Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 17 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Les hommes deviennent stupidement imprudents devant la fille qu’ils aiment

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Chapitre 4 : Les hommes deviennent stupidement imprudents devant la fille qu’ils aiment

Partie 1

« Néphy, viens ici une minute. »

À l’intérieur du palais de l’Archidémon, Zagan frappa à la porte de la chambre de Néphy.

« De quoi as-tu besoin à cette heure-ci ? »

Il était tard dans la nuit, alors Néphy était en train de se préparer pour aller se coucher. Elle avait une serviette sur l’épaule et portait sa chemise de nuit. De l’eau dégoulinait de ses cheveux blancs, laissant une tache sur la serviette.

Hnnngh ! Néphy n’est pas seulement mignonne juste après avoir pris un bain, il est aussi érotique !?

Maintenant qu’il y pensait, même lorsqu’elle sortait à cette heure-ci, Néphy commençait au moins par se sécher les cheveux. C’était un spectacle frais et rare que ses cheveux soient encore mouillés après avoir pris un bain. L’attaque-surprise avait fait battre son cœur et il ne pouvait plus la regarder dans les yeux, mais il s’agissait d’une urgence. Il avait donc fait appel à toute sa sorcellerie pour retrouver son calme.

« Le contact avec Shax a été coupé », déclara-t-il. « Il s’est passé quelque chose. »

Il restait vague, mais ils s’étaient présentés à temps pour informer Zagan de l’attaque de Glasya-Labolas, et rien depuis…

Une vieille blessure… Le malheur de Kuroka est terrifiant.

Les cait siths étaient une race qui invoquait la chance, mais dont le recul apportait le malheur dans leur vie quotidienne. Elle était différente de Chastille en ce sens. La malchance de Kuroka était essentiellement une fatalité. Elle avait beau s’y préparer, elle se manifestait au moment où elle s’y attendait le moins.

Cette fois-ci, elle s’était manifestée d’une manière horrible. À ce stade, il devait envisager le pire. C’est exactement pour cela qu’il avait veillé à ce qu’ils restent en contact avec lui toutes les demi-heures, même si c’était tard dans la nuit. Cependant, quelque chose s’était produit pour les en empêcher.

« Et ce fut la lune de miel tant attendue de Kuroka… », dit Néphy en portant tristement une main à son cœur.

« Était-ce une lune de miel ? »

« Hein ? »

« Hm ? »

Le silence avait suivi.

Zagan s’était rapidement rendu compte qu’il n’avait qu’une faible compréhension de la situation.

Il a été accepté par son père et est parti en voyage dans sa ville natale… Cela ressemble à une lune de miel !

Quelque chose le dérangeait. Ils étaient clairement tous les deux bien ensemble, plus que Néphy et lui. Zagan était à la traîne. Bon, il était aussi parti en voyage de noces ou en vacances prénuptiales avec Néphy, mais cela n’avait duré que trois jours et deux nuits. Il ne l’avait jamais emmenée dans un voyage d’un mois.

Quelle négligence ! Je ne lui ai toujours pas donné l’alliance !

Il ne pouvait pas réfuter le fait d’être traité d’imbécile pour cela.

« Néphy ! »

« Oui !? »

Il avait saisi la main de Néphy et avait parlé avec toute la majesté d’un Archidémon.

« Dès mon retour, partons en vacances pendant au moins un mois ! »

Zagan agissait comme s’il marchait vers sa mort.

« Maître Zagan, as-tu oublié ta promesse avec Lily ? » demanda Néphy en souriant ironiquement. « Je crois bien qu’un mois de vacances sera difficile à prendre. »

« Argh… ! »

Voyant Zagan ressentir de la vexation au plus profond de son cœur, Néphy posa une main sur chacune de ses joues, puis frotta son front contre le sien en souriant.

Qu’est-ce que c’est ?

Il se sentait euphorisé par l’attaque-surprise, son cerveau n’arrivant pas à suivre la situation.

