Chapitre 3 : La fin se rapproche
Partie 2
Après l’école, Yukihime m’avait fait appeler au Bureau de la Directrice. Il était empli de luxueux meubles. Je n’avais aucune véritable conception en ce qui concerne la valeur des meubles, mais même ainsi, je pouvais dire tout de suite que les canapés au centre de la pièce étaient très chers.
« Est-ce que c’est du cuir de dragon ou quelque chose du genre ? » demandai-je en m’asseyant.
« Bien sûr que non. Je pense que c’est la vache, » répondit-elle.
« Ha ! De la vache ? » C’était probablement beaucoup plus cher que je ne pouvais me permettre. « Alors, que se passe-t-il ? Tu as l’air d’être comme si quelque chose de mauvais s’était produit, » dis-je.
Yukihime s’était alors assise en face de moi, puis ferma les yeux et resta silencieuse pendant quelques secondes. Finalement, comme si elle venait de prendre une énorme décision, elle commença à parler avec un ton très sérieux.
« Demain, je vais aller discuter avec ceux de Khaos Schwartz, » déclara-t-elle.
« Quoi... !? Tu plaisantes, n’est-ce pas ? » demandai-je.
« J’aimerais vraiment que cela soit le cas, » répondit-elle.
J’étais tellement choqué que je ne pouvais même pas formuler une phrase cohérente.
Khaos Schwartz : Une personne de l’Autre-Monde qui existait au côté du nôtre. Il y avait un total de cinq mondes, y compris le nôtre.
No 1, Bleu : Étoile d’Azur, le Monde Central
No 2, Noir : Khaos Schwartz, le Monde du Chaos
No 3, Arc en Ciel : Semuleice, le Monde des Illusions
No 4, Argent : Machina Silvaria, le Monde des Créations d’Argent
No 5, Blanc : Paradisos, le Monde du Blanc Sacré
Les habitants des autres mondes appelaient notre monde l’Étoile d’Azur. Normalement, les mondes n’avaient jamais interféré les uns avec les autres, et pendant longtemps, les humains ne savaient même pas qu’il y avait d’autres mondes. Khaos Schwartz avait changé la donne.
Il y a seize ans, quand Yukihime et moi étions nés, la Première guerre face à l’Autre-Monde avait eu lieu. Puis, neuf ans plus tard, les parents d’Yukihime avaient trouvé la mort lors de la Deuxième Guerre face à l’Autre-Monde. Khaos Schwartz avait envahi notre monde et c’était eux qui avaient commencé ces deux guerres.
Pour autant que je sache, seuls les habitants de l’Étoile d’Azur, de Khaos Schwartz et de Semuleice avaient voyagé vers d’autres mondes. Les quatrième et cinquième mondes n’avaient absolument aucun contact avec l’extérieur. Semuleice était un monde amical qui était en bons termes avec nous, alors que Khaos Schwartz était le seul monde qui avait déjà essayé d’envahir d’autres mondes. Et en plus, les hommes qui avaient tué mes parents venaient apparemment de Khaos Schwartz. Cependant, il n’y avait aucun moyen de les identifier. Et comme il faisait très sombre cette nuit-là et je n’avais même pas vu le visage de ces assassins.
Khaos Schwartz était un monde qui avait plusieurs pays différents ainsi que diverses organisations indépendantes. Les personnes qui venaient nous rendre visite pourraient être d’une organisation complètement différente de ceux qui avaient tué mes parents, mais il y avait encore une chance qu’ils pourraient, d’une manière ou d’une autre, être lié avec eux.
Yukihime et moi avions perdu nos parents à cause des habitants de ce monde. Nous n’avions pas d’histoire en commun avec les autres mondes, mais les choses étaient différentes avec Khaos Schwartz.
« ... Pourquoi tout à coup veulent-ils avoir une réunion avec nous ? Il doit y avoir une raison derrière leur demande. Rien de pareil ne s’est produit jusqu’à maintenant ! » dis-je.
« Bon... Calme-toi et écoute-moi. Khaos Schwartz, ils..., » commença-t-elle.
« Quoi ? » m’exclamai-je.
Pendant un instant, tout devint silencieux. Puis, Yukihime continua à parler. « Ils veulent que nous leur remettions le Destructeur... Towa. »
« J’espère que tu plaisantes !? C’est dingue ! » m’écriai-je.
