Jinrou e no Tensei – Tome 7 – Chapitre 7 – Partie 20

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Chapitre 7

Partie 20

J’étais en train de nettoyer ma chambre quand j’avais entendu dire que les serfs de Lord Bolshevik s’étaient rebellés. J’empruntais cette pièce dans le manoir d’Eleora depuis un moment maintenant, et il était devenu assez encombré de rapports officiels, de lettres et autres. J’étais le genre d’individu qui ne pouvait jeter aucun document, aussi insignifiant soit-il, c’est pourquoi j’avais encore des rapports sur le système de drainage de Ryunheit qui remplissait mes tiroirs. En tout cas, lorsque Borsche était venu faire son rapport, j’avais cessé de fouiller dans mon classeur et je lui avais consacré toute mon attention.

« Es-tu absolument certain que cette révolte a été déclenchée par les serfs, Borsche ? »

« En fait, c’est un peu plus compliqué que ça. »

Un froncement de sourcils passa sur le visage ridé de Borsche. Les terres bordant celles de Lord Bolshevik appartenaient à Lord Peiti, l’un des nouveaux partisans d’Eleora. Grâce à son service exceptionnel pendant la rébellion, il avait obtenu une partie de la terre qui appartenait autrefois à Lord Doneiks. Bien qu’il ait reçu une formation militaire comme tous les nobles, ses véritables contributions avaient été dans la gestion des lignes d’approvisionnement d’Eleora. Traditionnellement, les personnes effectuant des travaux aussi banals n’étaient pas récompensées par des terres, mais Eleora et moi avions convenu que les personnes compétentes en gestion devraient devenir les nouveaux nobles terriens parmi ses partisans.

Les autres nobles voisins de Lord Bolshevik étaient également des partisans d’Eleora. Toute la région était sous sa sphère d’influence. Bien que l’on ne sache pas exactement qui avait mené cette révolte et pourquoi, nous savions pertinemment que les terres de Peiti étaient attaquées.

« D’après la lettre que Lord Peiti nous a envoyée, il est certain que ce ne sont pas ses propres serfs qui se sont révoltés. »

« Alors ce n’est pas une révolte, mais une invasion par une force non identifiée. »

« Plus ou moins. »

Bordel de merde, c’est sérieux. Compte tenu du moment, c’était probablement l’un des plans de Lord Bolshevik. J’avais tenu une réunion d’urgence avec Eleora, puis j’avais envoyé mes loups-garous en éclaireur vers le nord. Le rapport que j’avais reçu d’eux deux jours plus tard avait été un choc complet.

« Les serfs qui assiègent les terres de Peiti sont tous du territoire de Lord Bolshevik, mais ils sont aussi bien entraînés que l’armée régulière », avait déclaré Hamaam d’un ton neutre.

« La plupart des serfs de ce pays sont des agriculteurs sans formation, mais ce groupe est différent. » Vodd, qui était parti avec Hamaam, se frotta le front avec lassitude et me fit un sourire amer. « Ils savent utiliser leurs armes et marcher en formation. Plus importants encore, ils ne fuient pas au premier signe de problème. Ces gars-là ne sont pas des nouveaux. »

Au sein de Rolmund, l’Ordre Sonnenlicht avait interdit aux nobles de donner à leurs serfs une formation militaire. Mais puisque Lord Bolshevik était un hérétique, il n’avait aucune raison de se conformer aux exigences de l’Ordre. Sa religion et sa culture étaient différentes du reste de Rolmund, il allait donc de soi que sa vision de la guerre l’était aussi. Je me tournai vers Eleora, qui répondit immédiatement.

« Ce n’est qu’une diversion. » Elle avait déployé une carte et avait indiqué où se trouvaient les terres de Peiti. « Je rassemble des soldats à envoyer au secours de Lord Peiti, mais pour l’atteindre, ils devront passer par le territoire des Bolshevik. »

Lord Bolshevik contrôlait toutes les principales routes entrantes et sortant du Rolmund du Nord. Si une armée voulait entrer dans le Rolmund du Nord, elle devait passer par ses points de contrôle.

Eleora ajouta : « De plus, de l’extérieur, on dirait qu’une révolte a éclaté dans l’un des anciens territoires de Doneiks où j’ai affecté l’un de mes nouveaux partisans. C’est complètement différent de la guerre civile déclenchée par la famille Doneiks. Techniquement, c’est quelque chose qui devrait être traité par le noble chargé de ces terres. »

Bien sûr, la situation réelle n’avait rien à voir avec cela, mais nous n’avions aucun moyen de prouver que ces serfs appartenaient à Lord Bolshevik. Cela signifie que nous ne pouvions pas compter sur le soutien de l’armée impériale ni sur aucune des forces personnelles des autres nobles.

« Lord Bolshevik sait que je ne garde pas trop de troupes dans la capitale, et c’est un complot pour les éloigner de moi. »

Moins Eleora garderait de soldats stationnés dans la capitale, plus il serait facile pour Lord Bolshevik d’agir. Cependant, nous ne pouvions pas non plus rester assis ici et laisser Peiti se faire massacrer. Il avait été promu au rang de seigneur mineur, avec un domaine de seulement quelques villages. Son armée personnelle se composait de quelques dizaines d’hommes. Eleora m’avait montré la lettre qu’elle avait reçue de Sir — maintenant Seigneur — Lekomya.

