Chapitre 3 : Le Doppelgänger
Table des matières
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Chapitre 3 : Le Doppelgänger
Partie 1
« Pourquoi devons-nous aller à l’école si tôt le matin ? » demanda Rushella.
« Arrête de faire tant d’histoires. Tu es aussi en partie à blâmer, » lui répondit Hisui.
Tôt le matin, Hisui et Rushella frottaient les yeux endormis tout en se dépêchant d’aller à l’école.
Il restait beaucoup de temps avant le début des cours, mais ils avaient tous deux quitté la maison très tôt et étaient venus à l’école.
Et tout cela pour aider Kirika.
Après l’incident dans sa chambre, Hisui lui avait envoyé un message d’excuses par SMS... Mais elle n’avait pas répondu.
Il s’était rendu au Bureau du Conseil des Étudiants pour s’excuser en personne, mais Kirika avait détourné son visage et l’avait ignoré.
En parlant de ça, n’est-ce pas vous qui m’avez plaqué contre le lit au départ... ? La vérité s’était accidentellement échappée de la bouche d’Hisui, ce qui avait poussé une Kirika rougissante à le gifler, ce qui avait clairement empiré les choses.
Apparemment, sa santé mentale avait été volée par la bougie parfumée et cela la dérangeait beaucoup.
Peut-être qu’elle n’avait aucune idée du véritable but du parfum et qu’elle voulait simplement passer du temps, tous les deux ensembles dans une pièce... et boire du thé.
Hisui n’avait personne avec qui il pouvait discuter pour obtenir des conseils. Ainsi, même en se creusant la cervelle, il ne savait toujours pas quoi faire. Finalement, Kirika lui avait envoyé un SMS hier soir, sans que cela soit une réponse à l’un des siens.
« J’ai quelque chose pour quoi je voudrais que vous m’aidiez demain. Venez à l’école à sept heures pile. »
Naturellement, Hisui avait volontiers accepté. Il était donc arrivé tôt à l’école aujourd’hui.
Il aurait pu laisser Rushella continuer à dormir, mais sortir et la laisser chez elle à la maison lui feraient certainement avoir une oreille sourde après coup. Il n’avait donc pas d’autre choix que de la réveiller tôt pour aller ensemble à l’école.
« Ooh ~... Tellement endormie... De plus, je n’ai pas bu assez de sang..., » murmura Rushella.
« Arrête de parler de ça, toi, la personne qui boit dans mon cou sans arrêt dès qu’elle ouvre les yeux, » déclara Hisui.
« Idiot, ce que tu dis n’est pas bon du tout ! Je le savais ! Rien ne vaut le fait de rester allongée sur toi pendant que tu dors, de bien observer ton visage endormi pendant tout ce temps tout en frotter tes joues de temps en temps. Après ça, rien de mieux que de souffler dans ton oreille, et enfin de boire ton sang en te serrant dans les bras ! » Rushella expliqua minutieusement sa routine du matin.
« Que me fais-tu le matin... ? » s’écria Hisui en réalisant ce qu’elle disait.
Habituellement, Hisui se réveillait au moment où il ressentait la douleur des crocs qui s’enfonçaient dans sa peau. Tout ce qui existait avant ça lui était donc inconnu, du moins avant.
En déduisant de ce que Rushella venait de dire, elle s’amusait probablement avec lui à fond avant de finalement le mordre.
« Récemment, je n’arrête pas de rêver de quelque chose de doux appuyant sur mon visage, me frottant, m’étouffant presque. Est-ce à cause de toi ? » demanda Hisui.
« Hmph, est-ce le genre de rêve que tu as fait ? » demanda Rushella. « En parlant de ça, je ressens toujours quelque chose de dur contre mes jambes quand je te serre dans mes bras, est-ce que c’est lié ? » demanda Rushella.
« Désolé, oublie tout ça. Je ne veux pas en parler, » déclara Hisui.
« Pourquoi !? J’ai l’impression que cela grossit au fur et à mesure que je le touche..., » insista Rushella.
« Arrête d’en parler... S’il te plaît, arrête..., » supplias Hisui.
Alors que son visage était encore rouge, Hisui passa silencieusement les portes de l’école.
La cour de l’école était vide. Récemment, les activités du club avaient atteint un creux saisonnier et il n’y avait pas d’étudiants qui s’entraînaient le matin sur le terrain de sport.
Mais Hisui avait vu une silhouette familière et il s’était dirigé vers lui.
« Eh, représentante de classe... ? » demanda Hisui
« Kujou-kun..., » répondit-elle.
Habillée en tenue de gym, Reina était dans un coin de la cour de l’école.
« Que fais-tu ici si tôt ? Se pourrait-il que tu te lèves tôt pour t’entraîner pour la course de relais ? » demanda Hisui.
« Oui... après tout, je suis la dernière étape. Je n’ai pas couru ces derniers temps, donc je dois me remettre en forme le plus vite possible..., » déclara Reina en baissant les yeux sans grande confiance.
Le fait d’être dévoué à l’entraînement était une bonne chose et ce genre de mentalité responsable correspondait tout à fait à sa personnalité — mais, d’une certaine manière, Hisui avait l’impression que quelque chose clochait.
Puisqu’elle n’appartenait pas au club d’athlétisme, pourquoi était-elle si déterminée à participer à la course de relais du festival sportif ?
« Hmm, c’est un esprit merveilleux. Pourquoi n’apprends-tu pas d’elle ? » déclara Rushella en regardant Hisui.
« Épargne-moi ce genre de remarque, » répliqua Hisui. « En vérité, représentante de classe, tu n’as pas besoin de te pousser si fort. Personne ne te blâmera même si nous perdons. Je ne les laisserai pas le faire. »
Les paroles d’Hisui avaient fait rougir Reina.
Mais elle avait continué à regarder vers le sol, comme à l’époque où elle avait décidé d’être la dernière étape de la course.
« Oui, mais après tout, j’ai été choisie... Je n’ai pas vraiment couru sérieusement depuis le collège, donc j’ai au moins besoin d’un entraînement de dernière minute, » répondit Reina.
« Tu as participé normalement au cours d’éducation physique..., » déclara Hisui comme s’il analysait la situation. « Donc ce n’est pas une sorte de malaise physique, n’est-ce pas ? Ça pourrait-il être un traumatisme mental ? »
Après avoir dit à haute voix ses pensées, Hisui s’était rendu compte qu’il s’était mal exprimé, car Reina avait instantanément perdu toute expression et elle s’était mordu la lèvre avec la tête baissée.
Afin de soulager l’atmosphère lourde, Hisui avait changé de sujet. « S’il y a un relais, c’est donc la responsabilité de tout le monde qui y participe. Dans une classe comme la nôtre, peu importe à quel point tu essaies, Représentante de classe, si cette fille rate avant de te passer le témoin, alors tous tes efforts pourraient être gaspillés. »
« Qu’est-ce que tu as dit !? » Alors qu’Hisui pointait du doigt Rushella, Rushella lui avait crié dessus en lui montrant qu’elle n’appréciait pas ces dires.
Mais elle n’avait apparemment pas compris le sens de ses paroles.
« ... Qu’est-ce qu’un témoin ? » Car Rushella avait demandé ça sérieusement.
« Eh, ce genre de question de base ? Qu’est-ce que tu penses que c’est qu’une course de relais ? » demanda Hisui.
« Eh ben, tout le monde court dans l’ordre comme décidé ! » répondit Rushella.
« Oui, ce n’est pas une mauvaise description, mais tu te trompes sur un point, » répliqua Hisui. « Dans une course de relais, tout le monde est lié par le témoin. Tu tiens une petite tige pendant que tu cours, puis tu le passes à la personne suivante, ce qui se répète. Finalement, quand tu passes le témoin à la représentante de classe et qu’elle finit de courir, alors la course se termine. »
« ... En d’autres termes, si je lui passe le parasol à la place du bâton utilisé comme témoin, c’est contre les règles !? » s’exclama Rushella.
« Oui, c’est exact. J’ai l’impression que tu vas vraiment le faire, alors s’il te plaît, fais plus attention. Si tu fais quelque chose comme ça, je ne pourrais pas te couvrir, » en entendant les marmonnements d’Hisui, Rushella jeta frénétiquement son sac d’école au sol.
« Grrrrrrr... Dans ce cas, pour éviter de faire une erreur pendant la course, je dois m’entraîner davantage ! Représentante de classe, aidez-moi ! » déclara Rushella.
« Eh, ah, d’accord... le fait de passer le relais... c’est une partie cruciale de la course, » déclara Reina.
« Très bien, ne traînons pas. Hisui, j’ai quelque chose d’urgent à faire ! » déclara Rushella.
Comme si elle était une personne super occupée, Rushella avait commencé à mettre l’agent bloquant la lumière de Kirika sur son corps.
Puis elle l’avait même vaporisé sur ses cheveux pour améliorer la résistance à la lumière du soleil.
Hisui avait déjà dit à Reina que Rushella avait une constitution fragile qui était vulnérable à la lumière du soleil, donc Reina n’avait pas trouvé son comportement étrange.