« Ils doivent avoir de sérieux problèmes. Sinon, ils ne feraient jamais une demande aussi folle, » déclara-t-elle.
« ... Bon sang. Et comment ont réagi les Sept Maisons ? » demandai-je.
« Certains d’entre eux étaient assez stupides pour nous demander de calmement leur remettre Towa, » déclara-t-elle. « Même en mettant de côté nos sentiments personnels, il n’y a aucune chance de la leur donner. Et cela, peu importe le fait qu’ils prétendent qu’ils vont bien s’occuper d’elle. Si elle devait être utilisée dans une guerre, on ne sait pas ce qui pourrait arriver, et d’ailleurs, s’ils l’acquerraient... Ils pourraient ne jamais nous la rendre..., » après un court laps de temps, elle continua. « Et pour couronner le tout, si nous perdions Towa, alors nous perdrions également une puissance militaire cruciale pour notre monde. Si nous leur remettons notre plus puissante arme, alors, par la même occasion, nous invitons nos ennemis à venir nous attaquer. »
Elle avait raison. Elle avait raison, mais...
« ... Je suis désolée. Je ne remettrai jamais Towa à qui que ce soit, » rajouta-t-elle.
« Je le sais..., » déclarai-je.
Towa était une arme, mais j’avais toujours refusé de voir les choses de cette façon. Oui, elle est extrêmement puissante, et alors ? Cela signifie simplement que je dois devenir assez fort pour que nous n’ayons plus besoin de l’utiliser ! C’est le genre de rêve que je poursuivais sans relâche. Je sais que je dois me préparer... Je sais que je dois abandonner ça, mais...
« Mais Kokuya, cette fois-ci, nous devons réfléchir de façon réaliste, » déclara-t-elle.
Yukihime...
« Cela pourrait conduire à la guerre. Et si c’est le cas, nous pourrions avoir besoin de l’utiliser, » déclara-t-elle.
Elle m’avait confronté à la réalité que je ne voulais pas affronter.
« Rien n’est encore dans le marbre, » déclara-t-elle. « Tout dépend de la façon dont la réunion se passe demain. Mais il y a une très forte possibilité que les choses viennent à ça, alors je veux que tu t’y prépares. Afin que tu puisses prendre la bonne décision quand le moment viendra. »
« D’accord, je vais y penser, » dis-je.
« Je suis désolée que nous devions discuter de cela, » déclara-t-elle.
« ... C’est correct. Ce n’est pas de ta faute, » dis-je.
« C’est peut-être vrai, mais j’aimerais quand même ne pas avoir à te dire ces choses. Je sais parfaitement comment tu chéris Towa, » déclara-t-elle.
« Merci de penser à moi... Je suis vraiment content que tu sois devenue la gardienne de Towa. Merci, Yukihime, » dis-je.
C’était un peu embarrassant à dire, mais c’étaient mes véritables sentiments. Je dois être honnête avec des choses comme ça.
« ... Pourquoi tout d’un coup, agis-tu si bizarrement ? » demanda Yukihime tout en rougissant.
« Je ne le suis pas. Je dis juste que si quelqu’un de plus égoïste que toi était dans ta position, il pourrait dire : “Nous devons tout faire afin d’empêcher une guerre” et le problème serait réglé, n’est-ce pas ? » demandai-je. « Je pourrais facilement imaginer une personne différente agissant comme si elle avait pris le contrôle de Towa. Je veux dire par là que la plupart des personnes fortes sont des crétins, n’est-ce pas ? »
« ... Euh, Hmm. Cela signifie-t-il que tu réalises maintenant à quel point je suis incroyable ? Cela t’aura pris de temps pour en arriver là, » dit-elle.
« Si seulement tu ne disais pas des trucs comme ça, je l’aurais compris beaucoup plus tôt, » répliquai-je.
« ... T-tais-toi ! » cria-t-elle.
« Désolé, je ne peux pas m’en empêcher d’agir ainsi, » dis-je.
« Tu pourrais au moins essayer de changer. En tout cas, merci, » déclara-t-elle.
« Pourquoi ? » demandai-je.
