Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 10 – Chapitre 2

Bannière de Monster no Goshujin-sama (LN) ***

Chapitre 2 : Les soucis de la Skanda ~ Point de vue d’Iino Yuna ~

***

Chapitre 2 : Les soucis de la Skanda ~ Point de vue d’Iino Yuna ~

Partie 1

Quelques jours s’étaient écoulés depuis le début de mon voyage pour rendre visite au noble impérial mineur, le vicomte Bann. Je voulais en effet confirmer par moi-même les rumeurs concernant le faux sauveur. Après avoir rencontré le vice-maréchal du Saint Ordre et commandant par intérim de la deuxième compagnie, Gordon Cavill, j’avais fini par travailler avec lui. Mais nous n’étions pas seuls. Cinq autres chevaliers du Saint Ordre nous accompagnaient.

Nous avions réservé une auberge dans un village où nous nous étions arrêtés. Après avoir trouvé ma chambre et changé mes vêtements de voyage, j’étais allée dans la chambre que Gordon et les autres utilisaient. L’un des chevaliers vint me saluer à la porte, puis m’invita à entrer.

« Oh, mademoiselle Iino. Bienvenue. »

Gordon était assis à une table et m’avait accueillie chaleureusement. Avec sa peau foncée, son crâne dégarni et sa forte carrure, il avait l’air quelque peu effrayant, mais il se comportait comme un gentleman. Au début, j’étais un peu tendue quand je lui parlais, mais après quelques jours, toute ma nervosité avait disparu.

En me dirigeant vers la table couverte de cartes et de documents, je lui posai immédiatement des questions sur l’enquête concernant le faux sauveur. La deuxième compagnie de Gordon était composée d’environ quatre cents chevaliers dispersés dans les petits territoires nobles de la région. Ils collaboraient avec les forces locales pour mener l’enquête. Gordon avait ensuite compilé toutes les informations recueillies. Malheureusement, ils n’avaient pas non plus obtenu de résultats satisfaisants aujourd’hui.

« Je suis désolé que nous n’ayons rien pu obtenir d’utile », dit Gordon, les épaules affaissées. Il avait l’air d’un ours déprimé, ce qui était, d’une certaine manière, comique. « Nous avons déjà reçu des informations utiles de votre part, et pourtant nous voici dans cet état. Je ne m’excuserai jamais assez. »

Il faisait référence aux informations que je leur avais fournies sur Kudou Riku. À en juger par la façon dont les monstres avaient anéanti les villages visités par le faux sauveur, je soupçonnais le cerveau de l’attaque du fort de Tilia, le seigneur des ténèbres Kudou Riku, d’y être pour quelque chose. C’est la raison pour laquelle Gordon m’avait demandé de l’aide. J’avais accepté et je lui avais révélé tout ce que je savais, mais uniquement ce dont je disposais. Je n’avais encore rien fait.

« Enquêter sur un faux sauveur n’est pas le genre de chose qui donne des résultats tout de suite », avais-je dit en secouant la tête. « Je sais que vous faites de votre mieux, Sire Gordon. »

Après avoir travaillé avec lui, j’avais découvert que Gordon était un homme très diligent. Il conduisait la manamobile pendant la journée et recueillait des informations à chaque étape. Une fois qu’il avait obtenu les informations des autres chevaliers, il examinait soigneusement chaque détail et les rassemblait. Il donnait également des ordres pertinents à ses subordonnés et prenait soin de contacter fréquemment les petits nobles qui coopéraient avec lui. Même si les chevaliers qui l’accompagnaient l’aidaient chacun dans un domaine différent, la quantité de travail qu’il accomplissait seul était extraordinaire. Il était si dévoué que je m’étais demandé s’il dormait suffisamment.

« Je ne peux pas me plaindre quand vous travaillez si dur », lui dis-je. « En fait, vos efforts sont étonnants. »

« Merci, madame », dit Gordon, son visage rocailleux s’adoucissant un peu, « mais j’ai honte d’être félicité pour cela. Ce que nous faisons est une évidence. C’est notre devoir. Nous ne sommes pas des membres de ce monde, après tout. »

« Hum ? »

Pas des membres de ce monde ? Je n’avais pas compris.

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » lui avais-je demandé.