Cependant, juste au moment où Rushella était sur le point de se déshabiller et de se changer en vêtements de gym, Reina avait finalement pris la parole pour l’arrêter. « Attendez un peu, Dracula-san... Vos vêtements... ! »
« Hmm ? »
Son haut d’uniforme était déjà complètement déboutonné. Rushella était sur le point de détacher sa ceinture et avait fait une pause en entendant Reina.
La série inattendue de mouvements de déshabillage à grande vitesse s’était déroulée sous les yeux d’Hisui tout au long du processus. C’était à ce moment que Rushella et Hisui avaient croisés leurs regards.
Naturellement, son visage était devenu instantanément rouge.
« C-C-C-C-Crétin, qu’est-ce que tu regardes !? » s’écria Rushella.
« Non, c’est toi qui t’es soudainement déshabillée..., » répliqua Hisui.
Alors que Rushella avait comme d’habitude balancé son poing pour le frapper, sa jupe avait glissé vers le bas.
« Wah, c’est si audacieux ! » s’exclama Hisui.
« Je t’ai dit de ne pas regarder... !! » cria Rushella.
Le deuxième coup de poing avait frappé Hisui au menton, en le plaçant face vers le ciel.
Au moment où il tombait, un morceau de tissu blanc éclatant semblait être entré dans son champ de vision. Sachant qu’un troisième coup de poing serait inévitable s’il parlait, Hisui avait choisi de garder le silence.
Quelques minutes plus tard, Rushella avait fini de se changer au moment où Hisui avait décidé de se lever.
« ... Alors, veux-tu vraiment t’entraîner ? » demanda Hisui.
« Tout à fait, la victoire est entre mes mains ! » répondit Rushella.
« ... Alors, souviens-toi des règles. Alors, représentante de classe... Je la laisse... avec toi ? J’ai encore quelque chose d’autre à faire, » déclara Hisui.
« Euh, d’accord. Alors tout d’abord... Commençons par l’échauffement ? » déclara Reina.
« D’accord, allons-y ! » Puis, repoussant Hisui au fond de son esprit, Rushella s’était concentrée sur l’entraînement matinal.
Malgré un certain malaise dans son esprit, Hisui était quand même parti après quelques hésitations.
Auparavant, Rushella avait insisté pour s’absenter de tous les cours d’éducation physique en plein air, mais maintenant, avec l’aide de Kirika, elle pourrait peut-être à partir de maintenant y participer.
Dans tous les cas, avec Reina qui la surveillait, cela devrait aller.
Hisui ne pouvait s’empêcher de sourire en se dirigeant vers le point de rendez-vous de Kirika.
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Partie 2
Le point de rendez-vous était dans un coin de l’école... La salle de stockage de l’équipement de gym.
Il s’agissait d’un bâtiment séparé de la zone des salles de classe. En dehors du cours d’éducation physique, Hisui n’y était presque jamais allé.
« Enfin ici, » avec les bras croisés, Kirika attendait à l’entrée de la réserve.
Bien qu’Hisui soit un peu en retard, il était encore beaucoup plus tôt que lorsqu’il venait habituellement à l’école.
« Où est Rushella-san ? Pourquoi êtes-vous seul ? » demanda Kirika.
« Elle s’entraîne pour la course de relais. Il y a une fille capable de s’occuper d’elle, donc ça devrait aller, » répondit Hisui.
« Je vois... Très bien, » déclara-t-elle.
« Alors, pourquoi avez-vous besoin de moi, Senpai ? » demanda Hisui.
« J’ai besoin de votre aide pour contrôler l’équipement du festival, » répondit-elle. « Il faut compter les tentes, les haies et autres. Ceux-ci seront mis en place au cours de la première période de la journée, et ils doivent donc être vérifiés dès que possible. »
« Euh... Mais n’aurait-il pas été préférable de les vérifier deux jours à l’avance ? » demanda Hisui.
« ... Il y avait d’autres choses à faire. En raison du choc que j’ai subi récemment, je n’arrivais pas à me concentrer au travail, » en disant cela, Kirika le dévisageait. Hisui ne pouvait que détourner son regard.
Le fait de poursuivre le sujet serait uniquement une source d’ennuis.
« Alors, entrons..., » déclara Hisui.
Ce à quoi Kirika répondit. « Ah, ça devrait être verrouillé... »
Kirika avait pris le jeu de clés qu’elle avait empruntées à la salle du personnel, mais cela s’était avéré inutile. Il semblait que la porte n’était pas verrouillée.
« Eh, c’est ouvert ? » déclara Hisui.
« Comme c’est étrange..., » murmura Kirika en le constatant.
« Alors, je vais y aller en premier, » déclara Hisui.
Insouciant, Hisui entra d’abord dans la réserve.
Comme prévu, elle était remplie d’une odeur de moisi. De plus, il faisait sombre et il était difficile de voir la situation dans la pièce.
« Je ne pense pas qu’il y ait de lumière ici..., » déclara Hisui.
« Oui. Connaissez-vous le plan sommaire ? » demanda Kirika.
« Oui, mais ce serait mal si on était enfermés ici, » répondit Hisui.
« ... Ne vous faites pas d’idées bizarres, d’accord ? » Kirika s’approcha de lui et elle déclara ça avec méfiance.
Avait-elle mal compris quelque chose le concernant ?
De toute évidence, c’est lui qui devait faire attention aux autres.
Et si elle allume une odeur bizarre et le pousse sur le sol ?
« Non, pas moi... ce n’est pas comme si j’étais Sudou, » déclara Hisui.
« Pour moi... dans ce genre d’endroit... je serais encore réticente... et dans hôtel, cela me semble si immoral... cela me ferait émettre des critiques au sujet de mon éducation... A-Après cela, ma propre chambre, cela ne me semble pas être trop... En fin de compte, je pense que la chambre de Kujou-kun serait le meilleur endroit, enfin, je suppose... ? »
Hisui semblait être vraiment incompris. Ses pensées étaient toutes confinées dans une certaine direction.
En s’aventurant plus profondément dans la réserve, Hisui avait décidé d’ignorer la fille qui jouait avec ses doigts, immergée dans ses délires.
L’équipement, comme les tentes, devrait être là, pensa-t-il.
« Euh, est-ce ça ? » déclara-t-il.
Dans un coin de la réserve, les cadres métalliques pour les montants des tentes s’appuyaient contre le mur.
Un autre élément important, le tissu que l’on pourrait appeler la tente elle-même, avait été plié et conservé sur une étagère à côté d’eux.
« Déplaçons-les dehors avant de les compter méticuleusement ? » demanda-t-il.
« Oui, puisqu’ils seront bientôt mis en place, nous devrions d’abord les déplacer, » Kirika avait accepté.
Hisui avait donc ramassé un gros rouleau de tissu.
Bien qu’il n’était pas aussi lourd que le cadre de la tente, le tissu à toile lourde n’était pas facile à porter dans ses bras.
Tenant le tissu dans ses bras, Hisui avait quitté la pièce et l’avait jetée à l’extérieur de la réserve.
« ... Hmm ? » Ce n’est qu’à ce moment-là que Hisui l’avait remarqué.
Elle avait été endommagée. La toile robuste n’était pas censée se déchirer dans des conditions normales, mais à l’heure actuelle, tout était déchiré.
« Qu’est-ce qui s’est passé... ? Est-ce une farce !? » déclara-t-il.
Hisui étendit la toile afin d’inspecter les dégâts.
Derrière lui, toujours dans la réserve, Kirika avait crié. « ... Qui est là !? »
Sentant le danger, Hisui était retourné à la réserve pour regarder ce qui se passait.
Auparavant, quand il était entré dans la pièce, il n’avait senti personne... Kirika s’était-elle trompée ?
À l’intérieur de la vaste et sombre pièce, si quelqu’un se cachait volontairement, il serait difficile de le trouver.
Avant que Kirika ne déverrouille la porte, quelqu’un avait à tous les coups été dedans.
Hisui ne pouvait pas laisser Kirika s’occuper seule de ce genre de choses, alors il était allé à l’intérieur de la sombre pièce.
En même temps, quelqu’un avait crié. « Kyah ! » d’une voix étouffée.
C’était Kirika.
Une personne était entrée en collision avec elle et l’avait fait tomber.
« Qu’est-ce que vous faites ici !? » demanda Hisui alors qu’il se précipita vers elle avant d’attraper Kirika qui était en train de tomber.
« Attendez ! » cria Hisui.
Tout en stabilisant Kirika, Hisui avait tendu la main pour attraper l’intrus dans la réserve. Ce qu’il avait touché était un bras encore plus mince et délicat que le sien.
C’était évidemment une fille, et elle portait l’uniforme de l’école. Le bras saisi par Hisui tenait également un cutter, avec un morceau de tissu encore coincé sur la lame. Il était clair que le vandale de la tente était elle.
« Hé... ! » cria Hisui.
Juste au moment où Hisui était sur le point de l’interroger, la personne avait regardé vers lui.