« P-Parce que... Je suis contente que quelqu’un comme toi soit le grand frère de Towa, et... » L’embarras avait fait que sa déclaration s’était momentanément interrompue, mais elle avait continué après ça. « Et aussi concernant le fait que tu sois le Poing Final, celui qui est le seul à pouvoir l’utiliser. »
Le Poing Final était le titre donné à la personne compatible avec le Destructeur. Personne ne savait vraiment comment les Destructeurs étaient nés ou comment ils fonctionnaient, mais chaque monde en avait un, et ils étaient tous des filles. C’était apparemment parce que dans une époque mythique, une déesse nommée Ruine avait pris la forme d’une fille et avait poussé le monde au bord de la destruction. Finalement, elle avait été scellée, et son âme avait été divisée en cinq parties distinctives.
Il n’y avait aucune trace de cette ère dans notre monde, mais des mythes sur Ruine existaient chez Khaos Schwartz et Semuleice. La déesse Ruine était apparue sous la forme d’une fille, et par conséquent, seules les filles pouvaient devenir des réceptacles pour les morceaux de son âme. Elle possédait de très puissants pouvoirs, et chaque Destructeur pouvait en utiliser une partie.
Il avait également été dit que Ruine avait été scellé par un héros avec un bras prothétique connu comme étant le Poing Final, un « poing capable de mettre fin à tout cela ». Certaines personnes doutaient des légendes inscrites sur les documents des autres mondes, mais il était clair que les Destructeurs existaient, ce qui prouvait que tout n’était pas une histoire imaginaire.
Towa avait hérité d’une partie de l’âme de Ruine et avait acquis le pouvoir de détruire le monde. Elle était le Destructeur, l’arme la plus puissante, et j’étais son Poing Final, celui qui pouvait le mieux l’utiliser.
La nuit où nos parents avaient été assassinés, Towa s’était éveillée en tant que le Destructeur, et une voix avaient résonné dans ma tête. Comme cette voix ne cessait de m’encourager à tuer, j’imaginais que c’était probablement la voix de Ruine, qui vivait à l’intérieur de Towa.
Et ainsi, j’avais emprunté le pouvoir de Towa et avais tué l’un des meurtriers de mes parents. Le meurtre ne m’avait pas vraiment fait ressentir la moindre émotion. J’avais simplement utilisé l’immense pouvoir du Destructeur pour oblitérer une vie humaine. Mais malgré mon engourdissement, la vérité était restée présente dans mon esprit. J’avais utilisé ma petite sœur afin de tuer quelqu’un.
Il s’agissait de mon péché, et seulement le mien. Et j’étais prêt à le supporter pour le restant de ma vie. Je n’avais jamais voulu lui imposer un tel poids sur ses épaules. Je ne voulais pas l’utiliser dans une autre bataille, mais il semblait que cette fois je n’avais pas le choix.
Yukihime continua. « Si le Destructeur était tombé entre de mauvaises mains, il aurait pu passer de la meilleure méthode de protection au monde à la pire arme de destruction massive que notre monde ait jamais vue. Les choses auraient pu facilement devenir une horreur à chaque instant. »
Les Phanatics avaient essayé de nous pousser à devenir ainsi, mais ils avaient échoué. Parce qu’elle nous avait sauvés. La fille assise en face de moi nous avait tous deux sauvé tout en étant toute seule.
« En tout cas, c’est bon de savoir que nous nous sentons tous les deux reconnaissants. Pour l’instant, cependant, nous devons nous concentrer sur l’affaire qui est juste devant nous, » dis-je.
« Tout à fait..., » dit-elle.
« As-tu parlé à Towa ? » demandai-je.
« On ne sait pas ce qui peut arriver à ce stade. Je voulais donc d’abord t’en parler, » répondit-elle.
« ... Alors, nous devons nous dépêcher et le lui dire, » dis-je.
Il n’y avait aucune chance que je puisse utiliser Towa dans une bataille sans d’abord le lui faire savoir. J’avais besoin de lui dire la vérité. Cela m’avait fait mal au ventre juste en y pensant, mais je savais qu’il n’y avait pas d’autre moyen à disposition.
Avec ma décision prise, j’étais sorti du Bureau de la Directrice.
***
« Je veux également me battre, » c’était la première chose que Towa avait dite après que nous lui avons transmis les nouvelles. « Je ne veux pas seulement être tout le temps protégée. »
« M-Mais, Towa..., » déclara Yukihime.