« Hmm… » Gordon posa sa main sur son menton et réfléchit un instant. Après une courte pause, il poursuivit : « Mademoiselle Iino, connaissez-vous ceux qui ont un sang béni ? »

« Hein ? — Oui, ce sont des descendants de visiteurs, n’est-ce pas ? »

Ce que nous appelons des tricheurs était appelé des bénédictions dans ce monde, c’est pourquoi ils appelaient les descendants des visiteurs « ceux qui ont un sang béni ».

« En vérité, chaque chevalier du Saint Ordre est de sang béni. »

« Hein ? Vraiment ? »

C’était la première fois que j’en entendais parler. Par réflexe, je m’étais tournée vers les subordonnés de Gordon qui m’avaient répondu par un signe de tête.

« Oui, c’est exactement ce que dit le commandant », répondit l’un d’eux.

« Je n’en avais aucune idée… »

Mais maintenant qu’ils l’avaient mentionné, c’était tout à fait logique. Gordon avait la peau foncée, ce qui était atypique dans ce monde. De plus, en y repensant, le maréchal que j’avais vu au fort Ebenus avait lui aussi des traits semblables aux nôtres. Cela s’expliquait par le fait qu’ils étaient les descendants de visiteurs.

« Cela dit, tous les sangs bénis ne peuvent pas devenir chevaliers du Saint Ordre », ajouta le plus jeune chevalier du groupe. « Le Saint Ordre est une force de combat de l’élite destinée à se battre aux côtés des grands sauveurs. On ne peut pas devenir chevalier dans ses rangs sans avoir les compétences nécessaires. En fait, c’est parce que le Saint Ordre emploie une doctrine de la force que seuls ceux qui ont un sang béni, et seulement quelques-uns d’entre eux peuvent le rejoindre. »

Son ton était empreint d’une passion juvénile. Son aura ressemblait à celle de Watanabe, le défunt membre de l’équipe d’exploration.

« Donc, seule une partie de ceux qui ont un sang béni peut devenir chevalier ? » demandai-je, nostalgique à cause de la ressemblance du jeune chevalier avec mon ancien camarade. « J’ai l’impression qu’il y a une contradiction là-dedans. »

« Non, il n’y en a pas », avait-il répondu. « Il semble que vous ne compreniez pas ce que signifie être de sang béni, madame. »

« Est-ce que cela signifie que vous êtes plus que de simples descendants de visiteurs ? »

« Oui, nous le sommes. Ceux qui sont de sang béni héritent de bénédictions grâce à leur lignée. De ce fait, beaucoup excellent dans la manipulation du mana, les tactiques de combat et les aptitudes à la magie, toutes choses généralement nécessaires au combat. On pourrait dire que ce pouvoir est la preuve définitive que nous sommes d’une lignée exaltée ! »

En voyant son subordonné porter la main à sa poitrine avec fierté, Gordon esquissa un sourire ironique.

« Cela dit, je préférerais que vous ne vous mépreniez pas, madame », dit-il. « Notre pouvoir est différent de celui des grands sauveurs. Il ne dépasse pas les limites des habitants de ce monde. Même parmi les chevaliers de l’ Alliance et les chevaliers impériaux, il y a des individus qui, à l’image du chevalier Taureau enragé de la Prairie ou du chevalier le plus fort des Terres forestières du Nord, surpassent le chevalier moyen du Saint Ordre. Mais si l’on exclut ces exceptions, on peut dire que le Saint Ordre est un rassemblement de la plus haute élite. »

Le chevalier le plus fort des Terres forestières du Nord désignait Shiran, qui voyageait actuellement avec Majima. J’avais entendu dire qu’elle avait croisé le fer avec Juumonji, qui excellait dans le combat rapproché en tant que guerrier, même si ce n’était que pour une courte période. Comme on pouvait s’y attendre, tous les chevaliers du Saint Ordre n’avaient pas le même potentiel de combat.

Néanmoins, ils avaient déjà une force plus que suffisante. À titre de comparaison, les membres de la deuxième compagnie des chevaliers impériaux, avec lesquels j’avais voyagé pendant un mois, ne pouvaient affronter les monstres de la Frange qu’en groupes de quatre ou cinq. La troisième compagnie des chevaliers de l’Alliance, plus expérimentée, pouvait apparemment accomplir la même chose avec deux ou trois chevaliers.

Mais qu’en est-il du Saint Ordre ? Selon Gordon, le chevalier moyen ne pouvait pas égaler Shiran, mais celle-ci était une exception. Cela signifiait que la force du chevalier moyen du Saint Ordre dépassait largement celle d’un chevalier de l’Alliance; la force de chacun d’entre eux était donc comparable à celle d’un monstre des Franges.

