Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 16 – Chapitre 3 – Partie 5

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Chapitre 3 : Les malentendus sont amusants vus de l’extérieur, mais extrêmement gênants pour les personnes concernées

Partie 5

S’il en était conscient, il ferait mieux d’arranger son mode de vie, mais être un sorcier signifiait être aveugle à ce fait. Vepar l’ignora nonchalamment lorsque Barbatos se souvint qu’il avait encore ces boucles d’oreilles dans la main.

« Je déteste les utiliser parce qu’elles sont douloureuses à mettre, mais… »

Sur ce, Barbatos se planta une épingle dans l’oreille. Du sang avait jailli. Vepar était si étonné qu’il ne pouvait rien dire. Rassemblant sa volonté, il secoua la tête et lança un sort de guérison.

« Pourquoi es-tu si bête ? On est censé faire un trou pour une boucle d’oreille avant. J’ai endigué l’hémorragie pour l’instant, mais ne m’en veux pas si ton oreille s’infecte. »

Vepar termina le traitement avant que ses vêtements ne se salissent. Barbatos allait probablement se plaindre d’avoir mal lorsqu’il les retirerait ensuite, mais tôt ou tard, le trou allait tenir et il pourrait mettre les boucles d’oreilles sans saigner.

« Je ne les utilise pas d’habitude », dit Barbatos en haussant les épaules. « C’est pourquoi les trous se referment immédiatement. »

« Alors, utilise-les suffisamment pour que les trous s’installent. Tu veux cacher ton apparence de sorcier, n’est-ce pas ? »

« Eh bien… tu n’as pas tort, » marmonna Barbatos comme s’il ne pouvait pas vraiment l’accepter. Pourtant, après avoir mis quelques boucles à une oreille, il ressemblait étonnamment à un civil normal.

Selon la manière dont les choses sont faites, les gens peuvent changer au point d’être méconnaissables.

Vepar l’admira sincèrement, mais même après avoir gagné autant de temps, Chastille n’avait toujours pas montré de signe de mouvement.

Je suppose que nous irons nous installer ailleurs.

Ne sachant pas qu’il était pris pour son rival amoureux, Vepar se mit à marcher pour sauver Chastille.

« Pourquoi faut-il qu’ils s’exhibent autant… ? »

En les observant tous les deux, Chastille était sous le choc. Ils flirtaient sous ses yeux, attachant intimement ses cheveux et changeant même ses vêtements. La sorcière avait même remarqué la présence de Chastille avant de faire tout cela.

Ils avaient l’air proches, Chastille avait l’impression de découvrir un Barbatos qu’elle ne connaissait pas, mais ils n’avaient pas besoin d’aller jusqu’à s’exhiber et s’accrocher l’un à l’autre comme ça.

Vepar était en fait en train d’attirer à contrecœur l’attention de Barbatos sur Chastille, mais malheureusement, rien de tout cela ne lui parvenait.

Il ne s’est jamais habillé comme ça devant moi !

Non pas que Barbatos lui déplaise tel qu’il était, bien sûr. Chastille n’avait jamais voulu qu’il change. Mais, cela mis à part, le voir faire devant une autre femme des choses qu’il ne faisait pas devant elle lui donnait un sentiment de défaite, ou peut-être de perte. C’était une émotion très étrange.

C’était quelque chose comme : « C’est à moi, mais un étranger l’utilise sans rien demander. » Alors qu’elle était en proie à cette émotion, c’est Barbatos qui fit preuve d’audace.

Il met des boucles d’oreilles !

Il s’agissait de décorations douloureuses qui perçaient l’oreille à l’aide de petites aiguilles. Et honnêtement, elles étaient plutôt jolies sur Barbatos.

C’est tellement injuste ! Il ne m’a jamais rien montré de tel !

Elle ne saurait expliquer ce qu’il y a d’injuste là-dedans, mais Chastille gonfla ses joues, les larmes aux yeux. Malgré sa colère, le choix de s’interposer entre eux n’existait pas. Après tout, peu importe de qui il s’agissait, elle ne pouvait pas faire quelque chose pour interrompre ce qui semblait être un moment de plaisir. Dans ce cas, il valait mieux qu’elle ne les suive pas, mais elle ne pouvait pas le faire non plus pour une raison ou une autre.

Elle savait qu’elle se contredisait, mais elle ne savait pas quoi faire. C’est alors que résonnèrent dans son cœur les mots de cette noble fille qui lui ressemblait.

