Chapitre 2 : La Maison de la Sorcière
Partie 3
« Alors... je vais un peu écouter l’histoire de cette Miraluka, » Rushella croisa les bras, grimaçant pendant qu’elle parlait.
Welfica avait momentanément fermé les yeux puis elle avait pris sa tasse de thé sur le plateau.
« Pardonnez-moi d’avoir répondu à votre question par une question. En vérité, vous n’avez pas besoin de me le demander... Pourquoi ne pas demander directement à Hisui-kun ? Il est très probable qu’il le saurait mieux que moi. Après tout, comparé à moi, il a passé beaucoup plus de temps avec elle, » répondit Welfica.
« ... Non, » répliqua Rushella.
Rushella avait l’air mécontente. Comme l’avait souligné Welfica, elle avait eu de nombreuses occasions de poser des questions à Hisui concernant Miraluka.
Bien qu’Hisui ait toujours été négatif sur cette question, si Rushella avait insisté avec force, il ferait probablement des compromis vis-à-vis de ça.
Cependant, pour une raison inconnue, Rushella ne voulait pas l’écouter parler de ce sujet.
Elle ne voulait pas l’entendre parler d’autres vampires.
« Kujou-san a été élevée par la vampire Miraluka, donc il est inévitable que sa perspective de sa bienfaitrice soit biaisée... En vérité, il voit les choses avec des lunettes teintées de rose. D’un point de vue neutre, à la recherche de sa vraie nature de vampire, nous voulons aussi éclaircir la question, » Eruru avait ignoré le conflit dans le cœur de Rushella et avait déclaré ça d’une voix calme.
Comme Rushella, elle avait eu de nombreuses occasions de poser des questions à Hisui sur Miraluka. Elle ne l’avait pas fait, par considération pour les sentiments d’Hisui... ainsi que pour les raisons qu’elle venait d’exposer.
« Un garçon élevé par un “Véritable Ancêtre”... En effet, ma perspective devrait être différente de la sienne, » déclara Welfica.
« Vous avez dû entendre parler de l’agitation causée dans les rues par le vampire “Pur entre les Purs”. Bien que l’incident ait été résolu, il est possible qu’il existe encore plus de vampires purs et durs qui insistent pour maintenir des lignées de sang de vampires. Et la clé réside dans les “Véritables Ancêtres” — si ce que vous et Kujou-san dites est vrai, alors il ne devrait plus y avoir de “Véritables Ancêtres” existant dans ce monde. Que se passe-t-il ? » Eruru s’était approchée du cœur du problème.
Ignorant Rushella qui était assise sur le côté, la tête pendue en raison de l’abattement, Eruru s’était penchée en avant, impatiente d’obtenir des réponses.
« ... Je ne le sais pas vraiment. Mais plus précisément, le secret des “Véritables Ancêtres” n’est connu que de Miraluka elle-même ainsi que des descendants directs de la lignée. Quand je l’ai rencontrée dans le passé, je n’ai entendu que quelques mots venant de sa part. C’était il y a très longtemps, quand cela s’est passé, j’avais le même âge que vous maintenant —, » déclara Welfica.
Welfica avait commencé à raconter inlassablement son histoire.
Dans le passé, elle devait être aussi jeune et belle que Kirika. Pendant ce temps, au printemps de sa jeunesse, elle avait rencontré un vampire.
« Elle était vraiment une beauté, au point qu’elle me faisait hésiter à appliquer la description de “belle” à quelqu’un d’autre. D’apparence, elle n’avait que deux ou trois ans de plus que moi à l’époque, mais ses paroles ont laissé échapper la lourdeur, la profondeur et l’obscurité entre les lignes, » expliqua Welfica.
« Qu’est-ce qu’elle vous a dit ? » demanda Eruru.
« Ce n’était que des bavardages. Rien d’autre qu’une conversation décontractée, » répondit Welfica. « Peut-être que pour elle, le monde entier n’avait aucune importance. Solitaire... Non, l’isolement correspondrait le mieux à sa description. Les vampires ont généralement un fort sens de la parenté et consacreraient tous leurs efforts à renforcer les liens de parenté, mais elle était tout le contraire. Elle a dit qu’elle n’avait ni famille ni subordonnés. Elle n’aurait selon elle jamais donné naissance à des enfants ni pris personne comme serviteur, » déclara Welfica.
« En d’autres termes, elle a tué tous les humains à qui elle a bu du sang ? » demanda Eruru avec acuité.
Bien qu’elle avait été obligée de boire du sang pour survivre, elle n’avait pas l’intention de voir ce destin maudit avec une indifférence calme.
« Probablement. En vérité, elle l’a fait sous mes yeux. Cependant, tous ceux dont le sang a été bu souriaient, mourant dans la joie et l’extase. Considérant qu’ils étaient des sans-abri aux portes de la mort, peut-être que pour eux, c’était plutôt leur salut, » répondit Welfica.
