Jinrou e no Tensei – Tome 10 – Chapitre 10 – Partie 32

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Chapitre 10

Partie 32

Quelques jours après la réunion secrète de Forne, Aram était allé rendre visite à Woroy. Alors qu’il levait les yeux vers la ville à moitié construite, Aram essuya une goutte de sueur de son front et murmura : « Wôw, c’est tout un spectacle. »

Le Colisée qui servirait de centre-ville était plus grand que n’importe quel théâtre ou arène qu’Aram n’avait jamais vu. Les commerçants de Shardier, la ville d’Aram, répandaient du sable importé sur le sol du Colisée. Woroy croisa les bras et sourit.

« Merci, Aram. Le sable utilisé dans les arènes doit être bien drainé, mais aussi ne pas former de gros nuages de poussière, sinon les spectateurs ne pourront rien voir. Les grains doivent être suffisamment fins pour que les combattants ne soient pas gravement blessés, mais pas au point que leurs pieds s’enfoncent. Le sable de Shardier est le seul type qui convienne. »

Aram lui rendit son sourire et il déclara : « Je n’aurais jamais imaginé que le sable de notre ville, entre autres choses, finirait par être un produit. Surtout compte tenu de son abondance. »

« Hahaha, je vais passer beaucoup plus de commandes de sable de Shardier, ne vous inquiètez pas. Je compte encore sur tes gars pendant un moment. » Woroy se tourna vers le secteur urbain encore en construction et déclara soudain : « Meraldia essaie de réaliser quelque chose qu’aucune nation n’a jamais tenté auparavant. Je suis heureux de pouvoir en faire partie. Je serai sûr de faire tout mon possible pour ne pas vous entraîner vers le bas. »

« Que veux-tu dire par essayer de réaliser quelque chose qu’aucune nation n’a jamais tenté auparavant ? » Demanda Aram, confus. « Parles-tu de créer un endroit où les humains et les démons peuvent coexister, Woroy ? »

« Cela en fait partie, mais les objectifs de Meraldia sont plus grands que cela. Pour autant que je sache, aucune autre nation n’a réussi à devenir un lieu ouvert aux personnes de toutes races et de toutes religions. En fait, je pense que personne d’autre n’a même essayé. » Woroy fronça les sourcils et ajouta : « À Rolmund, nous avons eu déjà assez de mal à faire en sorte que les humains s’entendent les uns avec les autres. Nous avons eu de nombreuses guerres sanglantes entre les partisans du Sonnenlicht et du Sternenfeuer. Nous avons même eu des guerres entre différentes factions du Sonnenlicht. Les humains ont un problème profondément enraciné à accepter les choses qu’ils considèrent comme différentes. »

« À bien y penser, les versions du Sonnenlicht de Rolmund et Meraldia interprètent également les Écritures de manière assez différente, hein ? »

« Ouais. Nous sommes censés partager la même foi, mais il y a des tonnes de gens qui diraient qu’un côté ou l’autre est hérétique. »

Aram était un adepte de Mondstrahl, donc il ne savait pas grand-chose du Sonnenlicht, mais il savait qu’il y avait plusieurs sectes de Mondstrahl à Kuwol et elles se disputaient entre elles.

L’expression de Woroy devint encore plus sombre lorsqu’il déclara : « Les gens sont prêts à s’entre-tuer pour la moindre différence de valeurs. Ils se disent ces gens ne sont pas comme nous, ce qui permet de les tuer et de déshumaniser l’autre côté. »

« En effet… »

« C’est pourquoi la plupart des nations unissent leurs peuples autour d’un ensemble unique de lois, de religion, de langue et de valeurs. Toute personne qui outrepasse les règles est immédiatement expulsée. Tout ce qui s’écarte de la norme est inacceptable. C’est le seul moyen de maintenir l’ordre. »

« C’est exactement pourquoi le Sénat a échoué. Ils ont été assez sages pour ne pas forcer les croyants de Mondstrahl à se convertir, mais ils les ont quand même mal traités. En conséquence, la majeure partie du sud de Meraldia s’est retrouvée aliénée. »

« Exactement. Mais d’un autre côté, s’ils avaient accordé un traitement égal aux hérétiques, le Nord se serait plaint. Le Sénat n’a pas compris qu’il marchait sur une corde raide et c’est à cause de cela qu’il a échoué. »

Aram s’était rappelé une fois de plus à quel point la position de la république Méraldien était précaire. Forne n’était pas trop prudent, il avait parfaitement le droit d’être aussi inquiet que lui.

Remarquant qu’Aram était perdu dans ses pensées, Woroy se tourna vers lui et dit : « Oh, je ne voulais pas insulter les ambitions de Meraldia. Au contraire, je pense que c’est un objectif qui vaut la peine d’être atteint, précisément en raison de la difficulté à le réaliser. Tu essaies de faire la même chose, n’est-ce pas ? »

« Je le fais ? »

« J’ai entendu parler des efforts que tu déploies pour assimiler les nomades du désert dans ta ville. Tu n’as pas épousé la fille d’un aîné d’une tribu nomade simplement parce que tu l’aimes, c’est sûr. »

« C’est vrai, c’est comme tu dis. Je pensais que rejoindre nos deux familles nous aiderait à nous rapprocher. Personnellement, je pense que si nous arrêtons de traiter les nomades comme des parias, ils cesseront de s’en prendre à nos caravanes. »

Les problèmes de bandits étaient l’un des plus gros problèmes de Shardier. Aram ne pouvait pas non plus envoyer une armée pour soumettre les nomades, puisqu’ils n’étaient pas de simples pillards. Ils échangeaient également leur bétail contre des vêtements et d’autres produits de première nécessité, et ils entretenaient des liens profonds avec les villages autour de la ville. Au lieu de tenter de les éliminer, Aram avait décidé de nouer progressivement une relation de confiance et encourageait désormais les nomades à s’installer à Shardier. Dans le cadre de ses efforts, il s’était également marié à une femme nomade.

Aram se gratta la tête et déclara : « Cela étant dit, ce n’est pas strictement un mariage politique. Si je ne l’aimais pas vraiment, je ne l’aurais pas proposé. Elle est aussi douce que la lune lors d’une nuit tranquille dans le désert et aussi attentionnée qu’une oasis. Elle a également l’air captivante lorsqu’elle galope à cheval à travers les dunes. »

Woroy sourit à cela. « Je ne pensais pas que tu étais le genre d’individu à se vanter de sa femme, Aram. »

« Oh, euh, désolé. Maintenant, je suis gêné. »

Aram rougit et détourna le regard. Ne sachant pas trop comment répondre, Woroy le regarda simplement, maladroitement. Il était rare de voir un guerrier légendaire comme Woroy paraître perplexe, mais après quelques secondes, il retrouva son sourire joyeux habituel.

« Je suppose que les Rolmundiens et les Méraldiens font tous deux le même genre de visage lorsqu’ils se vantent de leur bien-aimée. »

« D’où cela sort-il ? »

« Eh bien… ton visage de tout à l’heure me rendait vraiment nostalgique, c’est tout. »

« Nostalgique ? Je vois. » Aram pencha la tête, mais se souvint ensuite de ce que Forne lui avait dit plus tôt. « Woroy. »

« Ouais ? »

« Je suis un croyant de Mondstrahl originaire du sud, donc mon éducation et ma religion sont totalement différentes des tiennes. Mais même là, nous sommes là tous les deux, travaillant ensemble vers un objectif commun. Je pense que c’est vraiment une très bonne chose. »

Pendant un instant, Woroy parut décontenancé, puis il rit : « Ahahaha. C’est un peu gênant dit crûment comme ça ! Si ta femme est la lune, alors tu es le soleil de Meraldia, Aram. Tu es brillant, joyeux et apportes la fortune à tout le monde ! »

« Je-je ne pense pas que je — »

« Pas besoin d’être humble. Tout le monde n’accepterait pas un noble exilé comme moi, d’autant plus que le pays que j’ai fui veut toujours ma tête. Sois fier de toi, » Woroy tapota le dos d’Aram. « Il y a beaucoup de choses différentes chez nous, mais nous suivons tous les deux le même chemin. J’espère que nous pourrons continuer à le faire pendant longtemps. »

Il tendit ensuite la main pour une poignée de main. Aram le saisit timidement, s’émerveillant de voir à quel point sa main était plus grosse et rugueuse que la sienne.

Souriant comme un jeune garçon innocent, Woroy demanda : « Au fait, Aram, voudrais-tu essayer une partie de battleball ? »

« Je ne suis pas vraiment fan des sports violents… »

– D’Aram à Woroy

 

Après le départ d’Aram, Woroy se remit au travail. Il devait inspecter tous les bâtiments actuellement en construction et préparer un accueil adéquat pour les nouveaux résidents. Il devait également rédiger une charte de lois et un code des impôts et rencontrer les autres nobles de Rolmund exilés. Au moment où il en aurait fini avec tout cela, il y aurait d’autres nouveaux bâtiments à inspecter, et le cycle recommencera.

Combattre les Nue à Wa me manque. À l’époque, il avait beaucoup moins de responsabilités. Il pouvait combattre librement, sans subordonnés à protéger ni terres à gérer. Les choses avaient été simples. Un combat à mort contre un monstre mortel avec des camarades de confiance à ses côtés. Cela avait été une expérience tellement passionnante que Woroy doutait qu’il puisse un jour l’oublier. Si je n’avais pas à prendre soin de mon nom de famille et de Ryuunie, je pense que j’abandonnerais toute cette renommée et cette autorité et deviendrais un guerrier errant. En soupirant, Woroy se remit à inspecter les bâtiments. Il savait par expérience qu’il était important pour un leader de surveiller les travailleurs en personne et d’entendre leurs doléances.

Alors qu’il faisait sa tournée, un visage familier s’approcha de lui.

« Prince Woroy ! »

« Je ne suis plus un prince, Myurei. »

Comme Myurei était le meilleur ami de Ryuunie, Woroy l’avait rencontré à plusieurs reprises. Comme toujours, Myurei avait l’air un peu nerveux en présence de Woroy. Il avait l’air de faire de son mieux pour ne pas gâcher.

« R-Ryuunie a dit que je devais voir, euh… Je veux dire, il m’a invité pour observer l’avancement de la construction de la ville. »

« Eh bien, c’est un honneur d’avoir ici un futur vice-roi comme vous, Sire Myurei. Nous vous accueillons à bras ouverts. Au fait, où est Ryuunie ? »

Myurei baissa la tête et dit : « J’ai bien peur que vos vassaux ne l’aient attrapé. Il est occupé à écouter leurs rapports sur les plans de construction et la conception des rues. »

« Vous êtes peut-être amis, mais pour le moment vous êtes un invité. Je devrai le gronder plus tard pour vous avoir montré une si mauvaise hospitalité. Permettez-moi de m’excuser en son nom. »

« P-Pas du tout ! Il est incroyablement populaire — euh, je veux dire, il est clairement aimé des habitants de cette ville, et il est capable de fournir de précieux conseils, il est donc tout à fait naturel qu’ils lui demandent son avis. Il peut réellement faire des choses, contrairement à moi. »

En voyant Myurei essayer de couvrir son ami, Woroy sourit.

« Il n’est pas nécessaire de se rabaisser ainsi. Veight serait triste s’il vous entendait dire ça. » Il posa une main rassurante sur l’épaule de Myurei. « Vous êtes un jeune homme prometteur. Vous êtes doué à la fois avec la plume et avec l’épée, et vous avez encore plus de dynamisme que Ryuunie. Si nous étions à Rolmund, je serais prêt à mettre une centaine de chevaliers sous vos ordres. »

« Vraiment, une centaine !? »

« Ouais. Et comme chaque chevalier est accompagné d’une lance, vous auriez en réalité quelques centaines d’hommes. »

« A-Autant !? »

« Je le pense vraiment, vous savez. Quand vous serez assez grand et que vous deviendrez vice-roi de Lotz, je vous offrirai votre propre unité de cinq cents hommes en cadeau. »

« Certainement pas ! »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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