La première compagnie du Saint Ordre comptait environ six cents chevaliers, la deuxième environ quatre cents, la troisième environ trois cents et la quatrième environ deux cents. À l’instar de la deuxième compagnie de Gordon, chacune d’entre elles fonctionnait comme une organisation pratiquement indépendante, si bien qu’elles ne formaient pas vraiment une grande armée. Pourtant, une seule compagnie possédait un pouvoir considérable.

« C’est incroyable », dis-je avec une admiration sincère.

« Oui, mais ce n’est pas tout », dit le plus jeune chevalier, encore plus fier qu’avant. « Parmi nous, il y en a qui peuvent même reproduire les bénédictions que les sauveurs qui nous ont précédés utilisaient autrefois. »

« Hein ? Voulez-vous dire qu’il y a des gens qui ont des capacités innées ? » demandai-je, un peu plus fortement que prévu.

Possédant moi-même cette capacité inhérente de la Skanda, il ne m’était pas difficile d’imaginer l’ampleur de la chose. Je n’avais pas pu cacher mon choc, ce à quoi le chevalier avait répondu par un grand signe de tête.

« Oui, nous appelons ces personnes les bien-aimés du sang béni. Et pourquoi le cacher ? Notre commandant en est un excellent exemple ! »

« Sire Gordon ? » lui avais-je demandé en le regardant.

« Oui », répondit-il en hochant humblement la tête. « Bien que mes capacités soient bien inférieures à celles de l’original… »

« Qu’est-ce que vous racontez !? » s’exclama le plus jeune des chevaliers. « Sire Gordon Cavill des Ailes Radieuses est l’un des plus éminents parmi les bien-aimés de sang béni, même à travers les âges ! N’êtes-vous pas celui qui est le plus proche des grands sauveurs du passé ? »

***

Partie 2

Gordon avait sans doute la force nécessaire pour faire de telles louanges, mais le jeune chevalier semblait tout de même un peu trop zélé. Peut-être l’idolâtrait-il à ce point. Quant à Gordon, même s’il souriait amèrement, il regardait le jeune homme avec tendresse. Je pouvais voir le lien étroit qui les unissait.

Je fus soulagée de les voir ainsi. Pour commencer, l’une des raisons pour lesquelles j’accompagnais Gordon était de découvrir par moi-même le genre d’organisation qu’était le Saint Ordre. C’est Louis qui m’avait donné de fausses informations sur Majima et l’attaque du fort de Tilia, mais il y avait aussi un chevalier du Saint Ordre avec lui : Travis Mortimer.

Si, à l’époque, il avait fait exprès de me donner de fausses informations, et si le Saint Ordre était impliqué… Dans le contexte actuel, mes soupçons étaient tout à fait raisonnables. Je comptais profiter de cette occasion pour découvrir le genre de personnes que sont les chevaliers du Saint Ordre.

Après les avoir observés, j’avais pu constater qu’ils étaient fiers et qu’ils se consacraient à leurs tâches professionnelles. Je n’aurais jamais pensé qu’ils auraient recours à un acte criminel. Il s’est avéré que j’avais trop réfléchi.

« Hm ? — Y a-t-il un problème, Mlle Iino ? » demanda Gordon d’un air perplexe.

« Non… ce n’est rien », avais-je répondu en secouant la tête. « C’est juste que… Hm, c’est vrai. Je trouve ça incroyable. » J’essayais à moitié de changer de sujet en tentant d’attiser l’intérêt du jeune chevalier. « Les bien-aimés de sang béni, est-ce bien comme ça que vous les appelez ? Il y en a d’autres comme Sire Gordon, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr ! » répondit-il joyeusement. « Il y a plusieurs bien-aimés de sang béni dans l’Ordre en ce moment. Parmi eux, ceux qui ont des capacités particulièrement puissantes sont les quatre commandants. »

« Les commandants ? »

J’avais déjà entendu parler de tous les commandants du Saint Ordre : le maréchal du Saint Ordre et commandant de la première compagnie, sir Harrison Addington; le vice-maréchal et commandant de la deuxième compagnie, sir Gordon Cavill; le commandant de la troisième compagnie, lady Vivian Maywood; et enfin, le commandant de la quatrième compagnie, sir Travis Mortimer.

« Oh, je les ai toutes rencontrées, à l’exception de Lady Vivian. »

Sans même le savoir, j’avais rencontré des gens qui avaient hérité d’un pouvoir important, semblable à celui des visiteurs. Cependant, comme le personnel de valeur avait plus d’occasions de rencontrer des visiteurs comme moi, ce n’était pas si étrange.

« Mlle Iino, vous avez rencontré Mortimer ? » me demanda Gordon alors que je réfléchissais à des informations inutiles.

« Hein ? Monsieur Travis ? — Oui, je l’ai rencontré. » Je n’avais pas l’intention de révéler à Gordon que j’avais rencontré Travis avant d’avoir fini de découvrir quel genre d’organisation était le Saint Ordre, mais je m’étais dit que le moment était venu. « J’ai eu l’occasion de le rencontrer dans une ville appelée Serrata, dans le comté de Lorenz. »

Après avoir répondu, j’avais été un peu déconcertée par la réaction de Gordon.

« Est-ce que c’est ainsi... », dit Gordon, son expression devenant rigide.

Même l’air autour des autres chevaliers avait changé. Avant même que je m’en rende compte, une atmosphère étrange s’était installée dans la pièce.

« Alors ? Quel genre de relation entretenez-vous avec Mortimer, mademoiselle Iino ? » demanda Gordon, alors que je restais bouche bée.

Il y avait quelque chose de gênant dans son ton. Qu’est-ce qui se passe ? C’était la première fois que je le voyais agir ainsi, ce qui me troublait d’autant plus. Pourtant, je n’avais pas besoin de cacher quoi que ce soit à propos de sa question.

« Je ne sais pas trop ce que vous voulez dire par là… Je n’ai eu l’occasion de parler avec lui qu’une seule fois. C’est tout. »

« Je vois. »

J’avais perçu une légère pointe de soulagement dans sa voix. L’anxiété avait commencé à monter en moi.

« Y a-t-il quelque chose qui ne va pas avec Sire Travis ? » avais-je demandé.

« Non… Pas du tout », répondit Gordon en détournant les yeux.

Il avait nié, mais sa façon d’agir disait le contraire. J’avais regardé autour de la pièce. J’avais croisé le regard du jeune chevalier qui avait tant parlé. Il avait visiblement sursauté quand je l’avais fait, alors je lui avais lancé ma question.

« Il y a quelque chose, n’est-ce pas ? »

« Non, ce n’est pas… »

Il n’aurait jamais pensé qu’il serait soumis à un contre-interrogatoire par un sauveur. Son visage jeune et masculin se crispa. J’avais un peu pitié de lui, mais je n’allais pas reculer. Je l’avais fixé pendant quelques secondes. Incapable de supporter la pression, il avait fini par craquer.

« Sire Mortimer est une personne quelque peu problématique. »

« Problématique ? » répétai-je en me renfrognant. « Problématique comment ? »

Face à mon regard belliqueux, Gordon soupira : « Je suppose qu’il n’y a plus moyen de le cacher à ce stade. »

Il y avait donc vraiment quelque chose.

Gordon poussa un autre long soupir, puis dit gravement : « Laissez-moi d’abord clarifier une chose. Nous, les chevaliers, consacrons nos épées aux sauveurs. Il est du devoir d’un chevalier de personnifier les idéaux de justice et de salut des faibles. En comptant notre maréchal, Sire Harrison Addington, de nombreux chevaliers du Saint Ordre incarnent cet idéal. Bien que je sois encore inexpérimenté, je m’efforce de faire de même. Cela vaut aussi pour tous mes subordonnés. »

« Hum… D’accord. Je le sais très bien. »

Après avoir interagi avec eux, je savais que Gordon et ses subordonnés étaient vertueux. Je n’avais pas moi-même parlé au maréchal Harrison, mais en entendant Gordon le décrire en termes élogieux, j’étais certaine qu’il s’agissait d’un homme de bonne moralité.

« Cependant, je ne peux pas affirmer que tous les chevaliers respectent cette norme. »

Je pouvais aussi le comprendre. Pendant mon séjour chez les chevaliers impériaux, j’en avais vu plusieurs qui n’étaient intéressés que par l’ambition et la vanité.

