Chapitre 3 : La fin se rapproche
Partie 6
Cette nuit-là, Yukihime et moi étions assis l’un en face de l’autre dans le salon. Souvent, après que Towa se fut endormie, Yukihime et moi allions souvent nous asseoir ici et nous parlions de choses que nous ne pouvions normalement pas parler quand Towa était présente à nos côtés.
« Puis-je te poser une question ? » Yukihime avait soudainement parlé afin de demander ça.
« Quoi ? » demandai-je.
« ... Si la personne qui a tué tes parents et t’a coupé le bras prenait part à cette bataille, voudrais-tu le tuer ? » demanda-t-elle.
« Encore ça ? Que sais-tu que je ne sais pas ? » demandai-je.
« Réponds-moi, s’il te plaît » Yukihime avait l’air très sérieuse alors qu’elle disait ça.
« ... Si je le peux, alors je le ferais. Par exemple, si Towa était en danger, je n’hésiterais pas une seconde, » répondis-je.
« Et dans le cas de figure où tu n’aurais pas à le faire ? » demanda-t-elle.
« ... Je ne sais pas. Le vieux moi n’aurait pas hésité un seul instant. C’était essentiellement ma raison de vivre. Mais quand je t’ai rencontré, les choses ont changé, » je voulais en dire plus, mais j’avais du mal à le mettre en mots. Finalement, le reste était sorti. « Après t’avoir rencontrée, et nous avons commencé à vivre ensemble, et je..., j’ai arrêté d’avoir aussi souvent ce rêve. »
« ... Celui concernant tes parents ? » demanda-t-elle.
« Tout à fait..., » répondis-je.
Le rêve où mes parents venaient d’être assassinés. Je le voyais encore de temps en temps, mais c’était devenu moins fréquent. Quand j’étais gamin, je le voyais tous les soirs et cela faisait qu’à l’époque, j’avais peur de m’endormir. Et tout cela était grâce à Yukihime qui m’avait appris d’autres façons d’utiliser mes pouvoirs à la place de juste penser à les utiliser afin de tuer. Elle m’avait montré un autre chemin possible.
C’est pourquoi je..., pensai-je.
« Yukihime, je te suis vraiment reconnaissant, » dis-je.
Reconnaissant. Oui, je lui suis reconnaissant, pensai-je.
Je ne l’avais toujours pas vaincue tout seul, et jusqu’à ce que je puisse le faire, je n’allais pas me permettre de ressentir autre chose que de la gratitude envers elle. — par exemple, l’affection pure que Nagisaki ressentait pour elle, je n’avais pas le droit de ressentir de telles choses.
« Arrête avec ça. Je n’ai pas besoin de tes remerciements..., » dit-elle.
« Te rappelles-tu ce que tu m’as dit lors de notre première rencontre ? » demandai-je. « Que si je ne savais pas comment utiliser mon pouvoir, je devrais juste me concentrer afin de l’utiliser pour protéger les autres ! »
Yukihime avait exactement compris quel était son devoir. Elle appartenait à la Maison Yukigane, une des familles qui avait construit la Cité de l’Autre-Monde et qui travaillait pour nous protéger des invasions des autres mondes. Yukihime savait dès l’instant où elle était née qu’il était de son devoir de consacrer sa vie à la protection des autres.
De mon côté, je ne voulais pas que quelqu’un décide quelque chose pour moi – et encore moins d’avoir quelque chose décidé dès la naissance. Je sentais qu’il y avait une quantité infinie de facteurs capables d’influencer la vie d’une personne, comme l’environnement dans lequel vous aviez grandi et les expériences que vous aviez vécues. Toute ma vie avait changé au cours d’une seule nuit.
J’étais quelqu’un qui ne pouvait pas accepter son propre destin, alors qu’Yukihime était quelqu’un qui avait complètement embrassé ses fonctions. Non, il semblait vraiment qu’elle le désirait. Elle était fière de son devoir, et j’étais envieux de ça. Elle n’avait probablement jamais ressenti que quelqu’un d’autre avait décidé de sa vie pour elle.
