Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 1 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : Le premier amour est une méchante maladie dont tout le monde souffre

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Chapitre 1 : Le premier amour est une méchante maladie dont tout le monde souffre

Partie 1

À l’aube, un cri strident avait retenti dans une forêt normalement silencieuse.

Les feuillages des arbres très proches les uns des autres s’étendaient au-dessus de la tête tel un plafond de verdure. Il s’agissait d’une forêt où même la lumière du jour ne pouvait percer. Les villes voisines l’appelaient même la Forêt des Perdus et peu de personnes osaient la franchir. Au centre de cette forêt se trouvait un ancien château abandonné couvert de lierre, et selon la rumeur, un sorcier ou un diable y résidait, tuant tout ceux qui osaient s’approcher impunément de son domaine.

Et dans cette étrange forêt, Zagan se promenait en ce moment.

Il s’agissait d’un jeune homme qui allait avoir dix-huit ans cette année. Portant une robe noire à une doublure rouge, il avait des cheveux noirs et des yeux argentés ainsi que de beaux et nobles traits du visage. S’il s’était habillé de façon un peu plus soignée, il pourrait probablement se présenter comme faisant partie de la noblesse sans que l’on puisse prétendre le contraire.

« Meyers, s’il te plaît, arrête ! Reprends tes esprits..., » en jetant un coup d’œil dans la direction de la voix, il pouvait apercevoir une femme se faisant plaquer au sol par un homme habillé de la tenue des Chevaliers Angéliques.

La femme était encore très jeune, et était probablement à l’âge où on l’appellerait encore une jeune fille. Elle avait de beaux cheveux roux comme du cuivre poli et des yeux bleu foncé. Sa peau était blanche, au point où elle semblait presque transparente. En raison des lignes lisses de l’arête de son nez, il pouvait ressentir venant d’elle un certain air de raffinement comme celui d’un noble. Pourtant, l’impression qu’elle donnait en tant que garçon manqué était beaucoup plus forte que tout le reste.

Cependant, même ce visage agréable et vivant était maintenant tordu par la terreur.

Avait-il raison en supposant qu’il s’agissait de la fille d’un noble et de son escorte ? Zagan pensait à de telles choses pendant qu’il marchait vers eux à un rythme détendu, comme s’il était le maître de ses lieux.

Et pendant ce temps, la jeune fille avait résisté avec violence et avait griffé le visage de l’homme qui tentait de la maîtriser.

« Ahh ! » Cependant, celui qui avait pâli sous l’assaut n’était pas l’homme. Après tout, le visage dans lequel les ongles de la fille s’étaient enfoncés... s’était fait arracher sans difficulté.

Sa peau s’était vraiment fissurée, et des morceaux de viande mélangés avec du sang s’égouttaient, au goutte-à-goutte en dessous de lui.

« Ahh..., » en voyant ce spectacle épouvantable, la fille avait poussé un cri de terreur.

Il n’y avait pas de visage derrière la peau qui avait été arrachée. Et comme les oreilles et le nez avaient été arrachés en même temps que la peau du visage, il avait perdu ses pommettes ainsi que tout élément distinctif de sa tête.

Hmm. Donc cet homme est un sorcier, non ? Zagan savait que son propre visage était le prix que cette personne payait pour accéder à une certaine forme particulière de sorcellerie.

Alors que ce visage grotesque était presque collé à elle, à une telle proximité vraiment inquiétante, les dents de la pitoyable jeune fille claquèrent en tremblant.

À ce moment-là, l’homme avait dégainé un couteau se trouvant avant ça à sa taille, puis il l’avait glissé sur la poitrine de la fille comme s’il la frôlait.

« Ah ! » Avec un léger froissement, sa chemise avait été coupée et ses seins avaient été exposés à la vue de tous. Il était facile d’imaginer ce qui se passerait du côté de la fille.

Puis, fixant la jeune femme, qui n’était plus capable de faire entendre sa voix en raison de sa honte et de sa terreur, l’homme avait ri d’un rire grossier.

« Haha, ne me fais-tu pas là une tête si stimulante ? Mais désolé de te décevoir, car je n’ai nullement l’intention de te violer comme tu sembles l’espérer. Tu vois, une vierge possède beaucoup de valeur pour un sorcier, » déclara l’homme.

— Je ne souillerais pas ton corps — en entendant ses intentions, l’expression de la jeune fille avait affiché des signes de soulagement, mais cela n’avait duré qu’un instant.

Cependant, ce que la jeune fille ne savait pas, c’est que ce qu’elle allait vivre était quelque chose de beaucoup plus répugnant que d’être souillée par un homme.

« La peau du visage d’une vierge, qui a été retirée alors qu’elle est encore vivante, est... un excellent médium pour ma sorcellerie. Tu me feras plaisir en ne mourant pas trop vite, compris ? » Les morceaux de viande tombés au sol se reflétaient dans les yeux de la jeune fille.

« N-Non... NOOOOOOOOOOOOOOOOOONN ! » en voyant la fille crier, l’homme avait souri comme si son humeur devenait de plus en plus joviale.

« D’ailleurs, je ne me lasse jamais d’éplucher le visage d’une jeune et belle femme comme toi. Et détends-toi, car une fois que j’aurai fini de retirer ton visage, je montrerai beaucoup d’amour à ton corps comme tu sembles le vouloir ! Hihyahyahya ! » C’était à ce moment-là que Zagan était arrivé pile derrière l’homme sans avoir produit le moindre bruit jusqu’à maintenant.

Quasi instantanément, il avait saisi la tête de l’homme comme un aigle attrapant quelque chose avec l’une de ses serres, puis il avait facilement soulevé l’homme d’une seule main comme s’il était léger.

« E-Euh... ? » Après avoir retiré le couteau qu’il avait appuyé contre le visage de la jeune fille, l’homme avait libéré une voix vraiment pitoyable.

« Qui diable êtes-vous !? » Le sorcier ne semblait pas comprendre la situation dans laquelle il se trouvait, et Zagan avait été immédiatement exaspéré face à cet homme en colère.

« Je te retourne la pareille. Je m’en fiche que tu la violes ou que tu la tortures. Mais là, tu viens t’amuser dans le domaine de quelqu’un d’autre... Alors même que j’allais faire une sieste, je suis maintenant bien réveillé à cause de toi, » dérangé lors de sa sieste... Le fait d’entendre ces paroles, qui n’avaient pas montré le moindre soupçon de pitié envers la situation de la jeune fille, avait choqué l’homme, mais également la jeune fille.

