Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 16 – Chapitre 5 – Partie 4

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Chapitre 5 : Acte 5

Partie 4

Il est vrai que les chevaux sont, par nature, des animaux timides, mais il s’agissait de montures de cavalerie entraînées à foncer sur les formations ennemies. Les chevaux utilisés par l’Unité Múspell étaient entraînés à ne pas se recroqueviller devant l’ennemi. Qu’est-ce qui pouvait bien les rendre si effrayés qu’ils ne bougeraient pas ?

« Qu’est-ce qu’il y a ? Quelle est leur arme secrète… ? Non, attends, je les vois d’ici. »

La voix de Yuuto était également tendue.

Les objets qui apparaissaient dans son champ de vision suffisaient à le faire trembler, même s’il avait déjà connu d’innombrables champs de bataille.

Ils étaient grands. Énormes, en fait.

Yuuto se souvenait avoir été intimidé par la taille d’un cheval la première fois qu’il en avait vu un, mais ces animaux étaient tellement plus grands que les chevaux qu’il pouvait sentir leur présence même à cette distance. La taille était, en soi, une force.

D’un coup de museau gris, l’animal renversait les fantassins lourdement armés comme s’ils étaient des quilles de bowling. C’était la première fois depuis ses batailles avec Steinþórr, le Dólgþrasir, qu’il voyait ses phalangites repoussés aussi facilement. Trente de ces monstres étaient alignés et fonçaient sur son armée. Il ne savait pas comment réagir.

« Des éléphants de guerre… Bon sang, je ne m’attendais pas à ça… »

La joue de Yuuto tressaillit et il laissa échapper un rire sec.

Les éléphants de guerre étaient, comme leur nom l’indique, des éléphants dressés pour la guerre. La domestication des éléphants aurait commencé dans la vallée de l’Indus vers 2000 avant notre ère. Ils avaient d’abord été utilisés comme bêtes de somme pour l’agriculture, tirant parti de leur force écrasante, mais vers 1100 avant notre ère, ils avaient commencé à être utilisés pour le combat.

L’utilisation d’éléphants de guerre par Utgarda était en avance de plusieurs siècles, surtout si l’on considère le niveau technologique actuel d’Yggdrasil, mais c’était là un autre exemple de sa remarquable créativité et de son talent de commandante.

« Bon sang, c’est bien la peine de sortir de nulle part. »

Yuuto cracha ces mots avec amertume.

Le Clan de la Soie était un clan très éloigné des régions qui entouraient étroitement la sphère d’influence du Clan de l’Acier. Le Clan de l’Acier avait également limité le temps qu’il pouvait consacrer à la collecte d’informations sur le Clan de la Soie. Kristina n’était pas non plus omnipotente ou omnisciente.

Il comprenait toutes ces choses. Du moins, son esprit les comprenait. Cependant, face à la réalité des éléphants de guerre qui s’abattaient sur ses forces, Yuuto ne pouvait s’empêcher d’émettre des plaintes.

« Bahahahaha ! »

Sur son palanquin, au sommet de son Skrýmir, Utgarda battait joyeusement des pieds tandis que l’éléphant fendait les lignes ennemies. Les phalangites qui repoussaient l’armée du Clan de la Soie se recroquevillaient de peur à l’approche de Skrýmirs et étaient facilement repoussés par la charge des animaux. C’était le spectacle le plus divertissant qu’elle ait jamais vu. Elle sentit toute la frustration qu’elle avait accumulée s’évanouir au fur et à mesure qu’elle la regardait se dérouler.

« Faible ! Faible, Clan de l’Acier ! Est-ce tout ce que vous avez ? »

Elle riait d’un air moqueur, regardant gaiement l’ennemi.

Même un dieu de la guerre ne pouvait rivaliser avec son éclat. Les rangs de l’armée du dieu de la guerre se dispersaient face à son arme secrète. Utgarda se sentait toute puissante, estimant que c’était elle, et non Suoh-Yuuto, qui méritait d’être considérée comme un dieu de la guerre.

« Haha, une telle puissance ! Avoir créé une telle arme… Notre brillance nous effraie nous-mêmes ! »

Elle fit l’éloge sincère de son propre génie.

La première chose qui rendait les éléphants de guerre si puissants était la force de leur charge. Ils étaient capables d’écraser l’infanterie ennemie sous leurs pieds et de l’écarter. Les lignes ennemies qui avaient été si difficiles à briser auparavant s’effondraient sous le poids de ces animaux. C’était une démonstration de force écrasante.

Les flèches étaient également envoyées depuis le haut de ces corps géants. Les archers montés sur les éléphants avaient l’avantage de la hauteur. Ils pouvaient voir clairement leurs cibles tout en restant difficiles à atteindre en retour, et leur hauteur leur donnait également une plus grande portée. Il n’y avait peut-être pas de meilleure plate-forme pour les archers.

Les volées de flèches lancées depuis le sommet des éléphants avaient semé la panique parmi les soldats de l’armée du Clan de l’Acier.