« ... Quelle tarée ! Si j’étais elle, je ne sucerais pas le sang de ce genre de personnes. Le goût doit être absolument terrible, » grogna Rushella.
Précisément en tant que membre de la même race, elle l’avait trouvé d’autant plus inexplicable.
D’un autre côté, Eruru fronça les sourcils d’une manière effrayante.
« C’était probablement de l’hypocrisie. Accorder l’euthanasie aux mourants, penser que c’est bien de tuer ceux qui ne veulent plus vivre... Cela peut-il constituer une justification ? » demanda Eruru.
« Impossible. Elle l’a compris plus clairement que toute autre chose. Pour survivre, le sang doit être bu. Et elle voulait continuer à vivre. Malgré tout ce qu’elle a perdu, elle a dû vivre dans la solitude, vivant dans le monde qu’Il a sauvé — c’est ce qu’elle a dit. Pour elle, boire du sang humain était peut-être plus qu’une sorte de torture mentale, » répondit Welfica.
Welfica soupira puis elle but un peu de son thé. Ayant voyagé loin dans sa vie, presque jusqu’à sa fin, peut-être précisément à cause de cela, elle pouvait comprendre les sentiments d’un vampire dont la vie était sans fin.
« J’étais jeune à l’époque, trouvant les adultes laids et détestant ce monde qui était truffé de guerres et de conflits. Alors je l’ai suppliée de boire mon sang. Je lui ai dit que je voulais être éternellement belle comme elle, » déclara Welfica.
« ... ! »
Eruru regarda avec les yeux écarquillés alors qu’elle était état de choc.
Les humains qui avaient volontairement offert leur cou aux vampires étaient très certainement nombreux...
Et précisément parce que de telles personnes existaient, c’est ainsi que les dhampires étaient nés.
« Pardonnez mon impolitesse, mais c’était vraiment stupide. Le fait d’abandonner volontairement le fait d’être humain ne peut être rejeté comme une simple impulsivité de jeunesse, n’est-ce pas ? » demanda Eruru.
« ... En effet. Et après que je lui ai demandé ça, elle a refusé de le faire. Elle a dit qu’elle continuerait à vivre sans avoir besoin de personne. Peu de temps avant ça, le dernier de ses pairs avait été détruit. Elle était la seule qui restait parmi ceux qui avaient bu Son sang ce jour-là. Afin de préserver son existence pour toujours, elle devait continuer à vivre. Sans donner naissance à des enfants, sans accueillir de serviteurs, car cela ne ferait que l’affaiblir... Après avoir dit cela, elle a disparu sous mes yeux. Aujourd’hui encore, je lui en suis très reconnaissante. Sans son rejet, je n’aurais pas une petite-fille aussi mignonne en ce moment, et je ne pourrais pas non plus prendre le thé avec vous sous le soleil, » déclara Welfica.
Welfica avait souri affectueusement et elle posa sa tasse de thé vide sur le plateau.
Après un moment de silence, Rushella se leva et exhorta Eruru et Mei à se mettre en route.
« Rentrons à la maison. On devrait aussi appeler Hisui, » déclara Rushella.
« Est-ce assez ? En fin de compte, nous n’avons rien appris sur Miraluka ? Si j’étais vous, en préparation de futures stratégies, il vaudrait mieux continuer à creuser pour plus d’informations, n’est-ce pas ? » Mei avait posé son visage sur une main pendant qu’elle demandait ça, mais Rushella n’avait pas écouté ses conseils.
« Tout ce qui a besoin d’être demandé a déjà été demandé. Cette Miraluka était toujours seule. Elle n’a aucune idée des actes de ce Fergus. Même si elle l’avait rencontré, elle ne l’aurait pas aidé, » répliqua Rushella.
« ... Vous avez peut-être raison. J’ai posé des questions sur tout ce que je voulais savoir. Mais qu’en est-il de vous ? Pourquoi un “Véritable Ancêtre” solitaire sauverait-il un garçon humain, l’adopterait-il et finalement..., » c’était alors qu’Eruru s’était arrêtée dans ses paroles.
Elle n’avait aucun respect pour les vampires. Cependant, à travers les descriptions fragmentaires des derniers instants de Miraluka qu’Hisui avait donnés, Eruru ne pouvait s’empêcher de sentir du respect pour elle.
« ... Et enfin, pourquoi a-t-elle sauvé Kujou-san et est-elle morte pour lui ? Ne voulez-vous pas savoir ? » Eruru avait délibérément utilisé le mot « mourir ».
C’était le niveau minimum de respect qu’elle offrait à Miraluka.
Plutôt que diriger vers un vampire, c’était dirigé vers la famille décédée d’Hisui, dirigée vers elle en tant que femme.
