Chapitre 12 : Visage révélé
« Je suis profondément reconnaissante de votre invitation, Maréchal Maxwell. »
Rossellia s’inclina profondément, son visage étant toujours caché par le voile. Je ne pouvais pas voir son expression, mais je pouvais dire que la princesse impériale, qui avait le même âge que moi, était nerveuse.
Rossellia Baal… était son nom, non ? C’est un peu… décevant.
J’avais hâte de voir la beauté du siècle, mais elle ne voulait pas montrer son visage. Je ne pouvais pas m’empêcher de sentir mes épaules tomber.
« Oh non, vous nous honorez de votre présence, Princesse. Je suis vraiment désolé de vous avoir fait attendre si longtemps, mon fils étant absent tout ce temps. »
Père lui répondit d’un ton décontracté, probablement pour mettre la princesse plus à l’aise.
« C’est un plaisir de vous rencontrer, Seigneur Dyngir. »
« Tout le plaisir est pour moi. Rencontrer Son Altesse face à face… enfin, pas exactement, mais je suis heureux de vous voir. »
« Oh, mes plus profondes excuses… je porte toujours ce voile lors de mes sorties. Cependant, je l’enlèverai si vous le jugez inapproprié… »
« Oui, eh bien, je serais heureux si vous… »
« Non, non, ce n’est pas nécessaire ! S’il vous plaît, laissez-nous vous parler comme ça ! »
J’allais demander à Rossellia d’enlever son voile, mais mon père fit irruption.
« Vieil homme… !! »
« Il n’y a aucun problème à ce que vous gardiez le voile, Princesse !! N’est-ce pas, Dyn !? »
« Tch… »
Je m’étais renfrogné, mais je n’avais pas protesté davantage.
Rossellia nous regarda, mon père et moi, puis acquiesça.
« Dans ces conditions… si vous me permettez d’être direct, je voudrais parler de la raison pour laquelle je suis venue rendre visite à la maison Maxwell. Dans un avenir pas trop lointain, il y aura probablement une bataille entre l’empire et le royaume : quand cela arrivera, je souhaite que la maison Maxwell se range du côté de l’empire. C’est pourquoi je suis venue. »
« Ooh, vous êtes venue jusqu’ici pour demander à la Maison Maxwell de trahir le royaume ? »
Rossellia se tourna vers moi et hocha nerveusement la tête.
« Je m’excuse si cela peut vous offenser, Seigneur Dyngir… mais j’ai entendu dire que récemment, l’ancien prince héritier Sullivan Lamperouge a volé votre fiancée. Les rumeurs disent également qu’il a tenté de vous assassiner… »
« Vous avez bien fait votre travail, hein ? Et si ce n’était que des rumeurs ? »
J’avais indirectement nié qu’il y avait une quelconque vérité en elles, mais Rossellia hocha la tête.
« Je ne crois pas que tout soit la stricte vérité. Cependant, il me semble clair que la Maison Maxwell et la Maison Lamperouge n’ont pas une relation amicale en ce moment. Si la maison Maxwell décidait de se ranger du côté de l’empire, elle obtiendrait un plus grand domaine, une exemption des taxes impériales pendant 20 ans et le titre de duc. »
« Je vois, ces conditions ne semblent pas trop mauvaises. »
J’avais sincèrement exprimé ma pensée tout en hochant la tête. Franchement, c’était une meilleure perspective que tout ce que nous aurions en restant sous Lamperouge.
Nous pourrions toujours prendre plus de territoire par la force si nous le voulions, mais l’immunité fiscale était une condition très accueillante. À l’heure actuelle, nous payons des impôts à la Maison Lamperouge, même si cette dernière n’avait pas vraiment fait quelque chose pour nous, et je ne pouvais pas vraiment dire que j’étais d’accord avec cela.
J’avais jeté un regard en coin à mon père.
« … »
Ce dernier ferma les yeux et détourna le regard. On dirait qu’il veuille que ce soit moi qui prenne la décision.
Il me laisse prendre une décision qui pourrait changer la Maison Maxwell pour toujours ? C’est une assez lourde responsabilité…
J’avais fermé les yeux et réfléchi un court instant.
Choisir l’honneur et rester à Lamperouge, ou choisir nos intérêts et s’allier à l’empire.
S’allier à l’empire semble à tous les coups plus profitable que de rester à Lamperouge. Bien que cela puisse signifier renoncer à l’indépendance de la maison Maxwell…
Dans tous les cas, tant que l’empire était sain et fort, nous ne pouvions pas vraiment nous rebeller contre le royaume. Ce qui veut dire…
« En effet, vos conditions ne sont vraiment pas mauvaises. Mais, pour être honnête… je ne peux pas leur faire confiance. »
J’avais dit tout haut ce que je pensais tout bas. Je ne faisais pas confiance à la Maison Lamperouge, mais l’Empire de Baal était un ennemi depuis des années : j’avais la même maigre quantité de confiance en eux.
Et le fait qu’ils nous poignardent dans le dos dès que le royaume s’effondrera n’était pas exagéré.
« Peut-être que Votre Altesse ne le sait pas, mais j’ai eu à faire à des assassins de l’empire presque toute ma vie. Le fait de me demander de me battre à vos côtés est un peu osé, non ? »
« … Je suis vraiment désolée… je ne savais rien au sujet de ces assassins. »
Rossellia s’inclina en signe d’excuse. Le voile blanc trembla, suivant ses mouvements.
« … En effet, vos soupçons sont plus que justifiés. Je ne sais pas si cela suffira à vous convaincre, mais je souhaite vous faire personnellement un serment… »
« Un serment ? »
Après ma réponse, Rossellia tint le voile de ses mains.
« Moi, Rossellia Baal, à partir de ce moment précis, j’offre ma personne au Seigneur Dyngir Maxwell. Prenez-moi comme épouse, ou comme otage, utilisez-moi comme bon vous semble. »
Rossellia retira alors le voile. Son visage était ainsi enfin révélé.
« … !?! »
À l’instant même où j’avais posé mes yeux sur elle, je m’étais figé.
« Je vous prie de m’accepter, Seigneur. »
Devant mes yeux ne se trouvaient pas une jeune femme, mais une déesse aux cheveux blonds.