Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 3 – Chapitre 51

***

Chapitre 51 : L’ours se dirige vers la capitale royale

Le jour où j’étais partie avec le convoi, j’étais d’abord passée chez Tiermina pour récupérer Fina. De là, nous nous étions dirigés vers la maison du Seigneur féodal pour retrouver Noa.

« Alors, qui gardes-tu, Yuna ? »

« Oh ? Ai-je oublié de le mentionner ? C’est la fille du seigneur de la ville. »

Le visage de Fina devint pâle.

« Le seigneur… alors ça veut dire qu’on va chez le seigneur Fochrosé ? »

J’avais fait un signe de tête.

« Je rentre à la maison »

Elle s’était éclipsée. Je lui avais pris la main avec ma marionnette ours pour l’empêcher de s’échapper.

« C’est bon, ce n’est pas comme s’ils allaient te manger. En plus, je garde sa fille — c’est une enfant qui s’appelle Noa. »

Vu la réaction de Fina, j’avais deviné que le fossé entre la noblesse et les roturiers était assez large, même dans ce monde. Et même si elle était noble, Noa semblait être une fille douce.

« Vous voulez dire Mademoiselle Noir ? Mais quelqu’un comme moi ne peut pas aller avec vous… »

Bizarre, pensais-je. Je l’appelais par son surnom, mais Fina l’appelait Noir. Je suppose donc que les gens ne la connaissaient pas par ce surnom ?

« Bref, allons-y. S’ils disent que tu ne peux pas venir, nous irons ensemble tout seuls plus tard. », avais-je dit

Fina était venue à contrecœur, mais j’avais gardé la main sur elle. Quand nous étions arrivées au manoir, Noa se tenait déjà debout, les mains sur les hanches, près de la porte.

« Tu es en retard, Yuna ! », dit-elle avant même de nous saluer.

« Nous ne sommes pas en retard. Quand as-tu commencé à attendre ? »

« Depuis que je me suis réveillée et que j’ai pris mon petit déjeuner, il y a donc une heure… »

« C’est beaucoup trop tôt. »

« Je ne pouvais pas attendre, sachant que j’allais voyager sur un ours », avait-elle dit, l’air embarrassé. C’était plutôt mignon.

« J’ai une faveur à te demander. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Je l’emmène aussi avec moi. Ça ne te dérange pas ? »

J’avais pointé du doigt Fina, qui avait bronché.

« Qui est-elle ? »

« C’est ma sauveuse, Fina. »

« Ce n’est pas vrai. Yuna, c’est toi qui m’as sauvée ! » m’avait dit Fina. Je n’étais pas convaincue.

« Elle a dit qu’elle n’était jamais allée dans la capitale royale, alors j’ai pensé l’emmener. J’espérais pouvoir obtenir la permission de toi et de Cliff. »

« Ça ne me dérange pas vraiment, mais je ne vais pas céder ma place sur l’ours. »

« Je vais vous faire monter ensemble », avais-je dit.

« Je suppose que c’est bien, mais je monte devant ! »

« J’aimerais aussi avoir la permission de Cliff, au cas où. Pourrais-je le voir ? »

Noa entra et revint avec Cliff, qui avait immédiatement donné son accord.

« Ça ne me dérange pas », avait-il dit.

« Tu es sûr ? »

« Ce n’est qu’une personne de plus. De plus, avoir une fille du même âge que ma fille avec elle n’est pas du tout une mauvaise idée. »

Fina salua Cliff nerveusement : « Je suis Fina. »

« S’il te plaît, prends soin de ma fille. »

« O-Oui », balbutiait Fina.

« Ne sois pas méchant avec elle. »

Je tirai le bras de Fina, me mettant entre elle et Cliff.

« Tu me fais paraître méchant. Je ne faisais que la saluer », avait-il protesté. Je suppose que le fait qu’il était un aristocrate ne faisait que mettre Fina sur la sellette.

Nous nous étions dirigés vers les portes de la ville. Noa semblait s’amuser, mais Fina était une boule de nerfs.

« Au fait, quel est ton nom ? » demanda Noa.

« C’est Fina. »

« Je suis Noir. Ravie de te rencontrer. »

« Oui, madame ! »

L’introduction officielle avait peut-être apaisé ses inquiétudes, puisqu’un sourire revint sur le visage de Fina. Une fois que nous étions sorties de la ville, j’avais convoqué Kumayuru et Kumakyu. Noa avait joyeusement pris Kumayuru dans ses bras au moment où l’ours avait fini de se manifester.

« Kumayuru, c’est bon de te voir ! »

Elle avait ensuite salué Kumakyu de la même manière.

« Je l’ai déjà dit, mais je vais monter devant, d’accord ? »

« Oui, Mademoiselle Noir. »

« Alors, c’est un plaisir, Fina. »

Noa offrit sa main à Fina, qui la prit nerveusement.