« Je suis heureuse de constater que tu t’es amélioré au fil des années, » déclara Yukihime.
« À l’époque, je ne comprenais rien, » dis-je.
Quand nous nous étions rencontrés, je pensais qu’elle était une idiote vraiment ennuyeuse. Elle avait agi d’une manière hautaine et avec force et elle m’avait donné des conférences sur des choses des plus insignifiantes qui soient. Je détestais le fait qu’elle parlait toujours de l’importance du devoir et de l’importance de la naissance. Franchement, comme elle m’avait irritée à l’époque... Parce qu’elle avait tout ce que je n’avais pas. Toutes ces choses que j’avais perdues ce jour-là...
Yukihime avait dit que son devoir était le sien, mais ses parents lui avaient appris comment y faire face. Je pouvais parfaitement comprendre ce qu’elle voulait dire par là. Même si je n’avais pas de devoirs astronomiques comme le fait de protéger le monde, j’avais quand même appris des choses de mes propres parents.
« Kokuya. Les hommes ne devraient pas utiliser ses poings sur des choses triviales. » Papa m’avait dit cela une fois après que je m’étais battu avec un ami.
« Quand sommes-nous autorisés à utiliser nos poings ? » lui avais-je alors demandé.
« Je pense que c’est quand tu protèges quelque chose d’important pour toi, » répondit-il.
« Comment savoir quand une telle situation se présente ? » demandai-je.
« Par exemple, que ferais-tu si une méchante personne attaquait Towa ? » demanda-t-il.
« Je frapperais ce déchet jusqu’à ce qu’il cesse de bouger, » dis-je.
« Ha ha. Cela me paraît un peu dangereux, mais je suppose que tu as compris l’essentiel, » dit-il.
Les paroles de papa étaient toujours restées dans mon cœur. Si le devoir d’Yukihime était une bénédiction, alors mon destin était une malédiction — une malédiction vengeresse. La seule raison pour laquelle je voulais être fort était afin de tuer des personnes. Cependant, un peu après avoir rencontré Yukihime, un événement particulier m’avait fait commencer à douter de moi-même.
Un jour, Towa avait été kidnappée. Yukihime et moi étions immédiatement allés la sauver. Yukihime avait failli perdre la vie dans le processus, mais elle avait réussi à sauver Towa. Avant cela, Yukihime avait juré de protéger Towa, peu importe ce qui se produirait, mais j’avais obstinément insisté pour que cela soit moi qui la protège moi-même. Cet incident avait fini par faire changer mon état d’esprit. J’avais réalisé qu’Yukihime était quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance, et j’avais dès lors souhaité apprendre ce qu’elle pouvait m’apporter.
Après, je lui avais demandé comment elle pouvait risquer sa vie pour effectuer son devoir et cela pour quelqu’un qui n’était même pas un membre de sa famille. Je ne pouvais pas du tout le comprendre. Est-ce simplement parce qu’elle est née dans ce genre de famille ? Est-ce que c’est ce qui lui permet d’aller si loin ?
« Mais c’est simple. Après tout, je fais juste ce que ma mère et mon père m’ont dit de faire, » avait-elle répondu.
Les parents d’Yukihime avaient contribué à mettre fin à la Seconde Guerre contre l’Autre-Monde, mais ils avaient perdu leur vie dans le processus. Ils avaient vaincu d’innombrables ennemis, y compris les chefs de l’armée d’invasion, et ils n’avaient jamais cessé de se battre jusqu’à ce qu’ils rendent leur dernier souffle. Chargée de son propre devoir de protection, Yukihime respectait ses parents du fond de son cœur pour avoir trouvé la mort en faisant leurs devoirs jusqu’au bout. Tout ce dont elle avait toujours parlé était de vouloir devenir comme eux. Elle voulait continuer à devenir plus forte pour pouvoir se battre et sauver le monde.
Puisqu’elle était celle qui avait sauvé ma sœur bien-aimée, et qui continuait à m’aider à la protéger, je voulais être comme Yukihime. Alors, quand elle avait dit de telles choses avec une si grande conviction, j’avais envie de ressentir la même chose. Puis, un jour, Yukihime m’avait montré un nouveau chemin.
