Jinrou e no Tensei – Tome 11 – Chapitre 11 – Partie 31

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Chapitre 11

Partie 31

Une fois que tout fut prêt, le Maître déclara : « J’y vais. »

Tout le monde hocha la tête en réponse, et elle enfonça lentement son scalpel dans le ventre d’Airia.

« Par les esprits dont je suis investi, comme le flux et le reflux d’une marée, rétractez le passage du sang ! » Melaine scanda un sort, empêchant la coupure de saigner.

Au fur et à mesure que la coupure devenait plus profonde, je pouvais voir la graisse sous-cutanée, puis les muscles abdominaux en dessous. Bien, il n’y a presque pas de sang. J’avais préparé de la magie de guérison au cas où cela serait nécessaire, mais à mon grand soulagement, ce n’était pas le cas. Cependant, la véritable étape était encore à venir. La sueur perlait sur le front du Maître alors qu’elle élargissait son scalpel de mana, agrandissant ainsi l’incision. Afin de prévenir l’infection, elle ne pouvait pas toucher directement le corps d’Airia. Le moyen le plus sûr d’approfondir et d’élargir la plaie serait d’ajuster la production de mana pour remodeler son scalpel.

« Mrrr… »

Le corps enfantin du Maître était exactement ce qui lui permettait d’effectuer des ajustements aussi précis. Mes doigts étaient bien trop gros pour réaliser un tel exploit. Tout ce que je pouvais faire, c’était prier pour que le Maître réussisse.

« … Est-ce que ça fait mal, Airia ? »

« Non, je vais bien. C’est un peu chaud et cela démange, mais à part ça, rien. »

Airia était blanche comme un drap à cause des nerfs, mais elle affichait néanmoins un sourire courageux. Isabelle lui serra fermement la main, paraissant encore plus pâle qu’Airia.

« Ne t’inquiète pas, tout ira bien. Je suis sur le point de devenir mère, ce qui va être une épreuve bien plus grande que celle-ci, » dit Airia d’un ton léger, essayant d’encourager sa servante.

« Ma dame… »

Il y avait des larmes dans les yeux d’Isabelle. J’avais moi-même presque envie de pleurer. Je suppose que nous n’aurons pas au moins à nous soucier de l’état mental d’Airia. J’avais versé autant de magie fortifiante sur Airia que possible, renforçant ainsi son système immunitaire au maximum. Airia possédait encore beaucoup de mana, donc les sorts étaient très efficaces.

« Maître, fais de ton mieux pour ne couper aucun des autres organes d’Airia. »

« Mmm… je sais. »

« Et ne touche rien avec tes mains. Si tu dois déplacer quelque chose, utilise la télékinésie. »

« Je t’ai dit que je le sais. Tout ce que tu fais, c’est me distraire. »

Écoute, je suis juste inquiet, d’accord ? Le Maître utilisa la télékinésie pour pousser l’utérus d’Airia vers le haut, le rendant ainsi plus facile d’accès. Elle avait déjà fait les incisions nécessaires dans la graisse et les muscles, il ne restait donc plus qu’à couper la membrane de l’utérus.

Kite, qui avait utilisé la magie d’époque tout ce temps, déclara d’une voix nerveuse : « Impératrice Démoniaque, s’il vous plaît, raccourcissez la longueur de la lame d’un demi mioro et déplacez votre incision de trois mioro vers la droite. »

« Compris. »

Finalement, le Maître commença à inciser l’utérus. J’étais trop occupé à me concentrer sur les signes vitaux d’Airia et je n’avais donc pas pu suivre tout le processus. J’avais continué à lancer des sorts à l’avance pour être prêt au cas où quelque chose n’allait pas. Cependant, j’avais clairement vu le moment où le Maître avait sorti notre bébé du ventre d’Airia. Mitty tapota le bébé à la hâte à plusieurs reprises pour le réveiller, et peu de temps après, le bébé poussa un long cri. Ses poumons avaient commencé à fonctionner automatiquement maintenant qu’ils ne recevaient plus d’oxygène du placenta. Notre bébé était désormais capable de survivre tout seul.

D’une voix inhabituellement excitée, le Maître cria : « Elle est née ! Elle est vivante ! C’est une fille ! »

Une fille ! Nous avons une fille ! Notre bébé est une fille ! J’avais résisté à la tentation de crier de joie et j’avais regardé Airia.

« Notre bébé est en sécurité maintenant, Airia. Nous avons une fille ! »

« Oui ! »

« Concentre-toi simplement sur toi-même maintenant. Mitty, Isabelle, prenez soin du bébé pour nous. »

La sage-femme et la femme de chambre seraient certainement capables de s’occuper d’un bébé pendant quelques heures. Nous, les mages, devions nous concentrer sur la guérison d’Airia.

Le processus de guérison s’était avéré être une véritable épreuve.

« Nous devons retirer le placenta. Désolé, Mitty, mais où cela commence et se termine exactement ?! »

« Donnez-moi un instant, j’arrive. Isabelle, donne son bain au bébé. »

« Bien sûr ! Attends, tu veux que je le fasse ?! »

« Melaine, laisse un peu de sang couler ! Sinon, je ne pourrai pas refermer les blessures ! »

« C’est difficile d’affiner ce sort ! Tu auras besoin d’une solution de contournement ! »

« Lacy, continue de projeter l’état actuel de l’utérus ! J’ai besoin de tout guérir, y compris l’incision de l’utérus ! »

« D-D’accord ! »

« Maître, es-tu sûre d’avoir la bonne position pour la vessie ?! »

« Hein ?! Euh… Kite, est-ce le bon endroit ? »

« Oui, je vais l’enregistrer pour référence future ! »

Je parie que les suites d’une césarienne dans le Japon d’aujourd’hui n’étaient pas si folles.

+++

Il fallut attendre le coucher du soleil pour que nous, mages médicalement inexpérimentés, puissions terminer l’opération. Nous avions commencé vers midi, donc tout cela prit plusieurs heures. Après avoir vérifié l’état d’Airia, Kite absorba du mana d’un bâton. Le bâton était un objet magique qui stockait du mana pour que les mages puissent le récupérer plus tard. À première vue, il n’avait plus du tout de mana.

« Elle va bien… Tout va bien… »

« Tu en es… absolument sûr à cent pour cent, n’est-ce pas ? »

« Ouais, le seul problème maintenant, c’est à quel point nous sommes tous fatigués… »

Si tu peux faire des blagues comme celle-là, je pense que tout va bien. Je m’attendais à ce que l’opération soit épuisante, c’est pourquoi j’avais réquisitionné à l’avance un certain nombre de ces bâtons auprès de l’armée démoniaque. Tout le monde avait juste besoin d’absorber suffisamment de mana pour ne pas être complètement à court, et tout irait bien. Il y avait déjà un énorme tas d’objets magiques épuisés sur le sol devant nous. J’avais moi-même utilisé deux casques des Mille Âmes du Maître. Déclencher de la magie sans se soucier du monde était beaucoup moins épuisant qu’une guérison comme celle-ci qui nécessitait un microcontrôle impeccable. C’était comme la façon dont une voiture consommait des quantités ridicules d’essence si vous appuyiez sur l’accélérateur tout en appuyant sur les freins.

Airia elle-même dormait maintenant, et Lacy, qui était la première personne à se reposer, dormait également en s’appuyant contre le mur.

« Tout va bien, ouais ? C’est bon pour Airia de dormir, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas, mais si quelque chose arrive, réveille-moi… » Kite s’interrompit, s’effondrant au sol. Heureusement, sa tête atterrit sur le ventre de Lacy et donc il ne se blessa pas. Ni sa chute sur elle ni ses ronflements bruyants ne semblaient la réveiller. Tous deux dormaient profondément.

C’est devenu plutôt calme, hein ? En me retournant, j’avais vu le Maître et Mélaine endormit dans les bras l’une de l’autre. Aucun de leurs corps n’avait réellement besoin de dormir, c’était donc un spectacle assez rare. Mitty et Isabelle étaient également toutes deux endormies. Toutes deux se reposaient contre le berceau de notre bébé et dormaient tranquillement. Mais si tout le monde dormait, cela signifiait que je ne pouvais pas me reposer.

Je dois au moins rester éveillé jusqu’à ce que quelqu’un d’autre vienne soigner Airia. Juste au moment où je pensais cela, le mur devant moi se transforma en plafond. Est-ce que je viens de tomber ? Alors que j’essayais de me relever, j’avais vu une silhouette du coin de l’œil. Qui est-ce ? Quand je m’étais levé, la silhouette s’était tournée vers moi. Certainement pas ! Cette grande silhouette, ces yeux étroits de lézard… Est-ce vous, Friedensrichter ?! Est-ce que je suis en train de rêver ?! Cela doit être un rêve. Les morts ne peuvent pas revenir à la vie. C’est soit un rêve, soit une illusion. Il n’y a pas d’autre explication. Mais quand même… ça me suffit.

« … Mon Seigneur ! » M’écriai-je.

Le Seigneur-Démon original, Friedensrichter, mit un doigt sur ses lèvres.

« Chut, tu vas réveiller le bébé », dit-il. Puis il sourit, ses lèvres courbées comme seules celles des draconiens le faisaient. Incapable de me retenir, j’avais couru vers Friedensrichter.

Comment avez-vous pu mourir et nous laisser comme ça ? Savez-vous à quel point il a été difficile de réaliser votre rêve ? Nous nous sommes battus, avons agonisé et soufferts pour cela. Il y avait tellement de choses que je voulais dire et tellement de choses que je voulais demander, mais je ne savais même pas par où commencer.

Toujours souriant, Friedensrichter hocha la tête et dit : « Tu n’as rien besoin de dire. Je sais tout. J’ai été à tes côtés tout ce temps. »

Ah, maintenant je comprends. Je comprends enfin. Tout s’explique maintenant. Je comprends le sens de la vie, de la mort et de la réincarnation. Je sais pourquoi nous vivons et où nous allons quand nous mourons. Il n’y avait aucune raison d’être triste. Je ne peux pas croire que j’ai passé autant de temps à me tourmenter pour quelque chose d’aussi simple. Je souris et Friedensrichter sourit aussi.

« Merci d’avoir hérité de ma volonté, mon cher vice-commandant. Je suis désolé de t’avoir fait endurer autant de choses. »

Je pouvais dire que je pleurais. Friedensrichter se dirigea vers le berceau de ma fille et lui tapota doucement la tête. Les yeux toujours fermés, elle attrapa un de ses doigts. Sa petite main enserra le doigt qui était plus épais que son bras.

« Ta fille est une fille chanceuse. Elle vivra dans l’ère de paix que vous avez bâtie », déclara Friedensrichter avec un sourire. Puis il murmura : « Que sa vie soit pleine de bonheur. »

Une fois qu’il eut fini de la bénir, il se tourna vers moi.

« Maintenant que j’ai vu naître ton premier enfant, je n’ai aucun regret. Il est tout à fait normal que la naissance d’une nouvelle vie soit couronnée par le décès d’une ancienne. » En disant cela, Friedensrichter commença à s’éloigner.

« Attendez ! S’il vous plaît, attendez ! Où allez-vous ?! »

Me tournant toujours le dos, il pencha la tête et dit : « … tu dois sûrement le savoir maintenant ? »

C’était vrai que je comprenais maintenant, mais malgré tout, cela ne rendait pas cette séparation moins douloureuse.

« S’il vous plaît, restez encore un peu ! Continuez à veiller sur nous jusqu’à ce que ma fille soit adulte ! »

« J’ai bien peur de ne pas pouvoir faire ça… Mon prochain champ de bataille m’attend », dit-il solennellement.

C’est à ce moment-là que j’avais réalisé que Friedensrichter ne ressemblait plus à un draconien. Il avait l’apparence d’un humain. Même s’il n’était pas particulièrement grand, son dos était extrêmement droit. Il portait un vieil uniforme militaire, rempli d’épaulettes et d’une casquette d’officier. Il y avait aussi un sabre à sa taille.

 

 

Il ressemble à… attendez, est-ce à ça qu’il ressemblait dans sa vie passée ?!

« S’il vous plaît ! Laisse-moi au moins voir votre visage ! Et dites-moi quel était votre nom d’origine ! »

Alors qu’il se dirigeait vers la lumière, Friedensrichter déclara d’une voix enjouée : « Mon vrai nom est Friedensrichter, et ma vocation a toujours été et sera toujours d’agir en tant qu’arbitre de la paix. » Après une brève pause, il ajouta : « Veight. Je suis sûr que nous finirons par nous revoir dans ce cycle sans fin de réincarnation. Et quand nous le ferons… » Il leva paresseusement la main en l’air. « Veux-tu redevenir mon vice-commandant ? »

Il avait l’air si heureux en disant cela.

« Mon Seigneur ! »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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