Chapitre 55 : L’ours arrive à la capitale royale
Tout le monde était réveillé quand j’étais arrivée avec la cage. Fina et Noa attendaient sur Kumayuru. Je me demandais si elles se préparaient au cas où elles devraient s’enfuir d’elles-mêmes.
« Vous vous êtes levés ? »
« Ce n’est pas comme si on pouvait dormir en sachant que des bandits arrivaient ! »
« Effectivement, nous ne pouvions pas dormir quand il y avait une chance que des bandits nous attaquent ! »
Gran était aussi réveillée. Un gars comme lui aurait vraiment dû rester au lit.
« Yuna, je n’aurais jamais pensé que tu t’éclipserais sans dire un mot », dit Noa.
« Yuna, je pense que tu es allée trop loin cette fois… » dit Fina.
J’avais attrapé les bandits, alors pourquoi avais-je eu l’impression que c’était moi qui avais des problèmes ici ?
« Hum, par où je commence ? » dit Marina, faisant écho à ce que tout le monde pensait manifestement.
« Pour l’instant, pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait des bandits ? »
Les yeux de tout le monde s’étaient focalisés sur moi, et le contre-interrogatoire commença. Pourquoi est-ce que ça arrive ? me suis-je dit.
« Comme vous pouvez le voir, j’ai attrapé les bandits, je les ai donc mis dans une cage. »
« Comment as-tu attrapé autant de gens toute seule ? »
« Je l’ai fait avec un peu de magie de terre. »
« Et cette cage ? »
« Je l’ai créé avec un peu de magie de terre. »
« Et pour finir, qu’en est-il de cet ours ? »
« J’en avais besoin pour déplacer la cage, alors j’ai fait cet ours. »
À voir leurs visages et la façon dont ils soupiraient un peu chaque fois que je répondais, j’avais l’impression de les exaspérer.
« Plus je t’entends parler, plus l’envie de rire de ce que tu dis est forte », déclara Marina.
Elle avait l’air d’en avoir assez.
« Alors, que vas-tu faire de ces bandits ? »
« Je ne sais pas, qu’est-ce que vous en pensez ? Devrions-nous les emmener dans la capitale royale ? Faut-il les tuer ici ? »
« Ça ne peut pas être les bandits de Zamon, n’est-ce pas ? »
Elle, la sorcière, parla dans le dos de Marina, en regardant le groupe.
« Les bandits de Zamon ? »
Je m’étais souvenue qu’ils avaient dit quelque chose de ce genre.
« C’est un groupe de bandits qui ont fait des ravages par ici. »
« Vous devez plaisanter. Vous avez attrapé les bandits de Zamon toute seule ? »
« Ils sont si importants que ça ? »
« J’ai entendu dire que c’est un groupe épouvantable qui dépouille ses victimes de tout argent et de tout objet de valeur, et viole toutes les femmes qu’il croise. »
Il était possible que leurs cibles soient Marina et les autres femmes. D’un autre côté, le simple fait de penser que Fina et les autres filles pouvaient être celles qu’ils recherchaient…
« Alors on devrait les tuer ? » avais-je suggéré.
« Je sais que ce sera beaucoup de travail, mais nous devrions les livrer aux gardes de la capitale et les forcer à nous informer de l’emplacement de leur cachette. Il se peut qu’ils y détiennent les femmes qu’ils ont enlevées, et nous ne savons pas où elle se trouve ni combien de personnes la gardent. Obtenir d’eux ces informations de manière vérifiable va prendre du temps, et nous sommes en pleine mission d’escorte. Je pense que notre meilleure chance est de nous diriger vers la capitale royale et de les livrer aux autorités sur place. »
Le plan de Marina était sans faille. Je n’avais aucune objection. Elle et son groupe voulaient probablement sauver les femmes capturées par les bandits le plus rapidement possible, mais ils avaient pris cette décision après avoir pesé leurs compétences et leur situation. Je n’avais pas non plus prévu de laisser Noa et Fina derrière moi pour aller à la cachette. Même si c’était vraiment pénible, nous emmènerions les bandits dans la capitale.
« Eh bien, nous avons décidé de ce qu’il faut faire à partir d’ici. Il fait encore nuit, alors on devrait se rendormir ? »
« Peux-tu dormir dans une telle situation ? »
« Je n’ai pas l’impression de pouvoir dormir après avoir vu tous ces bandits. »
« Moi non plus. »
« Yuna, je ne peux pas non plus dormir. »
« Yuna… »
« Naturellement, je n’ai pas l’impression de pouvoir dormir non plus. »
Pas une seule personne n’était avec moi. De toute façon, ils devaient dormir près de ces bandits le lendemain, et l’aube était encore loin. Qu’allaient-ils faire s’ils n’allaient pas dormir ?