« Oui, c’est un plaisir pour moi aussi. »

Maintenant montées sur Kumayuru dans leurs positions respectives, elles ne pouvaient pas s’empêcher de sourire. Je suppose qu’elles vont s’en sortir, pensai-je en montant sur Kumakyu.

« Alors, allons à la capitale ! »

Comme nous n’étions pas pressés, nous étions partis à un rythme tranquille.

« Kumayuru, je compte sur toi pour nous amener à la capitale, d’accord ? »

Noa donna à Kumayuru une gentille caresse.

« Mademoiselle Noir, vous savez déjà pour Kumayuru et Kumakyu ? »

« Yuna les a amenés au manoir et m’a laissée les monter une fois. Ils ont aussi fait une sieste avec moi. J’étais si excitée pour ce voyage que j’avais hâte. Comment toi et Yuna vous connaissez-vous, Fina ? »

« Fina m’a tirée d’affaire quand j’étais perdu dans la forêt, au moment où je suis arrivée ici », avais-je interrompu.

« C’est vrai, » dit Fina, « mais c’est Yuna qui m’a sauvée d’une attaque de loup. Je l’ai juste conduite en ville. »

« Et puis, je suis devenue une aventurière, mais comme je ne pouvais pas dépecer les monstres, j’ai fini par demander à Fina de le faire pour moi. »

« Oui, et je suis vraiment reconnaissante pour l’argent que tu me verses. »

« Fina, tu peux dépecer des monstres ? »

Noa avait l’air surprise.

« Oui, je l’ai fait pendant longtemps à la guilde. »

« Depuis longtemps ? Quel âge as-tu ? »

« J’ai dix ans. »

« Tu as donc le même âge que moi. Je ne peux pas croire que tu dépèces des monstres à ton âge… »

Noa jeta un regard choqué à Fina par-dessus son épaule. C’était donc bizarre pour des enfants de dix ans de pouvoir dépecer des monstres, même dans ce monde. Fina devait vraiment être spéciale.

Les deux jeunes eurent ensuite une conversation amicale. Et malgré leur différence de classe sociale, elles avaient après tout le même âge. Pendant que je les écoutais parler, nous avions suivi la route vers la capitale à un rythme tranquille. Aucun monstre ou voleur n’avait fait son apparition et la journée paisible s’était bientôt transformée en soirée.

J’avais cherché le meilleur endroit pour installer notre campement. Il y avait dans un endroit un peu éloigné de la route principale quelques arbres qui semblaient prometteurs. Je m’y étais donc rendue.

« Yuna, tu ne vas pas dire que nous allons camper en plein air ici, pas vrai ?! », dit Noa

« Oui, tu pensais qu’on allait rester dans une auberge ? »

« Euh, et bien, oui. Chaque fois qu’il y avait des villes ou des villages à proximité, on restait dans une auberge. Si ce n’était pas le cas, on dormait dans la calèche… »

Bien sûr. C’était vraiment la fille d’un noble.

« Ne t’inquiète pas. Tu auras de quoi dormir. »

« …? »

Je leur avais dit de prendre un peu de recul et j’avais sorti une maison d’ours du stockage d’ours. La maison ours avait la forme de deux ours assis : une maman et un petit. La maman ours était la vraie maison, et le petit était l’entrepôt attenant où Fina pouvait faire ses dépeçages. La porte d’entrée était placée dans la patte gauche de la maman ourse.

Je l’avais faite plus petite pour qu’elle soit moins visible, mais elle était tout de même très attrayante, bien qu’elle ne fasse que la moitié de la taille de la maison ours en ville. J’avais également redessiné un peu l’intérieur depuis l’époque où Fina et moi étions allées tuer des tigres et des loups.

« Yuna ?! Qu… qu… »

Noa cria d’étonnement.

« C’est une maison d’ours. Celle-ci est pour les voyages, c’est donc un peu petit. »

« Je ne demandais pas ce que c’était, je voulais savoir d’où ça venait. Je suppose que je sais d’où ça vient, mais est-ce que ça peut vraiment tenir dans un sac sans fond ? »

« Je ne suis pas sûre des limites supérieures de mon sac sans fond. »

L’autre maison, plus grande, y rentrait très bien. Tout comme la vipère noire.

« Tu n’es pas surprise, Fina ? » demanda Noa. Elle avait l’air plutôt perplexe.

« Non. Je l’ai déjà vue sortir une maison d’ours. »

« Aussi, tout ça est un secret, alors ne le dis à personne », j’avais prévenu Noa.

« De toute façon, pourquoi ne pas rentrer ? Tu dois être épuisée après avoir voyagé toute la journée. »

J’avais renvoyé Kumayuru et Kumakyu, puis j’avais fait entrer les filles.

« Oh Noa, désolée, mais s’il te plaît, enlève tes chaussures ici. »

J’avais des chaussures d’intérieur qui ressemblaient à des pantoufles, prêtes pour Noa et Fina dans l’entrée. Au-delà de l’entrée se trouvait le salon-salle à manger combiné, qui était éclairé par des pierres de mana. Il était assez spacieux pour accueillir dix personnes.

