Jinrou e no Tensei – Tome 15 – Chapitre 15 – Partie 12

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Chapitre 15

Partie 12

– Le Tordu —

Il y avait dans la forêt de nombreux monstres, comme les sangliers dorés, rendus plus agressifs par des parasites ou des maladies. Certains d’entre eux avaient réussi à tirer parti de ces parasites ou maladies pour devenir plus forts. Les lézards à crocs en étaient un exemple. Ce sont des lézards carnivores de la taille d’un alligator, dotés de crocs extrêmement grands.

Leurs crocs étaient remplis de divers agents pathogènes et quiconque se faisait mordre finissait horriblement malade. Les lézards chassaient souvent d’une seule morsure, puis attendaient que leur proie soit suffisamment affaiblie pour l’achever. Les lézards à crocs étaient porteurs de tant de maladies qu’au moins l’une d’entre elles était assurée d’agir sur toute proie mordue. Même les loups-garous n’y échappaient pas.

Le plus mortel chez les lézards à crocs était qu’ils chassaient en meute. Les reptiles consommaient moins de calories que les mammifères; même s’ils devaient partager leur nourriture, ils ne mouraient pas de faim. Lorsqu’ils s’attaquaient à quelque chose en groupe, il était presque impossible d’esquiver tous leurs crocs. La forêt abritait également de nombreuses créatures imposantes, ce qui les empêchait de s’en nourrir.

Jusqu’à quelques minutes auparavant, un coin de la forêt était le territoire d’une colonie de lézards à crocs comptant des centaines d’individus. Il ne restait d’eux qu’une immense mare de sang et de chair. Quelque chose de bien plus grand que les lézards à crocs les avait tous écrasés. Il n’en restait plus un seul vivant.

Une créature massive saisit l’un des cadavres avec sa gueule et le croqua. Après avoir mâché quelques secondes, elle le recracha nonchalamment, comme si elle ne cherchait pas à s’en nourrir. Puis, elle piétina à nouveau le cadavre, et un bruit de craquement écœurant retentit dans les arbres.

 

* * * *

Après avoir renvoyé Parker, je m’étais replongé dans ma pile de travail interminable. Je devais déjà m’occuper d’une montagne de tâches administratives, et j’étais désormais également chargé de rédiger de nouvelles lois. Au cours de la dernière décennie, Meraldia s’était considérablement développée, posant de nombreux nouveaux problèmes. Nos lois actuelles ne suffisaient pas à tout régler; il nous en fallait donc de nouvelles. Mais promulguer de nouvelles lois était un processus complexe et exigeant. J’avais dû consulter les jeunes juristes fraîchement diplômés de l’université Meraldia pour déterminer la meilleure formulation pour ces nouvelles lois, puis celles-ci avaient dû être soumises au vote du Conseil de la République. Il avait fallu beaucoup d’efforts pour mettre tout le monde d’accord, d’autant que toute proposition de loi créait inévitablement des conflits d’intérêts.

« Ça va, papa ? Tu veux du thé ? » demanda Friede avec inquiétude en me tendant une tasse.

Je lui avais souri d’un air las et lui avais répondu : « La paix, c’est bien beau, mais il y a tellement de paperasse bureaucratique à gérer en temps de paix. Je ne suis pas doué pour ce genre de travail administratif. »

« J’imagine que tu n’es pas si fatigué que ça si tu peux encore plaisanter. »

« Je ne plaisante pas. » J’avais rangé les documents sur lesquels je travaillais, puis j’avais bu mon thé. Il ne faudrait pas en renverser sur les papiers. J’aimerais bien qu’on puisse se passer de papier. Je vais peut-être demander au Maître et à Ryucco s’ils peuvent trouver un moyen d’y parvenir grâce à la magie.

« Papa, tu repenses au travail, n’est-ce pas ? »

« Ah oui. »

Je dois vraiment inquiéter Friede. Je lui avais souri pour la rassurer et lui avais dit : « C’est un travail que je suis le seul à pouvoir faire, alors j’ai bien peur de ne pouvoir le confier à personne d’autre. C’est ce que je mérite pour avoir fourré mon nez dans tant de problèmes différents pendant ma jeunesse. »

Le fossé entre le nord et le sud de Meraldia, les difficultés liées à la cohabitation entre humains et démons, ainsi que les relations de Meraldia avec ses voisins… Maintenant que j’étais impliqué dans tous ces problèmes, je ne pouvais pas faire machine arrière. Je devais également penser à transmettre mes connaissances à la génération suivante, à gérer les reliques gênantes laissées par l’ancien empire et à éliminer les monstres dangereux qui pourraient surgir.

