Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 18 – Chapitre 2 – Partie 6

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Chapitre 2 : La victoire revient à celui qui fait le premier pas, mais cela ne fonctionne pas toujours.

Partie 6

En réponse à l’invitation du diable, le seigneur doré la fixa intensément de ses yeux rouges.

« Hein ? Pas question. Ce sera juste quelque chose de très méchant, n’est-ce pas ? Comme la dernière fois ! »

Il s’est avéré que cette avare avait également eu des différends avec Phenex.

C’est presque impressionnant le nombre d’ennemis qu’elle s’est fait à travers le monde…

Cependant, il était également vrai qu’elle avait assez de force pour survivre en toute décontraction malgré ce fait. De plus, Behemoth et Levia avaient passé deux mois à chercher Phenex avant de finalement la trouver, alors qu’Asmodée avait assez de pouvoir pour la retrouver en un instant.

« La dernière fois ? À quoi fais-tu référence exactement ? » demanda Asmodée avec curiosité. « Trop de choses me viennent à l’esprit… »

Elle était vraiment la pire, mais Phenex était prise sur un autre détail.

« Hé, t’es-tu un peu assagie ? » demanda-t-elle. « Je n’aurais jamais cru que tu te souviendrais des choses que tu as faites. »

« Quelle impolitesse ! Pour qui me prends-tu ? » se plaignit Asmodée.

« La pire des sorciers à l’égal de Glasya-Labolas. »

« … »

Comme on pouvait s’y attendre, elle n’aimait pas être mise au même niveau que le seigneur du meurtre. Asmodée grogna et passa une main sur son front.

« Malheureusement, je viens de recevoir une autre demande », dit Phenex en haussant les épaules. « Je n’ai pas l’intention d’accepter ce que tu as à dire. »

« Une demande ? Tu n’as même pas besoin de faire quoi que ce soit. N’es-tu pas libre ? » insista Asmodée.

« Tu es du genre à totalement gâcher la fête d’anniversaire de quelqu’un alors que tu n’étais même pas invitée, n’est-ce pas ? »

« Peux-tu ne pas me traiter comme si j’étais une solitaire qui ne sait pas lire l’ambiance !? »

Même parmi les Archidémons, Phenex pouvait se vanter d’avoir la langue la plus acérée. Asmodée se mettait en colère parce qu’on l’interpellait de façon si précise. Après avoir poussé un gros soupir, elle haussa le ton.

« Je ne te demande rien d’aussi gênant. Je me demande juste si tu veux de l’entraider quand on aura des problèmes », dit Asmodée en haussant les épaules avec un sourire impudique, puis elle rétrécit vivement les yeux. « Tu sais que Forneus a été tuée, n’est-ce pas ? Tu as aussi une marque sur toi, Phenex. »

« … »

Asmodée n’était pas du genre à entamer une négociation sans avoir d’atout à jouer. En tant que membre du groupe de Marchosias, ses paroles ne pouvaient pas être ignorées. Phenex jeta un coup d’œil à Behemoth pour vérifier la véracité de ses propos.

Eh bien, elle ne peut que s’en accommoder maintenant…

Ne pas laisser le choix à quelqu’un, c’était la façon de faire d’Asmodée. Se plaindre serait une perte de temps, alors Behemoth acquiesça.

« Hmph ! Écoutons-la », dit Phenex. « Bon ! De toute façon, je parie que c’est quelque chose sur lequel je ne pourrai pas reculer après l’avoir entendu. »

« Aha, cela te corresponds bien, Phenex », répondit Asmodée. « Tu comprends très bien. Pour te dire la vérité… »

Elle continua à expliquer les détails, et juste comme ça, Behemoth et Levia s’étaient une fois de plus retrouvés embarqués dans quelque chose de gênant.

