Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 8 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : C’est le jour de la fête, mais les morts errent, donc apparemment le saint doit travailler

Partie 1

« Hé, Selphy ! Combien de temps comptes-tu remuer cette marmite ? Viens m’aider par ici ! »

« Allez, ne sois pas si déraisonnable, Lilith. Ce ragoût va brûler à la seconde où je détourne le regard, » répliqua Selphy.

« Lilith, Selphy échouera immédiatement si tu la presses. Tu ne peux pas trop la pousser. Je vais t’aider là-bas. »

« Est-ce bien pour vous d’aider avec ces choses, Milady ? »

La cuisine était dans une frénésie totale. Ils étaient en plein tumulte en ce moment à préparer un festin pour plus de cinquante personnes. Lilith était actuellement chargée de baratter la crème fraîche pendant qu’elle refroidissait. La crème fraîche allait changer de nature en fonction de la façon dont elle avait été brassée, de sorte qu’il était apparemment nécessaire qu’elle soit faite à la main. Lilith se plaignait de l’épuisement qu’elle en tirait.

« … En fait, maintenant que j’y pense, ne suis-je pas la princesse des succubes ? Pourquoi une noble succube comme moi doit-elle préparer des repas si pénibles ? Ah, Sire Raphaël, ça commence à durcir, est-ce à peu près ça ? »

« Voyons voir… Hm, c’est très bien. Il ne reste plus qu’à le laisser refroidir dans la réserve, » déclara Raphaël.

« Compris. Les sucreries sur le continent se sont améliorées, hein ? C’est la première fois que je vois une chose pareille, » Lilith.

« N’y a-t-il pas de sucreries surgelées au Liucaon ? » demanda Raphaël.

« Nous avons une sucrerie faite de glace rasée et de sucre, mais je ne pense pas que nous ayons quelque chose de crémeux comme ça, » déclara Lilith.

Lilith avait admiré le bol de crème dans la réserve. Le cellier de ce château était équipé de sorcellerie pour refroidir son contenu. À l’origine, c’est là que Zagan jetait tout son lait et sa viande séchée, mais Raphaël et Néphy l’avaient nettoyé et l’avaient utilisé pour le stockage et la cuisson.

Grâce à cela, ils avaient pu créer des sucreries surgelées de haute qualité en toute simplicité. Pour créer une telle chose sans sorcellerie, il fallait acheter de la glace assez chère ainsi qu’une grande quantité d’un minéral spécial appelé salpêtre. C’était une somme d’argent que seuls les nobles et les rois les plus riches pouvaient se permettre. Ainsi, la recette pour de telles sucreries était quelque chose de prisé par l’Église. Sans sa position d’Archange, Raphaël n’aurait jamais pu le lire.

Il y avait trois filles chargées de cuisiner pour la fête avec Raphaël. Toutes portaient une tenue semblable à celle que Néphy portait habituellement, soit une robe d’une seule pièce et un tablier. Mis à part la sirène Selphy, la succube Lilith était encore inexpérimentée en cuisine, n’étant arrivée au château qu’il y a un mois. Cependant, même si elle se plaignait de tout, elle faisait correctement tout le travail et on peut dire qu’elle s’était pleinement adaptée à la vie du château.

Foll avait aidé dans la cuisine jusqu’à ce que Zagan gagne beaucoup d’adeptes, alors elle cuisinait aussi. En fait, une grande partie des casseroles et des louches dans la cuisine étaient actuellement sous son contrôle, en utilisant la sorcellerie, de sorte que l’on pourrait dire que la majeure partie du fardeau était sur ses épaules.

La frénésie ne se limitait pas non plus à la cuisine. Tous les sorciers du château couraient actuellement d’une manière ou d’une autre.

Après le retour de Lilith de la réserve, Selphy se précipita vers elle avec le sourire.

« Allez Lilith. Tu as de la crème sur la joue, tu sais ? » déclara Selphy.

Elle était probablement arrivée là quand elle avait mis sa main sur son visage après avoir mélangé la crème pendant si longtemps. Selphy l’avait fait remarquer, puis avait ramassé la crème avec son doigt.

« Hyaa, ne me touche pas tout d’un coup… Hein ? Le manges-tu ? » demanda Lilith.

« Euh, je veux dire, n’est-ce pas du gâchis sinon ? C’est si bon, tu sais ? » déclara Selphy.

« Aau... Aaauuuuuu ! » Lilith se tortilla d’agonie et devint rouge vif tandis que Selphy regardait avec curiosité et, une fois de plus, haussa joyeusement sa voix.

