Chapitre 2 : La rencontre avec un Archidémon est trop difficile pour deux débutants en amour
Partie 4
« Tu vas… détruire le monde ? »
Sur la terrasse d’un certain restaurant de Kianoides, Néphy avait consulté Zagan au sujet de l’avertissement qu’elle avait reçu. Il doutait de ses oreilles. Il l’avait invitée à manger, voyant que quelque chose la tracassait ces derniers temps, et c’est sur cela qu’elle s’était ouverte.
« C’est ridi… »
Il voulait le nier, mais s’arrêta au milieu de sa phrase.
Attends, est-ce qu’elle veut dire… ?
Néphy avait pâli devant sa réaction.
« Maître Zagan, as-tu une idée de ce que cela peut signifier ? »
« Non… Ce n’est pas possible. »
De plus, il ne pouvait pas en parler à Néphy. Il tenta d’éluder sa question, mais Néphy corrigea sa posture et persistea avec détermination.
« Maître Zagan. S’il te plaît, dis-moi. Je suis prête. »
« Très bien…, » déclara Zagan après un moment d’hésitation. « Ta mignonnerie a peut-être franchi le stade où elle peut détruire le monde. »
L’air se figea.
« Maître Zagan ! » hurla Néphy, ses oreilles tremblèrent et devinrent rouge vif. « Je suis sérieuse ! »
« Et tu crois que je traite ce que tu as à dire comme quelque chose d’autre que du sérieux ? Je suis aussi sérieux que possible. Tu as été plutôt adorable ces derniers temps, bien plus que jamais auparavant. Je ne sais pas combien de fois tu as arrêté mon cœur. Il est fort probable que le choc me fasse accidentellement détruire le monde ! »
« Hwah !? »
Une coupe trônait sur la table entre eux — un parfait bourré de glace et de crème fraîche. Zagan avait créé et vendu l’appareil de sorcellerie permettant de créer des glaces justes pour que Néphy puisse en profiter. C’est donc tout naturellement qu’il se soit rendu dans cette boutique pour essayer de lui faire prendre l’air. Ce n’était vraiment pas l’endroit idéal pour parler du sort du monde. Quoi qu’il en soit, les autres clients les regardaient avec délectation en disant des choses comme « Oh, comme d’habitude » et « C’est donc la fameuse attraction de Kianoides. »
Si Barbatos ou d’autres étaient présents, ils diraient probablement à Zagan qu’il est trop instable émotionnellement, mais malheureusement, la seule personne dans la zone était une mamie, le sang coulant de son nez alors qu’elle marmonnait : « Quel pouvoir d’amour raffiné ! Il n’y a pas de fin ! ». Néphy ne pouvait pas non plus s’empêcher de sourire. Elle posa ses mains sur ses joues et détourna les yeux.
« Maître Zagan… C’est injuste de dire de telles choses en public. »
« Désolé. Pardonne-moi. Je n’ai pas réussi à maîtriser mes émotions fulgurantes. »
« Non, je dois aussi m’excuser. Après tout, c’est moi qui ai insisté pour que tu me le dises. »
Les deux avaient ensuite pris une boule de glace comme pour se calmer.
« Hmm… »
Néphy s’était fendue d’un grand sourire et avait porté une main à sa joue.
Yup ! Le simple fait de voir ce sourire suffit à mettre fin au monde !
Zagan sentait monter en lui une bienveillance qui lui permettait de tout pardonner, même la prédiction désagréable d’Eligor.
Néphy secoua alors la tête, reprenant soudain ses esprits. La façon dont ses cheveux blancs se balançaient lui donnait l’air d’une fée des neiges.
« Attends, ce n’est pas la question », dit-elle. « Je crois que Lady Eligor m’a donné des conseils pour m’aider à préparer l’avenir. Qu’en penses-tu, Maître Zagan ? »
Elle regarda Zagan avec les yeux tournés vers le ciel. Elle était si belle qu’il avait l’impression que son esprit allait s’envoler, peu importe le nombre de fois qu’il verrait cette expression, mais Zagan rassembla la volonté d’un Archidémon et lui répondit d’un signe de tête.