Alors que le château abandonné se trouvait en son centre, toute cette forêt était le domaine de Zagan. Il était à noter que personne ne pourrait vaincre Zagan alors qu’il se trouvait ici.

Et précisément parce qu’il était un sorcier, l’homme avait au moins compris la signification particulière derrière ces paroles. Il avait immédiatement jeté son couteau et avait levé les deux mains en signe de paix.

« Attendez ! N’êtes-vous pas un sorcier tout comme moi ? Même si vous me tuez, vous n’aurez rien à gagner. Si vous me laissez partir, je vous donnerai les résultats de mes recherches ! » Il suppliait pour sa vie. De plus, il était dans une situation où il était même d’accord de lui donner la totalité de tous ses biens pour ainsi garder sa vie.

Pour un sorcier, ses recherches équivalaient à son propre pouvoir. C’était vraiment le cas, car en s’emparant des connaissances, on pouvait accéder à beaucoup plus de sorcellerie de plus en plus puissante et ainsi être soit même plus puissant.

Et malgré cela, Zagan avait regardé l’homme avec des yeux suspicieux avant de lui parler comme s’il lui crachait dessus.

« Parles-tu de cette sorcellerie merdique qui ne peut être utilisée qu’en épluchant de la peau fraîche ? Je n’en ai nullement besoin. » Et à l’instant suivant, la tête de l’homme avait littéralement explosé comme un fruit écrasé.

« ... Ah, finalement, j’y suis allé et j’en ai fini de lui, » murmura-t-il. Le corps de l’homme était toujours positionné à cheval sur la fille. Mais comme sa tête venait d’être littéralement écrasée, les morceaux de viande et de sang avaient été pulvérisés sans cesse sur elle.

Après avoir été complètement ensanglantée, la jeune fille avait perdu connaissance. Si elle se réveillait un jour, elle porterait probablement en elle un ou deux traumatismes mentaux à la suite de ce spectacle vraiment désagréable.

Et comme on pouvait s’y attendre de lui, le fait d’affecter si négativement une si jeune fille avait laissé un sentiment de culpabilité dans la poitrine de Zagan.

— B-Bon sang. C-Calme-toi. Je suis un sorcier. Je peux restaurer assez facilement un truc si trivial, pensa-t-il.

Si tous les restes de sang avaient disparu à son réveil, la fille pourrait probablement finir par oublier tout cela comme s’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve.

Tandis que Zagan respirait profondément afin de calmer ses nerfs, il leva l’index et commença à le faire tourner.

« Anneau du Flux, » après avoir dit cela à haute voix, un grand cercle s’était propagé sur le sol. Il s’agissait d’un cercle magique conçu avec délicatesse avec des lettres et des chiffres. Et comme si le temps revenait en arrière, tout le sang et la chair qui étaient éclaboussés sur le corps de la jeune fille s’étaient retirés d’elle et étaient retournés sur le cadavre du sorcier. Bien sûr, cela s’appliquait également au sang qui était présent sur la main de Zagan.

Il s’agissait de la sorcellerie en plein travail et c’était quelque chose que l’on utilisait en traçant un cercle magique. Et à l’intérieur de ceux-ci, un sorcier était capable de manifester des phénomènes qui ignoraient complètement les lois physiques comme il le jugeait bon. En observant le processus de fabrication et le déroulement du sortilège en lui-même, la différence de pouvoir individuel et de capacité était clairement mise en évidence.

Il y avait aussi une méthode permettant d’omettre l’étape de devoir tracer un cercle magique en déclarant sa signification du sortilège. En ce moment, la même chose était en train d’être faite.

Alors que cette sorcellerie n’avait été lancée qu’une seule fois afin de rassembler tout fragment pour que cela redevienne qu’un seul objet, la masse de viande qui se rassemblait à nouveau en une boule rougeâtre là où la tête manquait s’était immédiatement émiettée en morceaux après la fin du sort.

Mais alors même que c’était arrivé, le corps et les vêtements déchirés de la jeune fille étaient redevenus dans leur précédent état. Puis, regardant encore une fois son visage, Zagan avait poussé un profond soupir.

Quelle beauté, hein ? Et c’est alors qu’il remarqua qu’un pendentif pendait le long de son cou.

« ... Une croix ? Wôw, elle vient donc de l’Église ? » Par Église, il se référait aux apôtres du dieu autoproclamé qui en voulait aux sorciers, ainsi qu’à l’Ordre des Chevaliers qui exécutait leur justice.

Le terme « Chevalier » était à l’origine un titre qui identifiait les soldats qui se consacraient loyalement à un roi, mais ils étaient incapables de s’opposer au pouvoir d’un sorcier. Cependant, l’Église possédait des pouvoirs qui pouvaient s’opposer aux sorciers. Ils disaient qu’il s’agissait des Miracles de Dieu.

Ceux qui se battaient contre les sorciers n’étaient donc pas les chevaliers qui servaient la famille royale, mais les Chevaliers Angéliques de l’Église. Et avant que personne ne s’en rende compte, le mot chevalier avait fini par n’identifier que les membres de l’Église.

En d’autres termes, l’Église était l’ennemi juré des sorciers.

Qu’est-ce que je fais maintenant... ? J’ai l’impression qu’ils vont penser que je suis le coupable si je laisse les choses dans cet état..., pensa-t-il.

Pour l’instant, Zagan avait véritablement sauvé cette fille, mais l’autre partie ne verrait probablement tout cela que comme une querelle entre deux sorciers maléfiques. De plus, il avait fini par l’arroser avec une douche sanglante.

Même si elle se réveillait, il serait probablement très difficile de dissiper le malentendu. Cependant, d’une façon ou d’une autre, tuer la fille qu’il avait sauvée lui laisserait un arrière-goût fort désagréable.

« ... Bon, peu importe, » après s’être un peu inquiété de la situation, Zagan avait décidé de la transporter dehors.

S’il l’abandonnait sur la route principale qui s’étendait à côté de la forêt, quelqu’un la trouverait probablement. Si, par hasard, une personne malveillante finissait par la trouver et lui causait d’autres préjudices, cela signifiait simplement qu’elle n’avait pas de chance. Il n’avait aucune obligation de s’occuper d’elle jusqu’à ce point.