« Il n’est pas nécessaire de se précipiter, maître Zagan. Prenons notre temps et partons en vacances une fois que les choses se seront calmées, d’accord ? Avec nous deux seulement, en tout cas. »

Le bout de ses oreilles pointues était devenu légèrement rouge. Zagan avait l’impression que son sourire timide lui apportait une joie immense.

« Tu me consoles toujours, Néphy. »

« Ce n’est pas vrai… D’habitude, c’est moi qui reçois des encouragements de ta part. »

« Je m’en vais maintenant pour me débarrasser immédiatement de ses gêneurs », dit Zagan en la regardant droit dans les yeux.

« S-S’il te plaît, soit indulgent avec eux. »

Zagan ne s’était pas contenté d’agir avec bonne humeur.

Un homme incapable de protéger ses sujets ne mérite pas d’être appelé roi.

Dans le cas de Gremory — même si la mamie avait magnifiquement redressé la situation —, c’est précisément parce qu’il n’avait pas su la protéger que Kimaris l’avait considéré comme un ennemi. Il ne pouvait pas permettre qu’une telle chose se reproduise. Zagan devait donc s’occuper personnellement de cette affaire.

« De toute façon, j’ai besoin que Shax travaille davantage pour moi », dit Zagan. « Cela m’évite de devoir le rappeler. »

« Oui. Fais bon voyage, maître Zagan. »

Zagan agita son manteau et quitta la chambre de Néphy. Une fois qu’elle ne put plus le voir… Néphy finit par se couvrir le visage et s’effondra sur le sol.

« Hwaaah… »

Elle se sentait gênée à retardement par ce qu’elle avait fait. Elle avait besoin d’un peu de temps avant de pouvoir se relever.

Et comme il n’avait aucun moyen de le savoir, Zagan gémit pour lui-même.

« Je… ne peux pas me téléporter à Aristocrates ? »

Le cercle magique que Shax était censé avoir préparé pour la téléportation ne s’activait pas.

« Qu’est-ce qu’une malédiction au juste ? »

À l’intérieur de l’une des chambres d’hôtes du palais de l’Archidémon, Alshiera marmonna d’un air sinistre.

« Hein ? Qu’est-ce que tu racontes tout à coup ? »

Elle ne put cacher une grimace alors qu’Asura se prélassait, la tête sur ses genoux, comme si l’endroit lui appartenait. C’était bien sa faute si elle s’était assise sur le lit. Il avait pris cette position sans lui laisser une chance de refuser et avait ensuite commencé à jeter des cerises dans sa bouche.

« Asura », déclara Alshiera en soupirant. « As-tu entendu parler des malédictions ? »

« N’est-ce pas comme ça que les gens appellent les pouvoirs des séraphins maintenant ? »

Alshiera acquiesça et répondit : « Oui, c’est une réponse. C’était probablement une étape nécessaire pour que Marchosias oblitère les séraphins. »

« Ha ha. Il a toujours eu une personnalité horrible. »

« Je suis tout à fait d’accord. »

« Alors ? Qu’en est-il d’eux ? » demanda Asura avec curiosité.

« Ce dont tu parles s’appelle aussi le mysticisme. Il s’agit d’une puissance miraculeuse que l’on appelle par une simple prière. Peux-tu vraiment appeler cela une malédiction ? »

« C’est Marchosias qui a fait ça, hein ? Y a-t-il un problème avec ça ? »

Alshiera choisit soigneusement ses mots avant de poursuivre.

« Alors pourquoi Salomon a-t-il été maudit ? »

Le premier roi aux yeux d’argent avait été effacé de l’existence sans laisser la moindre trace. Si le mysticisme était une malédiction, Néphy serait capable de faire la même chose rien qu’en priant.

Le mysticisme emprunte de la puissance à la nature, rien de plus. C’est la seule façon de voir les choses. Même le mysticisme céleste n’est pas censé posséder un pouvoir aussi grotesque.

En d’autres termes, même si le mysticisme et les malédictions se ressemblaient, ils n’étaient pas nécessairement identiques. Et pourtant, de nombreuses malédictions terrifiantes existaient dans ce monde.