« Lekomya a dit qu’il irait au secours de Peiti, mais il n’a pas beaucoup de troupes non plus, et les villages agricoles ne sont pas des forteresses. Il devra se battre dans les plaines ouvertes, ce qui signifie qu’il aura besoin de troupes. »

« Alors même si c’est un piège, tu n’as pas d’autre choix que de faire ce qu’il veut ? »

« Précisément. Même si cela me fait mal de faire ce que veut notre ennemi, je dois envoyer mes troupes. »

Eleora n’abandonnerait jamais ses subordonnés. Lord Bolshevik le savait et il avait profité de sa gentillesse.

J’avais pris quelques minutes pour considérer nos options. J’avais avec moi mes 56 loups-garous qui avaient été transformés en une unité spéciale Jaeger, ainsi que Parker. C’était assez de monde pour protéger Eleora de toute menace, mais si nous étions tous concentrés sur sa protection, nous laisserions le palais sans défense. Attendez, j’ai une idée. Si le problème est de protéger Eleora, pourquoi ne pas simplement la faire sortir d’ici ?

« Eleora, et si tu allais avec tes troupes au Rolmund du Nord ? »

« Veux-tu que je prenne le commandement ? » Pendant un instant, Eleora avait semblé surprise, mais elle avait ensuite hoché la tête en signe de compréhension. « Je vois. Si je ne suis pas là, tu seras libre de te déplacer comme bon te semble. Non seulement cela, Lord Bolshevik pensera que c’est sa chance. »

« Exactement. »

Si Eleora quittait la capitale, je serais le seul à barrer la route à Lord Bolshevik. Bien sûr, il préférerait probablement que je ne sois pas là non plus. Pendant que je pensais cela, je fourrai distraitement ma main dans ma poche. J’y avais trouvé un morceau de papier plié et je l’avais sorti. Ah, c’est le rapport sur la façon dont les rénovations du système d’égouts de Ryunheit se déroulent. J’avais survolé l’écriture bouclée et cursive des canidés. Alors que je relisais le rapport, une idée m’était soudainement venue. Et si je quittais aussi la capitale, laissant Lord Bolshevik faire ce qu’il veut sans opposition ?

« Tant qu’on y est. Je vais aussi sortir mes loups-garous de la capitale. »

« Quoi, pourquoi ? »

Eleora m’avait lancé un regard perplexe et j’avais souri.

« Oh, je viens de penser à quelque chose, c’est tout. » Je regardai le rapport, mon sourire s’élargissant.

Les canins étaient toujours utiles à des moments inattendus. J’avais chargé l’unité de Skuje de garder Eleora pendant sa campagne.

« Écoutez, vous devez faire semblant d’être les préposés d’Eleora. »

Les frères, tous adolescents, me regardaient avec mécontentement.

« Hein, comment se fait-il ? Je ne veux pas ! »

« Je me fiche que ce soient tes ordres, Veight… J’ai peur de cette dame… »

Tu entends ça, Eleora ? Même les loups-garous ont peur de toi. Eleora, qui avait discuté de quelque chose avec Borsche, s’était approchée lorsqu’elle avait entendu la réponse de Skuje. Les quatre frères frissonnèrent.

« Skuje, la femme effrayante est là ! Fais quelque chose ! »

« Que voulez-vous que je fasse !? J’ai peur aussi ! »

Eleora sourit gentiment aux enfants et leur fit signe de s’approcher.

« Il n’y a pas lieu d’avoir peur. Écoutez, je vais même vous donner des bonbons. » Eleora attrapa une bouteille pleine de bonbons sur une étagère à proximité et en versa quatre sur une assiette en porcelaine. « Là, un bonbon pour chaque personne. »

« M-Merci. »

Skuje soupçonnait toujours qu’Eleora complotait quelque chose. Bien sûr, j’avais déjà compris ce qu’elle faisait ici, alors je m’étais simplement appuyé contre le mur et j’avais souri.

« Mais comme je suis une femme effrayante, je vais en prendre un pour moi. »

Eleora mit un des bonbons dans sa bouche.

« Ah !? »

« Vous l’avez vraiment mangé !? »

Eleora fit un bruit de déglutition audible. Elle avait ensuite tenu l’assiette et l’avait recouverte d’un mouchoir. Après avoir fait un rapide geste de prière, Eleora souleva solennellement le mouchoir de l’assiette.

« Quoiii !? »

« Comment !? »

Skuje et ses frères fixèrent l’assiette. D’une manière ou d’une autre, il y avait à nouveau quatre bonbons dans l’assiette.

« Encore quatre ! Comment avez-vous fait ça ? »

« Vous l’avez sorti de votre estomac !? »

Bien sûr que non. Aucun des quatre bonbons n’avait de salive dessus.

Eleora fit un petit sourire aux garçons. « Voulez-vous savoir comment j’ai fait cela ? »

« Ouais ! »

« Enseignez-nous ! »

« Était-ce magique !? C’était magique, n’est-ce pas ? »

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