« Alors », dit Gran, « que diriez-vous de partir tôt ? Si les chevaux montrent des signes de fatigue, nous pouvons leur permettre de se reposer à ce moment-là. »
Et ainsi, nous avions fini par reprendre notre voyage vers la capitale royale même si c’était encore le milieu de la nuit. J’allais dormir sur le dos de Kumakyu.
Quand le soleil se leva, nous avions décidé de prendre un petit déjeuner pour donner du repos aux chevaux. Cela avait provoqué un tollé chez les bandits.
« Donnez-nous à manger ! »
« Oui, oui, c’est ça. »
« Vous ne mourrez pas de faim avant quelques jours. »
« C’est une blague ! »
J’avais jeté de l’eau sur les bandits turbulents pour les faire taire. Nous avions confisqué les sacs sans fond de tous les bandits avec leurs armes, de sorte que même s’ils avaient de la nourriture, ils ne pourraient pas la manger maintenant. La seule chose qu’ils recevaient était l’eau que leur sorcier avait fabriquée.
Quelques jours après la capture des bandits, vers midi, le mur entourant la capitale royale apparut. De multiples routes convergeaient à ce moment-là, toutes remplies de chariots. Sur l’ordre de Gran, notre chariot s’arrêta.
« Si nous continuons plus loin, nous attirerons l’attention sur nous », dit-il.
« Yuna, désolé, mais s’il te plaît, attends ici. Nous allons appeler les gardes. »
Gran, Marina et les autres m’avaient dit que si je ne voulais pas me faire un nom absurde ou provoquer un tumulte, je ne devrais pas emmener l’ours Golem en ville. Nous avions décidé qu’ils iraient chercher les gardes pendant que je resterais derrière.
J’avais détruit le golem et j’avais démonté la cage. Ils étaient affaiblis par la faim et attachés, les bandits n’avaient pas la force de s’enfuir. J’avais rappelé Kumayuru et Kumakyu, il ne restait plus qu’à attendre le retour de Gran et des autres.
« C’est vraiment un grand mur. »
Même de loin, je pouvais dire qu’il était énorme. Fina avait l’air impressionnée de voir quelque chose d’aussi grand pour la première fois.
« Je ne pensais pas que j’irais un jour aussi loin de chez moi. Mon père est mort quand j’étais petite, et ma mère est tombée malade. Trouver de la nourriture tous les jours était une telle lutte que je ne pensais pas que j’irais un jour dans la capitale royale. Tout ça, c’est grâce à toi, Yuna. Encore une fois. »
« Il y aura aussi des choses amusantes à l’avenir. Amusons-nous bien à la capitale, d’accord ? »
« Oui ! »
Pendant que je parlais à Fina de nos plans, la voiture de Gran était revenue. J’avais vu une douzaine de gardes à cheval derrière lui.
« Madame Marina, ce sont les bandits de Zamon ? »
Les gardes regardèrent les bandits liés. Marina descendit du siège du conducteur de la voiture.
« Oui, c’est ça », dit-elle.
« Je suis impressionnée que vous en ayez capturé autant. »
« Oui, eh bien, cette fille a joué un grand rôle dans la réalisation de ce projet. »
« Vous voulez dire la fille avec les vêtements d’ours dont vous avez parlé plus tôt ? »
Ils m’avaient regardée d’une manière douteuse, mais peut-être parce qu’ils avaient accepté l’explication de Marina et Gran, ils n’avaient pas demandé plus. Ils chargèrent les bandits sur le carrosse du garde. Comme ils étaient tous épuisés, ils n’avaient pas résisté.
Un peu plus loin, Gran parlait à quelqu’un qui ressemblait au chef des gardes.
« Ranzel, on peut partir ? Nous sommes fatigués de notre long voyage et nous voulons nous reposer. »
C’était vrai. Je voulais aussi entrer rapidement dans la capitale royale.
« Oui, bien sûr. Merci pour votre coopération. »
« S’il y a quelque chose que vous devez savoir, venez me voir. »
Gran prenait toutes les questions qui m’auraient été adressées. Il me devait la vie, alors il avait dit que c’était le moins qu’il puisse faire. Il avait l’air d’être un bon gars. Je m’étais demandé si beaucoup d’aristocrates dans ce monde étaient vraiment des gens bien ?