Salomon avait été effacé de l’existence. Léviathan et Behemoth s’étaient transformés en monstres alors que le jour se transformait en nuit et vice versa. Zagan avait changé d’âge avec Foll. L’Œil d’argent du roi avait transformé non seulement la personnalité de Stella, mais même son corps en celui de son frère. Même Forneus avait été privée de sa capacité à transmettre sa volonté aux autres. Ils étaient trop nombreux pour être énumérés, mais ils avaient tous un point commun.

« L’humanité qualifie de malédiction tous les événements anormaux qui dépassent sa compréhension, mais pourquoi de telles choses se produisent-elles même dans notre monde ? »

Asura commençait enfin à comprendre où Alshiera voulait en venir.

« Je comprends…, » dit-il en écarquillant les yeux. « Ils n’existaient pas à notre époque, hein ? »

Les phénomènes créés par les malédictions se trouvaient un peu partout, mais ils semblaient tous reliés par leurs racines.

« Par ailleurs, pourquoi Marchosias a-t-il qualifié le mysticisme de malédiction ? » poursuit Alshiera. « C’est un homme tordu, mais pas le genre à être mal informé. »

« Hmmm, peut-être parce que le mysticisme est aussi hors de portée de l’homme ? », s’était dit Asura avec désinvolture.

Alshiera était restée sans voix.

Le mysticisme est un moyen de tordre les lois du monde… ? Si c’est pour cela que Marchosias a mis le mysticisme et les malédictions dans le même sac, alors… sont-ils des fragments du cauchemar !?

La mort-vivante millénaire fut horrifiée par sa conclusion.

« Hey, Ashy, » dit Asura juste au moment où elle terminait ses pensées.

« Qu’est-ce que — Oh ? »

Au moment où elle ouvrit la bouche pour parler, il y jeta une cerise. La queue dépassa entre ses lèvres, lui donnant un air plutôt idiot.

« Tu vas vieillir si tu continues à froncer les sourcils comme ça. »

Que faisait cet homme alors qu’elle était si sérieuse ? Elle voulait se plaindre, mais n’en était pas capable tant qu’elle n’avait pas fini de manger la cerise dans sa bouche.

Le noyau est encore là. Je ne peux même pas l’avaler.

Même si elle voulait la jeter, la tête d’Asura était posée sur ses genoux et cela l’empêchait de se lever. Comme elle restait désemparée, Asura arracha la tige qui dépassait encore entre ses lèvres, puis la jeta dans sa bouche.

« Ha ha, tu es si inutilement dextre, Ashy. La tige et le noyau étaient encore attachés. Ah oui, tu peux faire un nœud sur la tige avec ta langue, n’est-ce pas ? »

Elle ne l’avait pas fait consciemment, mais c’est ainsi qu’Alshiera avait mangé des cerises par le passé.

« Est-ce que c’est vrai que les gens qui peuvent faire ça font de bons baisers — gwah !? »

Alshiera lui lança un regard glacial et lui pinça le nez.

« Peux-tu seulement imaginer que les morts-vivants vieillissent ? » dit-elle avec indignation.

« C’est ça le but », dit Asura avec un sourire satisfait. « Tu dois te détendre. Tu faisais cette tête que tu fais quand tu essaies de tout faire toute seule. »

« Haaah… Cela ne te concerne pas. »

C’est ce qu’elle avait dit, mais elle se sentait un peu plus détendue maintenant.

« Eh bien, je ne crois pas qu’il soit juste de tout laisser aux autres, même si c’est simplement ainsi que les choses ont progressé. »

« Parles-tu des démons ? » demanda Asura. « Quel est le rapport avec les malédictions ? »

Alshiera s’était arrêtée un instant avant de répondre.

« Salomon a été maudit pour avoir scellé les démons. »

« Sérieusement ? » demanda Asura sous le choc.

« Oui. Mais je n’étais pas là pour en être témoin. »

Cela dit, Alshiera s’était laissée entraîner et ne savait pas ce qu’il avait fait exactement ni comment il avait scellé les démons. Asura joua avec la queue de cerise dans sa bouche en haussant la voix d’un air perplexe.