Zagan tapota légèrement sa semelle contre le sol. Et alors, un autre cercle magique, différent de celui d’avant, avait été tracé autour du corps de la fille.

Il s’agissait d’un cercle magique de téléportation qui se connectait à l’extérieur du territoire de Zagan.

Cependant, avant que la fille puisse être téléportée, quelque chose était apparu de l’autre côté du cercle magique.

« Tch ? » Les yeux de Zagan s’étaient légèrement ouverts plus grand.

Mon cercle magique... a-t-il été détourné ? Se demanda Zagan.

Pour se préparer à faire face des intrus, Zagan avait mis en place de nombreux cercles magiques dans son propre château et sur les terres qui l’entouraient.

Il s’agissait de ce que les sorciers appelaient une barrière même si en vérité, il s’agissait d’un empilement de nombreux sorts.

Cette barrière lui permettait de l’informer de l’emplacement des intrus, et tout cela avait été également préparé dans le but de capturer lesdits intrus. Il y avait également des sortilèges placés dans la barrière qui atténuaient les pouvoirs de tous les sorciers autres que lui. Et, il existait également des enchantements qui fortifiaient son propre pouvoir tant qu’il se tenait dans ces lieux.

En d’autres termes, tout et n’importe quoi à l’intérieur de cette zone se trouvaient dans le domaine de Zagan, où il régnait en maître.

Ainsi, le détournement d’un cercle magique à l’intérieur n’était pas un exploit que n’importe quel vieux sorcier pouvait accomplir. Il s’agissait d’un intrus d’un talent extraordinaire, et pourtant, la réaction de Zagan était restée insouciante.

« N’utilise pas le cercle magique de quelqu’un comme tu le veux, Barbatos, » ce qui était apparu devant lui était un jeune homme grand et mince.

Il semblait avoir une vingtaine d’années, soit environ deux ou trois ans de plus que Zagan et il était un peu plus grand. Cependant, il existait de profondes ombres qui s’étendaient autour de ses yeux. Il portait une robe qui se prolongeait dans un capuchon placé sur sa tête, et l’on pouvait également voir plusieurs amulettes suspendues à son cou.

En ajoutant le fait qu’il avait franchi la barrière, Zagan savait déjà que cet homme possédait un pouvoir extraordinaire.

« Yo, Zagan. Je vois que tu as comme toujours ce regard malsain, » déclara Barbatos.

« Si on parle d’apparence malsaine, n’est-ce pas la même chose pour toi, Barbatos ? » lui répliqua Zagan.

Parmi les sorciers, il était celui qui s’immiscerait effrontément dans le domaine de Zagan. De plus, il était aussi le seul et unique ami indésirable de Zagan.

« Et n’utilise pas mon cercle magique comme il te plaît, » déclara Zagan.

« Si je ne le faisais pas, comment pourrais-je me téléporter jusqu’ici ? » lui demanda Barbatos.

Le pouvoir d’un sorcier était, en bref, celui des cercles magiques. Cet homme avait fait sien le cercle magique de Zagan et il avait ainsi été capable de s’immiscer dans le domaine de Zagan. C’était quelque chose de beaucoup plus difficile à faire qu’il n’y paraît.

Même si ce domaine était avantageux pour Zagan, il n’était pas sûr qu’il serait capable de gagner contre cet homme dans une bataille frontale. Il était tout simplement ce genre de sorcier.

Barbatos avait alors regardé la fille inconsciente et le cadavre qui était étendu à côté d’elle, et avait plissé ses yeux.

« Qu’est-ce que c’est ? Étais-tu au milieu d’une fête ? » lui demanda Barbatos.

« Tout ce que j’ai fait, c’est de donner une légère punition à un mécréant qui batifolait dans mon jardin, » répliqua Zagan.

« Heehee, comme si tu pouvais parler ainsi, » les sorciers étaient tous de méchantes personnes. Tout ce qui les intéressait était après tout d’accumuler ce qui leur servait pour en faire leur propre pouvoir, et ils trouvaient peu de valeur dans la vie des autres ou dans n’importe quelle fortune. S’ils le trouvaient nécessaire, ils ne se culpabiliseraient pas non plus en volant ce dont ils avaient besoin, sans penser aux conséquences pour les autres.

Même si Zagan avait tout à l’heure sauvé la jeune fille, ce n’était pas en raison de sa vertu, mais simplement parce qu’il ne s’intéressait pas à ce qui se passait autour de lui.

Barbatos avait continué à fixer la fille. « Hoo, cette fille... elle possède une grosse quantité de mana, non ? Vas-tu l’utiliser comme un sacrifice ou un autre truc que tu as prévu ? »

« Ce n’est pas dans mes habitudes d’utiliser la sorcellerie qui exige des sacrifices, je déteste ça et tu le sais bien, » en disant cela, Zagan tapota une fois de plus la plante de son pied contre le sol.

Une faible lumière enveloppa le corps de la jeune fille, et elle disparut aussitôt. Cette fois, elle aurait dû être transportée avec succès à l’extérieur du domaine de Zagan.

« Quel gâchis ! Tu aurais dû me la donner si tu ne voulais pas d’elle, » déclara Barbatos.

« Ne kidnappe pas des personnes lorsqu’elles sont présentes dans mon domaine. Car sinon je serai traité comme étant le coupable, » déclara Zagan.

« Heehee, ça a l’air sympa. Je suppose que je le ferai la prochaine fois, » déclara Barbatos.

« ... Si tu fais ça, alors je ferais sauter ton repaire, compris ? » Cet homme était vraiment susceptible de le faire, et Zagan l’avait vu grincer des dents avec une lueur dangereuse dans les yeux.

 

 

Cependant, même cela n’avait duré que quelques secondes, et Zagan avait laissé sortir un bâillement.

« Hé, qu’est-ce que c’est que ça ? Tu as l’air vraiment somnolent, » déclara Barbatos.

« J’ai été absorbé par la lecture de livres sur la sorcellerie pendant toute la nuit. Je vais donc aller dormir. Si tu as besoin de quelque chose, reviens donc plus tard, » déclara Zagan.

« Wôw, tu n’as pas à te soucier de quelque chose comme la somnolence si tu t’amuses un peu avec l’adrénaline présente dans ton cerveau, non ? Comme je suis venu te rendre visite, ne dis rien avec tant de froideur, » déclara Barbatos.

