Chapitre 1 : Par miracle, nous avons passé un peu de temps seuls, et nous avons fini par partir en lune de miel
Partie 8
« Hmm. Je te présente mes excuses. Je voulais venir te recevoir, mais il semble que ce soit trop tard. »
Shax se retourna et trouva un vieux majordome qui lui souriait comme un gentil vieillard. Cet homme était déjà dans la cinquantaine avec des cheveux blancs, mais malgré cela, il avait le dos bien cambré. Sa posture et son comportement donnaient l’impression de ne pas avoir pris une ride. Il avait une horrible cicatrice sur le visage, et son bras gauche était un bras artificiel d’aspect rustre fait d’une armure. C’était Raphaël, un ancien archange, l’actuel majordome de Zagan, et le père adoptif de Kuroka. La paume de son bras artificiel était fendue et on pouvait voir la poignée d’une épée en sortir.
« Eek ! Attendez une seconde, chef ! C’est un malentendu ! Je n’étais pas, euh, c’est…, » s’écria Shax.
« Ne t’inquiète pas. Il n’y a pas besoin d’excuses pour ce que je m’apprête à faire. Je me contenterai de la punition de mon suzerain, alors n’hésite pas à partir en voyage, » déclara Raphaël.
« Devez-vous vraiment vous résoudre à tuer quelqu’un comme moi !? » s’écria Shax.
Shax pleurait à chaudes larmes et Kuroka se plaça entre lui et le vieil homme.
« C’est vraiment un malentendu, Père. J’ai fait venir Monsieur Shax ici aujourd’hui pour être mon chaperon. Ce serait troublant s’il disparaissait, » déclara Kuroka.
« Argh… »
Il semble qu’il n’ait pas été capable de faire front avec sa fille adoptive qui disait cela. Sa main droite tremblait tout en saisissant la poignée de son épée, mais après un court instant, il abandonna et poussa un profond soupir.
« … Tu es devenue une adulte depuis que je ne t’ai pas vue, » déclara Raphaël.
Raphaël avait rendu son bras artificiel normal, ému aux larmes par la croissance de sa fille. Il avait ensuite pointé un formidable sourire vers Shax.
« Shax. Tu ferais bien de passer dans ma chambre plus tard. Je vais te permettre de profiter de ton DERNIER repas, » déclara Raphaël.
Oh, non. Il n’a vraiment pas l’intention de me laisser sortir de là vivant.
Shax se mit à trembler, et Kuroka laissa échapper un rire curieux.
« D’accord. Parle-lui bien, c’est une personne honnête, » déclara Kuroka.
« Franchement Blacky. Comment en es-tu arrivée à la conclusion que nous allons avoir une petite discussion agréable ? » demanda Shax.
Quand est-elle devenue si optimiste ? Et maintenant que Shax était étourdi à l’idée que sa vie était finie, Raphaël avait laissé échapper un soupire.
« Hmph. J’admets que tu as un esprit chevaleresque. Cependant, c’est une autre affaire que de permettre un comportement aussi éhonté, » déclara Raphaël.
« C’est… eh bien… c’est un peu gênant…, » déclara Kuroka.
Kuroka avait forcé un sourire face au départ de Raphaël.
Suis-je… sauvé ? Pour l’instant ? Je suppose ? Shax était resté là, abasourdi, tandis que Kuroka essayait de lui remonter le moral.
« Allons. Nous nous rendons chez Lady Néphy, alors lève-toi s’il te plaît. Tu m’escorteras, n’est-ce pas ? » demanda Kuroka.
« D-D’accord…, » déclara Shax.
Après s’être remise sur pied, Kuroka avait plissé les yeux comme pour le regarder fixement.
« Mais je n’ai pas l’intention d’être protégée par quelqu’un qui n’a aucune valeur en étant tué, tu comprends ? » demanda Kuroka.
« Hein ? De quoi s’agit-il ? » Shax lui avait fait un signe de la tête, et Kuroka avait mis sa main sur son front, épuisée.
« … Eh bien, même s’il n’y a pas eu cet incident d’il y a cinq ans, je suppose que c’est exactement le genre d’individu que tu es, » déclara Kuroka.
« De quoi parles-tu ? » demanda Shax.
« Cela signifie simplement que je dois aussi faire des efforts, » déclara Kuroka.