« Oh ouais, ma petite dame, le mien est prêt ! C’est délicieux ! »

« Compris. Occupe-toi ensuite de la vinaigrette. »

« Roger ! Eheheheh, c’est génial. J’ai eu l’occasion de goûter tellement de choses aujourd’hui ! »

La sorcellerie de Foll était certainement capable de gérer le travail de plusieurs personnes à la fois, mais elle était incapable de mettre les touches les plus délicates sur l’assaisonnement et le contrôle de la chaleur. Il était nécessaire que quelqu’un s’occupe personnellement de la touche finale et teste chaque plat. C’est pourquoi Selphy et Lilith étaient indispensables. Et devant une cuisine si vivante et si joyeuse, Raphaël ne pouvait s’empêcher de sourire.

En regardant ce vacarme, on comprend parfaitement ce qu’est exactement Alshiere Imera.

C’était une bénédiction qu’il ait réussi à chasser Zagan du château. Foll remarqua son sourire et elle pencha sa tête sur le côté.

« Raphaël, quelque chose ne va pas ? » demanda Foll.

« Non, je suis juste soulagé que ça se passe bien, » répondit Raphaël.

« Hm. On dirait qu’on va finir avant le retour de Zagan, » déclara Foll.

Le plan secret de Foll n’était autre que d’organiser une fête pour Alshiere Imera, dont Zagan ne savait probablement rien.

« Zagan me donne toujours ce que je veux, mais je n’ai jamais pu obtenir par moi-même. Mais, Zagan devrait aussi avoir ces choses, » murmura humblement Foll.

Et ce qui était venu à l’esprit de cette petite fille, c’était une célébration amusante d’Alshiere Imera à laquelle tout le monde allait participer. C’était une tradition de l’Église, mais une fête était quand même une fête. Le souhait de Foll était une pensée simple et pure que la plupart des sorciers avaient simplement oubliée. Il y avait plus d’un certain nombre de sorciers qui se souvenaient de telles émotions avec nostalgie et empathie pour elle.

Les subordonnés de Zagan avaient vu le comportement de Foll et avaient coopéré inconditionnellement avec elle. Avant qu’elle ne s’en rende compte, tout le château, à l’exception de ses seigneurs, était maintenant joyeusement à l’œuvre pour décorer la place. C’était un fait parfaitement naturel que tout cela était gardé secret pour Zagan et Néphy.

Les préparatifs pour les hors-d’œuvre et les desserts étaient maintenant terminés, et ils passaient maintenant au plat principal. Maintenant qu’ils en étaient arrivés là, Raphaël n’avait plus besoin d’une surveillance constante. Et juste au moment où il envisageait d’aller voir les autres sorciers…

« Raphaël. » Foll avait soudain appelé le nom du majordome d’un ton aigu.

« Je sais, je sais. On dirait qu’on a un invité indésirable, » déclara Raphaël.

En tant que responsable des défenses du château pendant l’absence de son seigneur, Raphaël avait reçu une certaine partie des capacités de la barrière. Il avait été averti par la barrière dès qu’un intrus était apparu. C’était également à lui qu’il appartenait de décider si les pièges devaient être activés ou non.

Les sens de Foll se sont certainement aiguisés depuis son retour du Liucaon.

Foll était protégée par la barrière, mais on ne lui avait pas donné le contrôle d’une partie des fonctions de la barrière comme Raphaël. Néanmoins, elle avait pu déterminer la présence d’un visiteur jusqu’au bord de la barrière, loin du château, au moment où il y avait mis les pieds. Il était difficile pour Raphaël de déterminer s’il devait se réjouir de sa croissance ou se lamenter sur le fait qu’elle était inévitable.

« Il se trouve que j’ai un peu de temps libre maintenant. Je vais aller le recevoir, » déclara Raphaël en secouant la tête.

« Te débrouilleras-tu bien tout seul ? » demanda Foll.

Raphaël se retrouva avec un sourire tendu devant l’attention de la jeune fille. « Recevoir des invités est le devoir du majordome. Tu as ton propre travail à faire, n’est-ce pas ? »

« … Hmm. Mais, quelque chose est bizarre. Sois prudent, » déclara Foll.

Raphaël fixa Foll d’un regard émerveillé.

Pour Foll de dire une chose telle qu’elle est maintenant… est-ce que cela signifie que l’intrus est aussi puissant  que ça?

Il n’avait pas été déterminé si leur visiteur était un ennemi, mais il lui avait semblé qu’il serait mieux de faire attention en le recevant.

« Compris. Je ferai attention, » déclara Raphaël.