« C’est précisément parce que tu fais ce genre de choses que tu as l’air si malsain, » les sorciers étaient ceux qui avaient consacré toute leur vie à la recherche sur la sorcellerie en visant toujours à surpasser l’humanité.

Ils vivaient précisément pour pouvoir faire des recherches sur la sorcellerie. C’est pourquoi les sorciers avaient commencé par étudier comment manipuler en profondeur leur propre chair et leur sang. Cependant, ce n’était pas seulement quelque chose de simple comme augmenter leur force physique. Il s’agissait de la base de la sorcellerie de manipuler l’intérieur de leur propre corps au niveau cellulaire. Pour cette raison même, les sorciers étaient très éloignés des questions telles que la maladie et la durée de vie.

Après être arrivé à ce stade, on pouvait finalement se nommer sorcier.

Cependant, s’ils n’avaient pas d’eau ou de nourriture, ils mourraient de faim ou de soif. Ils pouvaient escroquer la question du besoin de sommeil, mais ils ne pouvaient pas s’en débarrasser complètement. Et ainsi, le résultat de ces actes avait été les caractéristiques faciales que Barbatos possédait en ce moment.

C’est pourquoi Zagan n’avait pas vraiment utilisé de sorcellerie pour régler ses problèmes de sommeil.

Barbatos avait ri comme s’il trouvait la notion étrange.

« Ne dis pas ça. Je suis venu avec une histoire intéressante pour toi, » malgré un front maladif, Barbatos avait placé son bras autour de Zagan d’une manière amicale.

« Une histoire intéressante ? » Tout en repoussant le bras de son ami irritant, Zagan posa cette question en réaction.

Un sourire était alors apparu sur le visage maigre de Barbatos.

« Bien sûr que oui. Tu sais qu’un des Archidémons, Marchosias est mort récemment, non ? » En entendant ce nom, les yeux de Zagan s’étaient ouverts en grand.

Le terme Archidémon n’était pas donné au roi des monstres comme dans les contes de fées. À la place, il s’agissait du nom donné aux maîtres de la sorcellerie qui se tenaient à son sommet de leur art.

En plus de ce titre, ils recevaient une énorme quantité de mana et étaient capables de soumettre les sorciers de rang inférieur en tant que serviteurs. Il s’agissait du point culminant représentant tout le pouvoir et l’autorité que les sorciers désiraient tant.

À l’origine, il y avait treize « Archidémons », mais l’un d’eux, âgé de plus de mille ans, avait finalement rendu son dernier souffle. Même s’ils utilisaient la sorcellerie pour prolonger leur durée de vie, il semblerait que mille ans soient une limite absolue.

Lorsqu’il s’agissait de nouvelles concernant les Archidémons, même Zagan ne pouvait les ignorer.

« Oh ? Qu’est-ce que c’est ? Tu fais une tête comme si tu voulais en entendre parler, tu sais ? Non, attends un peu. Tu as dit que tu voulais dormir, n’est-ce pas ? Hmmm, bien que ce soit malheureux, je ne veux vraiment pas encourir ta colère ici, » déclara Barbatos.

« Arrête de prendre des airs et dis-le-moi, » déclara Zagan.

« ... Mec, tu es le même trou du cul insociable que d’habitude, » après avoir poussé un soupir déconcerté, Barbatos avait continué à parler.

« Il y a une ville appelée Kianoides, la connais-tu ? Elle est présente dans le domaine de Marchosias, et il y a une énorme vente aux enchères qui s’ouvre là-bas. Tu peux tout trouver. Des biens légaux jusqu’aux trucs plus illégaux sont vendus là-bas, » expliqua Barbatos.

« Ne veux-tu pas dire que…, » le son provoqué par la déglutition de Zagan avait retenti.

« C’est exactement ça ! Je suis sûr qu’il se trouvera là-bas. Je parle de l’héritage de l’Archidémon, » déclara Barbatos.

Cela semble vraiment louche, tel fut la première pensée qui vint dans l’esprit de Zagan.

Cependant, l’Archidémon Marchosias avait plus de mille ans. Même si Barbatos l’appelait simplement son héritage, cela n’était probablement pas limité à une ou deux babioles. Il s’agissait de la raison pour laquelle le fait d’y voir quelques objets ne semblait pas si improbable que ça.

Barbatos avait ensuite donné un coup de coude à Zagan.

« Alors, écoute ! Tu devrais aussi venir. Si tu veux, je te laisserais choisir une ou deux femmes. Et aussi, comment dire... tant qu’on y est, ça m’aiderait si tu pouvais un peu m’aider. Est-ce que tu me comprends ? » En disant cela, Barbatos avait imité la forme d’une pièce de monnaie avec deux de ses doigts.

En d’autres termes, il semblait qu’il n’avait pas les fonds nécessaires pour participer à la vente aux enchères.

Et bien qu’il avait poussé un soupir, Zagan ne l’avait pas rejeté. « Si c’est le cas, je prendrai pour moi son héritage, comprends-tu ça ? »

« Hé, franchement ? C’est moi qui t’en ai parlé, » répliqua Barbatos.

« Si tu n’aimes pas ça, alors essaye d’aller voir quelqu’un d’autre, » déclara Zagan.

« Il n’y a aucune chance qu’il y ait un autre sorcier qui me prêterait l’or, non ? » Tandis que Barbatos s’accrochait à lui au bord des larmes, Zagan avait fini par le suivre jusqu’à la vente aux enchères.

Cependant, une pensée avait traversé l’esprit de Zagan.

Des femmes... c’est vrai, pensa-t-il.

Zagan était également un homme. Ce n’était pas comme s’il ne s’intéressait pas au corps féminin.

En vérité, une jeune fille était même venue jusqu’à chez lui il y a peu de temps de ça.

Néanmoins, plutôt que de ressentir le charme de cette scène emplie des attentes normales venant d’une femme, l’impression que tout cela était trop gênant était beaucoup plus prononcée en lui.

Il y avait aussi la manière d’agir en les traitant comme un outil. Mais dans ce cas, il s’était dit qu’il valait mieux utiliser un dispositif de sorcellerie qui accomplissait ce rôle qui lui avait été donné précédemment sans qu’il soit nécessaire d’ouvrir la bouche.

Ce n’était pas comme s’il n’avait aucun désir d’être aimé, mais penser à la façon dont il devait faire en sorte que l’autre partie se sente bien avec lui était tout simplement trop gênant dans son esprit.

Plutôt que les charmes du corps, c’était tous les démérites possibles produits par l’accomplissement de ce désir qui flottaient dans son esprit. C’est pourquoi Zagan ne connaissait pas de femmes jusqu’à ce jour.

Plus important encore, si les humains ne sont pas assez forts, ils mourront tout de suite, pensa-t-il.

Peu importe ce qui avait été fait à un faible humain, ils ne pouvaient pas s’en plaindre.

S’ils voulaient se protéger, ils devaient devenir forts.

C’est pourquoi... Zagan était devenu un sorcier par pure volonté dès l’âge de huit ans.

... Eh bien, même si un sorcier aussi distant s’était donné des airs, ses pensées sur le sujet n’étaient vraies que jusqu’à ce point.

***

Partie 2

Kianoides se trouvait être une ville à canaux.

Avec des ramifications qui s’étendaient dans les quatre directions du continent, il s’agissait d’une cité qui devait sa prospérité au transport de biens en utilisant des bateaux qui circulaient le long de ses nombreux canaux. Non seulement de la marchandise, mais même diverses races s’étaient rassemblées en ce lieu afin de commercer.

Mis à part les humains, il y avait des thérianthropes qui possédaient des crocs et de la fourrure tels ceux des bêtes. Il y avait également des hommes-oiseaux qui possédaient des ailes sur leur dos. De plus, des nains étaient présents, et malgré leur corps rude de petite taille, ils s’enorgueillissaient d’être les artisans pouvant créer les bijoux les plus finement détaillés.

Chacune de ces races arborait leurs propres armoiries sur leurs voiliers, et même le vent qui soufflait sur les canaux ne pouvait pas gommer l’odeur de la terre qui se soulevait lors de leurs agitations. Dans ce pays, il s’agissait de l’une des villes les plus tape-à-l’œil qu’on puisse trouver. On avait même dit dans le passé qu’au cours d’une seule journée, plus d’un million de personnes transitaient par ce lieu, vacant à leurs occupations.

Et dans cette ville même, on pouvait voir ici et là des files d’individus contenant de nombreuses personnes portant des colliers autour du cou avec des chaînes qui leur étaient reliées.

Des esclaves.

Parmi eux, il y avait des humains, mais aussi des individus provenant d’autres races. Celui qui les dirigeait n’était pas nécessairement un humain. Il y avait par exemple un nain qui frappait avec une canne un homme de grande taille issu de la race humaine, et il y avait également une belle femme-oiseau qui les observait. On pouvait également voir un peu plus loin de là un thérianthrope buvant du lait dans une assiette laissée sur le sol tel un chien.

Une partie de ces individus allait pour ainsi dire être vendue aux enchères comme de simples marchandises.

La différence entre ceux qui étaient et ceux qui n’étaient pas esclaves n’était qu’au niveau de la différence de richesse et de pouvoir, ou selon certain, s’ils avaient eu de la chance ou non dans leur vie.

Et parce que Zagan ne voulait pas finir ainsi, depuis qu’il était très jeune, il cherchait désespérément le pouvoir pour éviter ça. C’est pourquoi aucun sentiment de sympathie n’avait surgi en lui en les voyant.

Finalement, Zagan avait murmuré quelque chose d’étrange pour lui-même. « Je sens... un étrange picotement dans l’air. » C’était l’atmosphère même de la ville qui lui faisait ressentir cette sensation.

Ce n’était pas la première fois qu’il venait à Kianoides, mais des Chevaliers Angéliques de l’Église patrouillaient ici et là, bien plus qu’en temps normal. C’était comme si les habitants de la ville avaient peur de quelque chose, et que l’air était rempli d’une sorte d’indignation, comme s’il y avait là une présence qui n’était pas à sa place, et que quelque chose couvait ici.

Barbatos avait ri à haute voix en entendant ses paroles comme s’il trouvait cela agréable. « On dirait que des idiots n’ont rassemblé que de jeunes femmes pour faire des expériences de sorcellerie. »

« Pour des sacrifices ? C’est comme s’ils marchaient sur la glace trop fine, hein ? » Si l’on utilisait un sacrifice, il était possible d’effectuer certaines sortes de sorcellerie qui ne s’activerait pas qu’avec leur propre pouvoir. En tant que catalyseur de la sorcellerie, c’était assez courant de les utiliser pour ainsi augmenter temporairement la puissance de sa magie.

Cependant, pour obtenir de tels sacrifices, il fallait acheter des esclaves ou enlever des enfants dont l’identité était complètement inconnue. Et donc au minimum, il fallait couvrir ses traces afin d’éviter au maximum les répercussions.

Zagan ne pouvait pas comprendre la signification derrière le fait d’enlever des filles ordinaires, tout en bravant les dangers d’attirer l’attention de l’Église. C’était comme s’ils cherchaient la bagarre avec l’Église elle-même.

Barbatos haussa légèrement les épaules. « Qui sait ? Lorsqu’on commence à s’imposer à soi-même tant de restrictions quant au choix, tel que leur âge et tout ça, il n’est pas étonnant qu’il n’y ait que des filles kidnappées, n’est-ce pas ? »

« Ont-ils l’intention d’invoquer un Démon ou alors, est-ce quelque chose d’équivalent ? » lui demanda Zagan.

Le terme « Démon » était le nom donné à un monstre à cornes et ailé qui apparaissait dans les contes. Il n’était pas certain que quelque chose comme ça puisse réellement exister et rien ne l’avait mise en existence, mais il existait des traces de « quelque chose » liées aux dieux et aux démons qui pouvaient être trouvées ici et là dans ce monde.

***

Si une telle chose devait être convoquée, alors un rituel comme celui dont parlait Barbatos serait nécessaire. Cependant, Zagan croyait que ce n’était rien de plus qu’un rêve un peu fou.

Tandis qu’il faisait une expression exaspérée, Barbatos continuait à rire de plaisir. « Ça me rappelle d’un truc, Zagan. Est-ce que tu savais que tu fais partie de la liste des suspects ? »

« Comme c’est stupide. La sorcellerie qui exige un sacrifice est inutile dans les moments d’urgence, non ? » lui demanda Zagan en réponse.