« Je vois. Des conseils, dis-tu ? Les choses changent un peu quand on les considère sous cet angle. »
« Oui. »
Néphy serra les lèvres en regardant fixement Zagan.
Néphy est si belle quand elle agit avec dignité !
Cela ne faisait que renforcer l’idée de Zagan selon laquelle la gentillesse de Néphy le rendrait fou et finirait par détruire le monde, mais il avait déjà évoqué cette théorie.
« Si elle t’a donné des conseils, cela signifie qu’il y a quelque chose que tu es la seule à pouvoir faire », déclara Zagan.
« Quelque chose que je suis la seule à pouvoir faire… ? »
Une seule chose lui était venue à l’esprit.
« Le mysticisme céleste », dirent Néphy et Zagan à l’unisson.
Cependant, Néphy secoua la tête.
« Ma mère est meilleure en mystique céleste, et même Nephteros… »
« Non, tu es la seule à pouvoir manier à la fois un Emblème d’Archidémon et le mysticisme céleste en ce moment. »
« Oh… »
Orias possédait à l’origine l’Emblème de Néphy. Elle avait été l’être qui avait manié à la fois le pouvoir de la mystique céleste et un Archidémon.
Mais elle a scellé son mysticisme céleste en prenant le nom d’Orias.
L’une de ses raisons avait été de cacher son identité, mais pour commencer, Orias était aussi un grand sorcier qui n’avait pas besoin de s’appuyer sur le mysticisme céleste.
« De plus, Orias a mentionné qu’en termes de puissance brute du mysticisme céleste, tu la surpasses de loin. Ton mysticisme céleste devrait être plus fort que le sien. »
Maintenant que les hauts elfes avaient disparu, Néphy était probablement le haut elfe le plus puissant du monde.
« Ce n’est pas possible… »
Néphy avait été choquée par ce fait, et celui qui avait donné suite à cela… n’était pas Zagan.
« La question est de savoir s’il faut sceller ou développer davantage ton mysticisme céleste, hein ? »
Le propriétaire de la voix avait pris une copieuse bouchée de la glace de Néphy.
« Hmm ! C’est trop doux. Serveuse, je prendrai la même chose ! »
Celle qui parlait sans une once de timidité était une fille avec des symboles d’étoiles au fond des yeux. L’Archidémon Asmodée se tenait à leur table, ayant surgi de nulle part.
Elle s’est approchée et je n’ai pas pu la percevoir… ?
Non seulement cela, mais elle l’avait fait dans le propre domaine de Zagan. Asmodée tira une chaise sans rien demander, puis prit place comme si c’était parfaitement naturel. Néphy la regarda avec étonnement.
« Qu’est-ce que tu veux ? » demanda Zagan.
« Aha, je n’ai pas pu finir de manger quand je suis venue ici avec Foll. »
« Achète-nous-en une nouvelle ! » hurla Zagan en frappant ses mains sur la table et en se levant. « Comment Néphy et moi sommes censés nous nourrir l’un et l’autre après que tu l’aies touché !? »
« Peux-tu ne pas me traiter comme une sorte de bactérie ? Tu me harcèles ? » demanda Asmodée, son sourire posé se tordant. « Ummm, tu es Zagan, c’est ça ? Tu n’as pas l’air de correspondre à la personne dans mes souvenirs. »
Zagan hocha la tête en entendant cela.
Eh bien, je crois que la seule fois où nous avons vraiment parlé, c’était quand elle était Lily.
Il se demandait dans quelle mesure elle se souvenait encore de cette époque, mais il ne pouvait pas nier la possibilité qu’elle ait mal compris quelque chose ici.
« Je ne sais pas ce que tu veux, mais tu devrais surveiller ton ton, » déclara Zagan aussi calmement que possible. « La seule raison pour laquelle je ne te tue pas pour avoir interrompu mon rendez-vous avec Néphy, c’est parce que tu es l’amie de Foll. »
Une telle offense justifiait une bastonnade sans merci, quelle que soit la personne, mais Zagan faisait preuve d’une grande bienveillance en lui accordant un avertissement à la place. C’est un acte de bonté remarquable.
« Oh, je vois », dit Asmodée en poussant un profond soupir de compréhension. « Je suppose que Foll n’est pas là. »
« Hm ? Si tu es ici pour voir Foll, tu n’as qu’à le dire. Je peux la faire venir tout de suite. »
« Aaah, arrête, arrête. Ce n’est pas pour ça que je suis là. »
« Hmph ! As-tu une raison d’être troublée par la présence de Foll ? »
C’est presque comme si elle ne voulait pas entraîner Foll dans quelque chose.
Zagan n’avait pas dit cette partie à haute voix, mais Asmodée avait fait claquer sa langue comme s’il l’avait laissé échapper.
« J’ai un peu l’impression que tu me déstabilises », dit-elle. « Oui, oui, j’irai voir Foll et j’en parlerai avec elle… éventuellement. »
Même si des Archidémons opposés se rencontraient, la seule chose dont ils parlaient était la fille de Zagan. C’était inévitable dans un sens, puisque Zagan considérait Asmodée comme n’étant rien de plus que l’amie de sa fille qui n’était pas honnête avec elle-même.
« C’est bon de te revoir, Lily », déclara Néphy en déplaçant sa chaise pour mieux faire tenir trois personnes autour d’une table. « Foll a été ravie des nouvelles que tu lui as envoyées. »
« Haaah… Tu es tout aussi mauvaise. »
Malgré la gentillesse de Néphy, ce parasite fit la grimace.
« Hmph ! Je ne me soucie pas de cette affaire dans la salle du trésor », dit Zagan. « Si c’est ce qui t’empêche de parler à Foll, alors réconcilie-toi maintenant avec elle. Le fait de voir sa fille se tracasser autant n’est pas amusant pour un parent. »
« Je n’arrête pas de te dire que ce n’est pas le cas », protesta Asmodée alors que son parfait arrivait. « Peux-tu arrêter de me harceler sur ce sujet ? Je veux dire, vous parliez de quelque chose d’assez intéressant, n’est-ce pas ? J’avais un peu envie de participer à cette conversation. Oh, vas-y, prends ça, Néphy. Ton mari fulminait à l’idée d’acheter un produit de remplacement. Je prendrai ta sucrerie à moitié mangée en échange. »
« Il n’est pas encore mon mari… Oh, merci. »
Asmodée échangea rapidement le nouveau parfait avec celui de Néphy, puis récupéra sans hésiter une partie de celui qui avait été à moitié mangé.
Maudite, sois-tu ! C’était censé nous permettre de nous nourrir l’un l’autre !
« Oh, s’il te plaît, ne fais pas attention à moi », déclara Asmodée en souriant à Zagan lorsqu’elle remarqua son regard. « Allez, allez, vous n’étiez pas en train de vous nourrir l’un et l’autre ? N’hésitez pas à continuer. »
Elle disait en gros : « Je vais regarder, alors allez-y, faites-le. »
« On dirait que tu connais ta place », répondit Zagan avec un grognement exagéré. « Je te pardonne ton impudence de tout à l’heure. »
Il préleva un peu de crème fraîche et la présenta devant le visage de Néphy.
« On fait ça maintenant ? »
Néphy était tellement déconcertée qu’elle avait les larmes aux yeux et que ses oreilles tremblaient. Elle avait l’air si adorable que Zagan faillit reculer sous le choc.
Hnnngh ! Sa timidité s’ajoute à sa gentillesse habituelle ! Quelle sublime synergie !
merci pour le chapitre