Hisui avait été instantanément stupéfait. L’uniforme de la jeune fille n’était pas un déguisement, et c’était parfaitement naturel qu’elle l’ait.
Après tout, elle était étudiante dans cette école et c’était quelqu’un qu’il avait reconnu.
La personne qu’il avait attrapée était Reina.
« ... Pourquoi !? » demanda Hisui.
Face à sa question, elle était restée sans expression — non, un léger sourire était apparu dans le coin de ses lèvres.
Contrairement au sourire doux et émouvant qu’elle affichait habituellement dans la salle de classe, il s’agissait d’une expression révélant une malveillance cachée.
Ce développement inattendu avait ainsi figé Hisui sur place. Profitant de cette chance, Reina avait secoué le bras d’Hisui avant de s’enfuir.
« Attendez..., » déclara Hisui à Kirika.
Kirika allait la poursuivre, mais en y repensant, sachant qui était déjà le coupable, il n’était probablement pas nécessaire de poursuivre sans relâche.
« Ah, Senpai est..., » commença Hisui.
« Je vais bien..., » répondit Kirika sans même lui laisser le temps de finir sa question.
Kirika était devenue rapidement timide d’être dans ses bras, alors elle se retira des bras d’Hisui. Elle avait l’air bien.
« Que se passe-t-il avec cette étudiante... ? » demanda Kirika.
« Avez-vous vu son visage ? » demanda Hisui.
« Je l’ai fait... Je la vois régulièrement au comité des classes. Elle est la représentante de votre classe, n’est-ce pas ? Pourquoi se cachait-elle dans la réserve et pourquoi a-t-elle même coupé la tente ? » demanda Kirika.
« Ceci..., » Hisui aurait voulu pouvoir le nier.
Elle n’était pas quelqu’un qui aurait fait de telles choses. Il n’y avait pas non plus de mobile.
Mais il ne pouvait pas nier.
Après tout, il y avait deux témoins oculaires. Les faits étaient indéniables.
« Franchement... à quoi pense-t-elle ? Quoi qu’il en soit, je devrais d’abord faire un rapport aux enseignants..., » déclara Kirika.
« Ah, attendez un peu..., » demanda Hisui.
Hisui était sur le point de dissuader Kirika quand une voix familière les avait interrompus. « Qu’est-ce que vous faites tous les deux si près l’un de l’autre ? »
La nouvelle arrivante se tenait debout, une main sur la taille, tandis que l’autre main les désignait. Il s’agissait bien entendu de Rushella.
Après avoir terminé son entraînement du matin, des gouttes de sueur scintillaient encore sur sa peau. Cette couche supplémentaire de couleur saine avait été ajoutée et cela lui donnait un charme différent de la normale.
« Dans ce lieu désert, si prêt l’un de l’autre... Qu’est-ce que vous faites ? » demanda Rushella.
« R-Rien..., » normalement, Kirika se serait défendue âprement, mais à l’heure actuelle, sa voix était presque inaudible.
Non seulement cela, mais elle regardait vers le bas, bougeant ses doigts, et jetant des regards furtifs sur Hisui pour lui demander de l’aide.
« Hmph, cette Mei à part, c’est avec toutes les filles face à qui je ne peux pas me permettre d’être négligente. Hisui, acceptes-tu que n’importe quelle fille se jette sur toi !? » demanda Rushella.
« Un garçon de mon âge accueillera toujours les filles, OK... Enfin, bref, j’ai quelque chose à te demander..., » Hisui avait affiché une expression sérieuse pour poser une question sur un sujet importante.
Mais la réponse n’avait pas tardé à apparaître d’elle-même.
« Qu’y a-t-il, Dracula-san ? Eh, Kujou-kun est là aussi... Tu as dit tout à l’heure que tu avais quelque chose à faire, voulais-tu parler de faire des préparatifs ici ? » Reina inclina sa tête d’une manière adorable alors qu’elle le demandait.
En raison de l’effort physique, elle était également couverte de sueur, utilisant une serviette accrochée à son cou pour s’essuyer le front.
« Représentante de classe..., » murmura Hisui.
« Vous êtes venue au bon moment ! » Avant que Hisui ne puisse parler, Kirika s’était déjà précipitée pour interroger Reina. « Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi avez-vous fait ça ? »
Elle avait montré du doigt les restes déchiquetés de la tente.
Cependant, Reina semblait perplexe.
« Excusez-moi, Senpai, qu’est-ce que j’ai fait... ? » demanda Reina.
« C’est vrai, de quoi l’accusez-vous !? » demanda Rushella.
Rushella s’avança afin de protéger Reina. Kirika avait fait claquer sa langue et avait continué à poser sa question avec une autorité vertueuse.
« Silence, vous ! Donnez-moi d’abord vos raisons ! Si la situation s’avère grave, elle doit être traitée avec rigueur..., » déclara Kirika.
« Attendez un peu, Senpai, » Hisui s’était avancé et avait tiré la main de Kirika.
« Quoi !? N’avez-vous pas aussi vu le visage du coupable !? » s’écria Hisui.
« Oui, j’ai vu. À ce propos, Rushella, comment s’est passé l’entraînement avec elle ? » soudain, il demanda ça à Rushella qui ne savait pas comment répondre.
Mais elle avait rapidement gonflé sa poitrine voluptueuse et avait répondu avec fierté. « Très bien. Le passage de témoin était parfait ! Tu devrais déjà te réjouir de ma magnifique performance que je ferais lors du véritable événement ! »
« C’est merveilleux. Alors, la représentant de classe t’as entraîné pendant tout ce temps, n’est-ce pas ? » demanda Hisui.
« Comme c’est grossier, je l’accompagnais, d’accord ? » Rushella restait toujours aussi arrogante.
Hisui hocha la tête comme s’il avait trouvé quelque chose.
« Hé... Qu’est-ce que vous lui demandez ? Ne devrions-nous pas éclaircir cette question avec elle d’abord... ? » commença Kirika.
« Senpai, n’avez-vous pas aussi vu la coupable ? La coupable habillée en uniforme tout à l’heure..., » commença Hisui.
« Bien sûr... Eh, ah... ! » Ce n’était que maintenant que Kirika avait examiné minutieusement Reina de la tête aux pieds.
Reina devant ses yeux... portait des vêtements de gym.
Peu importe son apparence, elle portait ses vêtements et faisait de l’exercice depuis un bon moment.
Plus important encore, Rushella avait servi de témoin oculaire quant à ce qu’elle faisait à ce moment-là.
Après mûre réflexion, il était clair qu’elle s’entraînait le matin sur la piste au loin. Venir ici pour se cacher dans la réserve devant eux était tout à fait impossible.
« ... Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Kirika.
« J’aimerais aussi le savoir, » répondit Hisui.
Hisui et Kirika se regardaient l’un et l’autre.
Rushella et Reina les regardaient en étant perplexes.
« ... Pourquoi ces deux-là parlent-ils bizarrement tout ce temps ? » demanda Rushella.
« Aucune idée..., » répondit Reina.
Les quatre étudiants semblaient tous confus, mais pour des raisons différentes.
Et même quand les cours avaient commencé, ils n’avaient pas encore résolu le mystère.
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Partie 3
« ... Par conséquent, mon Club de Recherches Occultes sera responsable d’élucider ce mystère ! » après l’école, dans une certaine salle de classe vide qui leur servait de base d’opérations, la « présidente du club » Rushella annonçait ça en se tenant au pupitre.
Cependant, les autres « membres » ne partageaient pas son enthousiasme et s’occupaient de leurs propres pensées.
« Non, en parlant de ça, cela ne nous concerne-t-il pas du tout ? De toute façon, il y a des tentes de secours, alors ce n’est pas comme si cela affecterait le festival sportif, n’est-ce pas ? » Mei était complètement démotivée.
Elle avait déjà entendu par l’intermédiaire d’Hisui ce qui s’était passé pendant l’entraînement matinal.
Comme Kirika avait fait rapport aux enseignants, leur enseignant l’avait également mentionné au cours de leur classe.
« Ce n’est pas le problème ! Ma camarade de classe est suspectée, d’accord ? » déclara Rushella.
« Il est vrai que... Mais elle a un alibi, n’est-ce pas ? » demanda Mei.
« ... Oui, » assis sur le côté droit, Hisui hocha la tête.
Quant au fait qu’ils pensaient avoir vu Reina, Hisui et Kirika avaient caché ce détail à l’école.
Puisqu’ils l’avaient tous les deux vue, ce n’était certainement pas une illusion. Mais Reina avait aussi une preuve absolument inébranlable de son côté.
« D’ailleurs, quel est le mobile de la représentante de classe ? Une étudiante modèle qui se consacre à l’entraînement du matin, pourquoi ferait-elle quelque chose qui ruinerait ses efforts quotidiens en un instant ? » Mei avait demandé cela à Hisui, mais Hisui n’avait pas acquiescé.
La fille travailleuse et persévérante n’aurait pas pu faire cela. Il le savait très bien.
Mais il s’inquiétait de la morosité présente sur son visage lorsqu’elle avait été choisie comme dernière étape de la course de relais.