« Tu as encore trouvé une idée gênante…, » dit Phenex. « Mais attends, es-tu sûre que c’est bien pour toi de me révéler tout ça ? Marchosias n’a aucune pitié pour les traîtres. »

« Aha, ça va dans les deux sens, » dit Asmodée en souriant. « D’ailleurs, Marchosias est actuellement en route pour voir Zagan, alors je doute qu’il ait le temps de se préoccuper d’une petite vielle comme moi. »

« Oh là là, ce Marchosias autoproclamé est plutôt puéril », dit Phenex, un air de pitié dans la voix. « Je suis désolée pour Zagan. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Levia.

« C’est la façon dont les brutes font les choses », expliqua Behemoth. « Aller directement voir le chef ennemi est une façon de dire : “Je suis prêt à te tuer maintenant”. Tu peux appeler ça une déclaration de guerre. Faire cela ruine complètement la réputation du chef. »

« Juste en allant le voir ? »

« Oui, en faisant cela, Zagan sera entraîné dans le rythme de Marchosias. C’est une main désagréable à jouer. »

En se rendant seul à la base ennemie, il s’assurait que personne ne lèverait la main sur lui. La fierté empêcherait le chef de le faire. De plus, le fait que l’ennemi ne vienne que pour dire son mot avant de repartir était une humiliation insupportable. Si cela se produisait devant les subordonnés du dirigeant, il perdrait complètement la face.

Mais ce n’est qu’entre voyous.

Zagan était un méchant, mais aussi un roi. Ce n’était pas un voyou.

« Eh bien, je me pose la question…, » déclara Asmodée. « On ne peut pas savoir ce que fera Zagan. Marchosias pourrait en fait être celui qui n’a pas le choix en la matière, tu sais ? »

« Aaah… »

Behemoth et Levia savaient tous deux où elle voulait en venir et avaient tenu leur langue.

« Hm… ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Phenex en penchant la tête avec curiosité.

Dans la salle du trône du palais de l’Archidémon, Zagan était normalement assis sur son trône tandis que ses subordonnés entraient et sortaient en courant pour lui remettre des rapports et venir lui demander conseil. À présent, l’endroit était dominé par un silence glacial.

Deux personnes se faisaient face. L’une d’elles était le roi du palais de l’Archidémon, Zagan. Son expression restait résolue, mais il y avait un soupçon de tension. Il était descendu de son trône et s’était assis à une table pour se placer sur un pied d’égalité avec celui qui était assis en face de lui.

« Ha ha ha… »

« Heh heh heh… »

Ne supportant pas le silence, ils laissèrent tous deux échapper d’étranges rires. Celui qui était assis devant le roi… n’était pas Marchosias. C’était Néphy. Elle portait une magnifique robe blanche. C’était un objet qu’elle avait reçu de sa mère et de son professeur Orias. Zagan savait qu’elle ne la portait que pour les grandes occasions, autrement dit, c’était sa façon de s’habiller sur son trente et un.

Quand on pense qu’elle a fait tant d’efforts pour s’habiller juste pour un goûter !

La pensée que Néphy chérissait tant ce moment avait fait naître chez Zagan une foule d’émotions. Oui, aujourd’hui, c’était le premier jour de congé privé de Zagan et Néphy depuis longtemps.

Alors qu’ils avaient fini de s’occuper des conséquences de la bataille contre Shere Khan, Marchosias avait commencé à comploter quelque chose de déplacé, deux sorciers avec lesquels Zagan avait essayé d’entrer en contact — Forneus et Acheron — avaient été tués, et il s’était lui aussi retrouvé submergé par le travail de bureau.

Ayant enfin fait le ménage dans tout ce travail, Zagan avait fait coïncider son emploi du temps avec celui de Néphy et tous deux avaient pris une journée entière de congé. Il avait même ordonné à Raphaël de ne pas accepter d’invités — aucun invité.

Quoi qu’il arrive aujourd’hui, je me repose à tous les coups !

Dans son état mental actuel, Zagan avait décidé d’ignorer tout le reste. Il irait même jusqu’à ignorer Marchosias s’il menait personnellement une attaque contre le château.

Zagan se racla la gorge, puis fixa directement Néphy dans les yeux.

« Hum, tu sais… Tu es très belle aujourd’hui. Tes vêtements, hum… te vont très bien. »

Les oreilles pointues de Néphy devinrent rouges jusqu’au bout et ils frémirent.

« Augh… M-Maître Zagan, tu es aussi splendidement habillé… Hum, tu t’es aussi coiffé, oui ? »

« Hnnngh. C’est vrai ? Richard m’a un peu appris à soigner mon apparence. »

Zagan avait essayé de faire attention à autre chose qu’à ses vêtements cette fois-ci en utilisant quelques produits pour les cheveux. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle le remarque au premier coup d’œil. Cela l’avait troublé.

« Ça te va très bien », dit Néphy.

« T-Ta coiffure duveteuse d’aujourd’hui est aussi très adorable. »

« Augh… »

Il avait suffi de cette conversation pour qu’ils ne puissent plus se regarder en face. Ils avaient tous deux tendu maladroitement la main vers leur tasse de thé.

Hgggh ! Cela fait trop longtemps que nous ne sommes pas restés seuls ! Je ne sais pas quoi dire !

Il aurait dû y avoir une montagne de choses qu’il voulait faire et dont il voulait parler, mais il se trouvait incapable de prononcer les mots. Et alors qu’il s’interrogeait sur ce qu’il devait faire, Néphy sourit.

« J’ai l’impression que ça fait vraiment longtemps », dit-elle. « Hum, je veux dire, que tu t’es montré si troublé. »

« Hrm. Je suis toujours très sérieux quand il s’agit de toi. »

« Hyah… Hum… je suis au courant de ça… »

« Je vois… »

« Oui… »

Ils baissèrent à nouveau les yeux sur la table, complètement rouges au visage. Près d’une heure entière s’était écoulée depuis leur arrivée dans la salle du trône, mais ils avaient répété cette boucle pendant tout ce temps.

C’est l’un de mes rares jours de congé ! Qu’est-ce que je fais ?

Et tandis que Zagan restait déçu par sa propre inaptitude, Néphy relevait la tête comme si elle avait renforcé sa détermination.

« … »

« Hwuh ? »

Entre toutes, Néphy déplaça sa chaise à côté de Zagan et se rassit.

« Hum, je suis trop gênée pour regarder ton visage », dit-elle. « Alors… »

C’était apparemment la raison pour laquelle elle avait bougé.

Comment peut-elle être aussi mignonne ?

Il avait l’impression que son cœur pouvait se figer à tout moment, mais Zagan réussit tout de même à poser une main sur l’épaule de Néphy et l’entraîna dans une légère étreinte.

« M-Hmm… Très bien. Tu es aussi bien trop belle pour regarder… »

Il ne put pas terminer cette phrase. Néphy s’était déplacée pour poser sa tête sur la poitrine de Zagan.

« Ha wa wa wa wa… »

« Awa wa wa wa… »

Tous deux étaient dans tous leurs états. Les oreilles pointues de Néphy claquaient violemment contre le cou de Zagan, mais ce dernier n’avait pas le sang-froid nécessaire pour y prêter attention. Il avait l’intention de se blottir légèrement contre elle, mais maintenant, ils étaient absolument collés l’un à l’autre.

Hnnngh ! Je ne voulais pas faire quelque chose d’aussi audacieux !

En fait, ils avaient déjà partagé des étreintes encore plus profondes, mais jamais épaule contre épaule comme ça. Zagan lâcha Néphy dans un mouvement de panique.

« D-Désolé ! J’y ai mis trop de force ! »

« N-Non ! Ce n’est pas… »

 

 

Néphy recula également, confuse, mais fit une grimace déçue. Elle pensa alors à quelque chose et s’appuya de nouveau contre lui.

« Hyah… Uhhh, hm ? »

Elle essayait sans doute de s’appuyer contre lui, mais Zagan était tellement secoué qu’il s’était penché en arrière, ce qui avait fait manquer complètement Néphy et l’avait fait tomber sur ses genoux.

« … »

Tous deux se couvrirent le visage d’embarras.

Peut-être que c’est une bonne chose à sa façon…

Le cœur de Zagan battait encore comme un marteau, mais il réussit à se calmer suffisamment pour regarder le visage de Néphy.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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