Jinrou e no Tensei – Tome 16– Chapitre 16 – Partie 11

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Chapitre 16

Partie 11

Elle faisait partie des Veilleurs des Cieux, une organisation chargée de surveiller les nations étrangères. À l’inverse, Tsukumo avait pour mission de surveiller les activités à l’intérieur du pays. De par la nature de leurs missions, les deux branches ne s’entendaient pas. Cependant, à mon avis, ils se ressemblent plus qu’ils ne diffèrent.

« Ne vous inquiétez pas, l’Armée démoniaque et le Conseil de la République rencontrent les mêmes problèmes », dis-je. « Dès qu’on acquiert une certaine importance, les gens se précipitent pour s’attirer vos faveurs. Ce n’est pas juste de les blâmer, et ce n’est pas comme s’ils allaient s’arrêter même si vous leur dites que vous ne voulez pas de leur dévotion. »

Shumar me fixa longuement. « Je vois bien que vous parlez d’expérience, professeur. »

« Hahaha. »

Honnêtement, j’avais vu ça bien plus souvent dans ma vie antérieure que dans l’actuelle. Le monde de l’entreprise était gangrené par ce genre de comportement. Mais j’imagine que puisqu’on le voit aussi ici, c’est tout simplement inhérent à la nature humaine…

Parker déclara d’une voix inquiète : « Vouloir faire preuve de loyauté, c’est bien beau, mais ils avaient l’ordre d’être de retour avant le coucher du soleil. Ils doivent bien savoir qu’ils seront punis, et non récompensés, pour leur retard. »

« C’est vrai, s’ils ne reviennent pas bientôt, alors… » Avant que je puisse terminer ma phrase, le dernier groupe revint enfin au camp.

« Toutes nos excuses, Votre Altesse, nous étions tellement absorbés par notre travail que nous avons perdu la notion du temps. »

« Traverser la jungle a été plus long que prévu… » Les hommes semblaient tous épuisés, mais à l’odeur de leur sueur, je devinais qu’ils ne l’étaient pas tant que ça. Il y avait fort à parier qu’ils avaient terminé leur travail avant midi et qu’ils attendaient pour faire croire qu’ils avaient travaillé plus dur.

Je jetai un coup d’œil rapide à Shumar, et mon expression à elle seule lui suffit pour comprendre ce qui se passait.

Avec un sourire, il s’approcha de ses hommes. « J’apprécie votre travail, chacun d’entre vous. Mais n’oubliez pas que suivre les ordres est tout aussi important qu’accomplir vos tâches. Assurez-vous d’être de retour avant le coucher du soleil demain. Je suis certain que des hommes aussi compétents et loyaux que vous termineront bien avant l’heure prévue. »

Les hommes inclinèrent la tête avec respect. « Comme vous le souhaitez, Votre Altesse. »

« Merci. »

Ah, être responsable des autres, quelle galère ! J’aimerais tellement redevenir quelqu’un d’insignifiant.

« Bon, maintenant que tout le monde est là, passons à table. J’ai tué quelques loups qui rôdaient autour de nos provisions, alors ce soir, on mangera du loup teriyaki à la Wa avec de la sauce soja sucrée. »

« Quand avez-vous fait ça, Professeur ?! »

Franchement, je n’avais rien d’autre à faire en vous attendant. Comme toujours, les Kuwolese étaient plutôt laxistes sur les règles, mais au moins la première journée s’est bien passée. Malheureusement, la deuxième journée avait été plus compliquée.

 

* * * *

– Loyauté excessive –

De nombreuses personnes servaient la famille royale de Kuwol, des prêtres aux gardes en passant par les jardiniers. Naturellement, ces individus étaient d’origines diverses. Certains étaient des nobles de moindre importance ou des parents éloignés de la famille royale, tandis que d’autres étaient de simples citoyens de la capitale. Ceux qui dévoraient actuellement du sanglier rôti étaient des roturiers dont la principale tâche consistait à nettoyer et entretenir le palais.

« Tu crois qu’il se souviendra de nous maintenant ? »

« Non, d’autres équipes sont aussi rentrées en retard. Il va falloir qu’on se fasse encore plus remarquer si on veut que Son Altesse se souvienne de nous. »

Parmi les feux de camp qui parsemaient le campement, ce groupe était le plus éloigné du prince héritier et du commandant en second du Seigneur-Démon.

L’un des hommes leva les yeux et dit : « Je me suis inscrit parce que j’avais entendu dire qu’on voyagerait avec Son Altesse, mais c’était peut-être une perte de temps. »

« Ouais, je pensais que ça me vaudrait une promotion, mais ça ne s’annonce pas bien. » Les hommes assis là étaient d’âges variés, mais tous étaient insatisfaits de leur situation.

« Peu importe le nombre de décennies que tu passes à nettoyer le sol du palais, tu n’auras pas une bonne pension à part si tu obtiens un emploi stable. J’ai déjà envie de prendre ma retraite. »

« J’aimerais bien qu’il y ait une autre guerre pour pouvoir accumuler quelques exploits. »

« Tu dis ça seulement parce que tu ne sais pas ce que c’est que la guerre. J’en ai marre de me battre. »

Un silence s’installa et tous fixèrent les flammes crépitantes pendant un moment.