« Les chars sont la plus grande arme ? Les héros du champ de bataille ? »

C’était le cas à l’époque précédente. Ce n’était plus le cas aujourd’hui.

« C’est donc l’ultime unité de cavalerie du Clan de l’Acier, les Múspells ? Ces pitoyables rejetons incapables de bouger à la vue de nos Skrýmirs ? Haha ! Ils sont si pathétiques qu’ils méritent la moquerie ! Bahahahaha ! »

Utgarda ne se contentait pas de grogner de dérision, elle éclatait de rire. Elle savait que les éléphants de guerre étaient puissants, mais cette bataille avait renforcé sa conviction. Elle n’aurait jamais pu croire le contraire. Ses Skrýmirs étaient la force ultime sur le champ de bataille.

« Suoh-Yuuto ! Vos forces seront écrasées, et vous serez traîné devant Nous ! »

 

 

« Bon sang… Qu’est-ce que je suis censé faire face à quelque chose comme ça… ? »

Bien qu’il y ait encore une bonne distance entre sa position actuelle et l’avancée des éléphants, Yuuto se sentait désespéré en regardant les éléphants faire des ravages. Les soldats de l’armée du Clan de l’Acier qui étaient rassemblés près de leurs jambes ressemblaient à des soldats de plomb lorsque les éléphants les renversaient. C’était peut-être de l’humour de potence déplacé, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que les éléphants faisaient passer ses hommes pour de simples puces en leur présence.

« Grand Frère, si les choses continuent ainsi… »

« J’en suis bien conscient ! »

Yuuto répondit promptement à la remarque déchirante de Félicia, mais il ne put cacher l’inquiétude qui montait dans sa voix. C’est dire à quel point la situation était grave à ce moment-là.

Si Yuuto avait vu des éléphants un nombre incalculable de fois au zoo, les soldats du Clan de l’Acier en voyaient pour la première fois. Quelque chose d’une taille inimaginable fonçait sur eux à toute allure. De plus, les flèches pleuvaient du haut de ces éléphants qui chargeaient.

La combinaison de leur entraînement quotidien, de la stricte discipline militaire qui leur avait été inculquée et de leur confiance en Yuuto en tant que chef empêchait les soldats du Clan de l’Acier de craquer. Ils maintenaient miraculeusement leur discipline et leur moral face à ces bêtes de guerre écrasantes, mais ils étaient clairement sur le recule, ne sachant pas comment faire face à ce nouvel adversaire. Yuuto pouvait facilement imaginer la panique qui gagnait les rangs. Il devait y remédier au plus vite.

« Tch. Si seulement nous avions des tetsuhaus avec nous. »

Yuuto fit claquer sa langue en signe de frustration.

Les éléphants étant des animaux, ils auraient été effrayés par les bruyantes détonations des tetsuhau. Cependant, pour leur plus grand malheur, le gros de l’armée de Yuuto n’en avait pas à sa disposition. Ils étaient déjà à court de poudre à canon à cause de leur récente série de batailles, et le petit nombre de tetsuhau que l’armée avait apporté pour cette campagne avait été distribué aux forces envoyées pour s’occuper des ennemis de flanc. Il avait pris cette décision parce qu’ils étaient l’arme parfaite pour une embuscade. Sa décision n’était pas une erreur, surtout si l’on tient compte de ce qu’il savait à l’époque, mais il était tout de même pénible de ne pas les avoir sous la main en ce moment.

« … Mon téléphone ne capte pas non plus de signal ici. »

Il sortit son fidèle smartphone et jeta un coup d’œil à l’écran, mais l’icône de puissance du signal était barrée. Cela allait de soi — il n’avait pas apporté le miroir divin, après tout. Et même s’il l’avait emporté, il n’aurait pas pu se connecter à quoi que ce soit, car la lune n’était pas dans le ciel.

« Tch. Si j’avais su que cela arriverait, j’aurais aussi cherché comment faire face aux éléphants de guerre. »

Il était trop tard pour avoir des regrets. Cette situation était quelque chose que même Yuuto n’avait pas prévu. Il avait beau fouiller dans sa mémoire, il ne trouvait aucune référence aux éléphants de guerre.

Que doit-il faire ? Que peut-il faire ? Doit-il retirer ses forces pour l’instant et se regrouper ?

Cependant, si le Clan de la Flamme parvenait à remédier à sa pénurie de nourriture, il ne pourrait pas maintenir ses forces ici, à l’est. À ce rythme, cependant…

Alors que Yuuto était sur le point de s’enfoncer dans un labyrinthe mental qu’il avait lui-même créé, un coup sec retentit. Le coude de Yuuto avait apparemment heurté quelque chose, le ramenant à la raison.

« Hm ? »

Son regard se tourna en direction de l’objet et il gloussa d’autodérision.