« Je le sais sans avoir besoin de demander. D’ailleurs, j’ai déjà entendu ce qui s’est passé avec Hisui. Cette femme l’a sauvé, l’a recueilli, l’a élevé... tout cela sur un coup de tête. C’est ce qu’Hisui a dit. C’est ce que Miraluka a elle-même dit, » répliqua Rushella.
« Alors pourquoi ferait-elle tout ça pour lui ? » demanda doucement Welfica.
Elle était la seule personne présente qui avait rencontré Miraluka une fois en personne et ne pouvait s’empêcher de se sentir perplexe devant le changement qui s’était produit dans sa mémoire.
« Elle a acquis des sentiments. C’est tout ce qu’il y a à dire. Elle est tombée amoureuse d’un humain insignifiant. C’est tout, c’est tout. Et dire qu’elle a raconté tant de mensonges ! Quelle femme idiote ! » les paroles de Rushella étaient pleins de piques, mais elles n’étaient pas censées être une insulte intentionnelle.
Au contraire, son cœur était rempli de tristesse et d’empathie.
« Acquérir des sentiments... Ce n’était pas à sens unique, n’est-ce pas ? Hi-kun... Ne ressentait-il pas la même chose ? » particulièrement aiguisée en ce qui concernait les questions entre les sexes, Mei avait parlé sans expression.
Sa rivale n’était pas Rushella. Miraluka était vraiment l’ennemie la plus redoutable — elle l’avait déjà senti vaguement avant, mais il s’était avéré que ses craintes n’étaient pas sans fondement.
« Peut-être. Quel type inutile, toujours en pensant à quelqu’un de mort. Comment appelez-vous ça, des sentiments persistants, non ? » Rushella avait mis fin à la conversation et entra dans la maison.
Mei et Eruru s’incinèrent vers Welfica et elles la suivirent.
« Vous pouvez revenir nous voir quand vous voulez. Bien que je n’ai aucune idée du nombre de jours qu’il me reste, tant que je vivrai, laissez-moi vous aider autant que je le peux, » déclara Welfica.
« Oui, je reviendrai, » Rushella avait souri et le trio était parti.
***
« En sécurité, enfin..., » s’exclama Hisui.
La crise quant à la virginité d’Hisui était terminée.
Plus précisément, la crise s’était arrêtée pour l’instant.
L’attaquante Kirika était actuellement couchée paisiblement sur la poitrine d’Hisui, endormie.
Bien sûr, ce n’était pas en conséquence de certains actes. Kirika s’était soudainement évanouie avant de pouvoir entrer en contact avec les lèvres d’Hisui.
La raison en était inconnue.
C’était probablement parce que les effets du parfum étaient trop forts... ainsi que la fatigue.
Les cours, les activités du Conseil des Étudiants, la demande d’Hisui, tout, combiné avec sa personnalité sans compromis, avait probablement eu pour conséquence la privation de sommeil de Kirika.
« Vraiment... Je suis vraiment désolé, » murmura-t-il.
Hisui avait fait attention de ne pas réveiller Kirika et il s’échappa tranquillement de là. Il avait déjà ouvert la fenêtre pour obtenir une ventilation de la pièce.
L’air frais qui s’était précipité dans la pièce avait finalement ramené le corps d’Hisui à la normale. La douleur insupportable dans la partie inférieure de son corps s’était finalement calmée.
Bien qu’il voulait s’échapper de la scène avant que la belle au bois dormant ne se réveille, Hisui sentait qu’il ne pouvait pas laisser ses vêtements ébouriffés.
S’il partait sans rien faire, il subirait certainement un châtiment divin.
« ... Ce n’est pas du harcèlement sexuel. Pardonnez-moi, s’il vous plaît, » se murmurant à lui-même à la recherche d’excuses, Hisui aida Kirika à arranger ses cheveux mouillés et la couvrit avec douceur d’une couverture.
Après un examen plus approfondi, Hisui n’avait pas pu s’empêcher d’admettre qu’elle était en fait la plus féminine de ce groupe de filles.
Son âge un peu plus avancé avait probablement été pris en compte, et Kirika possédait un certain charme qui manquait à Rushella et Mei.
Pour être honnête, Hisui était à deux doigts de franchir la ligne tout à l’heure.
« ... Je suppose que je suis en train de gâcher une précieuse opportunité, » murmura Hisui.
Alors Hisui soupirait, quelqu’un avait fait irruption dans la pièce sans frapper.
« Disons qu’il est temps de rentrer à la maison... Qu’est-ce que tu fais ? » franchissant avec force la porte, Rushella était soudainement arrivée là.
Mei et Eruru l’avaient suivie.