« Alors ? On rentre tard demain aussi ? »

« Bof, on nous dira de rentrer tôt comme aujourd’hui. Si on rentre tard encore, il faudra qu’on ait vraiment fait un effort supplémentaire. »

Un des serviteurs déplia une carte qu’il avait empruntée à Veight. « J’ai entendu dire qu’on devait explorer des zones encore plus éloignées demain. Et si on repérait d’abord certains endroits où on est censés aller ? »

« Es-tu sûr que c’est une bonne idée ? On est hors de la protection du Mejire, ici. »

Ils étaient suffisamment superstitieux pour que cela les inquiète. L’homme qui avait proposé le plan l’était tout autant, mais il chassa ses craintes et dit : « On ne fait rien de bien fou, on vérifie juste notre zone d’observation à l’avance. En plus, plus vite on en aura fini, plus vite on pourra rentrer, pas vrai ? »

Les hommes échangèrent des regards inquiets.

« J’imagine ? Ça nous permettra aussi de nous démarquer des autres équipes. Je parie que Son Altesse sera contente de nous. »

Aucun d’eux ne se souciait vraiment des règles et des règlements, ils étaient bien plus intéressés à se faire bien voir du prince.

« Bon, allons dormir, alors. Il faut se lever tôt demain. »

« Si seulement je pouvais être promu majordome personnel de Son Altesse, je serais tranquille pour le restant de mes jours. »

« Eh bien, on pourrait peut-être arranger ça. »

Les hommes échangèrent un signe de tête, vidèrent d’un trait le rhum qu’on leur avait offert et allèrent se coucher.

Le lendemain matin, leur groupe s’aventura au-delà de la lisière de la forêt.

« Mince, cet endroit est désert. »

« Je ne vois même pas un brin d’herbe. »

Après avoir quitté la forêt, ils débouchèrent sur une vaste plaine, mais après un certain temps, l’herbe se fit de plus en plus rare jusqu’à disparaître complètement. Ils se retrouvèrent alors dans un désert rocailleux, dépourvu de toute vie.

« As-tu obtenu les mesures de mana ? »

« Eh bien, le compteur est toujours à zéro. Je pense que cela signifie qu’il n’y a pas de mana du tout ici. »

« Es-tu sûr que le manamètre n’est pas cassé ? »

« Aucune idée. Mais nous devrions noter ça au cas où. » Avec prudence, les hommes sortirent leurs hachettes et leurs arbalètes avant d’avancer de quelques pas.

« Il y a beaucoup d’arbres morts ici. L’endroit est devenu désertique il y a peu. »

« Oui, ça devait être une forêt il y a quelques années. Je parie que Son Altesse nous récompensera si on le lui rapporte. »

« Attendez. Je prends encore les mesures », dit le plus jeune, mais ses camarades, trop effrayés pour rester immobiles, continuèrent d’avancer. Seul le plus âgé du groupe resta avec lui.

« Bon sang, comment ont-ils pu te laisser derrière ? Ils ne se rendent pas compte du danger d’être seul ici ? » s’exclama l’aîné.

« Ah, pardon, j’aurai bientôt fini. »

« Pas besoin de se presser, fiston. Je suis fatigué de marcher. Laissons-les explorer et nous les rejoindrons plus tard. » Le vieil homme s’agenouilla et désigna le manamètre accroché à sa ceinture. « Au fait, fiston, c’est moi ou ton mana-machin fait des siennes ? »

« Hein ? Ah, c’est vrai ! Il indique qu’il y a une quantité incroyable de mana ici ! »

Le manamètre affichait zéro mana ambiant auparavant, mais maintenant, il était au maximum.

« C’est même plus élevé que ce qu’on voit sur le Mont Kayankaka ! Qu’est-ce qui se passe… Oh ?! » Le manamètre se brisa soudainement, la plaque de Mageacier étant devenue trop grande pour le récipient. Elle absorbait une quantité anormale de mana. « Impossible… Il n’y a même pas d’herbe ici. Comment se fait-il qu’il y ait autant de mana ?! »

« Je ne sais pas, fiston, mais il y a clairement un problème. »

Le plus jeune leva les yeux vers l’aîné, inquiet. « Qu-Qu’est-ce qu’on fait ?! »

L’aîné attrapa son sac et dit : « Mon instinct de vieux soldat me dit qu’il vaut mieux filer. C’est comme ça que j’ai survécu à la guerre. »

« Mais tous les autres sont partis devant ! »

« Oui, il vaut mieux les rappeler vite. » Le vieil homme porta ses mains à sa bouche, mais juste avant de crier, il aperçut quelque chose et se laissa tomber à terre. « Cache-toi ! On est attaqués ! »

« Quoi ?! » Le plus jeune se réfugia rapidement derrière un rocher et demanda : « Vous voulez dire qu’il y a des bandits jusqu’ici ? Et les autres ? »

Le vieil homme répondit d’une voix calme : « Ils viennent tous de mourir… »

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