« Malheureusement, même au sein du Saint Ordre, il y a des personnes qui ne sont pas à la hauteur de cet étendard chevaleresque. »

« Et Sire Travis fait partie de ces personnes ? »

« Pour être plus précis, lui et tous ceux qui l’entourent », admit Gordon avec amertume. « Ceux qui possèdent le pouvoir doivent avoir le cœur de le garder sous contrôle. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Ceux qui assument ce devoir doivent constamment se mettre à l’épreuve, mais… »

« Est-il différent ? »

« Il a beaucoup d’ambition et, pour l’atteindre, il est prêt à tout. J’ai entendu beaucoup de mauvaises rumeurs à son sujet. Honnêtement, je ne peux pas vraiment dire du bien de son caractère. »

Je m’étais alors souvenue de l’apparence de Travis, qui avait une barbe. Il ne m’avait pas semblé si dangereux… Mais en y repensant, je m’étais souvenue des événements de Serrata. Je m’étais rappelé son sourire élégant lorsqu’il m’avait regardé parler avec Louis. C’était une expression de suffisance qui convenait à son allure. Je me souvenais que quelque chose dans ce sourire m’avait dérangée à l’époque.

À l’époque, j’avais pensé qu’il se moquait peut-être de la justice dont Louis et moi avions fait preuve, mais il y avait peut-être plus de malice derrière ce sourire que je ne l’avais imaginé. Voyant que je m’enfonçais dans mes pensées, l’expression de Gordon s’assombrit.

« Ne vous méprenez pas, mademoiselle Iino. Il y a des égarés dans n’importe quel groupe. »

« Je comprends… mais pourquoi ce genre de personne est-il commandant ? »

« Une personnalité exécrable ne suffit pas à le déchoir de son grade. De plus, les mauvaises rumeurs ne sont que des rumeurs. Issu d’une famille noble, il a l’influence de sa famille et est plutôt rusé; il ne montrera pas facilement ses vraies couleurs. Et puis, c’est vrai qu’il est extrêmement talentueux. »

Gordon laissa échapper un soupir douloureux, puis poursuit :

« Il est le descendant du sauveur qui a jadis vaincu le dragon d’or des ténèbres. Il est connu sous le nom de Sire Travis Mortimer du Saint Regard. En tant que chevalier du Saint Ordre, il est certain qu’il traitera un sauveur avec respect, mais il y a des chances qu’il commette une erreur. Mlle Iino, soyez prudente, s’il vous plaît. »

« Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette question. »

Même si j’avais imposé un sujet dont il ne voulait pas vraiment parler, Gordon m’avait gentiment prévenue. C’est quelqu’un de bien. Mais peut-être est-il arrivé un peu trop tard. Si Travis avait vraiment été celui qui nous avait fourni de fausses informations en attisant les flammes de l’indignation vertueuse sous nos pieds, j’avais déjà dansé sur son air jusqu’au bout. J’avais ressenti un malaise soudain et j’avais serré les poings.

« Excusez-moi, Sir Gordon. Savez-vous ce qu’il est en train de faire en ce moment même ? »

« Vous voulez savoir ce qu’il prépare ? » demanda Gordon, les yeux écarquillés.

« Pardon ? Chaque compagnie du Saint-Ordre jouit d’une certaine autorité et agit de manière indépendante, alors nous ne savons pas toujours ce que font les autres compagnies… J’ai entendu dire qu’il s’occupait des suites de l’incident au fort de Tilia, mais je ne sais pas ce qu’il fait maintenant. »

« Je vois. »

Dans ce monde, communiquer sur de longues distances n’était pas chose aisée. Il y avait donc de nombreux cas où tout était laissé à la discrétion des agents sur place. Même Gordon, qui enquêtait sur le faux sauveur, s’était vu confier toute l’autorité durant sa mission. Cela signifie que la même chose s’applique à Travis. S’il se déplaçait de façon indépendante pour faire avancer sa carrière…

La déclaration de Gordon selon laquelle Travis était capable de tout faire était restée gravée dans mon esprit.

« Majima… »

Majima se trouvait déjà dans une situation facile à comprendre. Si l’on voulait lui imputer un crime et le faire passer pour un méchant, ce serait assez simple. Pour Travis, qui recherchait la gloire et les honneurs, Majima et son entourage étaient la proie idéale.

Ce n’était qu’une conjecture sans fondement, bien sûr. Je ne savais pas où se trouvait Majima à cet instant ni où se trouvait Travis. Néanmoins, je n’arrivais pas à réfréner ce sentiment qui me serrait la poitrine.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire