Chapitre 4 : La Réunion du Pourpre
Partie 3
« ... Alors, vous êtes venu chez moi en courant. N’avez-vous pas honte ? »
Tôt dimanche matin, Eruru se moquait de lui dans le salon de son propre appartement.
Eruru était assise sur le canapé. Hisui était assis par terre, le visage couvert d’embarras, à l’opposé d’elle.
« Au fait, pourquoi êtes-vous venu chez moi parce que vous vous sentez mal à l’aise chez vous ? Si vous allez chez Sudou-san ou Uno-san, elles vous accueilleront avec plaisir, » déclara Eruru.
« Chez Sudou... J’ai l’impression qu’elle va sûrement faire toutes sortes de demandes pour que je la dédommage. Quant à Senpai... Je ne veux pas déranger sa famille, » répondit Hisui.
« Vous êtes venu me voir parce que je vis seule, non ? Alors je vais être franche, vous êtes très agaçant, » déclara Eruru.
« ... Désolé, » Hisui n’avait pu trouver aucune réfutation.
Craignant d’être seul avec Miraluka dans la même pièce, il n’avait d’autre choix que de s’échapper.
Il avait même été assez attentionné pour apporter son uniforme scolaire habituel, comme il était vraiment nul.
Mais Hisui avait une excuse pour venir ici.
« À propos de Miraluka... Avez-vous des nouvelles de votre côté ? » demanda Hisui.
« ... »
« Aucune de vous trois n’a répondu à mes SMS hier, j’étais inquiet... S’est-il passé quelque chose ? » demanda Hisui.
Hisui avait choisi avec soins ses mots afin de poursuivre l’affaire.
Eruru lui avait dit la vérité avec un air renfrogné. « Cela dépend. À l’heure actuelle, la possibilité de découvrir un crime semble très difficile. Mais je crois qu’elle est le genre de femme grise qui est très proche du noir. »
« Je vois…, » répondit Hisui.
« De plus, nous étions trop occupées avec d’autres choses hier pour vous répondre, » déclara Eruru.
« Quoi ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Hisui.
« Nous avons rencontré Rushella, » déclara Eruru.
Le visage d’Hisui avait changé avec cette annonce puis il s’était calmé.
Eruru continua impitoyablement. « Je serai brève sur les détails de ce qui s’est passé. Elle a couru jusqu’à la Section des Enquêtes Surnaturelles pour enquêter sur ses origines, mais n’a trouvé aucun indice. Puis elle est partie. »
« Vraiment... ? Alors où est-elle maintenant ? » Hisui leva les yeux et demanda avec émotion.
Mais voyant le regard glacial d’Eruru, il se tut à nouveau.
« Que feriez-vous si vous le saviez ? » demanda Eruru.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? Que…, » demanda Hisui.
« Elle vous a probablement laissé de son plein gré, » déclara Eruru. « À en juger par la situation d’hier, personne ne la forçait et elle n’avait pas non plus de compagnons avec elle. Puisqu’elle est déterminée à partir, que pouvez-vous faire ? »
« Eh bien…, » commença-t-il à répondre.
« Je vous le redemanderai. Est-elle irremplaçable pour vous ? » demanda Eruru.
Une question cruelle.
Pourquoi trouver Rushella ? Hisui avait essayé de répondre lui-même à cette question depuis le début.
S’il l’avait été plus tôt, Hisui aurait sûrement répondu d’une manière à moitié plaisante. « Ne demandez pas l’évidence, car cela ne nécessite pas de raison ».
Mais maintenant...
« Elle sent que vous n’avez plus besoin d’elle, c’est pourquoi elle est partie. Vous en êtes sûrement arrivé à cette conclusion, n’est-ce pas ? » demanda Eruru.
Cette question avait donné à Hisui l’impression que son cœur était poignardé par des couteaux. Eruru le savait.
C’est précisément à cause de cela qu’elle en avait parlé sans émotion.
« Pour vous deux... Non, pour Rushella-san, ne pensez-vous pas que c’est une affaire douloureuse ? » demanda Eruru.
Chaque mot d’Eruru était impitoyable.
Située dans le territoire intermédiaire entre les humains et les vampires, elle savait très bien combien il était difficile pour les deux races de coexister.
Sans parler du fait qu’il y avait Miraluka aux côtés d’Hisui.
Hisui ne répondit pas et garda la tête baissée.
Serrant le poing, grinçant des dents, il avait l’impression que son cœur se déchaînait avec toutes sortes d’émotions.
Le silence persista et Hisui ne répondit toujours pas.
« Elle est actuellement très dangereuse, car elle n’a apparemment pas bu de sang. J’ai l’impression qu’elle n’a pas le type de corps qui peut bien endurer, donc la situation est assez mauvaise. Si elle continue à s’abstenir de sang, elle deviendra folle tôt ou tard, » Eruru se leva et parla.
« Si cela arrive... La Section des Enquêtes Surnaturelles s’en chargera ? » demanda Hisui.
« Je ne le nierai pas, » répondit Eruru. « Mais comme vous le savez, détruire un vampire déchaîné est assez délicat. Pour être honnête, il vaudrait mieux la trouver d’abord et lui faire boire du sang quoiqu’il arrive. Ça ne servirait à rien si elle refuse et crache le sang. Donc si vous voulez mon avis, il vaudrait mieux avoir une source de sang à ses côtés qu’elle préfère. »
« Vous…, » commença Hisui.
En comprenant le vrai message dans les mots d’Eruru, Hisui la fixa du regard.
« On ne sait pas exactement où elle se trouve, mais j’ai déjà réduit la zone approximative, » déclara Eruru. « Puisqu’elle a visité la Section des Enquêtes Surnaturelles une fois, il vaudrait mieux commencer par rapporter tout ça à la Direction des Enquêtes Surnaturelles. Si elle a pris un moyen de transport, il restera des traces. Si elle s’est échappée à pied, il y aura des témoins oculaires. Après tout, son apparence est si frappante que tout témoin qu’on interrogerait pour trouver des indices pourrait nous informer. En tout cas, j’ai déjà une idée d’où elle pourrait se cacher. »
« Où est... cet endroit !? » demanda Hisui.
« C’est apparemment dans une ville voisine. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si proche, » répondit Eruru.
Le ton dans la voix d’Eruru était grave et son expression ne se détendait pas.
« Hmm, eh bien... OK, pourquoi a-t-elle choisi cet endroit étrange ? Elle n’est ni cachée à la vue de tous, ni totalement impossible à deviner... Cette distance est facile à combler, » demanda Hisui.
« Vouloir éviter d’aller le plus loin possible tout en ne voulant pas être trouvé par vous... Je crois que c’est ce qu’elle pense, » répondit Eruru.
« ... Puis-je donner mon opinion honnête ? » demanda Hisui.
« Allez-y, » déclara Eruru.
« Quelle plaie ! » déclara Hisui.
« Je suis d’accord, » répondit Eruru.
Tous les deux acquiescèrent d’un signe de tête.
Hisui semblait se ressaisir.
« Alors... Je vais aller enquêter. Si vous n’avez rien à faire, alors n’hésitez pas à vous détendre ici autant que vous le souhaitez, » déclara Hisui.
« ... J’irai aussi. Pourquoi cette question évidente ? » demanda Eruru.
« Je ne lis pas dans les pensées, » déclara Hisui.
Puis ils étaient partis tous les deux ensemble.
Sur le visage d’Hisui, il y avait encore de la morosité qui ne pouvait être enlevée.
Merci pour le chapitre !