Chapitre 6 : La Vérité à propos du sang
Partie 5
« Mon cœur... ? » Rushella avait recouvert son sein gauche alors qu’elle répétait ce mot.
En effet, c’était là que Miraluka visait la dernière fois.
Mais pourquoi ?
« Voulez-vous dire que vous voulez me détruire complètement parce que je suis sur votre chemin... ? » demanda Rushella.
« Si j’avais voulu vous détruire, je l’aurais fait il y a longtemps. Je veux simplement votre cœur, c’est tout, » répondit Miraluka.
« Je vous demande votre but... ! » demanda Rushella.
« Avez-vous entendu parler des transplantations cardiaques ? Parce que... Je n’en ai pas…, » expliqua Miraluka.
Miraluka enleva sa robe de nuit puis détacha une bretelle pour révéler son sein gauche.
Sur la poitrine blanche et pâle, surpassant celle de Rushella en volume, un trou de balle clair était visible.
C’était un trou vide laissé sur la poitrine après avoir été transpercé par une balle.
« Vous... ! » s’exclama Rushella.
« Qui sait quand cette blessure guérira ! Mais on ne sait pas non plus si je peux survivre jusqu’au jour où elle guérira. En ce moment, je n’ai même pas la moitié du pouvoir de ma jeunesse, » déclara Miraluka.
« Pourquoi... ? Contrairement à moi, vous êtes un authentique Véritable Ancien, n’est-ce pas !? » demanda Rushella.
« C’est précisément grâce à cela que j’ai réussi à survivre, mais c’était de justesse, » déclara Miraluka. « Mais j’ai déjà donné mon cœur à Hisui. J’ai vécu parce que mon cœur bat encore, mais c’est la limite. Comme une horloge qui finira par s’arrêter de tourner. Donc... je dois avoir un nouveau remplaçant, un substitut infiniment proche de moi. Même si le résultat est un pari... Je dois prendre le risque. »
Rushella avait compris finalement l’intention de Miraluka.
Elle voulait son corps, son cœur.
Ce corps, créé en soutien d’un Véritable Ancien, s’acquittait maintenant de son devoir, quelle ironie !
« Vous avez choisi la mort une fois... pour sauver Hisui. Maintenant, vous êtes de retour pour Hisui et vous vivrez pour lui. Est-ce bien ça ? » demanda Rushella.
« ... Vivre est précisément mon lot dans ma vie de vampire. Je le ferai même au prix de votre destruction, » déclara Miraluka.
« Est-ce que c’est si... ? Très bien, prenez-le. Je m’en fiche, » déclara Rushella.
Comme l’avait fait Miraluka, Rushella avait exposé son sein gauche.
Après le coucher du soleil, le vent du soir avait soufflé sur sa poitrine blanche.
« Puis-je ? Je suis plutôt spéciale, alors que vous périrez immédiatement quand votre cœur sera arraché, » déclara Miraluka.
« Bien sûr. C’est la seule chose que je peux faire... pour ce garçon, » déclara Rushella.
Le visage de Miraluka s’était obscurci.
Jusqu’à présent, son beau visage avait été aussi serein qu’un lac. Mais là, de faibles signes de vouloir rire étaient apparus.
Mais elle s’était quand même avancée vers Rushella.
Sa main droite s’était transformée en une arme meurtrière.
Rushella ferma les yeux serrés dans la résignation, gonflant sa poitrine, offrant tout.
Au dernier moment, des bruits de pas avaient été entendus par-derrière.
Miraluka regarda vers l’arrière afin de voir qui arrivait. Les nouveaux venus étaient liés à Hisui.
Il s’agissait de Mei, Kirika et Rangetsu.
« Essayez-vous de m’arrêter ? » demanda Miraluka.
Le trio hocha la tête en même temps.
« Pourquoi ? Il s’agit pour vous trois de votre rivale. Et c’est un conflit entre vampires. Pourquoi interférer ? » demanda Miraluka.
« Gagner des points d’affection ! » Mei répondit instantanément.
« C’est vrai, si quelque chose arrivait à cette enfant, si on la regardait sans rien faire, il nous détesterait sûrement. Je ne veux pas ça, » Kirika avait souri tristement.
« Et aussi, si vous réussissez... Je serai encore plus exclue par eux. Je n’ai pas beaucoup de présence auprès d’eux, » Rangetsu déclarait ça avec la dignité d’une aînée.
Tout le monde était d’accord.
« Quand a-t-il appris à si bien conquérir le cœur des femmes ? Je ne sais pas si je devrais être heureuse ou triste à ce sujet, » Miraluka soupira d’exaspération et sourit.
À ce moment, de nouveaux intrus étaient arrivés, ce qui avait approfondi le sourire de Miraluka.
Hisui et Eruru étaient arrivés l’un après l’autre.
Hisui portait l’épée de la croix sacrée de chez lui, la lame de Tzara.
Sur la lame de l’épée, des pierres précieuses émettaient une lumière cramoisie qui teignait en rouge l’environnement.
« As-tu apporté le talisman que je t’ai laissé ? Qu’est-ce que tu as l’intention de faire ? Est-ce pour me détruire avec ? » demanda Miraluka.
« ... Non, » répondit Hisui.
« Vas-tu te battre avec ta constitution ? Ton corps possède le potentiel pour qu’un humain puisse s’opposer aux vampires. Si les humains pouvaient être sur un pied d’égalité avec les vampires, il n’y aurait plus de conflit entre eux. Peut-être la coexistence pourrait-elle être possible après ça. Tu penses utiliser ce pouvoir pour te battre contre moi ? » demanda Miraluka.
« Non, » répondit Hisui.
« Alors qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda Miraluka.
Hisui pointa la lame Tzara sur lui.
« Ce cœur, je te le rends, » déclara Hisui.
Puis, fermant les yeux, Hisui se perça la poitrine avec la lame.
Le sang éclaboussait partout.
Kirika avait crié pendant que Mei et Rangetsu étaient stupéfaites.
Eruru avait apparemment prédit cette scène. Détournant son visage, elle avait enduré l’odeur du sang, essayant désespérément de maintenir sa santé mentale.
« Qu’est-ce que tu fais... !? » Miraluka avait finalement montré la surprise sur son visage.
Elle n’avait pas donné cette épée à Hisui pour ce genre de tâche.
« Essaies-tu de gâcher tout ce que j’ai fait !? » s’écria Miraluka.
« ... C’est toi qui gâches tout. Je ne veux pas te perdre à nouveau. Je ne veux pas non plus perdre Rushella ! » déclara Hisui.
Hisui pressa contre sa poitrine gauche qui saignait telle un torrent.
Le saignement rendait sa peau déjà pâle à l’origine encore plus pâle. La couronne d’épines apparut sur son cou.
Le mode Anti-Drac.
Mais cette transformation n’était qu’un résultat nécessaire. Ce n’était pas son but.
« C’était à l’origine le tien... Je te le rends maintenant. C’est suffisant. Ne fais rien à Rushella, » déclara Hisui.
« ... »
« Et moi, alors ? N’y a-t-il pas des cœurs artificiels ? Il y a beaucoup de solutions pour que je puisse vivre, d’une façon ou d’une autre... Sinon, utilise tes pouvoirs de vampire pour me faire hiberner ou me sceller, ce que tu veux. Je t’attendrai, qu’il me faille une décennie ou un siècle, pour me faire vivre. Alors, arrête, c’est déjà assez…, » déclara Hisui.
Hisui utilisa désespérément l’épée de la croix sacrée pour soutenir son corps qui s’effondrait.
Rushella s’était précipitée pour le serrer dans ses bras.
« Tiens bon, ne meurs pas !! » cria Rushella.
« Ne me considère pas comme mort si facilement. Tu l’as déjà dit, d’accord... ? Alors, ne meurs pas non plus. Et toi aussi, » les trois derniers mots s’adressaient à Miraluka.