Raphaël brossa brièvement la tête de la petite fille, puis se dirigea vers la sortie du château. Après avoir franchi la porte et traversé la forêt, il trouva une seule personne qui l’attendait. Il portait une capuche basse sur les yeux et une robe couvrant sa large carrure. Il respirait avec un souffle déchiqueté et d’une manière inquiétante, ce qui rendait difficile de dire s’il pouvait même communiquer avec lui.

Mais il n’est pas exclu que ce soit l’un des invités de mon seigneur.

Zagan avait gagné encore plus d’adeptes à son retour de Liucaon. Au premier coup d’œil, cela semblait être un intrus, mais il était possible qu’il s’agisse d’une personne inattendue et intègre si on lui parlait. Raphaël ne voulait pas vraiment l’admettre, mais Zagan et lui-même avaient été classés comme tels. Pour cette raison, Raphaël avait fait de son mieux pour mettre son sourire le plus amical. « Je ne supporte pas de ne pas te tuer pour une seconde de plus. »

« Je ne sais pas qui tu es, mais mon seigneur est absent. Même si tu veux que je te déchire un membre ou deux, tu n’as qu’à avancer, » déclara Raphaël.

Son premier choix de mots était pratiquement une déclaration de guerre, mais l’intention de Raphaël était de donner un avertissement tout à fait sérieux à son invité. Et naturellement, l’invité à capuche, probablement un sorcier, avait sauté dans l’action.

Raphaël n’était pas armé et l’autre ne semblait pas non plus armé.

« Imbécile. »

Il plaça sa main droite contre sa main gauche artificielle. Sa paume artificielle avait émis une lumière vive, et une grande poignée en sortit. Le bras artificiel qui lui avait été donné par Foll était le fourreau de l’épée sacrée Metatron elle-même.

Raphaël dégaina son épée sacrée et la dirigea vers l’intrus à capuche. La plus affreuse. Le chasseur de sorciers. C’était le titre déshonorant donné à Raphaël pendant qu’il servait en tant qu’Archange. Peu de gens dans le monde savaient qu’il avait tué près de cinq cents sorciers par simple légitime défense.

Même armé d’une seule main, Raphaël ne montrait aucun signe de faiblesse lorsqu’il avait cogné le torse de l’intrus. La seule différence par rapport à ce qui se passait auparavant était que la frappe ne divisa pas l’intrus, mais qu’au lieu de cela, elle émit un bruit sourd et se planta fermement dans sa taille.

« Gaah !? »

L’intrus avait gémi d’agonie lorsqu’il fut renvoyé dans un arbre épais et cessa de bouger. Il avait probablement plusieurs côtes cassées, mais il était encore en vie.

« Hmm, c’est exactement comme mon seigneur l’a dit. L’épée sacrée est assez forte pour ne pas se casser même en frappant avec le plat de la lame. »

Mis à part les flèches répulsives ou autres, nombreux étaient ceux qui croyaient que frapper avec le plat de la lame pouvait inversement faire plus de mal que de bien à leur épée. Cela s’appliquait doublement pour une relique sainte comme une épée sacrée, bien que Raphaël ne l’ait jamais traitée que comme un outil qu’il ne pouvait échanger contre un autre.

Mais s’il continuait ainsi, il continuerait à couper en deux tous ceux qui s’approchaient de lui comme il le faisait auparavant, alors Zagan lui avait dit de le faire comme moyen de se retenir. Après avoir évité son cinq centième meurtre, Raphaël enleva le capuchon de l’intrus pour confirmer son identité. Et en regardant ce qui était révélé, il plissa ses sourcils.

« Hm… ? Une corne ? Est-ce une licorne ? »

C’était une race qui possédait une corne de cristal sur le front. Et même si c’était beau, ce qui était encore plus étonnant, c’est que les légendes disaient qu’elles pouvaient communiquer avec d’autres mondes en utilisant cette corne. C’était une race de fées qui étaient parmi les plus fortes quand il s’agissait de mana et de capacités physiques. C’est précisément à cause de cela qu’ils ont été chassés jusqu’à l’extinction par des sorciers, et qu’ils étaient censés avoir péri dans un coin désertique du monde.

Quoi qu’il en soit, c’était formidable qu’il ait réussi à terminer les choses sans porter un coup fatal. Raphaël s’était demandé s’il devait l’attacher ou l’achever. La licorne ouvrit alors les yeux et les fixa sur Raphaël. Ses yeux étaient rouge sang, et il avait deux crocs dépassant de sa bouche.

« Ce n’est pas possible… ! »

« GAAAAAAH ! »

L’intrus se jeta sur Raphaël, non pas avec la sorcellerie, mais avec ses crocs.