« J’ai entendu dire que Salomon était maudit parce qu’il avait découpé Azazel. »

« Oh, qui t’a dit ça ? »

« Batou. Je me demande ce qu’il prépare maintenant. »

Alshiera plissa les yeux.

***

Partie 2

« Salomon ne l’a pas fait. »

« Alors qu’est-ce que — ! »

Alshiera posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire.

« Nous ne pouvons plus en parler », dit-elle d’une voix à glacer le sang.

Asura grimaça face à cet avertissement soudain.

« Bon, peu importe », dit-il, voulant changer de sujet. « De toute façon, si tu as un indice, ne peux-tu pas le transmettre à cette fille Asmodée ? »

« À propos de ça… »

Alshiera avait du mal à interagir avec elle.

Elle n’écoute jamais les autres et c’est aussi l’amie de Foll.

Cette petite fille ramassait les gens sans se soucier de leur situation. Et Alshiera ne pouvait pas non plus ignorer purement et simplement ces personnes.

« Haaah… » soupira Asura, l’air vraiment exaspéré. « Tu n’as pas changé du tout quand il s’agit de ce genre de choses. Si tu continues à résister, tu vas te mettre à pleurer. »

Il avait raison, mais elle n’aimait pas qu’on le lui fasse remarquer. Les joues d’Alshiera se contractèrent alors qu’elle parvenait tant bien que mal à lui rendre un sourire.

« Dans ce cas, j’ai simplement été traumatisée par ton incapacité à écouter les autres », déclara-t-elle.

« Ha ha, c’est toi qui parles. Tu dis ça maintenant, mais tu m’as toujours suivi partout. »

Maintenant qu’il avait marché sur une deuxième mine, Alshiera lui adressa un sourire rafraîchissant.

« Ah oui, tu as mentionné quelque chose tout à l’heure, n’est-ce pas ? Comme quoi être capable de faire un nœud avec une queue de cerise dans ta bouche fait de toi un bon embrasseur. »

« Hm ? Oui, je l’ai fait. »

« Veux-tu le tester ? »

« Hein… ? »

Sans attendre de réponse, Alshiera planta un baiser sur ses lèvres.

« Hmmm !? »

Non seulement cela, mais elle avait forcé l’entrée de sa langue, l’avait fait tourner et avait joué avec lui à satiété. Après s’être concentrée entièrement sur cette activité pendant un moment, elle se retira et s’essuya les lèvres avec un mouchoir.

« Tes impressions ? » demanda-t-elle.

« F-Fantastique… »

« Si tu as appris ta leçon, alors abstiens-toi d’être aussi impertinent. »

« O-Oui madame… »

Asura se recroquevillant timidement, Alshiera fut enfin libre de se lever et de se débarrasser du noyau de cerise.

« Je ne savais pas qu’Ashy était aussi lubrique… » s’était dit Asura en chuchotant.

En fin de compte, celui qui se trouvait à la réception n’avait pas pu échapper à son destin.

 

 

« Nous avons été séparés…, » gémit Kuroka avec agacement. Elle s’était retrouvée à l’intérieur d’une taverne, mais était maintenant seule sur un chemin inconnu au milieu de la nuit. La ville en bois construite autour d’anciennes ruines avait disparu, remplacée par un paysage urbain en pierre bien organisé. Des pavés de pierre sans le moindre interstice recouvraient le sol. Des lanternes de verre alimentées par la sorcellerie bordaient les deux côtés du chemin. Cette ville ressemblait un peu à la ville sainte de Raziel, mais les bâtiments étaient bizarrement uniformes. À cause de cela, il y avait un étrange sentiment d’oppression dans l’air.

« Alors, mesdames et messieurs, commençons le deuxième acte. »

À la suite de cette déclaration, l’ancienne cité d’Aristocrates s’était transformée en un tout autre endroit.

De la sorcellerie qui peut refaire une ville entière… ? Non, une barrière ?