« Hein… ? Et alors ? Si tu as quelque chose en tête, n’hésite pas à m’en parler. Je te donnerai volontiers tous les conseils possibles. » Le fait que cette fille puisse vivre sa vie avec un sourire était la forme d’expiation de Shax. On pourrait même dire que c’est le sens même de sa vie. « … Haaah. Je pense que je comprends au moins que j’ai beaucoup de travail à faire. »
« Il semblerait que Lady Néphy soit dans la cuisine en ce moment, » déclara Kuroka.
Shax l’avait suivie dans la cuisine, quelque peu incrédule à propos de cette information, et avait trouvé Néphy à l’endroit exact où Kuroka prétendait qu’elle se trouvait. En jetant un coup d’œil, il avait pu voir Raphaël et une sirène portant des vêtements de servante aux côtés de l’elfe qui transportait de la vaisselle. Il y avait même une jeune fille avec des cornes de dragon et un sorcier à face de lion qui courait partout. En y regardant de plus près, la vampire Alshiera se trouvait également dans le coin de la cuisine.
Hein ? C’est Kimaris et la fille du patron, non ? N’est-ce pas la cuisine ? Qu’est-ce qui se passe ?
Pourquoi la femme, la fille et un candidat Archidémon travaillaient-ils tous en cuisine ? Mais avant tout cela, un ancien Archange, les ennemis jurés des sorciers, travaillant comme majordome était plus qu’étrange. Shax travaillait toujours à l’église, il ne pouvait donc pas comprendre ce qui se passait ici.
« Oh, pardonnez-moi Kuroka. J’ai perdu la notion du temps. » Néphy avait remarqué Kuroka et l’avait appelée.
« Lady Néphy, on peut se débrouiller ici, vas-y. » Raphaël l’avait encouragée, et Néphy avait baissé la tête vers lui en sortant de la cuisine. Elle avait ensuite tendu la main droite à Kuroka.
« S’il vous plaît, par ici… Oh. » Au moment où elle avait commencé à parler, elle avait regardé Shax avec ses yeux d’azur, comme si elle venait de se rappeler quelque chose. « Hmmm, Sire Shax. Pourriez-vous guider Kuroka, s’il vous plaît ? »
« Bien sûr, c’est pour cela que je suis venu, » répondit Shax.
Le visage de Kuroka était devenu tout rouge à sa réponse.
« Hein ? Euh, euh…, » balbutia Kuroka.
« Veuillez prendre sa main et l’escorter correctement, » déclara Néphy.
Et à cet instant, Raphaël pointa une fois de plus vers lui un sourire sanguinaire.
Hé ! N’est-ce pas mauvais de faire ça ici ?
Se tenir la main ne le dérangeait pas beaucoup, mais le faire devant Raphaël était dangereux. Il avait échappé de justesse à la mort il y a quelques instants. Il n’était pas certain que Kuroka puisse arrêter le majordome cette fois-ci.
« Hein… ? »
Et pourtant, lorsque Néphy se retourna, la tête penchée sur le côté, la soif sanguinaire disparut complètement.
« Lady Néphy. Prends soin de Kuroka, s’il te plaît, » déclara Raphaël.
« Bien sûr. Je vous en prie, laissez-la-moi, » déclara Néphy.
Raphaël grinçait clairement des dents derrière sa douce expression, mais il semblait qu’il n’allait pas faire un geste pour dégainer son épée.
Hein ? Est-ce que ça veut dire que cette petite princesse est plus puissante… ?
Elle avait scellé la soif de sang de Raphaël, qu’elle l’ait faite délibérée ou non. Elle était vraiment l’épouse d’un Archidémon.
Et avec son espoir en la vie retrouvé, Shax était devenu quelque peu gêné de tenir la main de Kuroka. Elle rougissait aussi abondamment, ce qui le laissait assez perplexe quant à ce qu’il devait faire. Cependant, alors que les deux hésitaient, Néphy leur avait pris les deux mains et les avait mis ensemble.
« Je ne connais peut-être pas toutes les circonstances, mais Kuroka a besoin de votre aide. N’est-ce pas quelque chose d’assez important pour vous aussi ? » demanda Néphy.
Les yeux de Shax s’étaient ouverts en grand quand on lui avait fait remarquer ce fait.
Je n’ai pratiquement jamais parlé à cette petite princesse, n’est-ce pas… ? Et pourtant, elle avait vu clair en lui. La raison pour laquelle Shax pouvait faire face à l’avenir et continuer à vivre était que Kuroka était toujours vivante et c’était parce qu’elle était la seule survivante qui avait réussi à s’échapper de cet enfer il y a cinq ans.