« Haha… “Le commandant d’une armée doit être capable de garder son sang-froid en toutes circonstances”, c’est ça ? Cela me semble tout à fait juste », s’était dit Yuuto en essayant de retrouver son calme et de se préparer à ce qu’il avait à faire. Il posa sa main sur la poignée de l’épée qui ornait désormais sa hanche. Cette épée avait appartenu à Skáviðr, et il la portait maintenant en hommage à son ami disparu. Il semblait que Skáviðr soit venu à lui depuis le Valhalla. Même la mort ne pouvait l’empêcher de servir son seigneur.

Bien sûr, ce bruit n’était probablement qu’une coïncidence, mais Yuuto était certain que Skáviðr lui parlait. Après tout, si Skáviðr l’observait, il ne pouvait pas très bien se ridiculiser devant lui. Dès qu’il pensa à la présence de Skáviðr, il sentit les eaux agitées de son cœur se calmer.

« Si je ne peux pas m’en occuper moi-même, je ne pourrai certainement pas battre Oda Nobunaga. »

Yuuto acquiesça et rangea son smartphone.

Nobunaga avait montré à plusieurs reprises qu’il était capable de faire des coups que Yuuto n’avait pas pu anticiper lors de leur dernier combat. S’ils devaient s’affronter à nouveau, Yuuto savait qu’il était probable qu’il se retrouve dans une situation imprévue. Il ne pouvait pas très bien chercher des réponses dans une situation où il devait prendre une décision en quelques secondes. Bien sûr, il était toujours important de développer ses connaissances à l’avance, mais il ne pouvait pas compter uniquement sur sa capacité à le faire. Il ne pourrait pas vaincre le monstre qu’était Oda Nobunaga s’il n’était pas capable de réfléchir et de s’adapter à n’importe quelle situation. Il n’avait d’autre choix que de réfléchir à la question et de trouver une solution par lui-même. Après tout, Yuuto était le commandant suprême de l’armée du Clan de l’Acier.

« Dans… ce cas… Maintenant, que faire… ? »

Il fit le vide dans son esprit en respirant profondément et se concentra sur ses pensées. Dès qu’il le fit, les bruits de la bataille s’éloignèrent. Les cris des soldats, le choc des armes, le grondement du sol — même s’il pouvait encore les entendre, ils lui semblaient lointains. Il sentit quelque chose de familier — quelque chose de chaud — lui effleurer le cœur. C’est à ce moment-là que des images commencèrent à apparaître dans sa tête.

Il y eut d’abord la photo du terrain que le subordonné de Kristina avait prise plus tôt. Ensuite, d’innombrables bannières indiquant ses forces étaient apparues sur cette photo. Les bannières des forces ennemies apparurent également sur le terrain. C’était une image qu’il avait formée en combinant les rapports des messagers, la vitesse d’avance connue de ses forces et sa propre expérience de la bataille.

Bien que Yuuto lui-même n’ait aucun moyen de le savoir, il possédait une carte mentale extrêmement précise du champ de bataille actuel. Bien sûr, cela ne signifiait pas qu’il saisissait les positions avec une précision totale, mais les différences entre sa carte mentale et la réalité étaient minimes — des erreurs d’arrondi mineures au mieux. Il avait une compréhension remarquable du champ de bataille.

S’il était difficile de commander des soldats au combat, c’est parce que comprendre les positions relatives des alliés et des ennemis depuis le sol était une tâche extrêmement difficile. La possibilité de surveiller les positions de ses forces depuis le ciel était un outil remarquable à sa disposition. C’était le genre d’informations que tout commandant souhaitait obtenir, mais c’était aussi le genre d’informations sur lesquelles il était le plus difficile de mettre la main.

« Rún est là… Rún ! Recule pour l’instant et contourne l’ennemi ! Si vous vous éloignez des éléphants, vous devriez pouvoir utiliser vos chevaux ! » Il cria dans la radio, ce qui provoqua une réponse perplexe de la part de Sigrún.

« … C’est vrai. Tu as raison, père. Je ne peux pas croire que je n’ai pas… »

Si les chevaux sont inutiles avec les éléphants parce qu’ils en ont peur, la première chose à faire est de les en éloigner. À première vue, cette réponse semblait évidente. Cependant, face à une situation inconnue, en particulier lorsqu’il s’agit de vie ou de mort, les gens ont tendance à avoir l’esprit vide, ce qui les rend incapables de trouver la moindre solution, même la plus élémentaire et la plus évidente. Même Sigrún, d’ordinaire imperturbable, ne faisait pas exception à la règle. Le simple fait de voir des éléphants de guerre pour la première fois avait un impact psychologique énorme, même pour elle.

« Compagnie Claes, Compagnie Alrekr, Compagnie Gale, faites cent pas à gauche. Compagnie Thír, Compagnie Erna, Compagnie Hrönn, cent pas à droite ! »

Yuuto continuait à donner des ordres à toute vitesse aux différentes compagnies sous son commandement. Félicia resta d’abord bouche bée devant la précision de ses ordres, mais elle commença rapidement à comprendre ce qu’il essayait d’accomplir.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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