Qu’est-il arrivé à tous les autres ? Il n’y avait pas beaucoup de monde à l’intérieur de la taverne, mais il y avait un bon nombre de piétons dans la rue. Elle ne les voyait nulle part. Mais même sans les voir…

C’est bizarre. Je peux encore les sentir.

Même si elle sentait la respiration et les pulsations autour d’elle, il n’y avait personne. Si Kuroka n’avait pas encore la vue, elle ne pourrait pas distinguer le haut du bas, et encore moins la gauche de la droite.

Avons-nous été téléportés ? Non, j’ai bien vu la ville se briser physiquement.

Se faire entraîner dans le sous-espace par Barbatos, ça ne ressemble pas à ça. Alors, que se passe-t-il ? Malheureusement, Kuroka n’avait pas le temps de réfléchir lentement à sa situation. Shax l’avait soignée, mais les séquelles du Rideau de la Nuit étaient encore profondément ancrées. Elle ne pouvait se lever qu’avec le soutien de son bâton. Elle n’allait pas s’en plaindre, mais elle n’était pas en état de combattre un Archidémon. La douleur palpitait profondément derrière ses globes oculaires.

Oh non… Mes yeux…

Elle pouvait encore voir, mais il y avait clairement quelque chose qui n’allait pas dans son champ de vision. Elle voyait quelque chose comme des images rémanentes superposées les unes aux autres. Certaines ressemblaient à des silhouettes humaines, tandis que d’autres étaient des spirales sans signification. De plus, quelque chose comme une lumière pâle et brillante courait le long des bâtiments. Si un ennemi se cachait ici, elle ne pourrait pas le repérer. C’était comme si son œil droit et son œil gauche voyaient des images différentes, ce qui la rendait malade au point de vomir.

« Je dois trouver les autres… »

Elle doutait d’être la seule à être piégée de la sorte. Les autres devaient également se trouver quelque part dans cette ville. Et au moment où elle fit un pas en avant, elle regarda soudain le mur contre lequel elle avait la main. Elle eut l’impression d’y voir une brume ayant la forme d’une personne.

Il tient une épée… ?

Elle ne pouvait pas sentir sa présence ou une quelconque soif de sang. Il était clair qu’il n’y avait rien. Mais lorsqu’il sembla brandir son épée vers elle, le corps de Kuroka bougea de lui-même.

« Argh ! »

Elle roula au sol alors qu’un sifflement aigu du vent passait à l’endroit où se trouvait le cou de Kuroka il y a un instant.

Ce n’est pas du vent. C’est une lame !

Elle se poussa immédiatement avec son bâton alors que le torse d’un vieux monsieur jaillit du mur.

« Hmm, tu as donc réussi à l’esquiver ? » dit-il. « C’est bien approprié pour le plus grand samouraï de cette époque. »

Glasya-Labolas était sorti du mur pendant qu’il chantait ses louanges. Il avait en main une épée sans lame — qui devait être le Katana Hex.

« Comment trouves-tu cette ville ? N’est-elle pas belle ? » demanda-t-il en prenant une profonde inspiration, comme s’il savourait l’air. « Les séraphins régnaient autrefois sur ces terres. Ceci est une imitation de leur ville. »

« Les séraphins… ? »

Kuroka savait que c’était un nom pour les hauts elfes comme Néphy, mais personne ne savait quel genre de vie ils avaient menée il y a mille ans.

« Est-ce votre barrière ? » demanda Kuroka, tout en surveillant attentivement ce qui l’entourait.

« C’est en effet le cas. Métropole sombre, la cité des épées — tout ici est sous mon contrôle. »

Kuroka avait frémi.

« Alors la raison pour laquelle je n’ai rien sentit… »

« Oui. C’est une caractéristique de la cité des épées. Quel que soit le maître, il est impossible d’esquiver une lame invisible que l’on ne peut pas sentir. »

Kuroka avait vu Glasya-Labolas juste devant elle, mais n’avait rien senti de sa part. Même lorsqu’il parlait, on pouvait se demander s’il était vraiment là. Elle ne pouvait pas esquiver indéfiniment ce genre d’attaques.