« Quoi qu’il en soit, si on ne s’en mêle pas, ce festival sportif risque d’être suspendu ! Pour que le monde entier soit témoin de ma magnifique prestation lors de la course à pied, le coupable doit être appréhendé ! » déclara Rushella.
« Une telle douleur. En plus, n’est-ce pas juste une farce ? Tant qu’il y aura assez de tentes, le festival sportif ne sera pas suspendu..., » répondit Hisui.
« Pas nécessairement. Ce matin, ceci a été reçu dans la boîte aux lettres de l’école, » assise à la gauche d’Hisui, Kirika s’était mise à parler d’un ton lugubre.
Elle s’était levée et avait levé une feuille de papier A4 pour le montrer à tout le monde.
Il s’agissait d’un avertissement concis qui avait écrit avec une couleur rouge sang.
*
« Arrêtez le festival de sport maintenant, sinon, l’école sera endommagée. »
*
Remplissant presque toute la page, les mots exerçaient une forte pression, semant la terreur chez le lecteur.
Bien que n’importe qui aurait pu écrire ce genre de lettre de menace, en raison de son contenu, l’expression de Kirika était très grave.
« Si tout ce qui s’était produit n’était que cette feuille de papier, l’école l’aurait traité comme une farce, mais combiné avec l’affaire de la tente... Par mesure de sécurité, l’école a également contacté la police. Actuellement, l’école augmentera la sécurité pour s’assurer que le festival sportif se déroule comme prévu, mais si quelque chose d’autre arrive, il pourrait très bien être suspendu, » déclara Kirika.
« Grrrrrrr ! Inacceptable ! Il faut attraper le coupable et lui donner une leçon ! » déclara Rushella.
« Cela sera probablement très bientôt le cas, » une voix inattendue avait attiré l’attention de tous sur un coin de la classe.
L’oratrice était Eruru, qui avait tapé sur le clavier de son ordinateur, se distançant toujours du bruit produit par les autres membres du club.
« Cette lettre de menace est l’original, n’est-ce pas ? Et aussi, les mots qui sont écrits, au lieu imprimé dessus, ont été écrits à la main, alors il s’agit probablement de l’écriture du coupable, » déclara Eruru.
« Oui, je l’ai emprunté à la salle des professeurs, » déclara Kirika.
« Puis-je l’emprunter pour jeter un coup d’œil ? » demanda Eruru.
Kirika hocha la tête et donna la lettre de menace à Eruru.
Eruru avait comparé le papier et son écran, tapotant rapidement sur son clavier.
« Qu’est-ce que vous faites ? » demanda Hisui.
Intéressé, Hisui avait regardé l’écran depuis derrière elle. Rushella et les filles avaient également suivi. Tout le monde s’était ainsi rassemblé autour d’Eruru.
« Je procède à un simple examen de l’écriture manuscrite. En comparant les échantillons d’écriture manuscrite recueillis auprès de différentes personnes avec l’écriture sur cette lettre de menace, des indices peuvent être recueillis jusqu’à un certain point. Bien que cela ne suffise pas pour servir de preuve, car ce type de résultat précis nécessiterait un professionnel, cette méthode pourrait quand même nous guider dans une certaine mesure, » expliqua Eruru.
« S’il vous plaît, arrêtez de jouer à la policière. À qui est l’écriture que vous comparez ? Ce n’est pas comme si vous aviez l’écriture de tous les suspects possibles de l’école, n’est-ce pas ? Ou peut-être que vous avez déjà une intuition ? » demanda Hisui.
« Je ne suis pas celle qui a découvert l’indice. C’était vous et Uno-senpai, » répondit Hisui.
Hisui et Kirika avaient été stupéfaits.
Au même moment, les mains d’Eruru s’étaient également arrêtées.
« La comparaison correspond. Même pour les yeux d’amateur, elle est indubitable. C’est donc elle la personne qui a écrit cette lettre de menace, » Eruru avait montré du doigt l’écran pendant qu’elle parlait.
Au milieu de l’écran, il y avait des mots agrandis.
L’image provenait d’un échantillon d’écriture manuscrite de quelqu’un et ressemblait beaucoup à l’écriture cursive de la lettre de menace.
« Bien que le style de texte soit différent, si la même personne l’a écrit, il y aura encore beaucoup de similitudes. L’échantillon que j’ai prélevé provient d’une écriture normale de cette personne. Si vous écrivez malicieusement en cursive... Ça devrait ressembler au style de cette lettre de menace, » déclara Eruru.
« Arrêtez de garder pour vous la réponse. Ce qui s’affiche sur l’ordinateur est..., » commença Hisui.
« L’écriture de Sera-san, » répondit Eruru. « Je l’ai récupéré à partir des notes qu’elle a prises pendant les cours du matin. Il est pratiquement certain que cette lettre de menace ait été écrite de sa main. »
Un silence s’ensuivit.
Le visage d’Hisui et Kirika était raide tandis que Mei semblait incrédule. Flottant sur le côté sans aucun souci, Touko avait continué à afficher une expression pure et innocente, mais adorablement vide.
Seule Rushella avait fermement nié les résultats de l’analyse. « J’ai déjà dit que ça ne peut pas être la représentante de classe ! Vous devez vous tromper ! En plus, elle s’entraînait avec moi toute la matinée !? »
« Je n’ai pas dit que la coupable était le Sera-san qui s’entraînait avec vous, c’était vous, » répondit Eruru.
« Ha !? De quoi parlez-vous ? » demanda Rushella.
Eruru ne se préoccupait pas de l’indignation dominatrice de Rushella et se tourna vers Hisui derrière elle.
« Puisque vous l’avez vous-même vue, vous devez avoir des idées, n’est-ce pas ? Ou bien avez-vous reconnu la mauvaise personne à l’époque, ou quelqu’un est passé par un déguisement élaboré ? » demanda Eruru.
« ... Probablement pas. Senpai et moi avons vu la représentante de classe. Et de même, celle qui s’est entraînée avec Rushella était elle-même la représentante de classe, » déclara Hisui.
« Incompréhensible ! De quelles bêtises parlez-vous ? » demanda Rushella.
« Attendez, Kujou-kun, est-ce que ce que nous avons vu pourrait être... ! » s’exclama Kirika, surprise.
Hisui hocha la tête et donna la réponse. « Un Doppelgänger, j’en suis presque sûr. »
Ce fameux cryptide — non, si un terme était plus approprié, alors ce serait le mot « phénomène ». Toutes les personnes présentes en avaient déjà entendu parler.
Un sosie était un autre être qui était complètement identique en apparence à la personne originale.
La même personne apparaissant à des endroits différents au même moment.
L’alibi fourni par Rushella, le récit du témoin oculaire de Hisui et Kirika, l’écriture de la lettre de menace, la personnalité de Reina — Ce phénomène était la seule explication qui pouvait résoudre tous les éléments contradictoires de l’incident.
« Il y a plusieurs théories sur la relation entre les doubles et l’original. Normalement, ils ne sont pas en bons termes avec leurs originaux. On n’a pas d’information sur la mort s’il y a une rencontre mutuelle, mais on sait que l’une des personnes représente le bien et l’autre le mal –, dans tous les cas, le fait d’avoir deux êtres identiques est vraiment une chose gênante, » Eruru avait fermé son ordinateur et avait haussé les épaules.
Il semblait que l’affaire en cours exigeait sa participation à l’enquête.
« Je comprends mieux maintenant. En d’autres termes, le sosie a endommagé la tente et a envoyé la lettre de menace à l’école tandis que l’autre est la représentante de classe elle-même ! » déclara Rushella.
« Bien que l’on ne sache pas encore clairement qui peut être considéré comme la personne réelle... Oui, vous avez raison, » répondit Eruru.
« Pourquoi ? Pourquoi le double ferait-il de mauvaises choses ? » demanda Rushella.
« Alors vous devriez vous-même vous le demander. Malgré des apparences identiques, leurs esprits sont deux personnes distinctes. Alors, Kariya, et maintenant ? Que pouvons-nous faire ? » demanda Hisui pour obtenir une solution concrète.
Mais Eruru secoua froidement la tête.
« Même la Section des Enquêtes Surnaturelles n’a pas de politique unifiée à l’égard des doubles. À cet égard, ils sont encore plus difficiles à traiter que les vampires. De plus, il y a encore de nombreux mystères liés à l’apparition des doubles et aux détails précis des phénomènes. Les théories transmises depuis l’antiquité ont aussi de nombreuses variations. Le terme “doppelganger” n’est qu’un mot générique pour une variété de phénomènes similaires impliquant “un autre soi”. Par conséquent, les cas doivent être abordés individuellement et traités avec pragmatisme, » déclara Eruru.
« Dans ce cas, alors que devrions-nous faire ? Tout ce qu’on peut faire, c’est attendre que le sosie de la représentante de classe fasse de mauvaises choses ? » Mei grogna et exprima son opinion.
Comme personne ne pouvait lui répondre, un rire de moquerie avait été entendu de la porte arrière de la salle de classe.