C’était arrivé alors que nous étions encore au collège. Nous avions décidé de faire un pari et de nous battre l’un contre l’autre. Si Yukihime gagnait, je devrais l’aider à protéger le monde, et si je gagnais, j’ordonnerais à Yukihime de faire quelque chose de bien spécifique. Et bien sûr, j’avais perdu...
« Maintenant, respecte ta promesse et aide-moi à protéger notre monde. » Je pouvais encore me souvenir de ses mots après qu’elle eut gagné. Peut-être que c’était grâce à ces paroles que je n’étais pas devenu un démon vengeur. Vengeance et devoir, tuer et protéger... Ces deux côtés se heurtaient toujours en moi.
Un jour, je trouverai une réponse. Et je vais la rattraper. Je vais devenir quelqu’un qui est vraiment capable de marcher à côté d’elle... et alors...
« Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu viens de devenir tout rouge, » demanda Yukihime.
« Ce n’est... rien, » répondis-je.
« ... Es-tu sûr de ça ? » demanda-t-elle.
« Hé, Yukihime..., » dis-je.
« Quoi ? » répondit-elle.
« Je réfléchissais à certaines choses. Peut-être, que ce ne serait pas si mal que cela si je devais protéger le monde avec toi pour le restant de mes jours, » à partir de maintenant, la promesse que nous avions faite à cette époque était plus important que jamais.
« ... Voilà ce que j’aime entendre. Désormais, ne change plus d’état d’esprit, » déclara-t-elle.
« Je ne vais pas le faire. Nous allons protéger ceux que nous aimons, peu importe, ce qu’il adviendra, » déclarai-je.
« Bien sûr que nous le ferons. À qui penses-tu que tu parles ? » demanda Yukihime.
« À Mademoiselle Yukihime Yukigane, la plus puissante Sorcière des Étoiles du monde, ainsi que la Directrice de l’Académie de la Porte des Étoiles, l’organisation qui protège notre monde, » déclarai-je.
« On dirait que tu as enfin appris à parler comme un vrai serviteur, » répliqua-t-elle.
« Hein !? Mais en ce moment, tu es ma servante, » répondis-je.
« Pardon !? » s’exclama-t-elle.
Après que la conversation ait digressé vers notre habituelle querelle, Yukihime avait brusquement parlé. « Ça te dérange si je change de sujet ? »
« Et de quel autre sujet veux-tu parler ? » demandai-je.
« Kokuya, quelle est ta couleur favorite ? » demanda-t-elle.
« Ma couleur favorite ? Hmm... l’argent, » répondis-je.
« ... A-Argent ? » pour une raison inconnue, Yukihime devint pâle.
« Hmm. Mais je trouve également que le noir et le rouge sont de belles couleurs, » continuai-je.
« Le rouge ? » demanda-t-elle.
« Tout à fait. J’aime le rouge, » dis-je.
« ... Oh ! C’est bien. J’aime aussi le rouge. Est-ce que les héros ne doivent-ils pas porter du rouge ? » demanda-t-elle.
« Est-ce que ce n’est pas un peu n’importe quoi ce que tu me dis là ? » demandai-je.
« Heuu. Hm... oublie ça ! » Elle était si mauvaise quand il fallait jouer la comédie. « De toute façon, nous devrions aller dormir. Une fois que nous leur aurons donné notre réponse, il ne faudra pas longtemps avant que la guerre commence. Nous devrions commencer nos préparatifs dès demain matin. »
Pour une raison inconnue, Yukihime avait l’air vraiment heureuse. Je n’étais pas sûre de ce qui se passait chez elle, mais cela ne semblait pas être une mauvaise chose, alors j’avais décidé de ne pas la forcer à parler de ça.
« D’accord... Alors, bonne nuit ! » dis-je.
« Bonne nuit ! » répondit-elle.
Merci pour le chapitre
P.S : Go Go Power Rangers !… (si un jingle vient de commencer dans votre tête, c’est que mon but est accompli, héhéhé…)