« Hehe, Hahaha, sans blague. En fait, il n’y aura jamais de compagnons bizarres qui t’accompagneraient tellement tu es indigeste, » après que l’autre ait dit ça, Zagan avait involontairement affaissé ses épaules.

Eh bien, ce n’est pas comme si j’avais besoin de compagnons, pensa-t-il.

Il avait l’habitude d’être seul. Il y était habitué depuis très longtemps déjà. Et bien qu’ils parlaient de telles choses, l’objectif de ces sorciers n’était pas de faire du tourisme.

Barbatos avait guidé Zagan jusqu’à un endroit se trouvant sous les fondations de la ville. Cet endroit souterrain était une ancienne ruine et cela devait probablement avoir été une arène ou une bâtisse similaire, qui avait été abandonnée depuis des lustres, et qui avait maintenant vu une partie de son architecture qui avait été réparée. C’était un endroit où l’on faisait des transactions pour des biens qui ne pouvaient pas être vendus à la surface.

Le lieu de la vente aux enchères se trouvait dans une partie de l’arène en elle-même. En utilisant la zone circulaire comme scène pour les ventes, les sièges des invités étaient alignés tout autour de la scène. Il semblait que la vente aux enchères avait déjà commencé, et le son de plusieurs voix criant des numéros résonnait déjà ici et là.

Le seul endroit qui était éclairé se trouvait être la scène elle-même, et aucune bougie n’était en place parmi les sièges des invités. Il ne s’agissait pas d’un acte hostile, mais plutôt d’un acte de considération pour que les invités ne puissent pas voir le visage des autres personnes présentes.

... Ça n’avait pas beaucoup de sens pour un sorcier.

Tandis qu’ils s’installaient sur leurs sièges, vérifiant ce qui se trouvait autour, Barbatos s’était mis à siffler.

« He, regarde, Zagan. La “Lame Noire” Kimaris, et là-bas se trouve l’“Enchanteresse” Gremory. De plus, nous avons même Valefor, l’“Apparition” de ce côté-là. » Avec les lumières toujours éteintes, il était naturel pour tous ceux qui se nommaient sorciers d’utiliser au moins la sorcellerie pour que leurs yeux fonctionnent bien dans l’obscurité.

Tandis que Zagan regardait dans les directions que Barbatos indiquait, il aperçut plusieurs ombres revêtues d’une extraordinaire aura.

Zagan ne les connaissait pas, mais ils étaient tous des sorciers bien connus. Les humains étaient la race la plus commune, mais parmi ceux qui étaient présents, il y avait également ceux issus d’autres races. La Lame Noire, Kimaris était un thérianthrope avec une fière crinière. L’Apparition, Valefor cachait tout son corps avec une robe, un capuchon et un masque, donc sa race était inconnue.

La Lame Noire, et d’autres surnoms de ce genre étaient les deuxièmes noms des sorciers. On pourrait même dire que c’étaient leurs titres. C’était quelque chose qui avait été conféré à un sorcier après avoir acquis un certain degré de pouvoir.

Le plus célèbre était probablement le deuxième nom de l’Archidémon Marchosias, qui était « l’Aîné ». Même Barbatos était connu sous le nom de « Purgatoire ».

Zagan était aussi un sorcier assez bien connu, mais il n’avait pas encore reçu de surnom.

C’était probablement en partie parce qu’il était encore jeune avec son âge de dix-huit ans, mais la raison la plus importante était que celui qui supervisait tous ceux de la région, l’Archidémon Marchosias, était décédé. Il s’agissait de l’un des rôles de l’Archidémon d’attribuer un surnom, mais il avait péri avant d’avoir eu le temps d’en accorder un à Zagan.

Bref, un surnom était la preuve de son pouvoir.

Bien qu’ils soient des étrangers pour lui, Zagan était légèrement intéressé par les sorciers qui possédaient un surnom.

« Sont-ils forts ? » demanda Zagan.

« Extrêmement fort. Comme toi et moi, ce sont toutes des personnes qui se présentent comme candidats pour être le prochain Archidémon, » actuellement, en raison de la disparition de Marchosias, il n’y avait qu’un seul siège vacant parmi les Archidémons.

Il y avait en ce moment des discussions parmi les Archidémons restants sur la façon de remplir ce siège, mais ce serait probablement l’un des sorciers recommandés qui possédaient assez de pouvoir qui serait choisi après de longues délibérations.

« Mec, si même ces types sont là, il semble que ce que je te disais sur l’héritage est quelque chose de vrai, non ? » lui demanda Barbatos.

« Je l’espère bien, » si ce n’était pas le cas, cela n’aurait servi à rien de mettre de côté son sommeil tant désiré.

Et même pendant que tout cela se passait, la vente aux enchères se poursuivait.

« À vous tous qui êtes réunis ici aujourd’hui. Le lot suivant sera le dernier de la journée. Il s’agit également notre plus important ! » En écoutant la voix de l’animateur, Barbatos s’était penché vers l’avant en raison de l’excitation.

« Eh bien, on dirait qu’il est temps, Zagan, » déclara Barbatos.

« Ouais, » il ne savait pas encore avec certitude s’il y avait vraiment quelque chose comme l’héritage d’Archidémon ici, mais c’était maintenant le moment où la vente clef était au centre de la scène.

Et ce qui avait fini par monter sur scène... était une personne de petite taille avec un capuchon couvrant sa tête. Un manteau s’étendait jusqu’à ses pieds, de sorte que même sa race était encore inconnue. Elle n’était pas aussi petite qu’un nain, mais si elle était d’une autre race, elle aurait certainement la taille d’un enfant.

Quant à l’héritage en question, la personne à capuchon y était-elle liée ? Comme toutes les personnes présentes dans la salle avaient concentré leur attention sur cette silhouette, l’animateur avait commencé à expliquer.

« Ce que nous avons ici, c’est de la marchandise qui devait à l’origine être livrée à Archidémon Marchosias. Cependant, avant son arrivée, Marchosias a péri et étant donné les circonstances, la marchandise non livrée en question nous a été retournée. » En entendant ces mots, Barbatos avait grimacé.

« Ce n’est donc pas son héritage, n’est-ce pas ? » demanda Barbatos.

« C’est dans ce cas probablement l’un de ses catalyseurs, » lui répondit Zagan.

