Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 7 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Ce qu’il faut pour entrer dans la ville

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Chapitre 5 : Ce qu’il faut pour entrer dans la ville

Partie 1

Je me tenais au sommet d’une petite falaise, seul. Cet endroit, sporadiquement entouré d’arbres, était suffisamment large pour que je puisse me déplacer. J’entendais faiblement mes compagnons préparer le dîner au-dessous de moi.

« D’accord, » avais-je marmonné, en levant mon bras gauche. « Asarina, renforce-moi. »

« Maît — tttrree ! »

Asarina avait crié de sa voix grinçante et s’était enroulée autour de mon bras gauche, qui était encore couvert des cicatrices de brûlure que j’avais reçues lors d’une attaque de renard souffleur dans le passé. Une fois que son corps de liane s’était complètement enroulé autour de mon bras, j’avais ramassé le bouclier que j’avais laissé sur le sol.

« Bien. C’est très léger. On dirait que c’est une réussite. »

« Iiii ! Tre ! »

Asarina avait acquis cette capacité pendant la bataille contre la Bête folle. Elle pouvait maintenant fonctionner comme un exosquelette de renforcement. Nous avions réussi à le répliquer ici parfaitement. À l’époque, je devais l’utiliser en conjonction avec le mana de Gerbera, mais maintenant je pouvais le faire sans. Ce mana me donnait une puissance massive, mais il m’épuisait considérablement, il était donc beaucoup plus pratique de ne pas l’utiliser. Nous avions testé cela plusieurs fois pour nous habituer à la sensation, et en cet instant, Asarina l’avait parfaitement maîtrisé.

J’avais essayé d’attraper mon épée avec ma main gauche et de la faire tourner. Lors du combat contre la Bête folle, je n’avais eu besoin que d’encaisser son coup, donc je n’avais fait qu’améliorer ma force physique. Je ne savais pas si l’exosquelette gênait mes mouvements. À première vue, il ne semblait pas y avoir de problème. En balançant mon épée, je pouvais sentir les lianes se resserrer autour de mon bras, mais mes mouvements étaient en fait plus fluides et plus précis qu’auparavant.

Asarina avait senti ma volonté et avait suivi mes mouvements. Comme ses racines s’enfonçaient dans mon corps, notre connexion par le cheminement mental était plus profonde que celle de mes autres serviteurs. J’avais voulu en tirer profit, nous nous étions donc entraînés à transmettre des instructions par la voie mentale pour les utiliser au combat. Nous avions accompli cet exploit grâce à cet entraînement.

« On dirait qu’on peut utiliser ça dans un vrai combat. Aussi… bien. On pourrait te faciliter la tâche en… Hm ? »

« Trrreee ? »

Asarina et moi nous étions arrêtés. J’avais jeté un coup d’œil autour de moi. Peu de temps après, j’avais repéré une araignée avec le haut du corps d’une fille qui marchait dans ma direction.

« Mon Seigneur. »

C’était Gerbera, le visage crispé dans une expression extrêmement sérieuse. Ses yeux rouges sang avaient regardé Asarina.

« J’ai quelque chose dont j’aimerais te parler. Est-ce que le moment est mal choisi ? » avait-elle demandé.

« Hm ? Oh, pas vraiment. Asarina, arrêtons là pour aujourd’hui. »

« Trrrreee ! »

Asarina avait déroulé son corps et s’était retirée en moi par considération.

« Alors ? Qu’est-ce qu’il y a ? » avais-je demandé.

« Hm. Je suis venue pour remplir notre promesse, » déclara nerveusement Gerbera.

Je n’étais pas stupide au point de ne pas comprendre ce qu’elle voulait dire. C’était sans aucun doute à propos de notre promesse de passer du temps seul quand nous le pourrions. Une partie de moi s’était demandé quand on en arriverait là. Quand même, c’était embarrassant de l’entendre comme ça.

« Je vois. »

À la fin, je n’avais pu que me contenter d’un bref remerciement.

« A-Alors, à propos de ça… J’ai une requête, » continua Gerbera, sa peau presque transparente se teintant de rouge. Elle parlait considérablement plus vite que d’habitude. « Récemment, je t’ai presque écrasé à mort dans mes bras, tu te souviens ? »

« Oui. »

« Même maintenant, je n’ai pas la confiance nécessaire pour m’empêcher de le faire au milieu de l’acte. »

« Hein ? »

J’avais levé un sourcil. C’était de mauvais augure.

« Eh bien, écoute, » dit Gerbera, remarquant ma perplexité et me tendant la main. « Il semblerait que je sois incapable de contenir ma force lorsque je suis excitée. Je crois que tu le sais déjà. Par conséquent, je ne ferai rien. »

« Rien du tout ? »

« Exactement. Si je tente imprudemment de te tenir dans mes bras, je risque de te faire éclater dans le processus. Ainsi, je deviendrais inerte, splash. »

« Splash… »

Ce n’était pas vraiment un effet sonore qu’on entendait pendant l’acte. En tout cas, elle était en train de donner du sens à tout ça.

« Je comprends où tu veux en venir, » avais-je dit.

« Très bien. Maintenant, viens vers moi comme tu le veux ! »

Gerbera avait vigoureusement gonflé sa poitrine. Le sujet étant ce qu’il était, le rebondissement vif et souple de ses seins avait attiré mon regard. J’essayais habituellement de ne pas y prêter trop d’attention, mais la tenue de Gerbera était vraiment osée. Ses seins étaient à peu près de la même taille que ceux de Lily, et son décolleté constamment visible était honnêtement du poison pour mes yeux. Les courbes sinueuses que dessinaient son ventre et son dos la rendaient plus féminine que toutes les autres personnes que je connaissais. La moitié arachnéenne qui se trouvait en dessous, de ses poils blancs à sa forme, était également magnifique. Elle inspirait la crainte à tous ceux qui la voyaient. Cela n’enlevait rien à sa beauté.

Son comportement enfantin habituel qui compensait sa sensualité avait maintenant disparu derrière ses joues rougies et ses mouvements agités. Elle ferma les yeux, sans défense, alors qu’elle se présentait, son visage à la beauté suspecte, devant moi.

« Bon… »

Je m’étais approché et j’avais posé mes mains sur ses épaules. Sa peau était soyeuse et douce sous ma paume.

« Hmm… »

Les sourcils de Gerbera avaient tressailli, et ses jambes avaient légèrement gratté le sol. Elle s’était mordu la lèvre. La voir se retenir avait attisé quelque chose qui dormait au fond de moi. J’avais lentement enroulé mes bras autour de son dos et m’étais rapproché d’elle, son parfum féminin se répandant sur moi.

Sa respiration irrégulière, stimulée par sa nervosité et son excitation, frôlait ma peau. Je pouvais la sentir trembler légèrement dans mes bras. Mes yeux s’étaient naturellement fermés alors que je rapprochais lentement mes lèvres… quand j’avais entendu un bruit de tonnerre.

« Hein ? »

Gerbera s’était débarrassée de mes bras et avait sauté dans les airs. Elle s’était éloignée de moi de plusieurs mètres en un instant, ses jambes traçant des ornières dans le sol.

« G-Gerbera ? »

Le choc du rejet m’avait figé sur place.

« Mon Seigneur…, » dit Gerbera en relevant son visage baigné de larmes. « Après tout, je ne peux pas faire ça ! »

« Hein ? »

« Si tes lèvres avaient continué et touché les miennes, j’ai l’impression que… ça aurait été complètement inutile ! »

Je ne comprenais pas vraiment, mais je n’avais pas l’impression qu’elle me rejetait. Je m’étais senti légèrement soulagé alors que Gerbera continuait à trembler.

« Un baiser est une chose si dangereuse…, » avait-elle murmuré. « Mon corps et mon cœur étaient sur le point de fondre. Il n’y a aucune chance que j’aie pu garder un peu de bon sens. »

Ses jambes avaient glissé. C’était un de ses tics quand elle se retenait.

« Évidemment, je ne peux pas continuer à être inerte ! »

« Même si tu me dis que… »

« Est-ce que tout le monde surmonte un obstacle aussi difficile ? » avait-elle murmuré, étonnée.

Elle avait probablement tort à ce sujet dans une certaine mesure…

Alors qu’elle continuait à se creuser la tête, j’avais poussé un petit soupir.

 

 ◆ ◆

« Qu’est-ce qui se passe, Maître ? J’ai entendu un cri. »

Lily était venue après avoir entendu le vacarme. Elle ne pouvait toujours pas utiliser son mimétisme correctement, alors elle s’était glissée sur le sol vers moi. Elle m’avait regardé avec son visage gluant, puis avait incliné tout son corps sur le côté.

« Hein ? Où est Gerbera ? N’était-elle pas avec toi ? »

« Elle a dit : “C’est inutile pour moi maintenant ! Mais je n’abandonnerai pas !” et elle s’est enfuie quelque part. »

« Aah... Je vois que l’opération Inerte a échoué. »

Ses traits étaient encore un peu flous, mais je pouvais clairement voir son sourire en coin.

« Étais-tu au courant ? » avais-je demandé.

« Mhm. C’était l’idée de Rose. J’ai moi-même pensé que c’était une assez bonne idée. »

« Elle a aussi dit : “Je m’en souviendrai”. Je veux dire, pourquoi me dire ça ? »

« Aha ha... »

« Tout irait bien si je pouvais résister à sa force. Je me sens un peu désolé pour elle. »

« Hmm, je me pose la question. Ça va dans les deux sens, n’est-ce pas ? » dit Lily, comprenant où je voulais en venir alors que je me grattais la tête. « Nous sommes une espèce différente de toi, Maître. Il y aura des obstacles à surmonter. C’est certainement difficile, mais je ne pense pas que Gerbera perdra courage pour autant. C’est l’un de ses points forts, non ? Je suis sûre que tu aimes aussi cette partie d’elle. »

Lily avait fait une pause, jetant un coup d’œil à mon expression et gloussant.

« C’est quoi ce visage, Maître ? Es-tu toujours inquiet à ce sujet ? Je t’ai déjà dit que ça ne me dérange pas, quoi qu’il arrive entre vous deux. »

« Je le sais, mais… »

« Eh bien, c’est une question de sensibilité et de sentiments, donc je peux comprendre que tu te laisses entraîner par instinct. » Lily s’était rapprochée et avait posé sa tête sur ma poitrine. « Le simple fait de pouvoir faire ça est plus que suffisant pour moi. »

« Lily… »

« Si tu dois passer du temps à t’inquiéter de ces choses, je serais plus heureuse si tu le passais avec moi. Je veux dire, nous ne pourrons pas nous voir pendant un certain temps. »

Lily s’était glissée en douceur au-delà de la ligne que Gerbera n’avait pas pu franchir.

« Hmm. »

Elle avait pressé son corps à la fois féminin et monstrueux contre le mien, puis avait rencontré mes lèvres avec les siennes. Elle ne portait aucun vêtement, alors la sensation de sa pression contre moi était très vive. Elle était collante parce qu’elle se sentait seule à l’idée de devoir se séparer un peu. Stimulé par l’amour qui gonflait dans mon cœur, j’avais posé ma main sur sa joue.

Nous avions partagé un baiser profond, et nos silhouettes n’avaient fait qu’une, se fondant l’une dans l’autre. Lily avait surmonté les obstacles qui la retenaient. La distance entre nous était minuscule.

Le jour suivant, nous nous étions séparés du groupe de Lily et nous avions descendu la montagne.

***

Partie 2

« Le nombre de villes d’Aker qui abritent plus de mille personnes se compte sur les doigts d’une seule main, » dit Shiran, assise sur ses semelles.

Elle portait ses vêtements de voyage et avait étalé devant elle une carte simpliste indiquant les routes et les villes principales. La carte que nous avions reçue des Chevaliers de l’Alliance avait été emportée par la rivière lors de l’attaque de la Skanda, alors Shiran avait dessiné celle-ci à partir de rien. J’y avais noté les noms de chaque point de repère en katakana.

« D’après ce qu’on nous a dit avant de pénétrer dans les montagnes de Kitrus, cette route débouche près de la ville de Zaquo. Ce qui veut dire… »

Shiran avait tracé son doigt le long de la carte.

« Nous sommes probablement quelque part par ici. La grande ville la plus proche est Diospyro. C’est la plus grande ville de l’est d’Aker et le centre de distribution des marchandises pour les villages et villes environnants, donc je pense que ce sera une destination acceptable pour nos objectifs. »

« Combien de temps nous faudra-t-il pour atteindre Diospyro ? »

« Voyons voir… Je pense que nous devrions y arriver dans trois jours. Selon Berta, il y a une colonie à proximité. Nous pouvons demander des détails là-bas. »

Il nous avait fallu trois jours pour descendre la montagne, donc en tenant compte du temps nécessaire pour nous approvisionner en ville, un voyage aller-retour nous prendrait environ deux semaines. Cela correspondait largement à notre programme préexistant.

« Deuxième Roi. »

Peut-être en réaction à son propre nom, Berta, qui était couchée sur le sol près de nous, avait rejoint notre conversation. Elle avait levé ses deux énormes têtes de loup.

« Il y a des yeux humains dont il faut se méfier à partir de maintenant. Je n’irai pas plus loin. »

« Ah, oui. Merci Berta. »

« Je l’ai déjà dit plusieurs fois, mais je ne fais rien d’autre que de suivre les ordres de mon roi, » dit-elle en détournant ses deux paires d’yeux intelligents. « On m’a ordonné de vous protéger pendant un certain temps. C’est la seule raison pour laquelle je vous accompagne. Par conséquent, je n’ai pas besoin de vos remerciements. Je ne suis pas votre foutu compagnon ou quoi que ce soit d’autre. »

Elle était terriblement froide. Son comportement était le même que d’habitude, mais quelque chose m’avait paru étrange cette fois-ci. Depuis qu’elle était retournée à Kudou puis qu’elle était revenue, Berta se comportait étrangement. Je m’étais demandé si quelque chose s’était passé.

Parce qu’elle nous avait aidés à récupérer Lily, je ne pouvais pas détester cette énorme louve. Je n’avais pas oublié qu’elle avait trompé Sakagami Gouta et l’avait mangé, mais Kudou l’avait forcée à le faire. Quand je l’avais pressée de répondre à la question de savoir si elle avait trompé Sakagami, j’avais vu de la culpabilité dans ses yeux.

Maintenant que j’avais eu l’occasion d’interagir davantage avec elle, j’avais vu qu’elle était en fait assez douée pour s’occuper des autres, malgré son attitude brusque. Fondamentalement, elle avait un bon cœur. Cependant, je ne savais pas si c’était une bonne chose pour elle en tant que servante de Kudou.

« Nous devrions atteindre la colonie dans l’après-midi. Je vous garderai jusque là, » dit Berta à voix basse. « Après cela, je retournerai chez le slime et l’araignée. Après sept jours, je reviendrai ici et je vous attendrai. Est-ce tout ? »

« Oui. Merci. Tu es d’une grande aide. »

« Je n’arrête pas de vous dire… »

Berta avait commencé à dire quelque chose, mais s’était tue. Elle avait compris qu’il était inutile de me dire continuellement de ne pas la remercier. La voir agiter sa queue et ses tentacules d’un air boudeur m’avait fait sourire.

« Bon, c’est tout pour nos plans jusqu’à ce que nous atteignions le village, » avais-je dit en me retournant pour faire face aux deux elfes assises en face de moi. « Après cela, nous allons beaucoup compter sur vous deux. Nous pourrions finir par être une gêne, mais nous serons sous votre responsabilité. »

« Compris. »

« Laissez-nous faire ! »

« Tout ce qu’il reste à faire est… Hmm, Katou et Rose prennent vraiment leur temps. »

Après avoir déterminé nos plans, j’avais jeté un coup d’œil aux alentours. Je ne pouvais pas voir les deux filles quelque part.

« Elles se sont excusées après que nous ayons terminé le petit déjeuner. Je devrais aller les chercher ? » proposa Shiran en hochant la tête.

« Non, c’est bon. »

Je pouvais dire à travers le cheminement mental qu’elles n’étaient pas allées loin. Elles étaient sûres de revenir avant notre départ, donc il n’y avait pas besoin de sortir de notre chemin pour les chercher. Et juste au moment où je pensais cela, des pas étaient venus vers nous avec un timing parfait.

« Je suis revenue, Maître, » dit Rose.

Je m’étais retourné avec désinvolture. « Aah, bienvenue ba —»

Mon salut était resté coincé dans ma gorge. Ma bouche s’était ouverte et j’avais regardé la personne devant moi. C’était une fille que je ne connaissais pas. Ses cheveux argentés foncés se balançaient derrière elle en une tresse. Elle était grande pour une femme, et elle portait une robe bleu foncé avec un col.

La jupe de la robe se drapait gracieusement sur ses jambes, et à en juger par le tissu épais dont elle était faite, elle était à la fois pratique et belle. De plus, elle portait un grand tablier, ce qui rendait son expression plus posée que mignonne. Elle portait de longs gants qui couvraient ses deux bras, et ses chaussettes montaient jusqu’à ses cuisses. Sa tenue n’exposait que très peu de sa peau.

La seule partie de son corps qui ressortait vraiment était son visage anormalement beau et angélique. Ses traits étaient si délicats qu’ils ressemblaient presque à du verre forgé. Je n’avais jamais rien vu de tel auparavant.

 

 

Elle avait l’air complètement différente, mais j’avais immédiatement su qui elle était.

« Rose… ? »

« O-Oui. »

Rose avait souri maladroitement, peut-être à cause de la tension du moment. Mon cœur battait la chamade en la regardant faire de son mieux pour courber ses lèvres. Cela m’avait complètement déstabilisé et m’avait fait agir encore plus bizarrement.

À ce moment-là, Katou était sortie de derrière Rose et avait dit : « Allez, ne reste pas planté là. »

Ces mots m’avaient fait réaliser que nous étions debout, immobiles, face à face, comme si nous étions à une sorte d’entretien de mariage.

En me voyant comme ça, Katou avait souri de satisfaction et avait poussé le dos de Rose. Rose avait marché dans ma direction, mais ses mouvements étaient saccadés et raides. Katou l’avait probablement poussée comme ça jusqu’ici.

Une fois que Rose s’était approchée de moi, elle s’était assise, comme si un interrupteur s’était déclenché en elle.

« Wôw ! Tu es superbe ! Ça te va si bien, Rose ! » s’écria Kei avec un regard émerveillé. « C’est la tenue que tu as préparée pour pouvoir aller en ville, n’est-ce pas !? »

Avec les mots de Kei, j’avais finalement compris la situation. Rose avait apparemment préparé ces vêtements pour qu’elle puisse aller en ville. J’avais pensé que ce ne serait pas bien qu’elle se promène avec son masque et ses articulations exposés, alors quand j’avais demandé à Rose et Katou de m’accompagner en ville, j’avais aussi demandé si quelque chose pouvait être fait pour l’apparence de Rose. Elles m’avaient simplement répondu qu’elles se prépareraient elles-mêmes. Je leur avais fait confiance pour trouver une solution et les avais laissées faire, mais je n’aurais jamais pensé qu’elles feraient autant d’efforts. Il leur avait fallu beaucoup de temps pour préparer ce projet, et c’est maintenant qu’il était dévoilé.

« Ça te va bien, Rose, » dit Shiran.

« C’est vrai. Elle est si jolie, » avait ajouté Kei en signe d’approbation. Ses yeux brillaient d’admiration quand elle s’était tournée vers moi. « Pas vrai, Takahiro ? »

« Oui. J’ai finalement réalisé que je n’avais moi-même rien dit. Elle a raison. Je pense que ça te va bien. »

La plus ennuyeuse des phrases était sortie de ma bouche. Cela m’irritait de ne pas l’avoir félicitée d’une meilleure façon. Je ne pouvais pas vraiment exprimer ma perplexité en premier lieu.

« Tu es si jolie que ça m’a choqué. » C’est le mieux que j’ai pu faire.

L’instant d’après, toute expression avait disparu du visage de Rose. Elle ressemblait maintenant à une poupée inorganique. Le changement était si soudain qu’il m’avait fait sursauter. Ai-je dit quelque chose de mal ? Ou ne l’ai-je pas assez félicitée ? De nombreuses pensées avaient traversé mon esprit.

Avec le recul, je m’étais rendu compte que toutes mes suppositions étaient fausses. On m’avait dit plus tard que Rose n’était pas très douée pour les expressions faciales. Comme son visage était à l’origine sans traits, c’était parfaitement logique. Elle avait fait beaucoup d’efforts pour paraître moins inhumaine. Mais même maintenant, une partie de cette gêne subsistait. Chaque fois que son attention était dirigée ailleurs, tous ces traits disparaissaient entièrement, laissant une expression froide qu’aucun humain ne pouvait avoir.

C’était exactement ce qui s’était passé. Cependant, je ne l’avais pas trouvé disgracieux. J’étais peut-être un peu partial, mais les traits de Rose étaient si délicats que son expression inhumaine et froide lui allait plutôt bien. Elle était comme un ange.

Toujours sans expression, la Rose éthérée… s’était effondrée en arrière avec un bruit sourd.

« Uhhh… »

Pour commencer, pourquoi Rose avait-elle perdu son expression ? En bref, dès qu’elle avait entendu mes louanges enfantines, elle avait perdu sa présence d’esprit.

« R-Rose !? » cria Katou.

Shiran et Kei s’étaient levées d’un bond. Une des têtes de Berta avait bâillé et elle avait fermé les yeux comme si cela n’avait rien à voir avec elle.

Nous avions dû attendre un certain temps avant que Rose ne se remette de son « évanouissement », pour reprendre un terme humain, et que nous puissions partir.

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