D’une voix hésitante, Friede déclara : « Euh, tu pourrais me gronder pour avoir dit ça, mais… »

« Hm ? » Il était rare que Friede soit aussi réservée. « Vas-y, dis-le. Je te promets de t’écouter calmement. »

« Eh bien… » Encore un peu hésitante, Friede parla lentement, observant ma réaction après chaque mot. « Je pense avoir acquis une bonne expérience maintenant, et j’ai aussi beaucoup appris à l’école. »

« Tu as bien raison. Je suis fier de toi. »

C’était amusant de penser que la jeune femme qui se tenait devant moi avait été un bébé qui lançait des Tremblements des Ames à chaque pleur.

« Tu as accompli plus que n’importe quel diplomate normal lors de tes voyages à Rolmund et à Wa. De plus, tu as sauvé Kite et son groupe dans les Dunes Balayées par le Vent. Ce sont des exploits incroyables pour un étudiant. »

« Eh eh, tu le penses vraiment ? » Friede rougit légèrement, puis leva les yeux vers moi et me demanda :

« Maintenant que j’ai toute cette expérience et ces accomplissements, penses-tu que je pourrais peut-être commencer à t’aider dans ton travail ? Je me disais que je pourrais peut-être être utile, au moins… »

Je ne comprenais pas pourquoi elle était si évasive. D’après ce que j’avais compris, elle voulait simplement savoir si elle pouvait aider.

« Je vois… »

« Je sais que tu es un érudit exceptionnel, un général, un politicien, bref, tu es tout, et c’est pourquoi personne ne peut te remplacer. Je ne peux peut-être pas faire grand-chose, mais je veux quand même aider. »

Pourquoi te rabaisses-tu autant ? D’habitude, tu as beaucoup plus confiance en toi. Attends, non, ce n’est peut-être pas que tu te rabaisses. Peut-être es-tu juste prudente, car tu sais à quel point mon travail implique de grandes responsabilités. Cela dit, c’était agréable de savoir que ma fille me respectait autant.

J’avais souri à Friede et j’avais dit : « Tu es vraiment devenue quelqu’un de bien, Friede. »

« Hein ?! »

« Tu sais à quel point mon travail est difficile, mais tu veux quand même m’aider. J’en suis vraiment heureux. »

J’avais hâte de le dire à Airia. Il fallait fêter ça. Je m’étais approché de Friede et je lui avais posé une main sur l’épaule.

« Merci, Friede. Tu peux faire bien plus que tu ne le penses. Tu es la seule à pouvoir accomplir certaines tâches. »

« Vraiment ? »

« Ouais. »

Ce n’était pas juste envers Friede, car elle n’avait pas pu choisir les circonstances de sa naissance, mais elle était la fille du Seigneur Démon, Airia, et du Roi Loup-Garou Noir, Veight. Elle était également la seule demi-loup-garou existante. Elle avait également rendu visite à Rolmund et Wa en tant qu’émissaire et entretenait de bonnes relations avec Eleora et les membres de la Cour des Chrysanthèmes. Pour le meilleur ou pour le pire, elle était loin d’être une élève ordinaire. En tant que père, j’étais bien sûr, surtout inquiet de la pression supplémentaire que cela pourrait engendrer, mais c’est précisément parce que j’étais son père que je savais que je devais aussi lui faire confiance.

« Si tu veux vraiment m’aider, je ne m’opposerai pas à ce que tu rejoignes l’armée démoniaque pour devenir officiellement mon assistant. »

« Pourquoi l’armée démoniaque et pas le Conseil de la République ? »

« Parce que si tu fais partie de l’armée démoniaque, je peux résoudre tous les problèmes en m’excusant. Ça ne passerait pas aussi bien auprès du Conseil. »

Je peux lui faire confiance tout en m’inquiétant pour elle, d’accord.

Ignorant mon conflit intérieur, Friede sourit et dit : « Alors, je suppose qu’à partir d’aujourd’hui, je suis une officière de l’armée démoniaque ! »

« Je n’ai jamais dit que je te nommais officière. Tu es peut-être une excellente élève, mais l’armée démoniaque n’est pas une organisation si laxiste qu’une personne sans expérience puisse immédiatement atteindre le grade d’officier. » Si les gens pensaient que je faisais preuve de favoritisme envers Friede, son avenir serait compromis. « Pour l’instant, tu seras aspirante officière rattachée à l’escadron des loups-garous. Je te placerai sous le commandement de Fahn. »

Maintenant que j’avais beaucoup plus de responsabilités, j’avais laissé Fahn, responsable de l’escouade des loups-garous. Si Friede voulait m’aider, elle devait d’abord gravir les échelons correctement.

Friede hocha la tête et dit : « J’aime beaucoup Fahn, elle m’a appris beaucoup de choses. J’ai hâte de travailler sous ses ordres ! »

J’étais soulagé de voir que Friede restait motivée, même après avoir appris qu’elle ne travaillerait pas directement sous mes ordres.

« Bon, tu commences demain. Oh, et à partir de maintenant, Joshua sera techniquement ton supérieur. Tant que tu seras au travail, assure-toi de lui témoigner le respect qui convient, puisqu’il est plus gradé que toi. »

« Attends, vraiment ?! Alors je penserai à le saluer correctement. »

Jusqu’à présent, tout le monde avait été gentil avec Friede, car elle était la fille du Seigneur-Démon, mais tant qu’elle servirait sous les ordres de Fahn, elle serait traitée comme n’importe quel autre cadet. Ce serait une expérience enrichissante pour elle.

À cet instant précis, mon communicateur portable se mit à vibrer.

« Papa, ton communicateur vibre. »

« Ouais, je me demande qui c’est. »

Il n’y avait pas d’écran affichant les numéros d’appel.

« C’est Veight », dis-je en activant le communicateur.

« C’est Parker. Notre créature mystérieuse est tout près; je le vois à la soudaine variation de son flux de mana. Je vais essayer de la pister. » Parker avait l’air plus sérieux que je ne l’avais jamais entendu.

 

* * * *

— Journal d’enquête de Parker —

Parker Pastier était un nécromancien ordinaire de l’armée démoniaque, sans rang ni titre particulier. Cependant, les loups-garous qu’il avait rencontrés lui obéissaient tous.

« Veight a atteint la cinquantaine. J’aimerais vraiment qu’il se calme », dit Parker à Jerrick alors qu’ils traversaient la forêt.

Jerrick fronça légèrement les sourcils et répondit :

« Le patron saute toujours sur tout ce qui l’intéresse. Et dès qu’il se lance dans quelque chose, il se sent responsable d’aller jusqu’au bout. Mais c’est comme ça. Tu n’aimerais pas non plus qu’il change, n’est-ce pas ? »

« J’imagine que non. C’est comme un petit frère aventurier. C’est pourquoi je dois m’occuper de lui. »

« Tu le vois peut-être comme un petit frère, mais pour nous, c’est notre patron. »

« Je sais, mais pour moi, il restera toujours le petit garçon que le Maître a ramené avec elle. »

Ils échangèrent un regard, puis rirent.

« Je suppose qu’il peut être à la fois un petit frère et un chef. »

« Bien sûr que oui. »

Alors qu’ils échangeaient une poignée de main, Monza renifla soudainement et dit : « C’est bizarre, non ? »

Jerrick se retourna vers elle. « Non, ce n’est pas bizarre, le patron… »

« Je ne parle pas de lui, je parle de cette forêt. »

Monza prépara son fusil. « Cet endroit devrait grouiller de monstres, alors pourquoi est-ce si calme ? »

Jerrick s’arrêta net, regarda autour de lui, puis dégaina son propre fusil.

« Maintenant que tu le dis, tu as raison. Oublie les monstres, je ne vois même pas un lapin. »

« N’est-ce pas ? Quand tous les animaux se mettent à courir, c’est qu’il se passe quelque chose de grave, comme un glissement de terrain ou un incendie de forêt. »

Parker observa également les environs, mais d’une manière différente de celle des deux loups-garous. « Le flux de mana ici est assez étrange. Il est plus rapide et bien plus structuré qu’il ne devrait l’être. »

Le mana était plus dense dans la forêt et se déplaçait peu. Pour l’instant, il s’écoulait toutefois dans une seule direction.

« Je ne suis pas un expert en mana, mais j’ai l’impression que quelque chose absorbe tout le mana à proximité. »

Tous les trois s’arrêtèrent et attendirent en silence quelques secondes. Tous trois étaient des vétérans de l’armée démoniaque depuis sa création.

Après avoir évalué la situation, Parker sortit un petit bloc-notes de sa poche et se mit à écrire frénétiquement.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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