« Eh bien dans ce cas, je vais prendre des dispositions pour obtenir une entrée préférentielle dans la capitale. », dit le garde
« Je vous en serais très reconnaissant. »
J’étais prête à marcher sur le reste du chemin quand Gran m’avait dit de monter dans la voiture. J’étais reconnaissante, mais je ne savais pas si j’étais à la hauteur à cause de ma tenue. Marina et deux de ses compagnons étaient assis à la place du conducteur. J’avais donc pris une place entre Fina et Noa. En face de nous, il y avait Misa, Gran et Elle. Bien qu’elles aient été serrées contre moi, Fina et Noa ne s’étaient pas du tout plaintes, elles semblaient assez heureuses d’être à côté de moi. Avec neuf personnes à bord, nous avions commencé à trotter vers l’entrée de la capitale royale.
Des gardes montés nous avaient guidés alors que nous sautions en tête de ligne. Je m’étais sentie un peu désolée pour toutes les personnes que nous avions croisées et qui faisaient encore la queue. Lorsque nous étions arrivés à l’entrée, les gardes avaient arrêté leurs chevaux et nous avaient dit de poser nos cartes de guilde et de résident sur le cristal pour vérification.
Pour ce faire, il fallait sortir de la voiture. Quand j’étais descendue, cela avait immédiatement provoqué une agitation des gens autour de moi.
« Un ours ? »
« C’est un ours ? »
« Qu’est-ce que c’est que cet accoutrement ? »
« Tu te démarques vraiment, Yuna. »
Ils n’avaient pas eu besoin de faire un effort pour dire quoi que ce soit. J’avais posé ma carte de guilde sur le panneau de cristal, et une fois qu’il avait confirmé que je n’avais pas de casier judiciaire, j’étais retournée dans la voiture. J’avais peut-être l’air drôle en le faisant, puisque Fina et les autres se moquaient de moi.
« Yuna, tout va bien. Tes vêtements sont mignons. »
Je ne savais pas comment répondre à une fille de dix ans qui me trouvait mignonne.
Une fois que nous étions tous remontés à bord, la voiture recommença à avancer. Gran avait eu la gentillesse de nous emmener jusqu’à la maison de la mère de Noa.
« Où est ta maison, Noa ? »
« Dans le quartier des classes supérieures. C’est un peu loin d’ici. »
La calèche se déplaçait au petit trot. La capitale royale avait l’air animée, d’après ce que je pouvais voir de la petite fenêtre. Fina regardait aussi dehors, avec sa petite bouche ouverte. En voyant ce regard sur son visage, j’avais été heureuse de l’emmener avec moi.
« Les gens se sont rassemblés de partout en raison de la fête d’anniversaire du roi. »
« La capitale a toujours eu beaucoup d’habitants, mais vous verrez de plus en plus de gens se rassembler au fil du temps », nous avait dit Marina depuis son siège aux rênes.
Peu à peu, le carrosse s’était dirigé vers des routes plus désertes. Les bâtiments autour de nous avaient changé, et les manoirs qui ressemblaient à d’élégantes propriétés étaient devenus plus fréquents.
« Yuna, je peux le voir maintenant. C’est là que se trouve la maison de ma mère. »
Elle était à peu près de la même taille que la maison du Seigneur de Crimonia. Je me demandais qui était la mère de Noa ? Elle n’était pas avec sa famille, et ils avaient dit qu’elle travaillait au château. J’avais essayé de le demander à Noa, mais apparemment, elle ne savait rien d’autre que l’endroit où sa mère travaillait.
La calèche s’était arrêtée devant le domaine.
« Alors, Noir, si tu as le temps pendant que tu es dans la capitale royale, viens rendre visite à Misa. », dit Gran
« Ne veux-tu pas rencontrer ma mère ? »
« Elle n’est probablement pas à la maison cette heure. Je viendrai la saluer à l’avenir, une fois que j’aurai reçu un rapport complet des gardes. »
« Chère Noa, Fina, chère Yuna, venez me voir, s’il vous plaît. »
« Oui, nous viendrons. »
« Si possible, j’aimerais jouer avec Kumayuru et Kumakyu. », dit Misa
« Bien sûr. Incluez-les dans votre temps de jeu. »
« Je le ferai ! »
Nous avions remercié Marina et les autres, puis nous étions descendus de la voiture.
« Vous nous avez vraiment aidés. Au début, j’ai pensé que vous étiez juste une fille bizarre. »
Marina riait, mais ce n’était pas une moquerie.
« Faites-moi savoir si vous avez besoin d’un coup de main. Si nous pouvons faire quelque chose pour vous aider, nous le ferons. »
Elle avait saisi les rênes et avait poussé les chevaux. La voiture s’était lentement animée et s’était éloignée.
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