne l’as-tu pas demandé ? »
Le jour où elle avait demandé ça, ses fils blancs avaient capturé mon corps et mon cœur.
« Puis, quand ça arrive, s-smooch ! Je veux essayer ça ! »
« Un baiser ? »
Je m’étais souvenu de notre échange. L’affection que j’avais ressentie à l’époque restait dans mon cœur encore aujourd’hui, toujours aussi forte. J’avais entouré de mes bras le beau corps de Gerbera. Les difficultés allaient certainement s’abattre sur nous dans les jours à venir. De nombreuses épreuves se dresseraient sur le chemin de notre objectif. Pourtant, je ne pouvais pas perdre. Je devais tout surmonter sans baisser les bras ni épuiser mes forces. C’est ainsi que j’atteindrai mon avenir heureux et paisible.
Avec ces pensées en tête, j’avais pressé mes lèvres contre les siennes.
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merci pour le chapitre