Dans la sorcellerie, il y avait plus que le fait d’invoquer la sorcellerie ou de tracer un cercle magique ou encore d’incanter un sort. En vérité, il y avait vraiment de nombreuses occasions où des accessoires étaient également utilisés. Cela pouvait s’agir de l’encre utilisée pour tracer le cercle magique, aux bijoux portés par le sorcier, ou même de l’aide offerte par un sacrifice afin de renforcer le pouvoir de la sorcellerie utilisé par le sorcier.

De tels outils étaient appelés catalyseurs, mais leur qualité différente démontrait une différence de pouvoir.

Il était malheureux que ce ne soit pas l’héritage, mais l’intérêt de Zagan avait été attiré par le fait qu’il s’agissait d’un catalyseur choisi en personne par l’Archidémon.

Peu de temps après ça, le manteau avait été retiré de la silhouette présente dans son champ de vision. Et ce qui avait été révélé... était une charmante fille avec de longues oreilles pointues.

Il le savait d’un seul coup d’œil. Elle appartenait à la légendaire race qui vivait dans le Norden, une terre où personne ne pourrait mettre les pieds. Oui, c’était une elfe.

Elle possédait des cheveux blancs comme la neige qui s’étendaient jusqu’à la taille, et un ruban d’un cramoisi profond les ornait. Son petit visage présentait de grands yeux azurés qui ressemblaient au ciel d’été, et ses lèvres étaient d’un rose modérément pâle. Une robe blanche recouvrait ses membres délicats, et elle présentait l’apparence qui ferait immédiatement penser à la fille d’un noble.

Cependant, des menottes se trouvaient autour de ses mains et de ses pieds, et un collier qui scellait le mana avait été placé autour de son cou.

En regardant les yeux de cette fille, Zagan avait senti son cœur bondir. Il avait ressenti une sensation étrange qui était allée de la pointe de ses orteils jusqu’au sommet de sa tête.

Ternes... et ses yeux semblaient vides.

Ses yeux étaient de ceux qui ne reflétaient rien, ne pensaient à rien. Il s’agissait de ceux de quelqu’un qui avait tout abandonné quant à leur avenir.

Et pourtant, pour une raison inconnue, Zagan n’avait pas pu détourner son regard de là.

« Il s’agit d’un membre de la race légendaire, une elfe qui a été capturée dans le Norden ! Non seulement ça, mais, comme vous pouvez le voir, elle possède les cheveux blancs. Ils n’ont pas été teints. Il s’agit donc d’une elfe aux cheveux naturellement blancs ! » Mais au lieu de dire qu’ils étaient des êtres de chairs, on disait que les elfes étaient plus proches de quelque chose de divin ou spirituel.

Et, quelle que soit l’espèce, les individus aux cheveux blancs étaient des spécimens anormaux, dont beaucoup possédaient des quantités extraordinaires de mana en eux.

L’utilisation d’un elfe aux cheveux blancs comme sacrifice permettrait d’atteindre le pouvoir digne d’un « Archidémon ».

Alors que l’hôte tournait autour de l’elfe, il avait pris ses cheveux de façon fluide avec ses doigts.

« Non seulement cela, mais même en tant que femme, elle est tout à fait agréable à contempler, si bien qu’en plus d’être utilisable comme sacrifice pour la sorcellerie, elle possède également une valeur extrêmement élevée en tant qu’animal de compagnie. Que vous la taquiniez ou la mordiez, c’est à votre entière discrétion, mes chers clients ! » Le vendeur avait ensuite fait une déclaration à haute voix.

« Sans plus attendre, l’enchère commencera à dix mille..., » déclara-t-il.

« Un million, » avant même qu’il ne s’en rende compte, Zagan avait fait cette proclamation.

Qu’est-ce que c’est que cette douleur violente dans ma poitrine ? se demanda-t-il.

Adorable... Était-ce correct d’utiliser cette expression ?

Il voulait sauver la fille elfe qui se tenait là. Il voulait la voir sourire. Et puis, il voulait aussi pouvoir toucher sa peau.

De telles impulsions que Zagan n’avait jamais ressenties auparavant s’agitaient en lui telle une tempête.

 

 

Le lieu était devenu complètement silencieux. Et puis, avec un craquement, Barbatos s’était mis à crier en regardant Zagan. « Qu-Qu’est-ce que tu fais, Zagan... !? »

Ce « un million de pièces d’or de Curiothes » représentait toute la fortune de Zagan.

Finalement, le vendeur déconcerté s’était remis de son choc et avait fait entendre sa voix tout en essuyant la sueur sur son front avec un mouchoir.

« Merci beaucoup ! C’est une somme d’argent plutôt magnifique ! Un million ! Y a-t-il quelqu’un qui souhaite surenchérir ? Quelqu’un ? » Comme les sorciers s’immergeaient entièrement dans la recherche de la sorcellerie, ils avaient une forte tendance à accumuler des richesses.

Cependant, peu importe combien ils avaient pu accumuler, un million n’était pas un montant qui revenait trop souvent sur la table. S’il s’agissait de la possession de ce montant, il y en avait plusieurs qui l’avaient, mais s’ils l’utilisaient, ils ne pourraient pas poursuivre leurs recherches. C’était un montant vraiment très élevé.

« Zagan, à quoi penses-tu ? Même si c’est pour une elfe, jeter autant d’argent, c’est un peu..., » commença Barbatos.

« Il y a quelque chose que j’ai toujours voulu, mais je n’ai jamais su ce que c’était. Et finalement, j’ai l’impression de l’avoir trouvée, » sans savoir comment expliquer cette sensation, Zagan avait marmonné cela comme s’il délirait.

Cependant, en regardant ses yeux qui brillaient d’une flamme ardente, il paraissait extrêmement maléfique. Mais il s’agissait de quelque chose à quoi on devait s’attendre lorsqu’il était poussé par son propre désir.

Et comme s’il avait été effrayé par ce qu’il voyait, Barbatos avait écarquillé ses yeux.

« Toi... Quel genre de sorcellerie as-tu l’intention d’utiliser... ? » Barbatos semblait être en plein dans un malentendu.

Cependant, Zagan avait nié en secouant la tête.

« Ce n’est pas ça. Je l’ai peut-être achetée pour autre chose que de la sorcellerie. Je ne peux pas vraiment la décrire, mais c’est quelque chose comme ça, » répondit Zagan.

« Es-tu en train de dire que tu vas obtenir un pouvoir à un niveau différent de la sorcellerie... ? » Il semblait que la façon dont Zagan expliquait cela était encore pire, et Barbatos avait commencé à trembler de peur.

Il s’était rendu compte que s’il continuait à en parler, les fausses idées de Barbatos ne feraient qu’empirer. Et ainsi, Zagan avait souri comme s’il disait qu’il y avait une signification différente, et cela même si cela semblait effrayer Barbatos à mort. Ce qu’il faisait ne ressemblait qu’au sourire du diable.

Avec un bruit sourd, Barbatos s’était laissé tomber sur sa chaise. C’était comme si sa colonne vertébrale avait été retirée de là.

A-t-il encore mal compris ? Comme si la rationalisation de son ami indésirable s’éloignait progressivement, le son du marteau en bois déclarant l’offre gagnante avait retenti dans la salle.

« Félicitations ! L’elfe aux cheveux blancs va au sorcier Zagan ! » Zagan ne se rappelait pas s’être lui-même nommé, mais le commissaire-priseur avait deviné correctement son nom en voyant son visage. Cela démontrait à quel point il était connu dans de tels cercles, mais rien de tout cela n’avait d’importance en ce moment.

Zagan se leva de son siège, puis il laissa tout simplement derrière lui Barbatos qui s’était couché sur le sol. Zagan avait invoqué la sorcellerie du vol.

Sautant par-dessus les sièges des spectateurs, il s’était posé en douceur sur la scène.

Il s’était alors placé devant la jeune fille, mais elle continuait à regarder vers le sol sans lever le visage.

Qu’est-ce que je fais ? Comment dois-je lui parler ? C’était bien de sauter si vigoureusement en avant, mais il n’avait pas eu une seule pensée sur ce qu’il fallait ensuite faire.

Et comme il était soudainement perplexe, le vendeur avait commencé à lui parler d’une voix persuasive. « S’il vous plaît, veuillez nous remettre le paiement. N’est-ce pas une elfe chanceuse d’avoir été acquise aux enchères par le célèbre sorcier Zagan ? D’ailleurs, la robe et le collier de scellement du mana sont des cadeaux. Si jamais vous enlevez le collier, il y a un risque qu’elle s’enfuie, alors, faites attention, s’il vous plaît. »

« D’accord, » Zagan n’écoutait pas vraiment ce que le vendeur avait à dire, mais il avait tout simplement donné une réponse non engageante et agréable.

Va-t-elle au moins me regarder ? Non, je suppose qu’après tout, elle a peur. Au contraire, n’a-t-elle pas vécu une expérience amère pour en arriver là ? Puisqu’elle était une si belle fille, il y avait probablement beaucoup d’expériences répugnantes qu’elle aurait pu vivre. Il y avait aussi le cas de la jeune fille de ce matin, ce qui avait conduit la pensée de Zagan à des endroits plutôt horribles.

Rempli d’anxiété, Zagan avait tendu la main vers le menton de la jeune fille.

Elle avait une peau lisse comme de la soie. Zagan ressentait maintenant le malaise de ne pas savoir s’il allait laisser une marque juste en la touchant.

Néanmoins, il essaya de la toucher aussi doucement qu’il le pouvait, et inclina légèrement le visage de la jeune fille vers le haut.

Ces yeux creux regardaient Zagan.

Un soupir s’était involontairement échappé des lèvres de Zagan. Comme prévu, c’était une fille vraiment adorable.

Cependant, elle ne semblait pas se concentrer sur son environnement. Il se demandait si elle pouvait ou non voir Zagan. Non, avant même de penser ça, il ne pouvait même pas sentir quelque chose comme une volonté en elle.

Est-ce qu’elle va bien ? N’est-elle pas manipulée ? Une sorcellerie qui avait brisé et volé sa volonté n’était pas si étrange que ça.

Et alors que Zagan devenait pâle, le vendeur avait fait entendre une voix nerveuse. « Maître Zagan ? Y a-t-il quelque chose que vous trouvez à redire ? »

« ... Eh bien, a-t-elle sa propre volonté ? » Ce qui s’était échappé de sa gorge serrée, plutôt qu’une voix anxieuse, était une voix agressive. C’était au point qu’il avait l’impression de se demander ce qui le mettait à ce point en colère.

Cependant, le vendeur hocha la tête comme s’il était parvenu à comprendre ce qu’il demandait. « S’il vous plaît, soyez à l’aise. Cette elfe a été docile dès l’instant de sa capture et elle a été gardée en détention à l’état naturel. En premier lieu, le mana du spécimen est extrêmement élevé, et toute sorcellerie ordinaire serait inutile face à elle. En tant que tel, je peux moi-même garantir de sa fraîcheur. »

Dans le cas où on l’utiliserait comme sacrifice, si on lui avait lavé le cerveau en utilisant la sorcellerie, cela provoquerait une impureté dans le rituel et diminuerait sa puissance. Le vendeur avait probablement pensé que c’était le point clef qui préoccupait Zagan.

Cependant, en inspectant la jeune elfe qui était déguisée en noble dame, elle n’avait pas l’air d’avoir de blessures. Même si elle était traitée comme une esclave, la direction de la vente aux enchères n’était pas assez folle pour laisser une blessure sur une marchandise aussi précieuse. C’était donc acceptable de leur faire confiance sur parole.

Zagan avait finalement poussé un soupir de soulagement.

« Je vous ferai confiance sur ça, » déclara Zagan. « Je serais troublé si elle ne pouvait pas au moins pépier d’une bonne voix. » Pour l’instant, il avait essayé de parler d’une manière claire quant à ses intentions... mais cela avait semblé plutôt prétentieux, et franchement dangereux.

L’animateur de la vente s’était ensuite rétracté avec un visage pâle.

Il avait aussi l’impression que la jeune elfe tremblait de peur.

Ah, bien. Il semble qu’elle peut au moins entendre ce que je dis, pensa-t-il.

Alors qu’il avait trouvé la paix de l’esprit en voyant ce fait, Zagan n’était pas en mesure de comprendre à quel point les choses qu’il avait dites étaient trompeuses.

C’était le tout premier amour de l’homme qui pensait encore il y a quelques heures à peine : « les femmes sont tout simplement trop fatigantes ».

***

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chap ^^

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