S’il s’en prend à Monsieur Shax ou aux autres…

Il leur serait impossible de s’échapper.

« En tout cas, c’est censé être le cas, ma dame, » dit Glasya-Labolas en haussant les épaules d’un air troublé. « Tu as esquivé après avoir confirmé l’attaque à vue, n’est-ce pas ? »

Kuroka n’avait pas répondu. Ou plutôt, elle ne pouvait pas répondre.

Parle-t-il de cette brume… ?

Elle avait juste vu quelque chose par hasard. Elle doutait de pouvoir réitérer l’exploit. Et pourtant, Glasya-Labolas hocha la tête en signe de compréhension.

« Tes yeux… Je vois, ce sont donc les yeux du quatrième. »

« De quoi parles-tu ? »

Elle jeta un coup d’œil à l’épée courte qu’elle avait à moitié dégainée. Elle reflétait son visage, mais au lieu de ses habituels yeux rouges, elle avait des yeux argentés comme Zagan.

L’argent… ? Qu’est-ce qui se passe ? Mes yeux sont différents…

Était-ce un effet secondaire de l’ouverture de sa vieille blessure ? Non, en y repensant, Shax avait semblé plutôt inquiet pour ses yeux. Elle avait eu l’impression qu’il craignait une mauvaise réaction à son traitement, mais c’était peut-être la raison.

Glasya-Labolas se caressa la moustache en contemplant, puis sourit comme s’il avait eu une idée merveilleuse.

« Pow ! Mon cœur n’a pas dansé comme ça depuis mon jeu avec le roi sans visage ! »

Le Roi sans visage Bifrons — Kuroka avait autrefois été utilisée comme un outil dans leurs plans, aussi ce nom lui rappelait-il d’abominables souvenirs. On disait que Bifrons et Glasya-Labolas avaient un jour expérimenté en utilisant une ville entière comme jouet. Le côté obscur de l’Église ne connaissait pas tous les détails de l’événement, mais les histoires racontaient à quel point cela avait été répugnant.

« J’avais l’intention de commencer par toi, ma dame, mais j’ai changé d’avis », poursuit le Seigneur du meurtre avec délectation. Il sortit complètement du mur et s’inclina respectueusement. « Que dirais-tu de jouer à un petit jeu avec moi ? »

« Un jeu… ? »

Kuroka avait résisté à l’envie de lui hurler dessus pour avoir suggéré une telle absurdité.

Je dois faire durer cette conversation…

Telle qu’elle était dans cet état, Kuroka ne pouvait pas esquiver sa prochaine frappe, elle devait donc gagner le plus de temps possible pour récupérer son endurance.

« Oui », dit Glasya-Labolas, la joie transparaissant dans son expression. Il n’était pas clair s’il avait compris ou non les tergiversations de Kuroka. « Je vais tuer tous les autres un par un. »

« Quoi — !? »

Le sang s’écoula du visage de Kuroka à sa suggestion effroyable.

« Ma dame, tu vas essayer de m’arrêter. Si je les tue, je gagne. Si tu m’arrêtes, tu gagnes. C’est assez simple, non ? »

« Arrête de dire des conneries ! »

Furieuse, Kuroka lui lança un couteau, mais celui-ci traversa Glasya-Labolas et se planta dans le mur.

Il n’est pas encore sorti du mur…

La silhouette floue d’une personne que Kuroka avait vue pour la première fois semblait se trouver à l’intérieur du mur, comme auparavant.

« Alors tu le vois vraiment ? » dit-il. Et laissant ce murmure derrière lui, la brume commença à se dissiper. « Viens maintenant, il est temps de lever le rideau sur ce concours amusant. »

« Stop ! Glasya-Labolas ! »

Elle lança un deuxième couteau, mais il rebondit en vain sur le mur.

C’est pathétique !

Telle que Kuroka était maintenant, elle n’avait même plus la force de faire planter son couteau dans le mur.

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