« … Je vois, les morts-vivants… d’ailleurs, le Clan de la Nuit. »

Raphaël avait saisi le visage du vampire avec sa main artificielle et l’observa se tortiller. Ce n’était pas si étrange pour une licorne de se transformer en vampire, mais il sentait quand même qu’il y avait quelque chose d’étrange. Et avec le visage de l’intrus toujours fermement saisi dans sa main, il leva les yeux vers le ciel.

« Hmm… ? Je croyais que le Clan de la Nuit détestait être dehors en plein jour. »

Le temps était magnifique aujourd’hui et le ciel était dégagé. Même s’ils étaient dans la forêt, il y avait beaucoup de soleil sur eux. Ce serait une autre histoire si c’était un vampire au niveau d’Alshiera, mais celui devant ses yeux était si faible qu’il avait été vaincu d’un seul coup avec le plat de sa lame.

« Alors, c’est quelque chose de complètement différent du Clan de la Nuit ? »

Raphaël n’avait pas été capable de trouver tout seul une réponse.

Mon seigneur sait peut-être quelque chose…

Il n’y avait aucun document dans l’Église que Raphaël connaissait qui documentait ce genre d’existence. Et comme il passait son temps à contempler cela tranquillement, une autre irrégularité commença à prendre forme dans le corps de l’intrus.

« Uooooh... »

Tout comme Raphaël entendit un étrange gémissement sortir de sa bouche couverte, le corps de l’intrus commença à s’effriter en morceaux. Le Clan de la Nuit était capable de transformer leur corps en chauve-souris ou en brouillard, mais celui-ci se transformait en boue.

Boues… Cela lui rappelait entièrement un incident qui s’était produit il y a plusieurs mois, les pensées résiduelles du Seigneur-Démon que l’Archidémon Bifrons avait invoquées. Il pensait que c’était très semblable à cet être.

Je voulais le prendre vivant, mais je n’ai plus ce loisir.

S’il s’agissait d’un monstre du même calibre, il aurait pu grossir à l’infini s’il ne s’en débarrassait pas complètement. Si cela devait se produire, leur fête d’Alshiere Imera passerait à la trappe. Raphaël avait mis son épée sacrée sur le devant, mais s’était soudainement arrêté.

« Voyons voir. Dois-je mettre à l’épreuve le pouvoir que mon seigneur m’a conféré ici ? »

Raphaël murmura à lui-même en lâchant la face de l’intrus et prit ses distances. Il tenait son épée sacrée dans sa main droite et poussait sa main gauche artificielle vers l’avant. Les côtés de son bras s’ouvrirent comme s’il avait d’autres compartiments que celui où se cachait son épée sacrée. Finalement, un objet ressemblant à une lentille avait émergé de sa paume et la lumière avait commencé à converger vers elle.

« Brûler en cendres — Orobas. »

C’était une flamme de lumière. Ce n’était pas le pouvoir de l’épée sacrée Metatron. C’était une accumulation d’aura qui surpassait l’épée sacrée sous la forme de flamme. Et Raphaël l’avait tiré sur l’intrus.

Les flammes se répandirent pendant un instant. Et après qu’elles se soient dissipées, il n’y avait plus de boue, plus d’intrus, juste rien. L’ouverture du bras gauche de Raphaël se referma et cela reprit sa forme originale.

« Tel est le souffle du Sage Dragon Orobas. C’est gaspillé avec un adversaire si faible, pardonnez-moi. »

Le sang du Sage Dragon Orobas coulait dans les veines de Raphaël. Cependant, Raphaël n’était pas un sorcier et ne possédait aucun moyen de mettre ce pouvoir en pratique. Tout ce dont il était capable, c’était d’amplifier momentanément ses capacités physiques et de même régénérer des blessures mortelles.

Zagan lui avait donc donné les moyens de déchaîner le souffle d’un dragon en utilisant le bras artificiel comme médium. C’est la raison pour laquelle Zagan avait donné à cet homme toute l’autorité sur le château bien qu’il ne soit pas un sorcier. Raphaël confirma l’état de son bras, puis porta son attention sur la ville que son seigneur était en train de visiter.

« Ce n’était pas un adversaire avec lequel mon seigneur aurait des problèmes, mais je n’ai aucune idée de ce que c’était. »

Raphaël pria pour que rien n’arrive à Zagan, Néphy et Kuroka, qui étaient tous en ville. Et même s’il s’inquiétait pour ceux qu’il servait, le majordome avait fait demi-tour et était retourné à ses fonctions officielles.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. amateur_d_aeroplanes

    Une licorne vampire ? C’est la première fois que je lit cela 😌

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