†††
Partie 4
« Mon Dieu, les amateurs n’ont-ils pas d’autre choix que d’abandonner ? »
Tout le monde avait regardé la voix qui venait de parler.
Il s’agissait de Rangetsu.
Appuyée contre la porte coulissante, les bras croisés, elle s’était moquée d’eux.
« J’ai tout entendu. En fin de compte, c’est tout ce dont un club merdique comme le vôtre est capable de faire. Le Club des enquêtes surnaturelles... Est-ce bien le nom ? Je comprends parfaitement votre désir de nous copier, mais ne savez-vous pas que c’est très gênant si vous vous précipitez sans aucune idée de ce que vous faites ? » les paroles de Rangetsu ne masquaient nullement son hostilité.
Les membres du club avaient tout simplement tous décidé de l’ignorer.
« Hmm, bien qu’il s’agisse d’un ennemi gênant, nous ne pouvons pas rester les bras croisés et l’ignorer. Quoi qu’il en soit, séparons-nous et attrapons-la dès que possible ! » déclara Rushella.
En entendant Rushella donner des ordres, les autres membres hochèrent la tête et acceptèrent immédiatement de se mettre au travail.
« C’est tout à fait exact. Et peut-être que nous pourrions trouver quelque chose d’utile lors de notre fouille, » déclara Hisui.
« Ça ne me dérange pas du tout de faire ça tant que je peux faire équipe avec Hi-kun, d’accord ? » demanda Mei.
« ... Je suis d’accord. De plus, je ne souhaite pas que le festival sportif soit suspendu. En tant que vice-présidente du Conseil des Étudiants, cela fait également partie de mes devoirs, » déclara Kirika.
« Dans tous les cas, je vais vérifier la base de données de la Section des Enquêtes Surnaturelles pour trouver d’anciennes affaires, » déclara Eruru.
« Laissez-moi aussi vous aider ~, » demanda Touko.
Alors que Touko avait levé la main pour leur indiquer qu’elle allait les aider, Rangetsu explosa de rage.
Elle s’était alors précipitée avec violence à l’intérieur de la pièce avant de rugir. « Hé ! Ne vous contentez pas d’ignorer les autres avec tant d’aisance ! Est-ce que quelqu’un a entendu ce que j’ai dit ? » cria Rangetsu.
Les cinq étudiants et un fantôme s’étaient éloignés d’une Rangetsu qui les fusillait du regard, se plaçant en cercle pour discuter de la façon de réagir.
« Hé, cette fille-louve s’immisce encore une fois... Elle a dit qu’elle avait écouté notre discussion, mais je n’ai pas senti sa présence. Elle ressemble encore plus à un fantôme que ne l’est Touko-san, » déclara Rushella.
« La police n’a-t-elle pas du travail à faire... ? », demanda Hisui.
« Pour le bien de la réputation de la police, je dois préciser qu’elle est une exception. S’il vous plaît, ne soyez pas partial au sujet de tous les autres flics qui travaillent sérieusement dans le pays, » déclara Eruru.
« ... D’ailleurs, les étrangers n’ont-ils pas l’interdiction d’entrer à l’école par principe ? N’est-ce pas une intrusion illégale ? » demanda Hisui.
« Devrions-nous appeler la police... ? Touko-san, sans qu’elle s’en aperçoive, pourriez-vous utiliser la télékinésie pour composer un numéro ? » demanda Kirika.
« Oui, je vais essayer ! » déclara Touko.
En écoutant les instructions de Kirika, Touko avait concentré son esprit pour libérer ses pouvoirs paranormaux. À ce moment, Rangetsu avait fait irruption au milieu de leur cercle.
« Qu’est-ce que vous avez tous ? Et aussi, je suis là. LA POLICE ! Regardez, voilà mon badge de police ! » cria Rangetsu.
« Soupir, qu’est-ce que c’est que ce bordel... ? Kariya, pouvez-vous lui demander de sortir, n’est-ce pas votre collègue ? » demanda Hisui.
« Ne me comparez pas à elle. En plus, Oogami-san, pourquoi êtes-vous ici ? » demanda Eruru.
Eruru lui demanda avec un mécontentement évident.
« L’école n’a-t-elle pas appelé la police à propos de la lettre de menace ? Après tout, avec tant de créatures surnaturelles dans cette école, je suis venue juste au cas où. De plus, j’ai quelque chose à vous signaler à tous, » répondit Rangetsu, tout aussi mécontente.
« À nous signaler... ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Eruru.
Rangetsu avait ignoré la question d’Eruru et avait pris la lettre de menace sur son bureau.
Elle l’avait remontée sur son visage et l’avait reniflée, puis avait affiché une expression de certitude.
« Je le savais, » s’écria-t-elle.
« Avez-vous reniflé quelque chose ? » demanda Hisui.
« Votre formulation m’énerve. Quoi qu’il en soit, avec ça, j’en suis certaine. La véritable identité du sosie dont vous avez parlé, dois-je la révéler ? » demanda Rangetsu.
« Est-ce lié aux objets confisqués qui ont disparu, ce que vous avez mentionné la dernière fois ? » demanda Hisui.
Hisui avait compris ce qu’elle allait dire et s’était exprimé devant elle.
Bien qu’il ne s’agissait que d’une intuition à demi teinte, Rangetsu avait été clairement ébranlé en réponse. Le coup de couteau d’Hisui dans le noir était apparemment en plein dans la cible.
« C-Comment le saviez-vous... ? » demanda Rangetsu.
« Oh, vous êtes venue exprès pour parler de ça, alors je me demandais si cette fois aussi c’était lié, » répondit Hisui.
« Qu’avez-vous pu découvrir par la guilde magique d’où vient cette substance ? » Apparemment, saisissant vaguement la situation, Eruru demanda calmement.
Tout le monde avait fait un regard qui semblait dire : « Arrêtez de prendre la pose et dites-le-nous vraiment. »
Alors qu’elle était regardée fixement par six paires d’yeux, Rangetsu avoua à contrecœur. « ... Comme vous l’aviez deviné. Cette drogue confisquée a pour effet de produire artificiellement le phénomène du double. Sans avoir besoin de quelqu’un pour le boire, tout ce qu’il faut, c’est renifler l’essence pour faire effet. Le fait d’être trop volatile et s’évaporer trop facilement est son inconvénient. »
« Attendez ! Avez-vous dit que ça produit artificiellement le phénomène du double... ? » demanda Hisui.
« Oui. Cela dit, il y a toutes sortes d’explications étranges pour le phénomène du double en lui-même. Par exemple, les clones, la séparation du corps et de l’esprit, d’autres personnes de différentes époques, les illusions causées par des lésions cérébrales. En fin de compte, ce sosie n’est que leur théorie, » répondit Rangetsu.
« Je n’ai pas besoin que vous lisiez un manuel, OK... Après avoir respiré cette drogue manquante, qu’arrive-t-il à une personne ? » demanda Hisui.
« Une partie de l’âme de la personne quitte le corps, produisant le sosie. Un sosie est composé d’une substance spirituelle appelée ectoplasme, qui présente des traits à la fois fantomatiques et humains. Dans une certaine mesure, il peut interférer avec des objets solides, mais disparaître soudainement comme un fantôme à l’occasion... Un sosie typique, » déclara Rangetsu.
« Ce modèle typique est vraiment gênant. Alors quelle est la personnalité du sosie produit ? » demanda Hisui.
« Normalement, tout le monde refrène une personnalité négative sous la surface — en d’autres termes, tout le monde possède un côté laid de lui. Cette personnalité est matérialisée et séparée du corps principal, » répondit Rangetsu.
« Est-ce que ça veut dire que plus quelqu’un se comporte bien, plus le double est méchant ? » demanda Hisui.
Avec cela, les actions du sosie de Reina pouvaient être facilement comprises.
Comme prévu... elle ne voulait vraiment pas être la dernière étape du relais.
Mais comme elle avait bon cœur et qu’elle respectait strictement les règles, Reina l’avait caché dans les profondeurs de son cœur.
Puis son autre moi, celui qui s’était séparé d’elle, avait agi conformément à son véritable désir.
« ... Combien de temps dure ce produit ? » demanda Hisui.
« Il n’y a pas de limite de temps particulière. Mais le corps principal va progressivement s’affaiblir et mourir. La limite est d’environ une semaine. Une fois le corps principal disparu, le sosie disparaîtra aussi après coup. Si vous ne voulez pas d’une morte, le sosie doit être trouvé le plus tôt possible afin qu’ils puissent être fusionnés de nouveau en un seul. Mais le problème est que le clone ne se comportera pas avec obéissance, alors qui sait quels autres problèmes pourraient survenir ? » déclara Rangetsu.
« ... »
Hisui fronça profondément les sourcils et leva les yeux vers le ciel.
Même si ce n’était pas au point de faire le mal absolu... Les actions du sosie de Reina n’étaient déjà qu’à une mince ligne de démarcation avec des activités criminelles. Même si la Section des Enquêtes Surnaturelles comprenait déjà la vérité, si les crimes étaient découverts, le corps principal — Reina elle-même — serait très probablement puni.
En outre...