Si elle était capable de sourire, alors cela donnerait un sens à la vie pleine d’erreurs et de bêtises de Shax. Il voulait la soutenir pour qu’elle puisse mener une vie droite. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour réaliser ses propres sentiments, et là, Néphy avait tout vu d’un seul regard.
Comparée à Shax, qui pouvait presque se vanter d’être inférieur à tout le monde lorsqu’il s’agissait d’être capable de lire les autres, sa capacité à le faire dépassait largement le domaine de la sorcellerie, et constituait à peu près un miracle.
Shax, sous le choc, entendit des chuchotements venant de la cuisine.
« Aah, donc Kuroka est vraiment comme ça avec ce vieux type ? » murmura Selphy.
« Selphy, même si c’est clair, ne dit pas ça devant Raphaël, » déclara Foll.
« Une telle considération est inutile. La mort de cet être a déjà été réglée, » déclara Raphaël.
« Keeheehee, il n’y a pas besoin d’être aussi en colère. N’est-ce pas quelque chose dont on peut se réjouir ? Ces derniers jours, j’ai senti la douce odeur du pouvoir de l’amour qui sort de l’église et qui m’attire vers elle. »
« Quand es-tu arrivée ici, Miss Gremory… ? Attends. Je croyais ne pas t’avoir vue l’après-midi ces derniers temps, est-ce là que tu étais ? » demanda l’homme-lion.
Et ayant peut-être senti le danger pour Shax si on laissait faire, Néphy avait crié alors que ses oreilles devenaient rouges. « Ça suffit, tout le monde ! Retournez au travail ! »
Et comme prévu, avec Néphy qui leur criait dessus, tout le monde dans la cuisine s’était dispersé et était retourné au travail, laissant Shax complètement abasourdi.
« Uhh, hey, princesse ? » demanda Shax.
« Néphy va bien. »
« OK, hé Néphy ? Est-ce toujours comme ça ici ? »
« Ummm, oui. Plus ou moins, » répondit Néphy.
« Ça doit être dur, » déclara Shax.
Shax avait esquissé un sourire, et Néphy l’avait regardé d’un air froid, insinuant pleinement « N’êtes-vous pas celui qui aura la vie dure à partir de maintenant ? » Non pas qu’il l’ait remarqué. Quant à Kuroka, elle était bien au-delà d’avoir la capacité de penser, et ses yeux tremblaient violemment.
« Eh bien, nous ne pourrons pas parler tranquillement ici, alors, suivez-moi dans ma chambre, » déclara Néphy.
Il semblait vraiment que cela se produisait fréquemment. Bien que son visage soit rouge à force de crier, Néphy ne montra aucun signe particulier de perturbation et marcha devant eux.
« Aah... Peux-tu marcher Blacky ? » demanda Shax.
« Oh, oui… » Kuroka était clairement déconcertée par tout cela et était très instable sur ses pieds.
« Tiens, » déclara Shax.
« … Merci, » déclara Kuroka.
Shax avait serré sa main, et elle l’avait timidement accepté.
Cette réaction à l’instant… J’espère qu’elle n’aura pas d’idées bizarres…
Après qu’on lui ait dit « Tu l’aimes, n’est-ce pas ? » par quelqu’un, les humains étaient du genre à avoir l’impression que c’était vrai. En raison de l’événement d’il y a cinq ans, Kuroka avait pensé à Shax comme son sauveur, et il l’avait bien compris. Il avait également pu constater, lors de leur échange précédent, qu’elle avait une sorte de désir ardent pour lui. Et vu que cela venait d’un tel incident, son désir était quelque chose comme l’admiration pour un voisin plus âgé.
Si elle devait ressentir de l’amour pour quelqu’un, il y aurait dû y avoir une personne bien plus appropriée pour elle. Même si Raphaël n’était pas là, Shax n’était pas non plus si dépravé qu’il mette la main sur une mineure.
Mais même ainsi, sa main était si fine et si douce qu’on ne pourrait pas penser qu’elle appartenait à un maître épéiste.
Pour faire une légère digression, Shax aimait les chats au point que s’il n’était pas devenu sorcier, il envisagerait de passer toute sa vie à faire des recherches sur le folklore des chats et à s’amuser avec eux toute la journée.
merci pour le chapitre
Merci pour le travail 🙂