Il n’était pas assez mature pour amener pour tous ceux qu’il chérissait une fin parfaite.
Il n’était pas assez cool pour tout abandonner pour une personne qu’il chérissait.
Il n’avait donc pas le choix.
Et Miraluka — Elle avait souri faiblement avec satisfaction.
« Merveilleux, » déclara Miraluka.
« Euh... ? »
« On dirait que tu n’as plus besoin de moi. Cette fois-ci, ce sera le vrai adieu, » déclara Miraluka.
Tout le monde s’était crispé.
Plutôt que de la détruire, elles voulaient seulement le protéger.
Les filles essayaient de sauver la vie d’Hisui.
Et Hisui, pour éviter de la perdre à nouveau...
Mais le temps était impitoyable.
Le contour du visage de Miraluka s’effondra petit à petit.
En commençant par les bords, son corps se transforma progressivement en cendre.
« Pourquoi... !? Hé ! » Hisui s’était écroulé alors qu’il criait.
Il voulait étreindre Miraluka, mais les membres qui s’affaissaient étaient éparpillés dans le vent, ne laissant que son torse dans ses bras.
« Pourquoi... ? Pourquoi !? Pourquoi faire ça... !!? Hé ! Dépêche-toi de boire du sang, autant qu’il t’en faut. Bois mon sang ! Si tu meurs une seconde fois, je ne te pardonnerai jamais ! » cria Hisui.
« Pour commencer, je suis déjà morte. Et je n’ai pas besoin de ton sang. Pour qui me prends-tu ? » déclara Miraluka.
« Pas le temps de plaisanter... Hé ! » cria Hisui.
« Ton sang... garde-le pour elle, » déclara Miraluka.
Les yeux de Miraluka rencontrèrent le regard d’Hisui.
Alors qu’elle restait là où elle était, la dernière Véritable Ancien avait souri tendrement.
Comme une mère qui transmettait quelque chose à son fils, comme une sœur qui transmettait quelque chose à son jeune frère, comme une femme qui transmettait quelque chose à son amant...
Elle avait dit à Rushella :
« Continuez à boire le sang d’Hisui. La vraie valeur du mode Anti-Drac est dans son sang — l’affaiblissement d’un vampire. Son sang a un goût excellent et crée une dépendance. Puis le vampire devient progressivement faible. Un jour, vous deviendriez complètement humaine. »
« Vous…, » Rushella voulait aller de l’avant, mais elle s’arrêta.
Ce dernier instant, ce moment d’adieu, devrait être laissé à ces deux-là.
« Adieu pour toujours, » déclara Miraluka.
« Hé, attends. Je n’ai toujours pas…, » commença Hisui.
Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit.
Merci, au revoir, je t’aime.
Rien de tout cela ne pouvait lui être dit.
C’était toujours pareil et rien n’avait changé.
Il ne pouvait que la regarder en étant impuissant, exactement comme cela s’était passé ce jour-là dans le passé.
Par conséquent, il ne pouvait qu’embrasser l’air. C’était la seule chose qu’il pouvait faire.
Seule la marque de ses lèvres était restée dans le monde actuel, ne disparaissant pas pendant très longtemps.
Mais pendant que leurs lèvres se séparaient, la beauté dans ses bras avait déjà disparu.
Les restes exquis en cendres conservèrent le visage souriant pendant les derniers instants de Miraluka, puis ils se dispersèrent finalement dans la nuit, disparaissant dans le vent.
Hisui avait tenu les cendres serrées dans ses bras, sanglotant de façon incontrôlable.
Depuis la mort de Miraluka, c’était la première fois qu’il pleurait.
Ses cris résonnaient entre le ciel et la terre, persistant longtemps.
Rushella s’était placée aux côtés d’Hisui. Même quand les autres étaient parties, elle était restée. Pour toujours et à jamais...
Merci pour le chapitre !