« L’objet perdu n’a toujours pas été retrouvé, n’est-ce pas ? » demanda Hisui.
« Nous consacrons encore tous nos efforts à la recherche. Bien que la quantité de la drogue soit petite, il y en a probablement encore assez pour créer un certain nombre de doubles. Pour prévenir d’autres crimes, nous ferons de notre mieux pour enquêter... À l’heure actuelle, le problème non résolu est l’incident de l’école. Donc, comme je l’ai dit, vous ne devriez pas vous en mêler, » déclara Rangetsu.
« Ce n’est pas mal... Mais les effectifs de votre équipe sont limités, non ? On est toujours prêts à aider, » déclara Hisui.
« C’est vrai ! Laissez le Club d’Enquêtes surnaturelles vous assister sous mon commandement ! » Rushella avança avec résolution.
Mais Rangetsu s’était moqué d’elle. « Je ne suis pas tombée assez bas pour demander l’aide d’une vampire. Finissons-en avec ces jeux d’amateurs. Pourquoi ne vous dépêchez-vous pas de rentrer chez vous et de vous allonger dans votre cercueil ? »
« Qu’est-ce que vous avez dit !? » s’écria Rushella.
En se lançant des insultes, Rushella et Rangetsu avaient commencé une dispute.
Hisui était intervenu frénétiquement pour empêcher qu’une bataille n’éclate ici.
« Qu’est-ce que tu fais !? Laisse-moi personnellement censurer cette salope ignorante... ! » s’écria Rushella.
« Arrête-toi maintenant. Aucun de nous n’est encore adulte, bien que je ne sache pas quel âge tu as vraiment, » déclara Hisui.
« Pourquoi parles-tu aussi comme ça !? Je m’occuperai de mes propres affaires scolaires... ! » s’exclama Rushella.
« Cela dit... Je crois que si vous essayez de fouiller à l’intérieur de l’école, ne serait-il pas plus pratique pour les élèves de le faire ? » demanda Hisui.
Hisui regarda froidement Rangetsu.
« Qu-Quoi ? B-Bien que je ne sois pas familière avec l’intérieur de l’école..., » répondit Rangetsu.
Hisui avait délibérément ignoré l’ouverture montrée par Rangetsu et avait fait secrètement un clin d’œil aux autres membres du club.
Mei fut la première à remarquer le regard d’Hisui.
« C’est tellement vrai ~ il faudrait beaucoup de travail pour que la police essaie de s’immiscer à l’école. Si j’étais détective, je recruterais d’abord des collaborateurs de l’intérieur, » déclara Mei.
« Je suis d’accord. Une école est essentiellement une société scellée et miniature. J’ai spécifiquement pris l’apparence d’une étudiante pour travailler plus efficacement dans cet endroit... Il est vraiment regrettable que quelqu’un d’autre de la Section des Enquêtes Surnaturelles ne comprenne pas ce principe. Eh bien, chacun à ses méthodes, même s’il m’est difficile d’être d’accord avec ça, » déclara Eruru.
Eruru haussa les épaules comme si elle s’inquiétait pour sa collègue.
« Euh, je n’ai pas dit... que je ne cherche pas de l’aide..., » Rangetsu avait commencé à faire des compromis d’une voix calme.
Naturellement, tout le monde l’avait entendue, mais personne n’avait répondu.
« Logiquement, du point de vue du Conseil des Étudiants, j’aimerais aider encore plus que le Club de Recherche Surnaturel... Mais on ne peut rien y faire. Après tout, je suis la représentante des élèves, aider à résoudre les problèmes scolaires est tout naturel. Même demander l’aide de la police ne serait pas étrange... Puisqu’ils nous trouvent un obstacle, on ne peut rien y faire, » répondit Kirika.
Kirika avait exprimé sa position pour respecter les intentions de Rangetsu.
Entendant son discours impeccable, le visage de Rangetsu commença à transpirer alors qu’elle était mal à l’aise.
« Non, euh... Ce n’est pas comme si... il y avait beaucoup d’obstacles... Ah, n’y a-t-il pas quelque chose qu’on appelle la responsabilité civique, n’est-ce pas... ? » déclara Rangetsu.
« Je suis un fantôme, donc je peux enquêter dans différents endroits sans me soucier du danger. Mais comme je suis un obstacle, oubliez ça. À l’origine, un fantôme pouvait être si utile..., » Touko parla avec franchise.
En effet, elle n’avait pas peur des tâches dangereuses.
Parce qu’elle était déjà morte.
« ... Non, euh... Si vous voulez tous autant m’aider... C’est aussi d’accord ? Traitez-le comme une expérience pratique ? Ce que je veux dire, c’est qu’on pourrait essayer, non ? C’est vrai, tout est une question d’expérience..., » à mi-chemin, Rangetsu avait trouvé tout le monde la dévisageant d’un regard glacial.
*Toux*, elle s’éclaircit la gorge et baissa amplement la tête.
« ... S’il vous plaît, aidez-nous, » déclara Rangetsu.
« À ce stade, de quoi parlez-vous ? » demanda Hisui.
« Comme c’est nul ! Après avoir dit tout ça au début, » déclara Rushella.
« N’avez-vous pas honte ? » demanda Mei.
« La police a honte, » déclara Eruru.
« Je ne veux pas être comme ça quand je serai grande, » déclara Kirika.
« À sa place, je mourrais de honte. Mais je suis déjà morte, » déclara Touko.
Alors que Touko résumait le tout avec de l’humour noir, Rangetsu se mit à crier, et presque à pleurer.
« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Vous liguez-vous tous contre moi !? Je me prosterne déjà devant vous tous ! » s’écria Rangetsu.
« Alors, montre-nous votre sincérité, » déclara Hisui.
« Sincérité... Que voulez-vous dire par là ? » demanda Rangetsu.
« Donnez-moi la main, » demanda Hisui.
« ... ? »
Malgré sa perplexité, Rangetsu présenta sa paume vers Hisui.
Puis une pièce était tombée dans sa main.
« ... Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Rangetsu.
« Apportez-moi un verre, » demanda Hisui.
« Pourquoi me traitez-vous comme une fille de courses ? » s’écria Rangetsu.
Rangetsu avait jeté la pièce de monnaie avec colère sur le sol.
Sa colère n’était pas surprenante.
« Ah, c’est quoi le problème ? Qu’y a-t-il de mal à vous demander de payer un verre ? » demanda Hisui.
« Ne me traitez pas comme une idiote ! Ne pouvez-vous pas l’acheter vous-même ? » s’écria Rangetsu.
« Non, mais je pense juste que vous seriez super rapide, » répondit Hisui.
« Eh bien, faire le 100 m en 9 secondes est tout à fait possible... Hé ! Vous me traitez toujours comme une fille de courses ! » Rangetsu hurla, si furieuse que ses épaules tremblèrent.
Hisui ramassa la pièce avec impatience.
« Très bien, j’irai moi-même. Oh, qu’est-ce que tout le monde veut ? Autant que je m’occupe de tout en chemin, » déclara Hisui.
Entendant sa suggestion altruiste, Rushella s’avança.
« Attends, Hisui. C’est mieux si je vais t’acheter à boire. En tant que personne de grande envergure, il est nécessaire de faire preuve de générosité de temps à autre. Permets-moi de servir de modèle pour te montrer la différence entre ma race et ces loups-garous ! » déclara Rushella.
Gloussante, Rushella n’avait fait aucun effort pour cacher les moqueries dans son ton de voix.
Rangetsu grinça des dents en réponse, mais Rushella fit semblant de ne pas voir.
« Attends. C’est juste pour acheter à boire, ne parle pas comme si tout le monde t’était redevable. Pourquoi n’irais-je pas à la place ? Puisqu’il fait encore jour, je suis toujours la plus forte jusqu’au coucher du soleil, non ? Contrairement à un garçon manqué maigrichon, » déclara Mei.
Mei jeta un coup d’œil à Rangetsu et s’avança.
Elle avait fièrement gonflé sa poitrine généreuse, provoquant la colère de Rangetsu vers de nouveaux sommets.
« Attendez, ce qu’il faut dans cette situation, ce n’est pas de la force, mais de la générosité. Je ne veux pas faire souffrir l’ensemble de la police, ni même tous les fonctionnaires, du mépris d’être vu comme des avares. Permettez-moi d’être généreuse avec tout le monde et de payer les boissons, » déclara Eruru.
Eruru avait sorti un long sac à main qui semblait regorger d’argent et s’était avancée.
Elle n’avait même pas regardé Rangetsu.
« Attendez ! Peu importe combien d’argent vous avez, sur ma fierté en tant que personne plus âgée, comment pourrais-je permettre à un étudiant plus jeune que moi d’acheter des boissons pour moi ? Laissez-moi y aller en tant qu’aînée. Eh bien, il est vrai qu’il existe des membres inutiles de la société parmi ceux qui sont plus âgés, » déclara Kirika.
Kirika regarda Rangetsu avec des yeux de pitié tout en faisant un pas en avant.
« Non non, en parlant d’âge, je devrais être l’aîné, non ? Laissez votre grande sœur faire ça ! Avec mes pouvoirs paranormaux, je peux faire fonctionner le distributeur sans dépenser d’argent ! Malgré mon apparence, au moins c’est mieux que quelqu’un qui ne contribue à rien, gaspillant les ressources du monde, non ? » demanda Touko.
Touko désigna Rangetsu, faisant une déclaration forte.
Finalement, Rangetsu explosa, ne pouvant plus tolérer.
« ... C’est aller trop loin !! Très bien, je vais acheter quelques canettes de jus de fruits !! » s’écria Rangetsu.
À la fin, les six membres du groupe d’Hisui s’étaient rapprochés de Rangetsu de concert et avaient parlé en parfaite union : « « « Allez-y, s’il vous plaît. » » »
« Bon sang, c’est quoi ce délire ? » s’écria Rangetsu.
Rangetsu avait jeté les sandales d’intérieur des invités au sol et les avait même piétinées.
Sa colère semblait avoir fait sauter un fusible, même si elle n’était probablement plus claire quant à ce qu’elle faisait.
Après ça, Rangetsu s’était précipité dans le couloir, se mettant dans une pose de démarrage comme un sprinter, non, c’était pratiquement comme une bête qui se préparait à accélérer à quatre pattes.
« Ne sous-estimez pas la vitesse d’un loup-garou ! J’y arriverai en un clin d’œil, ramenant les achats plus vite que n’importe qui !! » s’écria Rangetsu.
« Oh, je voudrais une eau minérale, » déclara Hisui.
« Donnez-moi du lait à la fraise ! » déclara Rushella.
« Je veux un soda ~, » demanda Mei.
« S’il vous plaît, allez me chercher un café, sans lait ni sucre, » déclara Eruru.
« Je voudrais du thé. Chaud, pas froid s’il vous plaît, » déclara Kirika.
« Du thé s’il vous plaît ~, » déclara Touko.
Même le fantôme qui ne buvait pas de thé passait sa commande avec nonchalance.
Mais Rangetsu n’avait rien remarqué. Après avoir entendu les commandes, elle s’était précipitée dans le couloir telle une fusée.
Un tourbillon s’était déclenché dans les environs, ce qui avait poussé les filles à tenir précipitamment leurs jupes.
La rapidité de son déplacement avait failli faire craindre pour l’intégrité des lames de parquet. Finalement, Rangetsu avait disparu de l’autre côté de la salle de classe.
« ... Alors, ajournons la séance pour aujourd’hui. Tout le monde, s’il vous plaît, partez avant le retour de cette personne. Ne la laissez pas vous trouver. Maintenant que la Section des Enquêtes Surnaturelles est mobilisée, la présence de cette personne n’est plus pertinente, » déclara Eruru.
« Êtes-vous une démone ? » demanda Hisui.
Hisui pensait qu’Eruru allait un peu loin, mais elle avait ignoré sa remarque.
« Ça lui apprendra une leçon. Après tout, elle reviendra. Permettez-moi de communiquer à tout le monde les détails du sosie une fois que j’aurai rassemblé les informations. Peut-être que la tactique de la vague humaine pourrait être nécessaire. Alors s’il vous plaît, tout le monde, coordonnez-vous le moment venu, » déclara Eruru.
« D’accord, » déclara Hisui.
Puis le groupe s’était dispersé.
Environ une minute plus tard, Rangetsu retourna dans la salle de classe déserte. Naturellement, les boissons nouvellement achetées étaient devenues des sacrifices pour elle afin d’évacuer sa colère.
†††
Partie 5
« Merde, j’ai oublié de faire les courses..., » déclara Hisui.
Ce soir-là, Hisui avait commencé à s’inquiéter en se tenant devant son frigo.
Bien qu’il ait déjà dîné avec Rushella, les ingrédients restants dans le réfrigérateur n’étaient pas suffisants pour préparer le déjeuner de demain.
Pour Hisui lui-même, manger à la cafétéria ou acheter au sandwich, c’était bien, mais récemment, pour le bien de Rushella, il avait préparé des boîtes à lunch pour eux deux.
« Les boissons seront aussi bientôt épuisées... J’ai besoin d’en acheter plus, » déclara Hisui.
« Oui, vas-y ! » s’exclama Rushella.
« Oui, j’ai l’intention d’y aller... Et toi, alors ? » demanda Hisui.
« Je suis très occupée ! » répondit Rushella.
Allongée sur le canapé du salon, Rushella regardait attentivement une émission de variétés.
Normalement, quand Hisui sortait, elle suivait toujours. Mais apparemment, cette fois-ci, elle accordait la priorité à son divertissement. En comparaison, la télévision devant elle était plus importante.
« ... C’est moins pénible pour moi, » murmura Hisui.
« Ah, je veux aussi aller à l’école tôt demain matin ! La représentante de classe est déjà d’accord ! On ne peut pas être paresseux avec l’entraînement de la course de relais ! » déclara Rushella.
« Oh... Bien sûr, c’est très bien. Alors, va te coucher tôt, d’accord ? Dors après la fin de l’émission, compris ? » demanda Hisui.
« Oui ! » répondit Rushella.
C’était une vampire qui allait dormir tôt et se levait tôt sans être une noctambule, une espèce en voie de disparition, mais c’était quelque chose qui était probablement plus sain.
Hisui s’était donc changé en jeans, avait mis une veste et avait quitté la maison.
Baigné dans l’air frais de l’automne, Hisui s’était dirigé vers un supermarché proche, ouvert 24 heures sur 24.
Ne voulant pas passer trop de temps à faire les courses, il était allé directement acheter les ingrédients dont il avait besoin pour le déjeuner de demain et avait pris quelques nécessités quotidiennes qui s’étaient épuisées à la maison.
Après avoir acheté ces choses et quitté le magasin, il avait rencontré quelqu’un d’inattendu.
« Hein, Kujou-kun ? » s’exclama une voix féminine.
« Oh c’est toi, représentante de classe..., » déclara Hisui.
Reina était en uniforme scolaire, debout devant les portes automatiques.
« Es-tu allée dans des cours d’une école préparatoire ? Il est déjà si tard, ça doit être dur, » déclara Hisui.
« N’est-ce pas pareil pour toi, Kujou-kun... ? Fais-tu des achats à cette heure-ci ? » demanda Reina.
« La princesse veut un déjeuner à emporter, donc ses souhaits royaux sont difficiles à contrarier, » répondit Hisui.
Hisui avait souri ironiquement. Tous les deux avaient naturellement marché côte à côte.
« Ah ~ ~ ~ Merci pour ce matin, d’avoir prit la peine de t’occuper de cette fille, » déclara Hisui.
« ... ? Oh, ne t’inquiète pas, ce n’était rien du tout, » répondit Reina.
« Elle n’est probablement pas habituée au travail d’équipe. Si seulement elle s’améliorait un peu, » déclara Hisui.
« ... Tout ira bien... probablement ? On dirait qu’elle s’habitue..., » répondit Reina.
« Avec un peu de chance. Oh représentante de classe, j’ai quelque chose à te demander, » déclara Hisui.
« Quoi ? » demanda Reina.
« Es-tu vraiment en accord... avec la course de relais ? » demanda Hisui.
Bien qu’Hisui ne soit pas sûr s’il devait mentionner le passé, il avait quand même demandé.
Il s’inquiétait peut-être trop.
Ou peut-être que Reina elle-même n’y voyait pas d’inconvénient.
Dans tous les cas, il avait quand même décidé de lui demander.
En raison de la lettre de menace du sosie et de l’incident de la tente, Hisui avait estimé les raisons liées avec cette affaire, et cela devait être quelque chose qu’elle ne pouvait faire disparaître du fond de son cœur.
« Pas de problème... C’est finalement déjà en train d’être fait. Et après tout, c’est juste un peu de pression, c’est tout, » répondit Reina.
« Un peu... ? » demanda Hisui.
Bien qu’il se sentait coupable, Hisui décida d’aller au fond des choses.
Ce mot avait fait éclater un soupçon de morosité sur le visage de Reina.
« Si tu n’es vraiment pas disposé... Rushella échangerait volontiers avec toi, tu sais ? » déclara Hisui.
« ... C’est très bien ainsi. Les réticences ne peuvent pas être considérées comme une excuse, » répondit Reina.
« ... »
« Au collège, j’ai participé... à une course de relais lors de la dernière épreuve d’athlétisme, comme dernière étape de la course. C’était ainsi parce que mon dossier au club était le meilleur avant ça... et on m’a assigné ce poste, » répondit Reina.
La tête inclinée, Reina raconta lentement son passé.
Hisui jouait silencieusement le rôle d’un auditeur loyal.
« Mais... J’ai fait une erreur en recevant le bâton, et je l’ai donc lâché. De plus, je suis même tombée... et j’ai fini bonne dernière, » répondit Reina.
« ... »
« La coéquipière avant moi n’arrêtait pas de se blâmer. Mais je savais clairement dans mon esprit que c’était ma faute. J’avais lâché le témoin, » continua Reina.
« Ce genre de problème n’est pas à mettre sur le compte d’un côté, n’est-ce pas ? Bien qu’en tant qu’amateur, je ne suis pas trop qualifié pour commenter, » déclara Hisui.
Alors qu’il savait que les paroles réconfortantes étaient futiles, Hisui ne pouvait pas se résoudre à ne rien faire.
Reina avait dû entendre ces mots des centaines de fois. Elle était parfaitement capable de se réconforter elle aussi.
« ... Peut-être. En fait, que ce soit la première ou la dernière place, ça ne me dérange pas vraiment... Après tout, mon amour pour l’athlétisme s’est terminé au collège. Mes parents l’ont exigé. Ils croient que les sports d’athlétisme ne peuvent pas durer toute une vie, alors pour entrer dans une bonne université, les trois années du lycée doivent être passées à étudier durement pour se préparer... Donc c’est bon. J’ai déjà jeté mon équipement de sport... C’est en vérité mieux, car je peux me concentrer sur mes études, » déclara Reina.
« ... Mais maintenant que tu es la dernière étape d’une course de relais, tu dois te tenir sur la piste une fois de plus, » répondit Hisui.
« Après tout, tout le monde doit participer... On n’y peut rien. Cette fois, je ne ferai pas d’erreur..., » déclara Reina.
La voix de Reina devenait de plus en plus faible, et finalement, on ne pouvait plus l’entendre.
Un traumatisme mental sur quelque chose de trivial dans le passé était devenu pour elle une série de lourds enchaînements de problèmes.
N’ayant jamais participé aux activités d’un club, Hisui ne pouvait probablement pas comprendre cette agonie, mais pour elle, il s’agissait d’une blessure inéluctable.
« Même au lycée, on ne peut pas s’enfouir complètement dans l’étude et ignorer tout le reste. Ah, mais tu travailles déjà très dur dans tes études, non ? Tu portes toujours ton uniforme si tard le soir. Es-tu allée réviser dans une école préparatoire ? Je pense qu’il y en a une nouvelle qui vient d’ouvrir dans le coin ? » demanda Hisui.
« Oui, c’est vrai..., » répondit Reina.
« Si tu restes debout trop tard, tu ne pourras pas te lever demain, tu sais ? L’entraînement pour le basket-ball du matin avec Rushella doit être difficile pour toi aussi. Seras-tu capable de te lever ? » demanda Hisui.
« Pas de problème. Je vais me coucher dès que je rentre à la maison, » répondit Reina.
« Vraiment ? » demanda Hisui.
Hisui s’était arrêté de marcher.
Sans s’en rendre compte, ils avaient atteint une ruelle déserte.
Il y avait très peu de personnes dans les rues. C’était tout à fait naturel, et ce n’était pas créé dans une intention consciente.
Mais la chance avait ainsi souri à Hisui.
Il ne voulait pas que quelqu’un entende la suite de la conversation.
« Alors... Qui diable es-tu vraiment ? » s’écria Hisui.
L’atmosphère changea rapidement.
Reina détourna le regard et fit quelques pas en arrière.
« De quoi parles-tu... ? Je suis..., » commença Reina.
« Tu es Sera Reina, la représentante de la classe. C’est vrai, parce que vous êtes tous les deux réels, la vraie personne. Cependant, même si la vraie représentante de classe va peut-être aller à l’école préparatoire aussi tard, malheureusement, il n’y a pas de telle école à proximité. Je l’ai inventé exprès. De plus, tu t’entraînes avec Rushella pour la course de relais. Les souvenirs ne sont donc pas partagés après avoir été divisés en deux. C’est trop facile à discerner, » déclara Hisui.
« Alors tu me soupçonnais déjà..., » déclara Reina.
Reina — son sosie — inclina la tête et sourit.
Le sourire sur ses lèvres lui donnait l’impression d’être une personne complètement différente de la normale.
La jeune fille s’était formée à partir du côté obscur du cœur de Reina, bien que son apparence soit identique, elle n’était pas exactement la même.
« Quand l’as-tu remarqué... ? » demanda Reina.
« Puisque je connais déjà l’existence d’un sosie, comment pourrais-je croire si facilement sans confirmer celle que je rencontre ? J’étais donc sceptique dès le début. Dès que je t’ai entendue parler de jeter ton équipement sportif, j’ai décidé de te tendre un piège. Pendant l’entraînement du matin, la représentante de la classe portait même des crampons. Ils n’auraient pas pu être achetés pour le simple plaisir d’un festival sportif, non ? » demanda Hisui.
« ... Je vois. Mais je disais aussi la vérité. L’autre moi a toujours été troublé par cette dernière course. Le fait d’abandonner l’athlétisme à cause des parents, et d’être poussés dans la position finale de la course..., tout cela est la vérité. Si tu rejettes tout ça, tu la rejettes aussi, tu sais ? » déclara Reina.
« Rejeter ? Je n’ai jamais rien dit de tel, » demanda Hisui avec perplexité.
Il n’avait jamais eu l’intention de traiter cette personne comme un ennemi.
Il ne pourrait jamais faire ça.
Après tout, c’était la représentante de classe qui prenait grand soin de Rushella.
« En fait, je ne m’inquiète pas trop de ton souhait de suspendre le festival sportif. Bien que je ne veuille pas en faire toute une histoire, je ne veux pas non plus que l’innocente représentante de classe prenne la responsabilité... Franchement, je ne suis pas intéressé par le festival sportif et je préfère ne pas m’occuper du relais. Si ça peut se terminer pacifiquement, je préférerais que le festival sportif soit annulé. Après tout, je n’ai pas non plus de parents qui viennent regarder, » répondit Hisui.
Pendant un instant, les yeux d’Hisui furent remplis de nostalgie.
En effet, dès le départ, il n’avait aucun intérêt à se montrer dans quelque chose comme un festival sportif. Cela ne servait à rien de faire ce genre d’effort. Après tout, personne ne venait le voir.
« ... »
« Si tu es vraiment le côté obscur de la représentante de classe, alors c’est très approprié, » déclara Hisui. « Si tu enlèves une couche de peau, tous les humains ne sont-ils pas pareils ? Cependant, ce serait beaucoup trop difficile de s’entendre les uns avec les autres. C’est pourquoi chacun porte une couche de conscience, de morale et de rationalité comme vêtement extérieur pour pouvoir se lier aux autres. En fait, ça doit être douloureux pour toi comme ça ? Alors, dépêche-toi de rentrer chez toi, pour ainsi revenir auprès du corps principal. Ainsi, vous pourrez toutes les deux discuter. »
« Ne parle pas comme si tu savais tout ! » s’exclama Reina.
« Je ne sais pas tout. C’est d’autant plus pour ça que tu devrais t’asseoir et parler. Après tout, vous êtes vous deux la même personne, non ? » demanda Hisui.
Hisui agissait toujours comme d’habitude.
Parce qu’il faisait face à Reina.
Face à cet être qui pourrait être considéré comme un monstre. Voyant son attitude, l’autre Reina ne pouvait s’empêcher de sourire avec ironie.
« Quelle personne intéressante tu es, » déclara Reina.
« Les autres disent ça de temps en temps, » déclara Hisui.
« Alors... C’est pour ça que tu as réussi à toutes les deux nous attirer, » déclara Reina.
« Hein ? » s’exclama Hisui.
« Je suis née non seulement à cause d’un traumatisme mental. C’est sûrement à cause de toi. Parce que tu es assis à côté de moi en classe, mais que tu es toujours aussi heureux avec Dracula-san. Parce que tu agis toujours bêtement, tu ne veux pas dévoiler ton cœur, tu fais toujours semblant de ne pas voir, » déclara Reina.
« ... »
Le temps qu’il le réalise, Reina était devant lui.
Le sosie qui avait exactement la même apparence qu’elle.
Non, elle était Reina et Reina était elle.
Ses lèvres se penchèrent de près.
Par réflexe, Hisui avait déplacé son visage.
D’un air triste, la jeune fille demanda. « Quel genre de personne est le vrai toi ? »
Une odeur âcre était alors entrée dans le nez d’Hisui.
Ce n’était qu’alors qu’Hisui avait remarqué que Reina tenait une petite bouteille dans sa main.
Le couvercle était déjà ouvert, et le gaz qui s’échappait envahissait son corps par les narines.
« Toi... ! » s’écria Hisui.
« La prochaine fois... J’aimerais voir le vrai toi, » déclara Reina.
Alors que sa conscience s’estompait, Hisui avait du mal à se tenir debout.
Hisui était alors tombé sur place et n’avait pu que regarder Reina partir.
Après s’être évanoui pendant un court moment, il s’était finalement levé et avait trébuché sur le chemin du retour.
Il y avait un sentiment étrange en lui.
C’était comme si un trou avait été ouvert dans sa poitrine.
Mais il ne pouvait pas le comprendre.
La brume blanche avait lentement pris une forme humanoïde, se tenant derrière lui. Hisui ne l’avait pas remarquée.
En marchant dans des directions opposées, les deux silhouettes s’étaient séparées. Après cela, le « lui » qui venait de naître était allé dieux sait où.