« Pas de Mais, » interrompit Towa. « Penses-tu que je vais juste me cacher quelque part et prétendre que rien ne se produit pendant que mon grand frère et toi serez blessés ? »
« M-Mais..., » répéta Yukihime.
« Pas de mais, » coupai-je à mon tour. « Towa a raison. Vouloir la garder hors de danger n’était rien de plus que de l’égoïsme, et ils ne pourront pas venir jusqu’ici. Pourtant, je ne voulais toujours pas la faire se battre. Même si cela signifiait mettre le monde entier en danger. Pour moi, ma petite sœur était plus importante que le monde en lui-même. »
« Grand frère..., » déclara Towa.
« ... Oui ? » demandai-je.
« Je crois en toi, » déclara Towa. « C’est pourquoi je veux que tu m’utilises afin de protéger le monde en te battant aux côtés d’Yukihime. »
« On dirait que Towa s’est préparée pour faire face à ça encore plus vite que nous l’avons fait de notre côté. Elle semble aussi être plus ferme quant à sa résolution, » déclara Yukihime.
« Je suppose que oui..., » Towa regarda Yukihime, révélant un sourire empli de douleur puis elle laissa échapper un soupir d’exaspération. « Pendant dix ans, je n’ai rien fait, alors laissez-moi vous protéger... Je me disais toujours que quand un moment comme celui-ci viendra, je ne m’enfuirais pas. Je suis donc prête depuis neuf ans... »
Pendant notre séjour avec les Phanatics, Towa et moi étions devenus des cibles pour tous les autres étudiants. Les nouvelles personnes arrivant là avaient toujours été ainsi désignées, et si vous n’aviez pas le courage de faire quelque chose face à ça, vous finiriez par devenir un jouet pour eux. J’avais pu utiliser ma force pour que les autres m’acceptent, mais les choses avaient été différentes pour Towa. D’une manière ou d’une autre, ils avaient entendu une rumeur à propos des pouvoirs de Towa, et avaient décidé de faire ressortir ces pouvoirs en utilisant la peur. Comme personne ne savait comment activer ses pouvoirs, ils avaient juste continué à essayer de l’effrayer encore et encore.
Il y avait d’autres personnes qui l’avaient ciblée pour des raisons sexuelles. Ils m’avaient également poursuivi avec ça. L’âge et le sexe n’avaient pas d’importance pour ces personnes, et un nombre scandaleusement élevé d’entre eux avait des préférences sexuelles très tordues. Certains d’entre eux avaient été excités à la seule vue d’un enfant de cinq ans — l’âge que Towa avait à l’époque. Je les avais tous combattus, et j’en avais même blessé certains au point où'ils ne pourraient plus jamais commettre d’autres atrocités.
Les Phanatics n’étaient rien d’autre qu’un groupe de dégénérés. J’avais même eu du mal à croire que certains d’entre eux étaient des humains. Bien sûr, il y avait des personnes saines mentalement présentes là-bas, mais c’était toujours eux qui mourraient en première. Personne n’était en mesure de conserver sa santé mentale pendant une longue période de temps dans un tel environnement.
« Je veux rentrer à la maison... ma mère et mon père me manquent, » j’en rêvais encore — Towa me regardant avec des yeux creux, murmurant la même chose encore et encore. Que je sois éveillé ou endormi, Towa avait juste continué à pleurer !
Et donc, j’avais juré de la protéger. J’avais également juré de tuer les personnes qui nous avaient fait cela — les personnes qui avaient tué nos parents.
« Jusqu’à présent, je n’ai rien fait, alors, laissez-moi vous protéger... Maintenant, c’est à mon tour de t’aider, grand frère, » déclara Towa tout en me regardant droit dans les yeux pendant qu’elle continuait à parler. « Si je ne peux pas t’aider dans ces moments-là, alors pourquoi suis-je ici ? Et en premier lieu, pourquoi ai-je même obtenu ce pouvoir ? Au moins, laisse-moi croire que j’ai reçu ce pouvoir afin d’avoir la possibilité de t’aider dans ces moments-là. »
«... D’accord, » je ne pouvais m’enfuir plus loin. Il était temps d’agir. « Mais ne fais rien d’imprudent. C’est la seule chose que ton grand frère ne permettra jamais, est-ce compris ? »
Merci pour la partie
Ça commence trop bien ce chapitre, c’est mauvais signe pour eux…