« Hey hey hey... Hi-kun... Qu’est-ce qui se passe !? Je t’ai permis à contrecœur d’avoir du temps seul dans une pièce, alors pourquoi ta chemise est grande ouverte... ? » s’écria Mei.
Les yeux de Mei brûlaient d’hostilité... C’était plutôt une intention meurtrière.
Quand son intention meurtrière atteignait son maximum, les lasers sortaient de ses yeux. Ce n’était pas une métaphore et Hisui le savait.
« Serait-ce... ? C’est ce que vous vouliez faire depuis le début ? » s’écria Eruru.
La main délicate d’Eruru tenait déjà une arme de poing si massive.
Bien qu’Hisui soit toujours déconcerté par l’endroit d’où elle sortait le pistolet à chaque fois, il connaissait très bien la précision et la puissance de ses coups de feu.
« Attendez, calmez-vous, vous toutes... Ce n’est pas ce que vous pensez ! » s’écria Hisui.
« Vous deux, seuls pendant environ une demi-heure... C’est assez pour un seul round, non ? » demanda Mei.
« Pourquoi Uno-senpai dort-elle sur le lit... ? » demanda Eruru.
Les trois filles s’étaient approchées d’une manière très intimidante.
Probablement réveillée par l’atmosphère horrible qui l’entourait, Kirika se frotta les yeux avant de s’asseoir.
« Hmm, ce qui s’est passé... ? » murmura Kirika.
« Oh, quel moment parfait pour que vous vous réveilliez ! Dépêchez-vous de vous expliquer ! Dites-leur que ce n’était qu’une farce, Senpai ! » cria Hisui.
Tout en plaidant devant tant de témoins, Hisui avait accidentellement regardé la poitrine de Kirika.
En effet, sa poitrine...
Avant de mettre le Plan C en mouvement, Kirika avait déboutonné sa blouse pour révéler le soutien-gorge violet clair, un choix de couleur audacieux pour elle.
Si seulement c’était tout.
Cependant, même si ce n’était pas tout à fait bien, ce n’était pas comme si Hisui n’avait pas déjà vu plusieurs fois des soutiens-gorge.
Mais parce que le soutien-gorge avait été poussé légèrement hors de sa position lorsqu’elle s’était assise, il ne pouvait plus couvrir correctement ses seins et cela les avait presque complètement révélés.
Sentant le regard d’Hisui, Kirika regarda aussi sa poitrine.
Heureusement, les points les plus critiques n’avaient pas été exposés, mais certains contours roses clairs et circulaires étaient déjà sur le point d’être visibles.
Alors que c’était sur la mince ligne entre l’exposition et la non-exposition, le point de vue était encore plus provocateur.
Sans exception, n’importe quel mâle concentrerait son regard dans ce genre de situation, essayant désespérément d’apercevoir ce qui se trouvait en dessous.
Eh oui, Hisui regardait attentivement cela.
Puis leurs regards s’étaient rencontrés.
Le visage de Kirika devint alors de plus en plus rouge.
Et ensuite, le trio féminin derrière Hisui était également passé au rouge pour une autre raison.
Avec une sorcière devant et des monstres derrière, Hisui avait été pris au milieu. Confronté à la vue de la poitrine de Kirika dont il ne pouvait pas arracher les yeux, Hisui avait offert son opinion honnête d’une voix creuse.
« Des seins magnifiques d’une taille parfaite. »
Et ce furent ses dernières paroles
« Kyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !! » cria Kirika en hurlant de manière vraiment stridente.
Tout en criant, elle s’était enfouie sous sa couverture pendant qu’un autre cri retentit à côté d’elle.
« Non, attendez ! Il s’agit d’un malentendu..., » cria le garçon présent sur scène.
« Tu es bruyant, alors tais-toi ! » cria Rushella.
« Hi-kun... Ça te dérangerait de mourir une fois ? » demanda Mei.
« Vous devez être frappé au niveau de ce qui est entre vos jambes, » déclara Eruru.
Quelques minutes plus tard, Rushella et les filles avaient commencé à rentrer chez elles.
Kirika était restée enfermée dans sa chambre, alors Welfica avait dû raccompagner ses invités à la place de sa petite-fille.
« ... Il est encore jeune. Alors, pourquoi ne pas lui montrer un peu de pitié cette fois-ci ? » demanda Welfica.
La vieille dame leur conseillait ça affectueusement. D’autre part, Rushella et les filles s’inclinèrent et firent leurs adieux sans expression.
Quatre visiteurs étaient arrivés, mais seulement trois avaient pris congé.
Dans les mains de Rushella se trouvaient les restes d’un jeune complètement démoli... Il s’agissait plutôt d’un corps ressemblant à quelqu’un d’autre, traîné brutalement derrière elle. Qui cela pourrait-il être ? Aucun passant ne pouvait le dire.
Merci pour le chapitre ! C’est dur la vie… xD