« Mais le désir est différent. Vous voulez en savoir plus sur eux, les avoir avec vous. »

Le front de Chastille se heurta à un panneau de signalisation.

Alors ce sentiment qui m’habite est… ?

Ce n’est pas qu’elle ne s’en soit pas rendu compte. C’était juste trop important pour qu’elle puisse l’accepter honnêtement et c’était bien trop épineux pour qu’elle puisse l’avaler. Elle porta les mains à sa tête et agonisa… quand la sorcière aux cheveux argentés tendit une main vers le visage de Barbatos.

Aaah ! Elle touche même son oreille !

Chastille avait l’impression de regarder quelque chose qu’elle ne devrait pas, comme la fois où Zagan avait touché l’oreille de Néphy, il y a très longtemps. L’acte ne se faisait même pas vraiment entre personnes intimes. Et pourtant, cette sorcière l’avait fait avec tant de désinvolture.

Vepar était en fait en train de soigner Barbatos parce qu’il s’était poignardé l’oreille sans y penser, mais ce n’était pas du tout l’impression qu’en avait Chastille. Chastille grinça des dents, puis la sorcière commença à emmener Barbatos par la main.

C’est tout à fait un rendez-vous ! Je n’ai jamais rien fait de tel ! C’est tellement injuste !

Et c’est en pensant cela qu’elle s’était soudain rendu compte de la situation.

« Est-ce que je veux aller à un rendez-vous avec Barbatos… ? »

Elle essaya de s’imaginer se promener avec lui. Un peu comme Zagan et Néphy, marchant main dans la main dans la ville, mangeant de bons petits plats, choisissant des vêtements l’un pour l’autre, puis se faisant taquiner parce que ça ne lui allait pas et se mettant en colère contre lui…

H-Huh ? Je ne peux pas imaginer autre chose que des disputes entre nous…

Autrement dit, Chastille et Barbatos ne finiront jamais comme eux. Barbatos ne sortait que rarement de l’ombre, et quand il le faisait, c’était tout naturellement qu’il la taquinait et que cela tournait à la bagarre. De plus, la seule relation digne d’intérêt dans l’entourage de Chastille était celle de Zagan et Néphy, et leur fille craignait qu’ils ne progressent pas, même après mille ans. Ayant consacré tous ses efforts à manier l’épée, Chastille n’avait pas l’imagination nécessaire pour se représenter ce qu’elle n’avait jamais vu.

Appeler cela de l’amour est… bien trop présomptueux.

Si l’on se fie à son comportement, il n’y a aucun doute sur ses sentiments. Cependant, elle ne pouvait pas imaginer un avenir en rapport avec cela.

 

 

Qu’est-ce que l’amour ?

Elle n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire, mais pour une raison ou une autre, elle ne pouvait pas rester immobile. Comment pouvait-elle calmer son cœur qui s’emballait ? Elle avait l’impression de souffrir.

Barbatos pense-t-il la même chose… ?

C’est alors que Chastille prit conscience de la situation.

« Hein ? Maintenant que j’y pense vraiment, Barbatos n’a jamais dit qu’il m’aimait bien ou quoi que ce soit, n’est-ce pas… ? »

Le fait qu’il puisse être amoureux de Chastille n’était rien d’autre qu’une hypothèse de Nephteros. La seule autre preuve circonstancielle sur laquelle elle pouvait s’appuyer était que c’était un peu ce qu’elle avait ressenti, et que Chastille ne pourrait pas le nier si quelqu’un lui disait que ce n’était qu’un malentendu.

Elle avait été si heureuse de recevoir cet ornement en forme de papillon de sa part. Cependant, en y repensant, tout ce qu’il lui avait dit, c’était : « Essaie de ressembler un peu plus à une femme », alors pouvait-elle vraiment considérer cela comme un cadeau ?

Peut-être… Je me réjouis d’être amoureuse… ?

Chastille ne connaissait que les facettes de Barbatos qu’il lui montrait, elle ne pouvait donc pas le considérer objectivement.

Dis-moi, Néphy. Suis-je incapable de devenir comme vous deux… ?

Chastille tomba à genoux sous le choc, incapable de poursuivre Barbatos et la sorcière qui s’éloignaient.