« Quelle est cette maison ?! » s’exclama Noa, surprise.

« Choisissez une chaise et asseyez-vous. Je vais préparer le dîner. »

Je m’étais dirigée vers la cuisine, j’avais huilé une poêle à frire et j’avais préparé de la viande hachée et des œufs pour faire des steaks hamburger. J’avais fait une salade pendant que les steaks cuisaient. Les enfants devaient avoir leurs légumes verts. Une fois les steaks cuits, j’avais servi la soupe encore chaude de l’auberge dans des bols et j’avais mis du pain frais sur une assiette. Puis j’avais versé du jus de fruits dans des tasses. Bon appétit.

« Yuna, qu’est-ce que c’est ? »

« C’est le dîner. Si tu veux un repas comme ceux que tu manges dans ton manoir, je ne peux pas vraiment faire ça. »

« Non, je ne pensais pas du tout à ça. En fait, ça sent encore meilleur que les repas que je prends à la maison. »

« Vraiment ? Super. Assurez-vous de le manger pendant qu’il est chaud. »

Noa et Fina commencèrent à manger.

« C’est quoi ce truc délicieux ? »

« C’est juste un steak hamburger. »

« Ham-bur-ger ? »

« Oui, on n’en mange pas dans ce pays ? »

« Ce n’est pas vraiment qu’on n’en mange pas, c’est la première fois que je mange quelque chose comme ça. »

« Vraiment ? Je n’ai fait que hacher de la viande de loup, de bœuf, de porc et d’autres choses. »

« Yuna, penses-tu qu’on puisse faire ça aussi chez moi ? » demanda Fina.

« Je pense que tu le pourrais, mais peut-être que faire la sauce serait difficile. C’est très bon avec du radis chinois râpé. »

« S’il te plaît, apprends-moi comment la faire la prochaine fois. Je veux que tous les membres de ma famille puissent y goûter ! »

« Bien sûr. »

« Moi aussi », dit Noa.

« Noa, tu n’as pas besoin de le savoir, non ? Tu as une bonne qui prépare tes repas. »

« C’est vrai, mais je n’aime pas me sentir exclue. »

« Eh bien, ça peut attendre qu’on soit de retour en ville. »

« Cette soupe a aussi bon goût. »

« L’auberge a fait ça pour moi. »

« Et le pain ? »

« J’ai trouvé une bonne boulangerie, alors j’ai fait des provisions. »

Après avoir discuté un peu, on avait fini notre repas. Fina et Noa étaient maintenant assez à l’aise l’une avec l’autre pour converser normalement.

« Maintenant, faisons une courte pause, puis prenons des bains. Nous partirons au lever du soleil, nous devons donc nous coucher tôt. »

« Oui, je comprends. »

« Est-ce qu’on part vraiment si tôt ? »

Les réactions étaient tout à fait opposées : Fina se levait toujours tôt pour le travail et les tâches ménagères, tandis que Noa était une noble qui saluait le matin tranquillement.

« C’est parce que je ne veux pas que d’autres personnes repèrent la maison. Je veux lever le camp avant que quelqu’un se réveille et commence à regarder autour de moi. »

« Je comprends. Je croyais aussi que tu avais parlé d’un bain ? Ai-je mal entendu ? » demanda Noa, en se frottant les oreilles.

« Tu n’as pas mal entendu. Il y a un bain, alors lave-toi avant d’aller te coucher. Fina, peux-tu lui montrer comment fonctionne le bain ? »

« J’ai l’impression que tout ce que je croyais être du bon sens est en train de s’effriter », dit Noa alors que Fina la conduit vers le bain.

Pendant qu’elles étaient occupées, j’avais débarrassé le repas. Je n’avais fait que laver la vaisselle et les tasses. Quand elles étaient sorties toutes les deux, je leur avais donné le sèche-cheveux et leur avais dit de se sécher les cheveux pendant que je prenais mon bain. Quand j’avais fini et que j’étais revenue, elles attendaient.

« Vous n’êtes pas encore au lit ? »

« Au lit où ? »

C’est vrai, je venais de me rappeler que je ne leur avais pas encore donné de chambre.

Au premier étage, il y avait le salon-salle à manger, la cuisine, la salle de bain et la baignoire. Le deuxième étage avait trois petites chambres. Une de ces chambres était la mienne, et les deux autres étaient pour les invités. Il y avait trois lits dans chacune des chambres, pour un total de six.

Je leur avais montré les chambres.

« Que voulez-vous faire ? Vous voulez dormir dans des chambres séparées ? »

« Les deux me conviennent. Tu peux choisir, Mademoiselle Noir. »

« Je veux parler avant d’aller me coucher, alors restons dans la même chambre. »

« OK ! »

« Tu peux parler, mais assure-toi de te coucher tôt », lui avais-je dit.

J’étais ensuite allée dormir dans ma propre chambre. Après tout, ce serait gênant si je me réveillais tard après les avoir avertis de cela.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire