Chapitre 4 : Surmonter tous les obstacles, c’est ce que fait un héros
Partie 5
« Tu t’es très bien accroché. Tu as vraiment fait mieux que ce que l’on pouvait espérer. Je ne pense pas avoir le droit de dire ça après tout ce temps, mais je suis fier de toi. »
Pourquoi ce garçon étrange qu’il n’avait jamais rencontré auparavant agissait-il de manière si hautaine ? Cette pensée aurait dû traverser l’esprit de Zagan, mais son cœur était à la place rempli d’un sentiment incompréhensible. Les coins de ses yeux devinrent chauds et il repoussa la main du garçon.
« Je suis très fier de ma propre vie. Je n’ai pas besoin d’éloges de gens comme toi. »
Il avait vécu comme un glouton dans les ruelles. Il avait volé les autres et avait tué des gens simplement parce qu’il ne les aimait pas.
Mais malgré cela, Néphy m’aime toujours.
En tant que tel, peu importe à quel point il était sale, il ne pouvait pas rejeter la vie qu’il avait vécue.
« Héhé… Tu ressembles à ta mère, » murmura le garçon.
« … »
Zagan n’avait même pas vérifié qui le garçon regardait.
Qu’a-t-elle ressenti tout ce temps en restant à mes côtés… ?
La véritable signification de ce regard compatissant, mais solitaire qu’elle dirigeait vers lui de temps en temps était…
« Tu peux me laisser le reste, » dit le garçon aux yeux argentés, s’avançant avec sa lame hex à portée de main. « Tu es bien trop blessé. »
« Occupe-toi de tes affaires… Je ne sais pas de quelle époque tu es, mais la sorcellerie a bien progressé depuis. »
Zagan se releva avec le plus grand calme. Une faible lumière remplissait les blessures qui lui avaient été infligées par les lames hex. La Coquille de Prière de l’Écaille Céleste avait même réparé les blessures infligées par les Clous Hex, alors ce n’était rien.
Sur ce, Zagan se plaça aux côtés du garçon.
« Je vois, » dit le garçon avec un sourire ravi. « Alors, recommençons. Nous pouvons les combattre ensemble, Zagan. »
Zagan ne lui avait jamais donné son nom, mais le garçon l’appelait toujours par ce nom.
« Hmph ! Ne me ralentis pas. »
Zagan ne remarqua pas que, même en prononçant des mots aussi froids, un sourire se dessina sur son visage. Et en les voyant ainsi tous les deux, la vampire au loin avait silencieusement versé des larmes.
◇
« Pourquoi… ? Père… ? »
Le Dragon Noir Marbas avait été pulvérisé en un seul coup. Foll avait plongé de sa tête et avait même oublié les ailes qu’elle portait dans son dos. Les énormes ailes et écailles du dragon devant elle n’étaient même plus l’ombre d’elles-mêmes, mais elle savait quand même de qui il s’agissait. Il était impossible qu’elle ne le reconnaisse pas. Ce dragon zombie révoltant et en décomposition n’était autre que le père de Foll, Orobas.
Zagan et Néphy étaient ses parents actuels… et tous deux l’acceptaient et l’aimaient comme si elle était leur véritable enfant, peut-être même plus qu’Orobas. Elle le savait parfaitement, mais voir un tel être se présenter devant elle — et l’attaquer de surcroît — l’empêchait de garder son calme.
Alors que le sol se rapprochait, elle réalisa enfin qu’elle était sur le point de mourir, mais il était bien trop tard pour commencer à battre des ailes. Au moment où elle était sûre d’être morte, quelqu’un l’avait soudainement attrapée dans ses bras.
« Vous allez bien, ma petite dame ? »
C’était un jeune homme aux yeux bridés. Il ne ressemblait pas à un sorcier, mais il avait réussi à tordre son corps dans les airs et à atterrir en douceur, absorbant l’élan de sa chute vers le sol dans une splendide manœuvre aérienne.
« Qui es-tu… ? » demanda Foll. Elle ne pouvait pas reconnaître son visage ou son odeur, mais il y avait une légère odeur de quelqu’un qu’elle reconnaissait qui flottait sur lui. « Tu sens comme Alshiera… »
« Hmm, vous pouvez le dire ? Comme vous l’avez deviné, je suis venu sur ordre de Dame Alshiera. Mon nom est Bato. Je ne suis peut-être pas très fort, mais je suis venu pour vous soutenir. »
Soutien ? Comme dans le combat ? Contre qui ?
Même s’il avait été réduit à un tel état, c’était toujours son père. Il était le légendaire Dragon Sage Orobas, l’être le plus proche d’un dieu. En tant que sa fille, elle connaissait sa grandeur mieux que quiconque. Cet homme allait-il défier une force aussi écrasante ? Foll tremblait, incapable de prononcer un mot, alors que le dragon zombie ouvrait la bouche.
« OoOooOOOoOooOoOH ! »
Elle pouvait voir la lumière se rassembler dans sa gueule, alors tout le sang s’était vidé de son visage. Son attaque de souffle n’était pas dirigée vers le champ de bataille, mais vers Kianoides.
« Sto — ! » Foll avait rugi en tendant la main et en griffant l’air alors que la lumière de la destruction se déversait.
« Au nom d’Hypnoel et du Roi aux yeux d’argent, montre ta force — Miroir de l’au-delà. »
« Ainselph de Neptunia chante pour vous — La larme de Neptune. »
Un dôme de lumière s’était étendu sur Kianoides comme s’il protégeait la ville.
Les trésors sacrés de Liucaon ?
Foll avait vu cette même scène quand elle avait été prise par une malédiction. Le souffle de destruction était entré en collision avec le bouclier de lumière. En un instant, une fissure s’était formée sur le bouclier, mais l’attaque du souffle s’était également pliée et avait été projetée au hasard dans le ciel.
« Serait-ce les descendants du Roi aux yeux d’argent ? » demanda Bato, admiratif.
Foll avait amélioré sa vue avec la sorcellerie, repérant Lilith sur la flèche de la cathédrale soutenue par Selphy. Lilith souriait alors qu’elle s’écroula sans force sur le sol.
« Heh. Heh… Heh… Qu’est-ce que vous en pensez ? Le reste… dépend… de vous… »
Elle était trop loin pour être audible, même avec la sorcellerie, mais c’était ce que les lèvres de Lilith semblaient dire.
« Bien joué ! Laisse-moi faire, Lilith ! »
Après cela, une sphère noire avait éclaté devant Orobas.
« Furcas. »
Le garçon qui aurait dû oublier toute sa sorcellerie s’était élevé dans les airs et s’était tenu devant Orobas, brandissant un chasseur de séraphin blanc dans sa main.
« Mon ami. Permets-moi de te faire reposer en paix — Confession angélique Metatron. »
La flamme cramoisie avait pris la forme d’un chevalier avec nul autre que Raphaël sur son dos.
Tout le monde se bat…
Zagan avait dit que Foll était le plus proche d’un Archidémon. En termes de force, c’était sûrement le cas. Ce n’était pas de l’arrogance. C’était simplement la réalité.
Mais tout est soudainement chamboulé…
Aller trop loin pourrait conduire à l’échec. Même réduit à cet état, c’était toujours le dragon sage Orobas. Défier un tel être était la définition même de l’excès de témérité.
« Mais… » marmonna Foll en remettant les pieds sur terre. « Mais quand même, c’est mon père. »
Néphy et Zagan l’aimaient et lui avaient donné un endroit auquel elle pouvait appartenir. Ils étaient sa maman et son papa adorés. Mais il était également vrai que Foll était un dragon, et que le dragon qu’elle considérait comme son idéal était son vrai père. Ainsi, elle ne pouvait pas permettre qu’il soit profané.
« C’est moi qui pleure le plus le dragon sage Orobas. »
C’est pourquoi Foll se battait.
« Je vous accompagne, » dit Bato avec une révérence.
Et donc, Foll avait déployé ses ailes et elle était retournée au combat.
« Oh ! S’il vous plaît, attendez un moment, petite, je veux dire, Ma Dame ! Je ne peux pas voler ! »
Elle avait l’impression d’entendre quelqu’un crier derrière elle, mais Foll ne s’était pas arrêtée.
◇
« Kurosuke ! Reste concentrée, Kuroka ! »
Quelques instants plus tôt, Kuroka avait ouvert les yeux en se faisant secouer les épaules.
« G-Gah ! Hak ! »
Ayant soudain l’impression de ne plus pouvoir respirer, elle se mit à tousser.
Me suis-je évanouie ?
Tout au plus, elle avait été dans les vapes pendant une dizaine de secondes. La situation autour d’elle n’avait pas beaucoup changé.
Shax avait poussé un soupir de soulagement. Elle réalisa enfin qu’elle était dans ses bras. Elle rougit involontairement à cause de cela, mais ses mots suivants la ramenèrent à la raison.
« Raphael ! Kurosuke va bien. On dirait que le pouvoir de ses épées l’a protégée. »
Kuroka avait baissé les yeux sur sa propre poitrine, où elle avait vu un essaim de papillons aux couleurs de l’arc-en-ciel qui voltigeaient.
C’est vrai. J’ai été poignardée, mais…
Même si elle était sûre que l’épée avait traversé son coeur, Kuroka était toujours en vie. Le Ciel Sans Lune l’avait apparemment protégée. Pourtant, elle n’en était pas sortie indemne. Une douleur aiguë parcourait encore son corps.
Les yeux de Shax étaient dirigés vers la bataille entre Raphaël et Andrealphus. Raphaël balança son épée sacrée entourée de flammes, mais Andrealphus encaissa le coup assez facilement. Le sol à leurs pieds se déroba, mais cela ne perturba pas l’Archidémon qui s’élança à son tour. Les chevaliers angéliques qui les entouraient essayaient de soutenir Raphaël, mais aucun n’était capable de s’approcher, et encore moins de s’imposer dans la bataille.
« Prends Kuroka et fiche le camp d’ici ! » Raphaël avait crié. « Je suis le seul qui puisse lui servir d’adversaire ! »
Avec les talents d’épéiste de Raphaël et les flammes de purification qui entravaient la sorcellerie, il était tout juste à égalité avec Andrealphus. Même Ginias et les deux Juutilainen ne seraient pas en mesure de représenter une menace pour l’Archidémon.
Père… !
Kuroka agrippa ses épées courtes et tenta de se relever, mais Shax renforça sa prise sur ses épaules pour stopper son mouvement.
« Eh bien… Je me doutais que tu ne t’enfuirais pas, » dit-il avec un faible sourire, semblant plus compréhensif que résigné. « Tu t’en occupes, Kurosuke ? »
« Oui ! »
Après lui avoir répondu, elle avait soudainement réalisé ce qui s’était passé plus tôt et avait commencé à jeter des regards dans tous les sens.
« Umm, mais ça fait un peu mal, alors j’aimerais… hum, un peu de réconfort, » chuchota-t-elle pour que Raphaël ne l’entende pas.
« Hein ? »
« Tu… m’as appelée par mon prénom tout à l’heure, non ? »
Le visage de Shax devint visiblement rouge, ce qui suffit à remonter le moral de Kuroka. La bouche de Shax s’ouvrit et se ferma tandis qu’il oscillait entre le rougissement et la pâleur, mais après un court moment, il céda et approcha sa bouche de l’oreille humaine de Kuroka.
« Je vais m’occuper de la sorcellerie de ce type, alors lâche-toi un peu, Kuroka. »
« D-D’accord ! »
Son cœur battait comme si on l’avait frappé avec un marteau, alors que sa tête était soudainement claire comme de l’eau de roche.
Tel que je suis maintenant, je peux même vaincre un Archidémon !
L’instant d’après, Kuroka s’était jetée sur Andrealphus.
« Kuroka !? » cria Raphaël.
L’épée dans sa main droite était dirigée vers l’épée d’Andrealphus, tandis que sa main gauche décrivait un arc de cercle depuis ses jambes jusqu’à sa tête. Andrealphus se tordit pour esquiver, mais une giclée de sang jaillit de sa joue. Maintenant que son équilibre était rompu, Shax était arrivé à son tour. Son poing était recouvert de cercles magiques et frappa proprement le flanc vulnérable d’Andrealphus. L’armure de l’Archidémon se brisa dans un craquement sourd. Incapable de supporter le coup, il tomba sur le sol et prit de la distance avec le trio.
merci pour le chapitre