« Je me demande si Chastille va bien ? »

Néphy était sortie dans les rues de Kianoides. Elle avait approuvé le plan de Gremory pour mettre aux clairs les sentiments de sa meilleure amie, mais elle avait le pressentiment que les choses allaient prendre une direction inimaginable.

Maître Zagan les a laissés tranquilles, car les choses risquent d’empirer si on les pousse dans la mauvaise direction.

Le besoin s’était fait sentir de leur donner un petit coup de pouce dans le dos, c’est pourquoi il s’en mêlait maintenant. Il était trop tard pour dire quoi que ce soit, mais Néphy aurait peut-être dû l’en empêcher. Ainsi, utilisant le pouvoir de la barrière de Zagan pour la retrouver, alors que Néphy était sur le point d’atteindre l’emplacement de Chastille…

« Hein ? »

« Oh ? »

… elle rencontra une femme dont les yeux étaient scellés par un charme.

« Vous êtes l’astrologue Eligor, n’est-ce pas ? »

« Et vous êtes la reine des fées Néphélia, c’est ça ? »

Ces deux-là étaient diamétralement opposées. Les cheveux d’un blanc pur d’une haute elfe contrastaient avec les cheveux noirs qui descendaient jusqu’à la taille. Après avoir enlevé son tablier, Néphy portait une modeste robe blanche qui ne laissait pas apparaître la peau. À l’inverse, Eligor portait une tenue noire de Liucaon qui pendait de manière aguicheuse sur ses épaules, dévoilant son ample décolleté. L’une portait un collier métallique sans chaîne, tandis que l’autre portait un collier de cuir enchaîné.

Ayant soudainement croisé leur chemin, les deux Archidémons se contentèrent de se regarder en silence. Le premier à le rompre fut Eligor.

« Voulez-vous vous joindre à moi pour le thé ? J’ai toujours voulu vous parler. »

C’était une proposition bien audacieuse à faire alors qu’elle était en train d’essayer de rallier Barbatos à leur cause. Néphy se reprit tranquillement.

Je ne peux pas laisser Chastille seule, mais…

Honnêtement, Néphy était dans un état où elle avait envie de dire : « Et demain ? » D’un autre côté, le fait que Barbatos ait été attiré de l’autre côté était une question extrêmement gênante pour Zagan.

Il était extrêmement douteux que Néphy soit capable de négocier avec un véritable Archidémon, mais il était important de la garder ici. Ainsi, après avoir hésité quelques secondes, Néphy lui rendit un doux sourire.

« Bien sûr. Il se trouve que je veux aussi vous parler. »

Gremory surveillait Chastille et Barbatos. Il est difficile de faire confiance à la grand-mère, mais Zagan avait confiance en elle. Néphy avait choisi donc de croire au jugement de Zagan.

« Thé noir, s’il vous plaît. »

« Thé vert. »

Néphy et Eligor s’étaient rendues dans un café voisin. Néphy choisit une place à l’extérieur, sur une terrasse donnant sur la rue. C’était un peu gênant que les passants les regardent, mais s’il arrivait quelque chose, il y aurait moins de dégâts à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Je me demande si elle vient souvent ici…

Le fait de voir Eligor commander une boisson avec familiarité lui avait fait penser à cette question.

« Vient-elle souvent ici ? » chuchota Eligor, comme si elle se parlait à elle-même.

« Hein ? »

Néphy avait involontairement haussé le ton, car elle avait l’impression qu’Eligor lisait dans ses pensées.

« Hee hee, c’est exactement la réaction que j’espérais. Vous êtes vraiment adorable comme ça », dit Eligor en riant de manière ensorcelante. Elle fit ensuite tourner son doigt autour de la chaîne qui pendait à son collier et ajouta, taquine : « Ma spécialité, c’est la voyance. »

« La voyance… ? »

Eligor acquiesça, ses chaînes cliquetant silencieusement.

« Savez-vous que le thé vert est une boisson originaire de Liucaon ? Peu de gens sur le continent la connaissent, si bien que peu d’entre eux en connaissent même le nom. »

Néphy avait déjà entendu cela auparavant, aussi, fit-elle un signe de tête. Au château, ils gardaient un stock pour Lilith et les autres habitants de Liucaon. Néphy l’avait d’abord trouvé amer et n’avait pas compris ce qu’il avait de si bon. Mais lorsqu’elle l’avait goûté avec du poisson, de la soupe miso et d’autres plats de Liucaon, elle l’avait trouvé étonnamment agréable.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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